Le jardin intérieur

Il est bon de savoir cultiver son jardin,
Disait Candide sous la plume de Voltaire.
Le jardin intérieur est un précieux bien,
Un coin du cœur caché, enfoui, solitaire.

C’est là que Matthias enterrait ses mensonges,
Ses craintes et ses peurs, ce qui ruine ou qui ronge.
Dans ce lieu il creusait un trou et déposait,
Ce qui lui faisait honte, le gênait, l’humiliait.

Il recouvrait le tout des plaisirs de ce monde,
Amourettes, copains, vantardise, faconde.
Du rosé de ses vignes, ensuite il l’arrosait,
Et quand il était gris, tout ça, il l’oubliait.

C’était un cimetière, son jardin personnel.
Il décorait ses tombes des fleurs qu’il étalait,
Moto, voiture, et réussite professionnelle.
Mais au fond de son cœur, il n’avait pas la paix.

Sur cette voie mortelle, Matthias avançait,
Le parfum du péché toujours le séduisait.
Jusqu’à une heure bénie, où sans savoir comment,
Il fût convaincu d’un jour de jugement.

Il comparaîtrait devant le Juge suprême,
Et serait condamné pour ce qu’il avait fait.
Ses cadavres cachés se levèrent d’eux-mêmes,
Défilèrent, révélant combien ils étaient laids.

Alors il les cita un à un par leur nom,
Pleurant amèrement de les avoir commis.
Ils lui faisaient horreur, ses désirs, ses passions,
Et le fils de Dieu, à son compte les prit.

Il fut pardonné, Matthias, le pécheur,
Car son cœur repentant aspirait au pardon.
Il quitta le péché, la dissimulation,
Son jardin refléta la gloire du Seigneur.

  • Annick Markmann

Sauvée !

Monique m’avait dit, je ne savais pourquoi,
Je vais voir une amie, viens donc avec moi,
Elle est à l’hôpital et ses jours sont comptés.
Eh bien, j’avais dit oui, je l’ai accompagnée.

Nous sommes arrivées, la femme était âgée,
Elle parut heureuse de pouvoir nous parler.
Elle était agitée et fréquemment pleurait.
La mort n’était pas loin et elle le savait.

Elle nous parla de religion, de son enfance,
Elle avait fait sa communion, sans assurance.
Foutaise que tout cela, nous avait-elle dit.
Elle redoutait la mort comme son ennemie.

Madame, pardonnez-moi, lui ai-je demandé,
Lorsque vous mourrez, où pensez-vous aller?
Elle nous disait n’avoir ni tué, ni volé,
Et pensait que le ciel lui était réservé.

Elle était sans reproche, elle avait fait du bien,
Des œuvres, des attentions, des petits riens.
Elle n’était cependant pas du tout rassurée.
La peur de l’inconnu, une peur inexpliquée.

Vous avez fait du bien, cela a plu à Dieu,
Vos œuvres cependant n’ouvriront pas les cieux.
Car ce sont nos péchés qui nous séparent du ciel,
Bien plus, ils nous condamnent à l’enfer éternel.

Mais Dieu dans son amour a envoyé Jésus,
Et son sang répandu procure le salut.
Il paya mes péchés par la mort de la croix.
Et son expiation fait justice pour moi.

Monique lui disait, je me suis vue perdue,
Mais j’ai mis ma confiance dans la croix de Jésus.
La grâce du salut, Dieu peut vous la donner,
Voulez-vous, lui dit-on, être par lui sauvée?

Et elle avait dit oui, et elle avait pleuré,
Pleuré sur ses péchés, sur la grâce accordée.
Alors dans sa prière, elle avait demandé,
À Dieu de l’accepter et de lui pardonner.

Elle faisait de Jésus son sauveur personnel,
Et un bonheur immense s’était emparé d’elle.
Quand nous sommes parties, elle était rassurée,
Elle nous a souri, nous lui avons souhaité

Bonne route vers le ciel
Et la vie éternelle!

Et quelques jours plus tard, elle s’en était allée.

-Annick Markmann

Liberté, liberté chérie !

Dans un souffle d’automne, la forêt frémissait.
Des dix coups que l’horloge abbatiale sonnait,
Le son me parvenait dans un bruit de feuillage,
Les arbres s’agitaient, je cherchais un passage.

