Le Temps

Il naît, existe, s’égraine
Dans l’infini, le temps présent.
Et la durée d’une semaine,
Est goutte d’eau dans l’océan.

Dans le souffle soutenant nos vies,
Une année n’est qu’un court instant
Qui se déroule, expire, s’enfuit,
Emporté par le vent d’autan.

Au fil des printemps qui passent,
Fluctuent nos sentiments aussi.
On est léger, coquet, fugace,
C’est la jeunesse puis on mûrit.

L’arbre fleurit, ses fortes branches
Vers un ciel serein sont levées.
La moisson blondit, c’est dimanche,
Sur Dieu tu peux te reposer!

Finissent un jour les grands je t’aime,
Un peu, beaucoup, passionnément,
Les ans où l’on s’appuie, s’entr’aime,
Sont bienvenus dans l’air des temps.

Au jardin embaument les roses,
D’un parfum doux, rose d’antan.
Volent leurs pétales déclos
Dans l’automne des grands vents.

Soufflent les vents, passent les choses,
Tournent les pages de nos vies.
Le temps s’enfuit, l’amour dépose
Un souvenir qui vainc l’oubli.

Et quand viendra l’heure dernière
Sur le cadran des temps finis,
Quand les livres seront ouverts,
Que nos noms s’y trouvent inscrits.

Qu’est-ce qu’une vie dans le mirage,
Des ères, des siècles, des années?
Un brin d’herbe, une fleur sauvage
Devant l’immense éternité.

  • Annick Markmann

L’enfant en marche

Le poste de radio ce matin allumé
Murmure solitaire quantité de paroles.
L’enfant déjeune avant de partir pour l’école,
Lorsque des mots soudain viennent l’interpeller.

« Moi, je suis le chemin, la vie, la vérité.
Je suis la porte… » Il est l’heure d’y aller.
Et la voilà partie, son cartable à la main.
Mais les mots entendus ne sont pas anodins.

Ils résonnent en accord d’un rêve pénétrant,
Un rêve qui revient dans ses nuits très souvent.
Que signifie alors ce qu’elle voit et entend ?
Soudain, le rêve est là, et il saisit l’enfant.

Elle se trouve, marchant dans une plaine immense
L’air desséché et chaud lui rend le souffle court.
Elle foule épuisée, le sol d’un long parcours,
Empreint d’aridité et de désespérance.

L’aspect du paysage, a maintenant changé
C’est un vert marécage qu’elle doit traverser.
Des bosquets d’aulnes blonds, des saules argentés
Montent d’un sol humide, bourbeux en bas-côtés.

Cent grenouilles en groupes, au bord de la chaussée,
Ouvrent leurs larges bouches, leurs yeux exorbités.
Coassant, ricanant, elles se moquent entre elles,
De l’enfant fatiguée, mais qui marche avec zèle.

L’atmosphère est pesante, et les cieux sont chargés.
Les blancs cirrus là-haut se sont effilochés.
Des cumulo-nimbus moussent dans l’azur sombre.
La lumière s’estompe et tout se couvre d’ombre.

Elle marche, recherchant avec obstination,
Un panneau, un indice, la moindre indication,
Lui permettant enfin de trouver une issue
Vers un lieu qu’elle espère sans jamais l’avoir vu.

Dans le soir qui descend, elle atteint une place.
La route finit là au cœur d’un vaste espace
Fermé par une enceinte, comme une citadelle,
Un mur haut et épais de pierres naturelles.

Elle découvre deux portes pour passer la muraille.
Tellement différentes en aspect et en taille.
La première très large et facile à franchir,
Elle voit une grande foule, cette porte choisir.

L’autre étroite, resserrée, sous une croix placée.
Le linteau en est bas, il faudrait se courber,
Voire se mettre à genoux pour pouvoir passer.
La porte reste ouverte, qui va s’y engager ?

Une voix s’élevait et lui disait : « Choisis !
Je place devant toi, la mort ou bien la vie. »
À cet instant toujours le rêve finissait.
Les mots encore vibraient, l’enfant se réveillait.

À l’école elle arrive et son amie l’attend.
Que raconte Mimi ? Elles entrent en riant.
Mais l’enfant a compris par son rêve aujourd’hui,
Que Jésus est la porte et qu’il donne la vie.

-Annick Markmann

Temporaire, éternel.

Les feuilles mortes tombent toujours
de l’arbre avec les frimas.
Elles volent dans le vent des jours,
mais l’arbre lui ne meurt pas.

Au ralenti la vie demeure,
cachée dans l’arbre qui somnole.
La sève est le puissant symbole,
d’une vie qui jamais ne meurt.

Quand les saisons de notre histoire,
s’effeuillent au livre où tout s’inscrit,
en creux sillons dans nos mémoires,
demeurent joies, peines et soucis.

Notre séjour est temporaire
et la mort ne lésine pas
Elle fauche largement son aire,
vous mène de vie à trépas.

C’est donc ainsi que de l’enfance,
aux jours de la maturité,
nous passons de l’insouciance,
à l’heure de la vérité.

Quand le corps retourne à la terre,
l’âme et l’esprit s’en sont allés,
dans l’éternité près du père,
s’ils ont cherché sa volonté.

Ne comptons pas sur nos mérites,
car alors nous croirions en vain.
Le ciel est pour tous ceux qu’habite
l’humble, le doux, Christ le seul bien.

Annick Markmann