Rose blanche

En novembre neigeux, la rose elle a cueillie.
Une rose toute blanche sur la branche a fleuri,
La branche d’un vieux rosier du jardin endormi.
Un minuscule enclos dont le lierre endimanche,
Sous la neige tombée, les murs de pierre blanche.

Ce coin de terre vit des soins qu’elle fournit,
Comme Grand-mère le fit, au jardin tout petit,
Qui demeure enfoui sous les roses et les fruits.
Des chrysanthèmes or et pourpre l’inondent,
De leurs tons précieux aux nuances profondes.

L’enfant qui autrefois sautillait dans le vent,
Est une vieille femme qui marche lentement.
Devant la simple tombe où dorment ses parents,
Elle tient en sa main les fleurs qu’elle a cueillies,
Au jardin du rosier où la rose a fleuri.

De la forêt profonde, qui entoure ce lieu,
Monte une odeur de terre, celle des résineux.
Dans l’ancien cimetière, un soleil peureux
Éclaire le souvenir de ceux qui sont partis
Loin de nos soucis d’hommes, vers les temps infinis.

Le nom de ses ancêtres est gravé sur la pierre
Que la neige recouvre de blancheur éphémère.
Combien furent sauvés avant l’heure dernière ?
Dans le livre éternel, leur nom fut-il inscrit ?
C’est l’affaire de Dieu qui seul sonde les vies.

Le soleil s’est voilé et la neige est tombée.
Elle a posé ses fleurs sur la tombe enneigée.
D’abord les chrysanthèmes rouge-sombre et dorés
Et puis la rose blanche, à la branche cueillie
La branche d’un rosier du jardin endormi.

-Annick Markmann