Je trouvais à l’orée un creux chemin moussu
Dont le sol pierreux, entre deux hauts talus,
Était tout recouvert par un tapis de feuilles,
Qui bruissant à mes pieds, fit fuir un écureuil.

Les peupliers frileux perdaient leur apparat,
Tout l’or de leur feuillée était là sous mes pas.
Des grands chênes tombaient multitude de glands,
Coiffés de leurs cupules, en bordure des champs.

Je marchais retrouvant les bonheurs de jeunesse,
Chantant « Ma douce France », le cœur plein d’allégresse.
Je cherchais au sentier l’immense châtaignier
Où j’étais si souvent venue m’avitailler.

Il était bien ici, comme en mon souvenir
Et tombées à son pied, cinq-cents bogues à ouvrir.
Des marrons tout brillants j’ai choisi les plus gros
Pour remplir une poche de mon vieux sac à dos.

Le vent m’a chuchoté : « Viens voir la cité.
Après soixante-dix ans, que vas-tu retrouver ? »
Parvenue sur la place, de surprise étourdie,
Je découvre une foule avançant à grands cris.

« Liberté, liberté ! » proclamaient leurs bannières.
Je me suis réfugiée sous une porte cochère.
Un vieil homme toussant, crachant, m’a murmuré :
« Ma liberté à moi, c’est de pouvoir fumer. »

Esbaudie, je me suis glissée par une impasse
Hors des tumultes coléreux de la grand-place,
Cherchant à retrouver, mais sans y parvenir,
Les boutiques d’antan dont j’avais souvenir.

Plus de mercière, plus de marchand de tissus.
Vitriers, horlogers et tripiers, disparus !
Effacée la cité du meuble au grand renom.
Plus de tourneur ni de vernisseur au tampon.

Où sont diversité, richesse des talents ?
Les banques ont la maîtrise du règne de l’argent,
Récoltant le juteux fruit de la convoitise.
Sous le nom liberté, l’influence se déguise.

J’ai croisé des obèses, des vêtus dénudés,
Des femmes en hidjab, nombre de tatoués.
Tous se pensaient libres, ayant les ceps aux pieds.
Ils étaient sous emprise, se croyant libérés.

Je disais à l’enfant d’une élégante femme :
« Quelle chance d’avoir cette belle maman. »
« C’est pas maman, c’est mon frère », qu’on me blâme !
Tout m’était étranger, j’étais d’un autre temps.

La liberté nouvelle n’était pas pour me plaire,
Elle tue les innocents dans le sein de leur mère,
Elle marche sans limites dans l’immoralité,
Brise les fondements de notre humanité.

En elle je retrouvais la faute originelle,
Où le bien n’était plus notion universelle.
Le mensonge devenait relatif au moment,
Et le bien et le mal pouvaient changer de camp.

C’est un monde brisé que j’avais découvert,
Et dont la liberté cachait bien des travers.
Je me dis qu’une pomme vient encore d’un pommier,
Que d’un gland naît un chêne et non un châtaigner.

Et lorsque les marrons, sur le feu rissolaient,
Que leur brune enveloppe entre mes doigts livrait
Une chaire blonde et tendre, chaudement parfumée,
En moi vibrait l’enfance et la vraie liberté.

-Annick Markmann

Qui ?

Te souviens-tu, ami, de l’histoire entendue,
de nos premiers parents et du fruit défendu.
Comment la mort surgit et comment le bonheur
d’une vie de confiance s’était enfui sur l’heure.

Quand Adam se voit nu, de la peur il ressent.
Des feuilles d’un figuier, il fait un vêtement.
Il est pris de panique, il entend venir Dieu,
tente de se cacher avec Ève, à ses yeux.

« Adam, où es-tu ? » Dieu qui l’aime l’appelle.
« Qui t’a dit que tu es nu ? » Dieu l’interpelle.
Aucune voix audible avant n’avait rien dit,
alors pourquoi Adam soudain avait-il fui ?

À l’intérieur de lui, quelqu’un avait parlé.
Quelqu’un qui parle en nous dévoile nos péchés.
Nous le connaissons tous, il met nos âmes à nu.
Si nous nous égarons, il nous dit : « Que fais-tu ? »

Ce quelqu’un là, c’est la conscience.

