La Confession de Foi Mennonite de Dortrecht en Hollande, le 21 avril 1632, traduction par Jean de Savignac (publiée antérieurement par les Éditions Mennonites à Montbéliard à diverses reprises). Nos remerciements au Professeur Claude Auger du Canada pour avoir pourvu à la saisie du texte traduit par Jean de Savignac. Après ce document hollandais, nous ajoutons la traduction française d’un article relatif au Saint-Esprit, ajouté à la Confession de Dortrecht de 1632 par des anabaptistes de la Haute Vallée Rhénane (les Frères Suisses). Il existe d’autres traduction françaises de ces articles, notamment un livret imprimé en 1862. On y trouve cette note historique au sujet de la pertinence du terme « anabaptiste »:
NOTA: Le nom d’Anabaptiste, qu’on donne aux Mennonites, et que l’on a été obligé d’emprunter dans la préface, ne leur convient pas: ce nom fut donné aux Munstériens, parce qu’ils avaient rebaptisé ou réitéré le baptême. Les Mennonites ont pris le nom de Taufgesinnten, qui est celui qui se trouve dans cette préface, mais que l’on ne peut expliquer par un seul mot en français. Il signifie Chrétiens orthodoxes quant au baptême, ou qui ont un sentiment juste touchant le baptême.
Confession et Pacification conclue à Dordrecht, l’année 1632,
le 21 avril, entre les Baptistes (doopsghesinde [anabaptistes]) que l’on nomme Flamands :
en laquelle chacun pourra voir et remarquer comment et sur quoi cette Paix a été faite et établie.
MATTHIEU 5.9 Heureux ceux qui procurent la paix car ils seront appelés enfants de Dieu.
HÉBREUX 12.14 Attachez-vous à la paix et à la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur.
1 CORINTHIENS 7.15 Dieu nous a appelés dans la paix.
Fait à Harlem,
Imprimé par Hans Passchiers van Wesbusch, imprimeur, sur le champ du Marché, à l’enseigne de la Bible à ferrures. 1633.
PRÉFACE (1)
À la négociation de paix conclue à Dordrecht en l’an 1632, le 21 avril entre les (ana)Baptistes, dits Flamands.
Lecteur attentif, pacifique, ami du salut et de la vérité : Comme il nous revient journellement que certains hommes qui ne sont pas très affectionnés à notre Paix et n’en parlent conséquemment pas d’une manière très favorable, conformément à la Charité qui interprète tout en bien et que, par suite, ils éloignent et détournent non seulement de nous mais de la paix tant recommandée du Fils de Dieu et de ses Apôtres, des cœurs ignorants et simples, qui parfois, fait regrettable, regardent davantage aux hommes présents qu’à la doctrine et à la vie de notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ et de ses vénérés disciples, lesquels gens (2) à en juger d’après leur comportement extérieur accordent trop peu d’attention et de considération à ces paroles du Christ : Mat. V, 9 : Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ; de l’Épître aux Hébreux : XII, 14 : Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur ; Marc IX, 49 ( = IX, 51) : Soyez en paix les uns avec les autres ; Luc II, 14 : Paix sur la terre ; Jean XIV, 27 : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; Rom. X, 15 et Esaïe, LII, 7 : qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de ceux qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ; Psaume 133 : qu’il est agréable, qu’il est doux, pour des frères de demeurer ensemble: C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements. C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur la montagnes de Sion, car c’est là que l’Éternel envoie la bénédiction, la vie pour l’éternité; Rom. XII, 18 : s’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes ; Rom. XIV, 17 : Le royaume de Dieu ce n’est pas le manger et le boire mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit ; vers. 9 (=19) : Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle ; 2 Corinth. VII, 15 : Dieu nous a appelés à vivre en paix ; 2 Corinth. XIII, 11 : Au reste, frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix : et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous (1).
Nous remémorant ces passages et beaucoup d’autres et les repassant en notre esprit en notre esprit dans la crainte de Dieu, constatant que nous avons fauté en ce point et nous sommes donc écartés du sentier de la paix, réfléchissant avec David [dans] le Ps. CXIX, V.59, à nos voies, nous avons estimé qu’était venu pour nous le temps [où il nous fallait] tourner nos pas (lit. pieds) vers le témoignage du Seigneur, nous humilier devant Dieu et nos prochains, en disant lamentation de Jérémie, III, 42 : Nous avons péché, nous avons été désobéissants, c’est pourquoi tu ne nous as pas épargnés. Nos âmes ayant été ainsi ravivées (lit. enflammées) et nos cœurs ayant été ouverts [comme il arriva] à Lydie (Actes XVI, 14), nous avons compris le temps favorable (lit. agréable) et entrepris avec les brebis dispersées (dont nous n’étions pas les moindres), qui professent la même foi, doctrine et discipline que nous, de rétablir la paix tombée, de vivre et de marcher en affection et paix mutuelles, pour l’exaltation du très digne et saint Nom de Dieu, pour notre avancement et amélioration personnels, pour l’édification de nos prochains, finalement, pour le salut de nos âmes à tous.
Veuille le Dieu miséricordieux, qui est un Dieu de paix et non de dispute et de discorde, nous accorder à cet effet sa gracieuse bénédiction par son Fils bien-aimé, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, sans lequel nous ne pouvons rien (Jean XV, 5).
Nous n’avons pu, pour la cause rapportée au début de cette préface, omettre d’informer tous les vrais amateurs de la paix et en plus de leur faire savoir de quelle manière et sur quels articles de foi la paix par nous renouvelée à Dordrecht le 21 avril de l’an 1632 [incluant] une complète rémission, absolution de tous les torts, dommage et sanctions, fut rétablie et affermie, afin que personne, dorénavant, ne blasphémât plus, par ignorance, ce qu’il ignore (1). Employez donc à votre plus grand profit ce qui suit et portez-vous bien,
À Haarlem, ce 8 avril, par un amateur de la paix.
Nous, Frères, avec nos anciens (évêques) et indignes ministres de l’Église de Dieu réunis en cette ville de Dordrecht : Puisque nous voici, nous, soussignés, anciens (évêques), ministres et frères, mandés, envoyés et venus comme co-assistants, chacun de son propre mouvement de la part de son église, ici assemblés au Nom du Seigneur dans la communauté (?), nous souhaitons ensemble à toutes les Églises, leurs aides, à tous les frères et à tous les adeptes de la commune foi chrétienne dans toutes les villes et lieux où cette publique et générale convention, pacification et réunion sera connue et publiée, la céleste sagesse et la lumière divine venant du Dieu tout-puissant, unique, éternel, incompréhensible, afin de pouvoir juger, distinguer et faire ce qui est requis pour votre et notre excellente paix et commun amendement, ce qui est agréable à Dieu et aimable aux hommes, afin de nous conduire conformément à votre et notre vocation en telle sorte que nous avec vous et vous avec nous nous puissions dans l’au-delà être, par notre Seigneur Jésus-Christ, sauvés éternellement et dans la béatitude avec tous les pieux élus de Dieu, ses saints et bien-aimés. qu’à cet effet le Dieu bon et fidèle veuille vous venir en aide, nous accorder sa gracieuse bénédiction et nous rendre aptes et dignes (2). Amen.
