Hirondelles, frêles hirondelles

Je perçois grandissant à l’intérieur de moi,
une douce émotion et une joie profonde,
à regarder voler au-dessus des vieux toits,
de jeunes hirondelles en boucles vagabondes.

Elles inscrivent, en larges lettres rondes,
mille mots sombres dans le ciel clair,
planent légères, plongent le bec ouvert,
près des surfaces où les insectes abondent.

Qu’écrit donc le vol des vives hirondelles
s’élevant et plongeant en un trait élégant ?
En courbes éphémères, leur valse rituelle,
parle d’éternité et de brièveté du temps.

Il est court en effet, le temps de l’estivage,
de la croissance avant le grand rassemblement,
avant que soit l’automne, le périlleux voyage,
l’Afrique colorée, ses glorieux printemps.

C’est pourquoi, près des toits, volent dix hirondelles,
qui tourbillonnent, plongent, chassent en truissotant,
dans l’air frais du matin, sans relâche s’appellent,
se regroupent un instant, s’égaillent brusquement.

Sur les fils souvent, pourquoi s’assemblent-elles ?
Vingt, trente, cent, leur nombre va croissant.
D’où viennent-elles ? Quel mystérieux appel
dit à chacune « Viens, c’est bientôt le moment. »

Le nombre étant atteint, le jour étant venu,
quand en secret résonne un signal attendu,
des milliers qui pépient sur les fils, serrées,
l’une d’elle s’envole, monte jusqu’aux nuées.

Alors mille hirondelles en vagues se détachent,
bruyant nuage, dans le silence d’un ciel serein.
Une loi éternelle, du cœur de leur instinct,
guide leur vol au lieu où leur survie s’attache.

Un jour viendra aussi où les croyants fidèles,
qui se sont repentis, vivent selon l’Esprit,
entendront à leur tour, venant du ciel un cri,
comme un son de schofar, l’appel de l’éternel.

Alors, les morts en Christ seront ressuscités,
les vivants en Jésus se verront transformés.
Dans les cieux à leur tour ils seront enlevés,
rejoignant le Seigneur venu pour les chercher.

Annick Markmann