Silencieux, dans la nuit, il avance à grands pas,
caché dans son manteau, il s’appelle Judas.
Il a vendu Jésus trente pièces d’argent,
C’est le prix d’un esclave qu’il a reçu comptant.

Il était un disciple et bien plus un apôtre,
il a fait des miracles avec les onze autres.
Il aimait trop l’argent, et les trente deniers
étaient assez tentants pour le faire bifurquer.

Mais les pièces reçues vont lui brûler les doigts,
et au sol dans le temple, il les jette. Pourquoi ?
Qui le pousse à aller dire aux principaux prêtres,
« J’ai vendu l’innocent et j’ai trahi mon maître. »

Ce quelqu’un là, c’est la conscience.

Un combat comparable trouble le jour suivant,
l’âme d’un autre apôtre, tu vas voir comment.
Pierre, sûr de lui, n’avait-il pas clamé
qu’il ne pourrait jamais, Jésus abandonner ?

On se souvient de la réponse que fit le Maître :
« Au chant du coq, tu m’auras renié trois fois. »
Pierre dans le Prétoire, s’approche d’un feu de bois
Un soldat s’y chauffant prétend le reconnaître.

« Tu es de ses disciples, toi ? – Je n’en suis pas ! »
Pour la troisième fois, Pierre le renia.
À ce moment précis, un coq avait chanté.
Le regard de Jésus vers Pierre s’était tourné.

Pierre a quitté les lieux, il pleure amèrement.
Dis-moi ce qui soudain lui arrache ces larmes,
ce qui vient l’éclairer et ce qui le désarme,
lui montrant la laideur de ses trois reniements ?

Ce quelqu’un là, c’est la conscience.

C’est elle qui depuis notre enfance nous donne,
d’évaluer le poids de nos agissements.
Elle ne nous lâche pas, nous parle et nous talonne.
On ne peut l’écarter, elle pointe présent.

On se laisse reprendre ou on lui dit : « Tais-toi !
Je ne t’ai pas sonnée, j’en ai marre, laisse-moi ! »
Mais on la sait tenace, on en est héritier.
Elle est la sentinelle, qui garde nos sentiers.

Le péché a bon goût et procure du plaisir.
On restait hésitant, cependant il attire.
La tentation est là et qui va résister ?
Dans le feu du désir, la voix s’est estompée.

Elle renaîtra ensuite, le péché consommé,
et elle est insistante, on se sent accusé.
Il est trop tard alors, l’acte a été commis,
il est là bien présent et inscrit dans la vie.

Les fautes accomplies, qui peut les effacer ?
Qui peut te purifier du poids de ton passé ?
Face à ce grand dilemme, il te faut un Sauveur
Qui saura te garder en tout lieu, à toute heure.

Jésus est ce Sauveur si tu veux l’accepter.
Il a déjà payé le prix pour ton péché.
Et si tu es sincère, si tu désires changer,
Il viendra, en Seigneur, en toi, pour y régner.

-Annick Markmann

Le mot

Attention, j’entre en scène, les trois coups sont frappés.
Je vais dire un seul mot, tu ne vas pas l’aimer.
C’est un mot tout petit que tu m’as dit haïr.
Pourtant ce mot maudit, laisse-moi te le dire.

« Pécher. » « Les péchés. ». « Le péché. »
C’est un mot, c’est un verbe à conjuguer : « Pécher. »
Une action que je fais, je m’en donne le droit.
Je choisis de la faire ou la fais malgré moi.

« Les péchés ». Ils sont là, car je les ai commis.
Je peux les ignorer, ils restent sur ma vie.
Mais je ferme les yeux, ça n’appartient qu’à moi.
Mes péchés sont cachés, personne ne les voit.

Nom commun singulier à mon être attaché,
« Le péché » vit en moi et j’en suis héritier.
Il habite en mon âme et depuis ma naissance
Il domine sur moi, j’en ai pris conscience.

Il ne me gênait pas, mais voici qu’un jour J,
J’ai commis un péché qui bouscula ma vie.
Mon péché était là et j’en fus tourmentée.
Je me dis ; « J’ai eu tort, mais comment réparer ? »

« J’ai fait ce qui est mal et condamné en autrui,
Je voulais faire le bien, je n’ai pas réussi. »
J’avais déjà tenté et voulu résister,
Je n’avais pas la force de vaincre le péché.