En outre il est bon [de noter] ce qui [suit] : Le fait n’est pas ignoré et est notoire de tout ce qui s’est passé, avant ces années et durant de longues années auparavant, en beaucoup ou en quelques endroits, pour des objets divers : le déplorable état de désordre, désagrégement, éparpillement, séparation, déchirement et dissension qui naquit et se produisit parmi nous et qu’entre toutes ces disputes la moindre n’était pas celle qui s’éleva, depuis quelques années, du désaccord sur l’achat d’une maison avec ses dépendances et annexes, dans la communauté de Franeker, tout ce qui est arrivé et s’est produit semblablement en beaucoup d’autres endroits, à la grande déconsidération du vénérable nom de Dieu, pour le déshonneur, la honte et le mépris de son Église, les multiples vexations, occasions de chutes et scandales qui en résultèrent, donnés ou reçus, en sorte que l’on peut bien se lamenter avec un sincère repentir et un vrai regret et souhaiter que tout cela ne fût jamais arrivé. Mais comme les fautes en beaucoup d’événements sont d’ordinaire mieux vues et discernées par après que par avant, il en va de même en ceux -ci car plus longtemps on les examine avec impartialité, mieux on aperçoit et comprend quels mauvais fruits ont résulté de ces sortes de disputes et plus aussi on acquiert une conviction assurée que la responsabilité et la cause n’en est pas complètement d’un seul côté mais que des deux côtés, on a beaucoup fauté et erré. Dans les sanctions, les rejets, les excommunications de part et d’autre, on a agi avec une ardeur excessive et sans modération. En effet, des deux côtés, on a trop manqué de la principale prestation et marque des vrais disciples du Christ, c’est à savoir, l’amour, qui est l’essentiel, le grand commandement, l’accomplissement de la loi et même le lien de la perfection par lequel les tenants d’une même foi sont unis au Seigneur et par surcroît entre eux, pour être un seul coeur et une seule âme, dans la paix et l’unité, comme membres d’un même corps, d’une manière si haute qu’ils [doivent] se prévenir mutuellement sans cesse et de toutes manières, se supporter et se pardonner leurs péchés et leurs défauts, couvrir les faiblesses du prochain, avoir compassion et faire montre de miséricorde, en bref, procéder mutuellement avec douceur en sorte de ne pas briser davantage ce qui est froissé, repousser ou opprimer ce qui est faible, mais, au contraire, apprécier toujours un autre plus que soi-même, en sorte que même les membres les moins honorables, qui nous sont le plus pénibles à supporter, nous les honorions davantage, quoi faisant, beaucoup de désagréments, de disputes et de discordes peuvent être prévenus.
Mais cette précieuse jointure de l’amour ayant été refroidie, affaiblie et même chez beaucoup largement brisée, grandit et crut à sa place, de la semence jetée par l’ennemi, dans le champ de leur cœur, sur beaucoup d’hommes endormis, une racine amère, de laquelle sortirent et s’élevèrent l’erreur, le désordre e ces mauvais fruits, la haine, l’envie, la dispute, la discorde, un penchant à se mordre les uns les autres, à s’entre-dévorer, se déchirer mutuellement et s’enflammer les uns contre les autres. Comme d’une petite étincelle, si le vent souffle sur elle et qu’elle ne soit éteinte à temps, souvent naît un grand ravage, ainsi en est-il arrivé parmi nous. Aussi l’on peut dire avec vérité que ce n’est pas seulement à l’achat d’une maison, ses dépendances et annexes, que peut et doit être attribuée la cause de nos dissensions mais bien davantage à nos péchés de part et d’autre.
Ayant donc pensé et réfléchi à toute cette lamentable situation, non seulement ici à Dordrecht mais en beaucoup d’autres endroits et la prenant toujours davantage à cœur, ayant aussi sous les yeux les magnifiques et excellents exemples et modèles des patriarches [consignés] dans la Sainte Écriture, à nous délaissé et mis sous les yeux pour notre instruction et conduite, afin que nous voyions et observions en eux comme en un miroir [de notre idéal] de quelle manière de sincères participants de la même foi, en ces affaires, passées et présentes, de différends, disputes et désordres, doivent agir et se comporter mutuellement, [à savoir] travailler à se prévenir mutuellement, rencontrer et aborder à nouveau avec des marques de déférence comme nous constatons que l’ont fait les patriarches, les prophètes et beaucoup d’hommes pieux et plus tard, les Apôtres eux-mêmes, en tant que pasteurs, pères et dirigeants de l’Église. Ils ont commandé et prescrit très hautement à tous les adeptes de la foi chrétienne d’être leurs imitateurs ainsi qu’eux-mêmes avaient imité le grand pasteur, ses exemples, ses traces, sa doctrine et sa vie afin que, ce faisant, les disputes, querelles, dévorements, vexations, dommages, déchirures et excitements puissent finalement cesser et qu’à leur place on puisse se rencontrer dans la bienveillance et la confiance mutuelles, et même dans l’amour et la paix, pour rechercher ce qui est perdu, rassembler ce qui est dispersé et errant, bander ce qui est meurtri, réparer et redresser ce qui est tombé, et aussi fermer les fentes, aplanir les aspérités, écarter les pierres et occasions de chutes, mettre bon état les routes et même frayer un chemin uni pour que les ignorants eux-mêmes ne puissent s’égarer mais toujours et de toutes manière se conformer au bon vouloir de Dieu et au bien de l’Église ; ce qui est très nécessaire à la paix et à l’avancement de tous.
Avec cette préoccupation (1), nous avons de deux côtés après des prières instantes à Dieu dès longtemps travaillé à écarter, d’après l’exemple des Anciens (= Patriarches) et l’enseignement de l’Ecriture, ce qui, dans le passé et dernièrement, après la dispute concernant l’achat d’une maison, nous est arrivé et s’est passé parmi nous, dans le but de pouvoir retrouver la paix, réparation, réconciliation et réunion mutuelles. Finalement, par la grâce du Seigneur et l’aide divine, l’affaire a été menée à ce point que nous, venant des deux côtés, tant de l’un que de l’autre, de nombreuses et diverses places, convoqués et mandé ici à Dordrecht, fûmes à cette fin assemblés et réunis.
Ainsi unis au nom du Seigneur, nous avons, tout indignes que nous sommes, délibéré et débattu avec affection et amitié mutuelles, suffisamment d’habileté et dans la crainte de Dieu jusqu’à ce point que nous nous adonnâmes à la prière et à la supplication envers le Seigneur qui, par sa gracieuse bénédiction, avait ainsi préparé et incliné nos cœurs les uns vers les autres – qu’à son [nom] béni en soit seul la louange et l’action de grâces – et qu’après une sincère confession de nos fautes, dans les affaires susdites, nous nous déliâmes, relâchâmes et acquittâmes mutuellement comme aussi nous délions et acquittons de même tous ceux qui nous-mêmes, nos conducteurs précédents et leurs communautés avaient pour ces susdites affaires liés, punis, excommuniées ou chargés de quelque autre manière.