J’avais parfois choisi de tricher, de mentir,
Mais à ce moment même, je peux bien te le dire,
J’ai pleuré d’impuissance, comment sortir de là ?
Jésus avait vaincu, je ne le savais pas.

Pour que l’homme soit libre, Christ a payé le prix
La liberté s’acquiert, mais ce n’est pas gratuit.
Tu me dis préférer une vie entachée,
Simplement tu refuses qu’on parle de péché.

Voilà que je t’ennuie, car à tout bien peser,
Si Dieu n’existait pas, pourquoi se purifier ?
Tu nommes liberté ce que Dieu nomme souillure,
Tu as d’autres principes, le plaisir est plus sûr.

Tu sais bien cependant que ce que tu refoules
Reste inscrit en toi-même, t’enveloppe d’un moule.
Tu deviens insensible et ton cœur s’endurcit,
Car te voilà esclave de ton péché chéri.

Mon ami, repens-toi et sors du péché.
Avec Jésus-Christ on n’est plus prisonnier.
Je sais de quoi je parle et je vis libérée,
Par la grâce de Dieu, du pouvoir du péché.

Annick Markmann

Mission

Il y a de cela des centaines d’années,
dans la forêt profonde, au sein d’une tribu,
un missionnaire était venu pour annoncer,
le pardon des péchés, par la mort de Jésus.

Cette Bonne Nouvelle, il vint la proposer,
à des hommes sanguinaires, vivant en débauchés,
adorant mille dieux tous plus exigeants
et à qui ils offraient des sacrifices sanglants.

C’était une mission difficile, dangereuse,
d’autant que la tribu se trouvait gouvernée,
par une reine tyrannique et ombrageuse,
qui invita notre prêcheur à déjeuner.

Quel présent offrir à l’hôtesse redoutable ?
Il ne possédait rien que sa prédication
révélant à toute âme ce qu’elle a d’abhorrable
afin qu’elle se repente, change de direction.

Il se souvint avoir, au fond de son bagage,
un miroir face-à-main, à monture d’argent,
lui venant de sa mère, gardé précieusement.
Il alla à la reine, offrir son héritage.

La femme l’attendait. Il donne selon l’usage,
son cadeau dont l’éclat révélait la valeur.
Mais lorsque l’hôtesse y mire son visage,
elle pousse un grand cri en découvrant l’horreur.

Car la dame était laide, d’une grande laideur.
Jeté à terre, le miroir qu’elle piétine est brisé.
Les gardes ont saisi notre prédicateur,
qui osait dévoiler péchés, défauts cachés.

Annick Markmann

Sécurité ou insécurité éternelle?

On enseigne aux chrétiens évangéliques d’aujourd’hui une doctrine de sécurité éternelle, mais la plupart ne sont pas conscients du fondement douteux et de l’histoire de cette doctrine. L’Église primitive ne croyait pas ainsi. Voici comment cela a commencé. Si quelqu’un est en désaccord, je le prie de de m’en faire part avec charité, car je ne suis pas à l’abri de l’erreur, mais d’aussi considérer les paroles de Paul : « et si vous pensez autrement en quelque chose, Dieu vous le révélera aussi. Cependant, au point où nous sommes parvenus, marchons suivant la même règle, et ayons les mêmes sentiments. » (Philippiens 3.15b-16)

En 312 apr. J.-C., Constantin affrontait un rival dont l’armée était deux fois plus importante que la sienne. L’histoire raconte qu’à la veille de la bataille, Constantin a eu une vision d’une croix lumineuse et qu’il aurait entendu « En ce signe, tu vaincras ». Le lendemain, ses soldats se battirent avec le signe de croix sur leurs boucliers et sur leurs étendards, et Constantin mit son rival en déroute. Cela allait marquer la fin de l’Église primitive, qui jusqu’à ce temps avait été persécutée de toutes parts et avait préservé la saine doctrine (malgré que plusieurs hérésies aient déjà perverti de nombreux chrétiens) parce qu’elle était un corps de croyants nés de nouveau et guidés par le Saint-Esprit. Maintenant commençait une transition où les chrétiens les plus faibles dans la foi et de nombreux païens allaient se joindre sous la protection de Constantin pour former une religion d’État. Il faut souligner que de nombreux écrits attestent que certains chrétiens ne se joignirent jamais à cette Église d’État, malgré la persécution.