De plus, nous nous sommes mutuellement demandé pardon avec un sincère repentir et regret et conséquemment nous nous sommes chacun réciproquement, d’un cœur sincère, complètement pardonné et remis [nos torts], comme si rien jamais n’était arrivé et de même, nous pardonnons et remettons tout ce qui, par nous-mêmes, nos conducteurs précédents et leurs communautés, tant en général qu’en particulier, concernant l’achat d’une maison à Franeker, ses dépendances et annexes, toutes négligences, torts, et méfaits, soit en mots, actions, livres, lettres ou de quelque autre manière (non exclue) et pour toutes les occasions où soit les uns, les autres, soit l’un, l’autre, nous nous serions jusqu’aujourd’hui contristés, blessés ou fait quelque injure.
En outre, nous avons, semblablement et tous ensemble prié et supplié notre Dieu gracieux et miséricordieux, notre Père céleste, au nom de son bien-aimé Fils Notre Seigneur Jésus-Christ, ardemment, avec un repentir et regret sincères, dans des sentiments vrais et d’un cœur pur, pour la rémission et le complet pardon de tout ce que, jusqu’à présent, il a pu exister en nous ou à notre égard, de négligence et d’offense envers sa haute Majesté ou entre nous ou envers qui que ce soit au monde, en ces affaires ou de quelque autre manière.
En preuve et confirmation de notre loyal et complet accord, réconciliation et réunion mutuelles, nous nous sommes réciproquement reçus et acceptés, l’un, l’autre, de la main et avec l’affectueux baiser de la paix, au nom du Seigneur, comme il convient à des gens qui vivent unis, en communion avec Lui et entre eux-mêmes.
En laquelle notre réunion nous avons compris et renfermé tous les absents, nos membres généraux et particuliers, résidant en nos ou leurs lieux, tant ceux qui furent mandés que tous les autres, sans que personne soit excepté. Comme aussi nous les comprenons, renfermons et invitons à nous par les présentes, en tant que coreligionnaire qui vivent unis à nous dans une même bonne volonté, foi, doctrine et discipline ou qui, plus tard, voudraient nous suivre dans ce dessein d’une conduite et d’un comportement pacifiques en nos rapports mutuels, qui soient à l’honneur de Dieu et servent à l’édification, le développement et l’avancement de l’Église, comme il en était par le passé et ainsi qu’il convient à notre vocation, conformément à notre commune foi chrétienne, dont les principaux articles tirés de la Parole de Dieu sont ici à la suite brièvement disposés et ajoutés.
EXPOSÉ DES PRINCIPAUX ARTICLES
DE NOTRE COMMUNE FOI CHRÉTIENNE,
COMME ILS SONT HABITUELLEMENT ENSEIGNÉS
ET PRATIQUÉS DANS NOTRE ÉGLISE
1 – Premièrement :
Puisque nous voyons attesté que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu et que celui qui veut venir à Dieu doit croire qu’il existe un Dieu et que celui qui veut venir à Dieu doit croire qu’il existe un Dieu et qu’il sera le rémunérateur de ceux qui le cherchent, conséquemment, nous confessons de la bouche et croyons du cœur avec tous les hommes pieux et conformément à la Sainte Écriture en un seul Dieu, éternel, tout-puissant et incompréhensible, Père, Fils et Saint Esprit et aucun en outre ou autre ; avant lequel il n’a été fait ni n’a existé aucun Dieu et après lequel il n’en sera pas, car, de Lui, par Lui et Lui sont toutes choses. qu’à Lui soient la louange, la gloire et l’honneur, d’éternité. Amen. (Hebr. XI, 36 ; Deut. VI, 4 ; Gen. XVII, 1 ; Es. XLVI, 8 ; Jn V. 7 (1) ; Rom. XI, 36.)
Nous croyons et confessons au sujet de ce Dieu unique, opérant tout en tous, qu’il est le créateur de toutes les choses visibles et invisibles, lequel a crée, fait et disposé en six jours le ciel, la terre, la mer et tout ce qui est en eux, et que lui-même continue de régir et de maintenir toutes ses œuvres par sa sagesse, sa puissance et la parole de sa force. (1 Cor. XII, 6 ; Gen. I ; Actes XIV, 14 (lire XIV, 15).
Après qu’il eut achevé ses œuvres et qu’il eut, suivant son bon plaisir, établi et disposé bien et justement chaque être dans sa nature, sa manière (wezen) et son caractère propre, il a, en outre, créé, le premier homme, notre père à tous, Adam, et lui a donné un corps fait du limon de la terre, lui a soufflé dans les narines un souffle vivant en sorte qu’il est devenu une âme vivante [en relation] à Dieu, à son image et ressemblance, créé dans une justice et sainteté véritables, pour la vie éternelle, il l’a aussi singulièrement estimé au-dessus des autres créatures, orné de grands et magnifiques dons, placé dans le jardin de délices ou paradis, lui a donné un commandement et une défense : il a aussi de ce même Adam pris une côte et en a construit une femme, qu’il a menée vers lui, lui a ajoutée et donnée comme aide, compagne et épouse. Il a fait encore en sorte que de cet unique et premier homme, Adam, tous les hommes habitant sur la terre entière sont descendus et provenus et provenus. (Gen. 1, 27 ; Gen. II, 7 ; Gen. V. 1 ; Gen. IX, 19 ; Gen. X, 32 ; Gen. XI, 8 ; Actes XVII, 26.)
2 – Secondement,
nous croyons et professons, conformément au contenu des Saintes Écritures, que nos mêmes premiers parents, Adam et Ève, ne demeurèrent pas longtemps dans l’état excellent dans lequel ils avaient été créés mais qu’étant attirés et séduits par la ruse et la tromperie du Serpent et la jalousie du diable, ils ont transgressé le haut commandement de Dieu et devinrent désobéissants à leur Créateur ; par cette désobéissance, le péché est entré dans le monde et par le péché, la mort, laquelle a atteint tous les hommes étant donné que tous ont péché.. Conséquemment, ils ont, en outre, encouru la colère de Dieu et la condamnation et ont été, de ce fait, chassés du paradis ou jardin des délices pour travailler la terre, en tirer péniblement leur subsistance, gagner leur pain à la sueur de leur front, jusqu’à ce qu’ils retournent à la terre, de laquelle ils ont été tirés. Finalement, que par ce seul péché, ils sont devenus tellement déchus, déviés et étrangers à Dieu qu’ils ne pouvaient être relevés, libérés ou réconciliés avec Dieu ni par eux-mêmes ni par aucun de leurs descendants ni par les Anges ou les hommes ni par aucune autre créature soit au ciel soit sur terre mais auraient dû demeurer dans une perdition éternelle si Dieu, qui eut à nouveau pitié de sa créature, n’avait eu égard [ à leur misère] et n’était intervenu par son amour et sa miséricorde. (Gen. III, 6 ; IV Esdr. III, 7 (1) ; Rom. V. 12-18 ; Gen. III, 23 ; Ps XLIX, 8 ; Apo. V ; Jn. III, 16.)
3 – Troisièmement,
en [ce] qui concerne la restauration du premier homme et de ses descendants, nous confessons et croyons que, nonobstant leur chute, transgression et péché, et bien qu’il ne leur restât aucune puissance, Dieu ne les a pas voulu pour autant complètement rejeter ou laisser dans une perte éternelle mais qu’il les a appelés à nouveau, consolés et leur a montré qu’il y avait encore auprès de lui un moyen de réconciliation, à savoir : l’Agneau immaculé (ou Fils) de Dieu, qui avait été prévu à cette fin dès avant le commencement du monde, qu’il le leur a promis et garanti alors qu’ils étaient encore dans le paradis, comme une consolation, une délivrance et un salut, tant pour eux que pour leurs descendants, auxquels il fut même dès lors donné en propre et accordé par la foi, parce que tous les hommes pieux auxquels cette promesse fut fréquemment renouvelée, l’on désirée, recherchée et l’ont par la foi comme rencontrée de loin. Ils en ont attendu l’accomplissement à savoir qu’à sa venue il délivrerait et relèverait. (Jn. I. 29 ; 1 Pier. I, 19 ; Gen. III, 15 ; 1 Jn. III, 8 ; 1 Jn. II, 1 ; Hebr. XI, 13, 39 ; Gal. IV, 4.)
4 – Quatrièmement,
nous croyons et confessons en outre ceci : lorsque le temps des promesses que tous les pieux patriarches (lit. ancêtres) avaient tant désiré et attendu, arriva et fut accompli, en ce temps-là, ce Messie, Rédempteur et Sauveur promis à l’avance, sortit de Dieu, étant envoyé par lui et conformément aux prédictions des prophètes et au témoignage des Évangélistes, vint au monde et même en la chair, [en elle] manifesté ; la Parole devint chair et homme ; il fut conçu dans la Vierge Marie, fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David, laquelle l’enfanta comme son fils premier-né, à Bethlehem, l’enveloppa de langes et le déposa dans une crèche. (Jn. IV, 25 ; Jn. XVI, 28 ; I Tim. III, 15 ; Jn. I, 14 ; Mat. I, 22, Lu II, 7, 21.)
Nous confessons et croyons aussi que ce même [fils de Marie] est celui dont l’origine [remonte] au commencement, qui existe dès l’éternité, sans commencement de jours et sans fin de vie, dont il est témoigné qu’il est celui-là même, sans qu’il y en ait un autre, qui a été prévu, promis et envoyé et vint au monde. Il est l’unique, premier et propre fils de Dieu, antérieur à Jean-Baptiste, à Abraham et au monde entier, Seigneur de David et du monde entier, premier-né avant toutes les créatures ; il fut mis au monde et un corps lui fut disposé, que lui-même livra en sacrifice et don, parfum d’agréable odeur pour Dieu et consolation, rédemption et salut de tous, du genre humain entier. (Mich. V, I ; Hebr. VII, 3 ; Apo. I, 8, 18 ; Hebr. I, 6 ; Jn. III, 16 ; Rom. VIII, 32 ; Jn. I, 30 ; Mat. XXII, 41 ; Col. I, 15 ; Hebr. X, 5.)
Cependant, sur la manière ou la façon dont ce corps fut préparé et la manière dont la Parole est devenue chair et homme, nous nous contentons des déclarations que les vénérables Évangiles en ont faites et nous ont laissés dans leur récits, conformément auxquelles nous professons et confessons avec tous les saints qu’il est le Fils du Dieu vivant, en qui se trouvent tout notre espoir, consolation, rédemption et salut, lesquels nous ne pouvons et devons chercher chez nul autre. (Luc I, 30, 31 ; Jn. XX, 30, 31 ; Mat. XXI, 16.)
En outre, nous croyons et confessons avec l’Écriture qu’après qu’il eut achevé sa course en ce monde et accompli la tâche pour laquelle il avait été envoyé et était venu au monde, il fut, selon la préscience (1) de Dieu, livré aux mains des injustes, a souffert sous le juge Ponce-Pilate, fut crucifié, est mort et enseveli, est ressuscité des morts le troisième jour, puis est monté au ciel, qu’il est assis à la main droite de la Majesté de Dieu dans les lieux très-hauts et que de là il reviendra pour juger les vivants et les morts. (Luc, XXII, 53 ; Luc XXIII, 1 ; Luc XXIV, 5, 6 ; Luc XXIV, 51.) Ainsi donc nous croyons que le Fils de Dieu est mort et que pour tous il a goûté la mort et répandu son sang précieux, que, par ce fait même, il a écrasé la tête du Serpent, brisé les œuvres de Satan, détruit l’acte rédigé contre nous et acquis le pardon des péchés pour tout le genre humain ; il est aussi devenu une cause de salut éternel pour tous ceux qui chacun en son temps, depuis Adam jusqu’à la fin du monde, croient en lui et lui obéissent. (Gen. III, 15 ; I Jn. III, 8 ; Col. II, 14 ; Rom. V, 18.)
5 – Cinquièmement,
nous croyons et confessons qu’avant son Ascension il a institué et établi son Nouveau Testament qui devait être désormais le Testament unique et éternel, quel il a affermi et scellé par son sang précieux, donné aux siens et laissé en héritage, et même si hautement prescrit et commandé qu’il ne peut être changé ni par un Ange ni par les hommes et qu’on ne peut ni rien y ajouter ni rien en retrancher et parce que tout le conseil et la volonté de son Père céleste, y est renfermé, en tant qu’il est nécessaire au salut, il a fait annoncer, prêcher et déclarer par ses bien-aimés Apôtres, messagers et ministres qu’il avait appelés, élus et envoyés dans le monde entier à cet effet, à tous les peuples, nations et langues, la repentance et le pardon des péchés en son Nom et leur a fait proclamer, conséquemment, parmi tous les hommes, sans distinction, que, si dans la foi, en enfant obéissants, ils viennent à cet [enseignement évangélique], s’y conforment et le vivent, ils sont ses enfants, légitimes héritiers. Ainsi donc, il n’a banni ou exclu personne de ce précieux héritage de la béatitude éternelle et sinon tous les incrédules et rebelles, les obstinés et impénitents qui le méprisent et se rendent coupables par leurs propres péchés commis personnellement et en raison de ceux-ci se rendent indignes de la vie éternelle (1). (Jer. XXI, 31 ; Hebr. IX, 15, 16, 17 ; Mat. XXVI, 27 (=28) ; Galat. I, 8 ; I Tim. VI, 3 ; Jn XV, 15 ; Mat. XXVIII, 19 ; Mc. XVI, 13 ; Luc XXIV, 45, 46 (=47) ; Rom. VIII, 17 ; Actes XVIII, 46.)