En 313, Constantin publia l’édit de Milan, accordant la liberté de religion aux chrétiens de son empire. En 317, il assura la médiation d’un différend entre l’Église donatiste et l’Église romaine et publia un édit confisquant tous les biens religieux des donatistes et destituant leurs chefs religieux. En 325, il convoqua les dirigeants de l’Église romaine au Concile de Nicée pour établir des normes doctrinales pour l’Église. À un moment donné l’empereur fit promettre une toge et vingt pièces d’or à ceux qui se joindraient à son Église d’État, ce qui attira 12 000 nouveaux fidèles en un an dans la seule ville de Rome. Le paganisme paraissait vaincu, tandis qu’il était réellement vainqueur : son esprit dirigeait à présent l’Église romaine. Des populations entières qui, malgré leur abjuration, étaient païennes par leurs mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passèrent sous les étendards chrétiens avec leur bagage de croyances et de pratiques superstitieuses. Le christianisme à Rome adopta et intégra une grande partie du système de l’ancien culte impérial ainsi que ses fêtes qui prirent toutes des couleurs plus ou moins chrétiennes

Constantin a favorisé le christianisme parce qu’il y voyait un moyen d’apporter la stabilité à l’Empire romain, donc il a veillé sur l’Église romaine pour la guider dans la direction qu’il désirait. Il mourut en 337 après J.-C., se faisant baptiser seulement sur son lit de mort, et l’Église catholique romaine, la seule forme de christianisme permise sous Constantin, continua à établir son autorité sur l’Empire, exigeant que tous les citoyens soient baptisés dans l’Église dès l’enfance.

Cela était contraire à la foi apostolique et exigeait qu’un homme de génie établisse un fondement doctrinal pour justifier l’établissement d’une forme de christianisme soumise à l’État. Cet homme, c’était Augustin d’Hippone (dit saint Augustin), qui vécut de 354 à 430 apr. J.-C.  Augustin fut le premier à parler d’une Église invisible, que les vrais chrétiens sont un corps invisible connu seulement de Dieu, et que personne ne peut savoir qui parmi les membres de l’Église visible sont de vrais chrétiens.

La doctrine d’une guerre juste trouve aussi son origine dans Augustin, ainsi que la doctrine selon laquelle l’Église a le droit de contraindre les gens sur son territoire à être baptisés et de les empêcher de quitter l’Église par la force. Tout cela est absolument contraire à la simplicité de l’Évangile de Jésus.

Il a été jugé nécessaire de développer une nouvelle doctrine sur les moyens par lesquels Jésus a obtenu le pardon des péchés de l’homme déchu. La doctrine biblique selon laquelle il était le second Adam, le Fils de Dieu du ciel et l’Agneau impeccable de Dieu dont le sacrifice expié pour nos péchés a été remplacée. Le nouvel enseignement était que Jésus était en partie le fils de Marie et en partie le Fils de Dieu et que c’était le fils de Marie qui était mort sur la croix, puis descendu en enfer et qu’il avait subi des tourments incroyables équivalents au châtiment éternel de tous ceux qui seraient sauvés. C’est à cette époque que l’expression « descendit aux enfers » fut ajoutée au Credo des Apôtres. La version du Credo des Apôtres trouvée dans le Miroir des Martyrs est la version originale, sans cette phrase. Ainsi, la doctrine de la persévérance des saints est basée sur la croyance que le Christ a déjà supporté le châtiment dû aux élus, de sorte qu’il n’y ait aucune chance qu’ils aient jamais à endurer la damnation.

Augustin enseignait que Dieu avait prédestiné avant le commencement des temps ceux qui devaient être sauvés et ceux qui devaient être perdus. Les élus furent alors appelés par la grâce irrésistible, par laquelle ils ne pouvaient refuser l’appel au salut. Et à ceux-là, Dieu a accordé la persévérance, la grâce de rester sauvés tout au long de leur vie. Cette doctrine de la persévérance des saints, provenant d’Augustin, est la base de la doctrine de la sécurité éternelle, ou « une fois sauvé, toujours sauvé ».