6 – Sixièmement,
nous croyons et professons que, du fait que la disposition du cœur humain est mauvaise dès sa jeunesse et par suite inclinée à toute injustice, péché et méchanceté, la première leçon du précieux Nouveau Testament du Fils de Dieu est la repentance et l’amendement de la vie. Les hommes [qui] ont des oreilles pour entendre et des cœurs pour comprendre doivent donc produire de vrais fruits de repentance, croire à l’Évangile, quitter le mal, faire le bien, cesser l’injustice, et abandonner leurs péchés, dépouiller le vieil homme avec ses œuvres et revêtir le nouveau qui est créé à l’image de Dieu en justice et sainteté véritables. Ni le baptême ni la Sainte-Cène ni l’Église ni une quelconque cérémonie extérieure ne peuvent en effet être de quelque utilité pour plaire à Dieu ou obtenir de lui une consolation ou promesse de salut sans la foi et une nouvelle naissance [qui est] un changement ou un renouvellement de la vie. Mais on doit avec des cœurs sincères et une foi complète aller à Dieu et croire en Jésus-Christ comme l’Écriture le dit et en témoigne. Par cette foi, on reçoit la rémission des péchés, on est sanctifié, justifié, devient enfant de Dieu, participant de ses volontés, de sa nature et de son Être, étant né à nouveau et d’en haut par cette impérissable semence qui vient de Dieu. ( Gen. VIII, 21 ; Mc. I, 15 ; Ex. XII, 1 (=2) ; Col. III, 9, 10 ; Eph. IV, 21, 22 ; Hebr. X, 21, 22 ; Jn. VII, 38 (=40?)
7 – Septièmement,
au sujet du baptême, nous professons et confessons que tous ceux qui se repentent et croient, qui, par la foi, la naissance nouvelle et le renouvellement de l’Esprit Saint, sont unis à Dieu et inscrits dans les cieux, sur la condition d’une telle profession scripturaire de la foi, et d’un renouvellement de la vie, conformément au commandement du Christ, à l’enseignement, l’exemple et la pratique des Apôtres, doivent être, au très saint nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, baptisés d’eau pour l’ensevelissement de leurs péchés et être ainsi incorporés à la communion (ou communauté) des Saints pour y apprendre ultérieurement à observer tout ce que le Fils de Dieu a enseigné, transmis et commandé aux siens. (Actes II, 38 ; Mat. XXVIII, 20 (=19); Rom. VI, 4 ; Mc. XVI, 15 ; Mat. III, 15 ; Actes II, 28 ; Actes VIII, 11 ; Actes IX, 18 ; X, 17 ; XVI, 33 ; Col. II, 11, 12.)
8 – Huitièmement,
nous croyons et confessons une Église visible de Dieu, à savoir, ceux qui, comme il a été dit précédemment, font une sincère pénitence, ont la vraie foi et sont légitimement baptisés, unis à Dieu dans le ciel et légitimement ici sur la terre incorporés à la communauté des saints. Nous professons que ceux-là forment la race élue, le sacerdoce royal, le peuple saint, dont il est dit qu’il est la fiancée et l’épouse du Christ, dont il est aussi attesté qu’ils sont aussi les enfants et les héritiers de la vie éternelle, une demeure (1), un tabernacle et une habitation de Dieu dans l’Esprit, édifiée sur le fondement des Apôtres et des prophètes, dont le Christ lui-même forme la pierre angulaire, sur laquelle son assemblée repose. Cette Église (communauté) [composée] des vivants de Dieu, qu’il a acquise, achetée et sauvée par son précieux sang, en laquelle, suivant sa promesse, il demeura jusqu’à la fin du monde pour la consoler et la protéger, en laquelle il habitera et marchera et qu’il gardera en sorte qu’aucun torrent et aucune averse, non pas même les Portes de l’Enfer, ne pourront ni l’ébranler, ni prévaloir sur elle, peut être reconnue à sa foi scripturaire, à sa doctrine, à son amour et à sa pieuse conduite, comme aussi à sa vie féconde et à sa pratique et observation des vraies ordonnances du Christ, celles qu’il a si hautement commandées et prescrites aux siens. ( 1 Cor. XII ; 1 Pi. II, 9 ; Jn. III, 29 ; Apo. XIX, 7 ; Tit. III, 6, 7 ; Eph. II, 19, 20, 21 ; Mat. XVI, 18 ; 1Pi. I, 18, 19 ; Mat. XXVIII, 20 ; 2Cor. VI, 16 ; Mat. VII, 25 ; Mat. XVI, 18.)
9 – Neuvièmement,
concernant les offices et les élections dans l’Eglise, nous croyons et confessons ce qui suit: Puisque l’Eglise ne peut ni grandir ni continuer de s’accroître sans un ministère et une ordonnance, le Seigneur Christ, lui-même, comme un père dans sa maison, a conséquemment établi et fixé des offices et de ordonnances, prescrit et commandé comment chacun s’y comporterait, accomplirait et réaliserait, comme il convient, sa tâche et sa vocation, ainsi que lui-même le fidèle et grand pasteur, l’évêque de nos âmes, qui fut envoyé et vint au monde non pour blesser, briser ou perdre les âmes des hommes, mais pour guérir et prendre soin, rechercher ce qui est perdu, détruire la haie et le mur mitoyen, pour de deux faire un seul, rassembler des Juifs, des païens et de toutes les races un troupeau [ou] une communauté (communion), consacrée à son nom, pour laquelle lui-même, afin que nul n’errât ni ne se perdit, a quitté sa vie, a ainsi procuré son salut, l’a libérée et rachetée, car, remarquez-le, ils [c’est-à-dire les hommes] ne pouvaient y être aidés ou servis de nul autre. (Eph. IV, 10, 11, 12 ; 1 Pier. II, 29 ; Mat. XII, 19 ; Eph. II, 13 ; Gal. III, 28 ; Jean X, 11, 15 ; Ps. XLLX, 8.)
De plus, il a, avant son départ, laissé son Église pourvue de fidèles ministres, Apôtres, évangélistes, pasteurs et docteurs, qu’il avait choisis par l’Esprit-Saint avec des prières et des supplications, pour qu’ils régissent l’Église, paissent son troupeau, veillent sur lui, le défendent et le soignent, qu’ils fassent en tout comme Il leur en avait donné l’exemple, avait enseigné et fait, et aussi comme il leur avait commandé d’apprendre à observer ce qu’il avait lui-même prescrit. (Eph. IV, 11 ; Luc X, 1 ; Luc VI, 12, 13 ; Jn. II. 15 (=XXI, 16 à 18 ?) ; Mat. XXVIII, 20 (=19).