Augustin a aussi enseigné la virginité perpétuelle de Marie. C’est pourquoi de nombreux commentateurs ont du mal à déclarer que Jacques, Jude, Simon et Joses étaient les fils naturels de Joseph et de Marie et essaient de trouver d’autres explications sur qui ils pourraient bien être.

Augustin enseignait aussi que les sacrements sont un moyen de grâce, et qu’ils le sont même si le prêtre qui les administre est un pécheur connu.

Jean Calvin était un admirateur et adepte d’Augustin. Il s’est efforcé de réformer l’Église romaine en mettant l’accent sur les doctrines enseignées pour la première fois par Augustin. Les disciples de Calvin ne se trouvent pas seulement dans les Églises réformées et presbytériennes, mais aussi dans les baptistes du Sud et dans d’autres dénominations baptistes et évangéliques. La force de l’enseignement du calvinisme varie selon les Églises, mais l’enseignement le plus simple est le calvinisme en cinq points, parfois résumé sous l’acronyme TULIP en anglais (CEEGP en français) :

– La corruption totale (ou dépravation totale) : l’homme est si complètement dépravé qu’il n’a pas la capacité de choisir d’être sauvé.

– L’élection inconditionnelle (ou double prédestination) : le salut ne dépend pas de la conduite de celui qui est sauvé.

– L’expiation limitée (ou rédemption particulière) : Christ n’est mort que pour ceux qui étaient prédestinés au salut.

– La grâce irrésistible (ou grâce efficace) : l’homme n’a pas le pouvoir de refuser l’appel au salut.

– La persévérance des saints (ou sécurité éternelle) : ceux qui sont prédestinés au salut ne peuvent jamais être perdus.

Beaucoup de chrétiens sincères croient aujourd’hui qu’une personne qui a une fois donné son cœur au Seigneur ne peut plus jamais se perdre. Si l’on aborde la Bible avec une croyance prédéterminée qu’elle enseigne la sécurité éternelle inconditionnelle des croyants, il est possible de choisir des versets pour soutenir cette opinion, mais une telle interprétation n’est pas apparente si l’on adopte une approche impartiale de la Bible dans son ensemble.

Les partisans de ce point de vue sont contraints de se replier sur eux-mêmes lorsqu’ils tentent d’expliquer des exemples réels de ceux qui ont mené une vie chrétienne victorieuse pendant des années et qui ont ensuite fait des choix qui les ont éloignés de Dieu. De telles personnes n’ont jamais vraiment été sauvées en premier lieu, affirment-ils parfois. Si tel était le cas, sur quelle base quelqu’un peut-il savoir qu’il est sauvé ? Il me semble que les gens qui disent de telles choses ont choisi une doctrine d’insécurité éternelle. D’autres disent en gros qu’on peut pécher autant qu’on veut une fois qu’on est sauvé, qu’on souffrira des châtiments sur cette terre pour cela mais que Dieu ne peut pas nous enlever le salut qu’il nous a donné une fois. C’est triste et ridicule, et c’est en partie à cause de cette croyance que beaucoup de chrétiens ne se soucient guère d’avoir une vie victorieuse sur le péché, rendant leur témoignage risible pour les non-chrétiens qui les observent.

Lisons quelques versets pour voir comment ces idées sont mensongères et que l’Esprit puisse vous éclairer si vous n’êtes pas d’accord.

Ézéchiel 3.16-21 : Fils de l’homme, je t’ai établi sentinelle sur la maison d’Israël; tu écouteras la parole de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant: « Tu mourras!  » si tu ne l’avertis pas, si tu ne lui parles pas, pour avertir le méchant de se détourner de sa mauvaise voie, afin de sauver sa vie, ce méchant-là mourra dans son iniquité; mais je redemanderai son sang de ta main. Si, au contraire, tu avertis le méchant et qu’il ne se détourne point de sa méchanceté ni de sa mauvaise voie, il mourra dans son iniquité, mais toi tu sauveras ton âme. De même, si le juste se détourne de sa justice, et fait le mal, je mettrai une pierre d’achoppement devant lui, et il mourra. Et c’est parce que tu ne l’auras pas averti, qu’il mourra dans son péché, et qu’il ne sera plus fait mention des choses justes qu’il avait faites; mais je redemanderai son sang de ta main. Si, au contraire, tu avertis le juste de ne pas pécher, et qu’il ne pèche pas, il vivra certainement, parce qu’il s’est laissé avertir, et toi, tu sauveras ton âme.

Matthieu 13.20-22 : Et celui qui a reçu la semence dans des endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie; Mais il n’a point de racine en lui-même, il ne dure qu’un moment, et lorsque l’affliction ou la persécution survient à cause de la parole, il se scandalise aussitôt. Et celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle devient infructueuse.

(remarquons comment plusieurs ont reçu la Parole, mais pas tous ont persévéré)

Matthieu 10.22b : mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.

Romains 11.20b-23 : mais toi, tu subsistes par la foi; ne t’enorgueillis point, mais crains. Car si Dieu n’a point épargné les rameaux naturels, prends garde qu’il ne t’épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu; sa sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés, mais sa bonté envers toi, si tu persévères dans cette bonté; autrement, toi aussi tu seras retranché. Et quant à eux, s’ils ne persévèrent pas dans l’incrédulité, ils seront entés; car Dieu a le pouvoir de les enter de nouveau.

Matthieu 24.8-14 : Mais tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs. Alors ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs se scandaliseront et se trahiront les uns les autres, et se haïront les uns les autres. Et plusieurs faux prophètes s’élèveront, et séduiront beaucoup de gens. Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Et cet évangile du Royaume sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations; et alors la fin arrivera.

(remarquons ici que plusieurs qui étaient du troupeau se scandaliseront et trahiront les autres)

1 Jean 2.3-6 : Et par ceci nous savons que nous l’avons connu, savoir, si nous gardons ses commandements. Celui qui dit: Je l’ai connu, et qui ne garde point ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui. Mais pour celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est véritablement parfait en lui, et à cela nous connaissons que nous sommes en lui. Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit aussi marcher comme il a marché lui-même.

1 Corinthiens 9.24-27 : Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice, courent tous, mais un seul remporte le prix? Courez de telle sorte que vous le remportiez. Tout homme qui combat, s’abstient de tout; et ces gens-là le font pour avoir une couronne corruptible, mais nous pour une incorruptible. Je cours donc, non à l’aventure; je frappe, mais non pas en l’air; Mais je traite durement mon corps, et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé.

Philippiens 2.12-16 : Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, non seulement comme en ma
présence, mais plus encore maintenant en mon absence, travaillez à votre
salut avec crainte et tremblement; Car c’est Dieu qui produit en vous et le
vouloir et le faire selon son plaisir. Faites toutes choses sans murmures et
sans disputes; Afin que vous soyez sans reproche, sans tache, enfants de
Dieu, irrépréhensibles au milieu d’une génération dépravée et perverse, au sein
de laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, y portant la parole
de vie; En sorte qu’au jour de Christ, je puisse me glorifier de n’avoir point couru
en vain, ni travaillé en vain.

1 Timothée 1.18-20 : Mon fils Timothée, ce que je te recommande, c’est que, conformément aux prophéties qui ont été faites précédemment sur toi, tu combattes suivant elles le bon combat, En
gardant la foi et une bonne conscience; quelques-uns ayant perdu celle-ci, ont
fait naufrage quant à la foi; De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j’ai
livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne point blasphémer.

Hébreux 10.26,27 : Car si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifices pour les péchés, Mais une terrible attente du jugement et un feu ardent, qui doit dévorer les adversaires.

2 Pierre 2.20-22 : En effet si, après avoir fui les souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière
condition devient pire que la première. Car il leur eût mieux valu de n’avoir
point connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue,
du saint commandement qui leur avait été donné. Mais il leur est arrivé selon
ce proverbe vrai: Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie,
après avoir été lavée, s’est vautrée dans le bourbier.

1 Jean 5.16 : Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui ne mène point à la mort, il priera, et Dieu lui accordera la vie de ceux qui ne commettent pas un péché qui mène à la mort. Il est un péché qui mène à la mort; je ne dis pas de prier pour ce péché-là.

Je pourrais ajouter des versets, mais je crois que si ceci ne parle pas de soi-même, il ne servirait à rien de continuer.

Si ceci éclaire quelqu’un que la gloire soit rendue à Dieu seul.

Hugues Andries

Autres sources : Bible Ostervald, Flatlanderfaith.com (en anglais)

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