Que les Apôtres, semblablement, par la suite, comme de fidèles imitateurs du Christ et conducteurs de l’Église s’appliquèrent diligemment à pourvoir, avec des prières et des supplications à Dieu, par [le moyen de] l’élection des frères, toutes cités, lieux et communautés, d’évêques (anciens), de pasteurs et de conducteurs, et d’ordonner telles personnes (1) qui pourraient veiller sur elles-mêmes, l’enseignement et le troupeau qui auraient bonne réputation et renom tant au dehors que dedans la communauté pour qu’elles fussent un exemple, une lumière et un modèle en toute forme de piété et en bonnes œuvres et puissent dignement administrer les ordonnances du Seigneur, à savoir le baptême et la Sainte-Cène et établiraient eux-mêmes aussi comme Anciens des hommes fidèles à tous égards (là où ils pourraient en trouver), aptes à enseigner les autres, qu’ils installeraient [dans leur fonction] par l’imposition des mains au nom du Seigneur. (1 Tim. III, 1 ; Actes I, 23, 24 ; Tit. I, 5 ; 1 Tim. IV, 16 ; 1 Tim. III, 7 ; 2 Tim. II, 2 ; 1 Tim. IV, 14 ; V, 2.)
Ceux-ci auraient sollicitude de tout ce dont l’Église peut avoir besoin, dans la mesure de leur pouvoir, de manière à être de fidèles administrateurs du talent de leur Maître, lui faire porter du bénéfice et ainsi se sauver eux-mêmes et leurs auditeurs. (Luc XIX, 13.)
Que ceux-ci entreprendraient aussi [à leur tour] diligemment, chacun parmi les siens, là où il aurait charge, que tous emplacements soient bien pourvus de diacres, qui aient le souci et le soin des pauvres (1), qui reçoivent les dons et aumônes et les distribuent ensuite fidèlement aux saints pauvres et dans l’indigence, avec toute l’honnêteté requise. (Actes VI, 3, 4, 5, 6.)
Que l’on ordonnerait et choisirait aussi d’honorables veuves âgées comme diaconesses pour visiter, consoler et soigner, avec les diacres, les hommes pauvres, infirmes, malades, affligés ou indigents, et de plus subvenir, dans la mesure de leur possibilité, à toute nécessité de la communauté. (1 Tim. V, 9 ; Rom. XVI, 2 ; Jac. I, 27.)
[On notera] en outre en ce qui concerne les diacres que ceux-ci, particulièrement lorsqu’ils y sont aptes et ont été choisis à cet effet par l’Église, pour aider et assister les Anciens (2), peuvent aussi exhorter la communauté et collaborer dans [le ministère] de la parole et de l’enseignement pour que chacun serve ainsi les autres par amour avec le don qu’il a reçu en sorte que par le service commun et la contribution de chaque membre, chacun dans sa mesure, le corps du Christ puisse progresser et que la vigne du Seigneur, son Église, continue de croître, de grandir et de s’édifier, comme il convient.
10 – Dixièmement,
nous confessons et observons une fraction du pains ou Sainte-Cène comme le Seigneur Christ Jésus l’a instituée avant sa passion avec du pain et du vin et l’a pratiquée et mangée avec ses Apôtres et a prescrit de l’observer en mémoire de lui et comme ceux-ci, conséquemment, l’ont enseignée et pratiquée dans l’Église, ont prescrit et commandé aux croyants de l’observer en mémoire de la mort du Seigneur, de sa souffrance et de sa mort, de ce que son précieux corps fut brisé et son sang répandu pour nous et toute le race humaine ; en outre, du fruit de cette passion, c’est à savoir la rédemption et le salut éternel qu’il nous a acquis, enfin de ce qu’il nous a montré, à nous, hommes pécheurs, tant d’amour . Par quoi, nous sommes très vivement exhortés de nous aimer mutuellement, d’aimer nos prochains à notre tour, de leur pardonner et les tenir quitte comme il l’a fait à notre égard et aussi de prendre à cœur, d’entretenir et de vivre cette unité et cette communion existante entre Dieu et nous et entre nous-mêmes, laquelle nous est également indiquée et signifiée par cette fraction du pain. (Mt. XXVI, 25 ; Mc. XIV, 22 ; Act. II, 42 ; 1 Cor. X, 6 ; 1 Cor. XI, 22 ; Actes II, 46.)
11 – Onzièmement,
nous confessons et pratiquons un lavement des pieds entre les Saints comme le Seigneur Christ l’a non seulement institué, prescrit et commandé mais lui-même [l’a pratiqué] en lavant les pieds de ses Apôtres, bien qu’il fut leur Seigneur et Maître et ainsi leur donna un exemple pour qu’ils se lavent aussi les pieds les uns aux autres et agissent eux-mêmes comme il avait fait à leur égard. Conséquemment, ceux-ci ont donc enseigné aux croyants de pratiquer ce lavement, (ici la version de la des anabaptistes alsaciens ou suisses » Pomme d’or » de 1742 ajoute » und Paulus unter die Tugenden und Zeichen der bewœhrten gottsfuerchtigen weiber gesetzet hat, 1 Tim. 5,10. Alles zu einem Zeichen… « ) en signe d’une sincère humiliation (ici » Demuth und Niedrigkeit « ) et principalement en rappel du vrai lavement, lequel nous a lavés et purifiés dans nos âmes par son sang précieux. (Jn. XIII, 4 à 17 ; 1 Tim. V, 10 ; Gen. XVIII, 4 ; Gen. XIX, 2 ; Exemple, Gen VIII (= XVIII), 4, XIX, 2.)
12 – Douzièmement,
nous reconnaissons et confessons dans l’Église de Dieu un honorable état de mariage, entre deux croyants libres [de leurs personnes] ; conformément à la manière dont Dieu l’a établi au Paradis et l’a institué entre Adam et Ève, comme aussi le Seigneur Christ, ayant supprimé et retiré tout mésusage du mariage intervenu entre-temps, l’a ramené à son ordre primitif et l’a accordé, de la manière aussi que l’Apôtre Paul a enseigné le mariage dans l’Église, l’a permis et a laissé chacun libre de se marier conformément à l’institution primitive et dans le Seigneur. (Gen. I, 26 ; Gen. II, 22 ; Mat. XIX, 4 ; 1 Cor. VII..)
Par les mots : dans le Seigneur, il faut, à notre sentiment, comprendre qu’ainsi que les patriarches devaient se marier à leur parenté ou à [des personnes de] leur race, il n’est semblablement accordé aux fidèles du Nouveau Testament (= Alliance) aucune autre liberté que de se marier dans la race élue et à la parenté spirituelle du Christ, c’est à savoir : à ceux qui d’abord et antérieurement furent unis ; à l’Église en un seul cœur et une seule âme, ont reçu le baptême et demeurent dans la communion, la foi, la doctrine et la discipline. [À ces conditions préalables seulement] (1), ils peuvent s’unir mutuellement par l’état de mariage. De telles personnes unies dans l’Église conformément à l’institution primitive de Dieu sont vraiment mariées dans le Seigneur. 9 1 Cor. IX, 5 ; Gen. XXIV ; Gen. XXVIII.)
13 – Treizièmement,
nous croyons, reconnaissons et confessons que Dieu a ordonné le Pouvoir (= État), ou Autorité et l’a établi pour le châtiment des méchants et la protection des bons et en outre pour régir le monde, pays et villes, comme aussi pour maintenir ses sujets en bon ordre et police. Nous ne pouvons donc ni le mépriser ni l’insulter ni lui résister mais devons le reconnaître comme un serviteur de Dieu, l’honorer, lui être soumis et obéissants, même prêts à accomplir sous son ordre toutes bonnes œuvres, principalement en ce qui n’est pas en contradiction avec la loi, la volonté et les commandements de Dieu et lui payer fidèlement l’octroi, les accises et les contributions, lui donner ce qui lui revient, comme le Fils de Dieu nous en a instruits et l’a lui-même fait et a prescrit et commandé aux siens de faire. Nous devons de plus constamment et instamment prier le Seigneur pour l’Autorité, son bien-être et le bien du pays, pour que nous puissions habiter sous sa protection, gagner notre subsistance, et mener une vie calme et paisible en toute piété et honnêteté. En outre, que le Seigneur veuille le récompenser et rétribuer maintenant et dans l’éternité pour tous les bienfaits, la liberté et la faveur dont nous jouissons sous sa louable administration. (Rom. 13, 1 ; 1 Pierre 2, 13 ; Tit. 3, 1 ; Rom. 13, 7 ; Mat. 17, 27 ; 22, ; 1 Tim. 2, 1.)
14 – Quatorzièmement,
au sujet de la violence (lit. vengeance) qui consiste à résister avec le glaive à des ennemis, nous croyons et professons (belijden) que le Seigneur Christ a interdit et prohibé à ses disciples et imitateurs toute violence (wraake) et vengeance et commandé et prescrit de ne rendre à personne le mal pour le mal ou l’injure pour l’injure mais de mettre l’épée au fourreau ou comme les prophètes l’ont prédit, d’en faire des socs de charrues. D’où nous concluons (lit. comprenons) que nous ne pouvons, conformément à son exemple, à sa vie et à son enseignement, faire souffrir, causer de la douleur ou de la peine à aucun homme mais devons rechercher le plus grand bonheur et prospérité de tous et si la nécessité le requiert, fuir de ville en ville ou d’un pays dans un autre pour l’amour du Seigneur et accepter l’enlèvement des biens mais ne faire souffrir personne : frapper en retour. Nous devons en outre prier pour nos ennemis et lorsqu’ils ont faim ou soif, les restaurer et les nourrir, pour les convaincre ainsi par des bienfaits et triompher de toute méconnaissance. Finalement, nous devons être bienfaisants, nous recommander auprès de toute conscience d’homme et ne pouvons rien faire à personne que ce que nous voudrions qu’il nous advienne. (Mat. 5, 39-44 ; Rom. 12, 19 ; 1 Pierre, 3, 9 ; Esaïe 2, 4 ; Mich. 4, 3 ; Rom. 12, 20 ; Mat. 7, 12.)
15 – Quinzièmement,
concernant les serments, nous croyons et confessons que le Seigneur Christ les a interdits et prohibés aux siens en sorte qu’ils ne peuvent en aucune manière faire de serments mais qu’il doit parmi eux exister seulement : Oui, oui et non, d’où nous concluons (lit. comprenons) que tous les hauts et vains (lit. vides) serments nous sont interdits mais que nous devons, en leur place, confirmer toutes nos promesses, assurances, engagements, et aussi toutes nos déclarations et témoignages uniquement avec notre mot : Oui, si c’est oui, et non, si c’est non, étant bien entendu que nous devons toujours et en toute affaire, après de tels [engagements], nous comporter aussi fidèlement, observer, agir en conséquence et nous acquitter [de nos obligations] que si nous avions affirmé et juré avec de grands serments. Si nous agissons ainsi, nous avons confiance que personne et le gouvernement lui-même n’aura de motifs raisonnables de nous charger davantage en nos âmes et consciences. (Mat. 5, 34, 37 ; Jac. 5, 12.)
16 – Seizièmement,
nous croyons, confessons et reconnaissons [qu’il existe] dans l’Église un bannissement [ou] excommunication et châtiment chrétien pour la correction et non la destruction, de nature à séparer le pur de l’impur, c’est à savoir : lorsque une personne, qui a été éclairée, a reçu la connaissance de la vérité, été incorporée à la communauté des Saints, par la suite, à nouveau, par volonté délibérée, par arrogance à l’égard de Dieu, ou de quelque autre manière, en vient à pécher jusqu’à la mort et tombe dans ces œuvres infécondes des ténèbres par lesquelles elle est retranchée de Dieu et le royaume de Dieu lui est enlevé, elle ne peut, après que son œuvre est devenue manifeste et suffisamment connue à l’Église, demeurer dans l’assemblée des justes mais doit nécessairement, comme un membre scandaleux et un pécheur public, être excommuniée, renvoyée, punie devant tous et rejetée comme un levain [de malice] et cela pour sa correction, pour l’exemple et la crainte des autres, pour la purification de l’Église, pour la nettoyer de telles souillures et de crainte (lit. afin que) que par le manque de telles [mesures] le Nom de Dieu ne soit blasphémé, l’Église déshonorée, qu’à ceux du dehors un scandale ou occasion de chute ne soit donnée, finalement, afin qu’un pécheur ne soit pas condamné avec le monde mais que, convaincu en sa conscience, il puisse être ramené à la repentance, pénitence et amendement [de sa vie]. ( 1 Tim. V, 20 ; 1 Cor. V, 6 ; 2 Cor. X, 8 ; 2 Cor. XIII, 10.)
En ce qui concerne la correction ou admonition fraternelle et aussi l’instruction de l’égaré, il convient qu’en cette [matière] toute application et soin soient apportés pour l’avertir, l’exhorter, le mieux possible, en toute douceur, en vue de sa correction. Quant aux obstinés qui demeurent impénitents, [il faut] les châtier comme il convient. En somme, l’Église doit éloigner d’elle le méchant, soit en la doctrine soit en la conduite, et personne autre. (Jac. V, 19 ; Tit. III, 10 ; 1 Cor. V, 12.)
17 – Dix-septièmement,
en ce qui concerne la rupture des contacts ou l’évitement des excommuniés, nous croyons et professons ce qui suit : lorsque quelqu’un soit par sa mauvaise conduite soit par sa doctrine perverse en vient à tomber si bas que, séparé de Dieu, conséquemment il est aussi justement exclu et puni par l’Église, il faut, dès lors, conformément à la doctrine du Christ et de ses Apôtres, qu’il soit fui et évité de tous les compagnons et membres de l’Église, sans distinction et principalement de ceux auxquels cela (l’exclusion) est connu, dans le manger, le boire et toute autre relation semblable, qu’on ne peut rien tolérer de tel, de crainte (lit. afin que) qu’on ne soit souillé par sa conduite et prenne part à ses péchés et afin que le pécheur ait honte et que touché dans son âme et sa conscience, il puisse être confondu (lit. convaincu) pour son amendement. Cependant, il convient d’user, tant dans la cessation des rapports que dans la punition, d’une telle mesure et discrétion chrétienne, qu’elles [ne mènent pas] à la perte mais puissent aider à l’amendement du pécheur, car [s’il advient qu’il soit] dans la misère, la faim, la soif, la nudité, la maladie ou dans quelque autre affliction, nous sommes tenus, sa nécessité l’exigeant, conformément à l’Amour et à l’enseignement du Christ et de se Apôtres, de lui porter aide et assistance car, autrement, la cessation des rapports entraînerait dans des cas semblables davantage sa perte que sa correction. De plus, on ne doit pas regarder [de tels gens] comme des ennemis mais les exhorter comme des frères pour les amener ainsi à la connaissance, à la repentance et au regret de leurs péchés, en sorte qu’ils se réconcilient à nouveau avec Dieu et son Église et que l’amour puisse continuer [d’être exercé] envers eux comme il se doit. (1 Cor. V, 9, 10, 11 ; 2 Thes. III, 14 ; Tit. III, 10 ; 2 Thes. III, 14.)
18 – Dix-huitièmement et dernièrement,
en ce qui concerne la résurrection des morts, nous confessons de la bouche et croyons du cœur, conformément à l’Écriture, que par l’incompréhensible puissance de Dieu, au dernier jour, tous les hommes qui seront morts et endormis (i.e. décédés – N.d.T.), seront alors réveillés, rendus à la vie et ressusciteront et qu’ils seront, en un instant, au temps de la dernière trompette, avec ceux qui seront jusqu’alors restés en vie, transformés et rassemblés devant le tribunal du Christ, que les bons et les méchants seront séparés de part et d’autre et qu’alors chacun recevra dans son propre corps suivant ce qu’il a fait, soit de bien soit de mal, que les bons ou pieux, étant les bénis, seront enlevés avec le Christ, iront à la vie éternelle et recevront la joie, que l’œil n’a jamais vue, ni l’oreille entendue ni n’est venue au cœur de l’homme, pour régner et triompher avec le Christ, d’éternité en éternité. Par contre, les méchants ou impies, étant maudits, seront chassés et repoussés dans d’épaisses ténèbres et le châtiment éternel de l’enfer où leur ver ne périra point ni leur feu ne sera éteint et là ils n’auront jamais, suivant ce que déclare l’Écriture, aucun espoir ni consolation ni rédemption à attendre.
Veuille le Seigneur nous mettre tous par sa grâce en telle dignité et état (lit. capacité) que cette damnation n’advienne à aucun de nous mais que nous puissions tellement nous acquitter de nos devoirs et être diligents que nous soyons trouvés en ce jour devant lui, sans tache et sans reproche, dans la paix. Amen.
(Mat. XXII, 12 ; Job XIX, 26, 27 ; Mat. XXV, 31 ; Jn. V, 28 ; 2 Cor. V, 19 ; 1 Cor. XV ; Apo. XII, 4 ; 1 Thes. IV, 13 ; 1 Cor. II, 9 ; Mc. IX, 44 ; Apo. XIV, 11.)
Tels sont brièvement exposés les principaux articles de notre commune foi chrétienne comme nous les enseignons et exerçons en notre Église, dans la pratique courante. Suivant nos sentiments, telle est la vraie foi chrétienne, celle que les Apôtres ont, en leur temps, crue et enseignée, dont ils ont témoigné par leur conduite, qu’ils ont aussi confirmée par leur mort, quelques-uns l’ayant même scellée de leur sang. En cette foi, tout faibles que nous sommes, nous souhaitons de bon cœur demeurer avec eux et tous les hommes pieux, en elle vivre et mourir pour pouvoir avec eux, par la grâce de Dieu, obtenir la béatitude finale.
Ainsi fait et achevé, au sein de notre Église assemblée,
dans la ville de Dordrecht en Hollande,
le 21 avril, nouveau style, 1632.
PORTEZ-VOUS BIEN.
AJOUT DES FRÈRES SUISSES (ALSACE-LORRAINE, SUISSE, ALLEMAGNE DU SUD)
Ajout des anabaptistes Frères Suisses en Alsace à la confession de foi de Dordrecht, traduction Claude Baecher.
La confession de Dordrecht rédigée par les Mennonites de Hollande en 1632 a été modifiée par certains Anabaptistes du sud de la vallée rhénane. En effet, la confession adoptée par bien des frères suisses et largement répandue dans les assemblées alsaciennes et lorraines, contenait un article de plus !
Des Anabaptistes d’Alsace s’étaient réunis en 1660, dans le village d’Ohnenheim pour signer la confession de Dordrecht. Une publication ultérieure de cette confession comprend des ajouts révélateurs de certaines hésitations par rapport au texte mennonite de l’époque. Grâce à un travail de Hanspeter Jecker, enseignant au Centre de Formation et de Rencontre du Bienenberg (communication orale de 1988), nous savons que dans l’édition plus tardive figurent non pas 18, mais 19 articles. Il y a ainsi un article supplémentaire à partir de l’article 6, article relatif au Saint-Esprit et quelques ajouts plus courts dans d’autres articles.
Grâce à cet ajout, l’occasion nous est donnée de comprendre comment durant ces générations, ces chrétiens comprenaient la personne et l’œuvre de l’Esprit-Saint et s’attachaient à la réalité de son œuvre. En voici le texte :
ARTICLE SIX RELATIF A l’ESPRIT-SAINT
« Nous croyons en l’Esprit-Saint, – qui vient du Père et du Fils. C’est par Lui qu’agissent le Père et le Fils. (Nous croyons) aussi qu’il est consubstantiel au Père et au Fils, en un même être, comme nous pouvons aussi le constater dans l’histoire de la création. C’est la raison pour laquelle nous les reconnaissons comme étant un par rapport au vouloir, à l’action, à la souveraineté, au règne et à l’accomplissement final ; un seul Être divin qui s’est révélé dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit comme le seul et vrai DIEU, selon Mat. 3:16, Jn 14:16, Psaumes 33:6, Gen. 1, Jn 10:30 et 14:11 ; Mt 3:16, 17 et 1 Jn 5:8. »
Il y a ainsi un refus très net de séparer l’Esprit du Fils et du Père. Ils agissent unis. Il est Dieu. L’insistance particulière sur l’œuvre de l’Esprit Saint est aussi visible par un ajout dans l’article 9 relatif à l’Église de Dieu et la communion des Saints.