La fausse succession de l’Église catholique romaine, qui prétend que Pierre fut évêque à Rome. [Miroir des Martyrs de 1660]

DE LA MAUVAISE SUCCESSION DE L’ÉGLISE ROMAINE, CONSISTANT UNIQUEMENT 

DANS LA SUCCESSION DES PERSONNES, ET NON DE LA DOCTRINE

[Traduction des pages 20-25 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

C’est ici qu’il faut considérer la grande erreur des romanistes, lorsque, sans tenir compte de la véritable continuité de la doctrine, ils s’appuient sur la succession des personnes et exhibent ceux qui, soit depuis le commencement du monde, soit depuis l’époque des apôtres, ont continué à exister, comme ils le prétendent jusqu’à présent ; certainement une affaire très négligeable ![i]

En effet, s’ils comptent depuis le commencement du monde, nous avons montré que Caïn, qui était un meurtrier, a eu ses successeurs aussi bien qu’Abel, qui a été tué à cause de sa foi[ii] et de sa piété.

Et aussi, s’ils comptent depuis le temps des apôtres, nous avons démontré qu’à cette époque déjà il y avait beaucoup d’apostats, oui, des adversaires de la religion chrétienne et du vrai culte de Dieu, et que d’autres suivirent, selon les prophéties et les prédictions que les saints apôtres prononcèrent et laissèrent à la postérité.

Il s’ensuit, que ni l’antiquité, ni la longue ou grande succession de personnes ne peuvent garantir la vérité d’une religion ou d’une Église, puisque le mal est aussi ancien que le bien, et que les esprits égarés et les méchants ont eu (et ont encore) une aussi grande postérité que les vrais croyants et les bons, à moins que l’antiquité et la succession de personnes ne soient accompagnées de la vérité et de la piété divines que possédaient les anciens intègres depuis le commencement.

L’OBJECTION DES PAPISTES, S’APPUYANT SUR TROIS ÉCRITURES

Mais, afin de maintenir cette succession citée plus haut, les papistes ont coutume de dire qu’ils ne la font pas remonter à l’antiquité de quelques esprits égarés qui étaient avant, pendant, ou après le temps des apôtres, mais à l’Église de Christ elle-même et à Pierre, auquel ils ont donné le titre de Prince des Apôtres, sur lequel Christ Lui-même, selon leur affirmation, a voulu bâtir Son Église. R. Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 10 ; selon ses propres dires.

À cela ils ajoutent comme deuxième argument que c’est à lui et à nul autre que Christ a donné les clefs du ciel, pour l’ouvrir ou le fermer selon son bon plaisir.

Et, troisièmement, que le Seigneur lui a commandé à trois reprises — plus qu’aux autres apôtres — de paître Son troupeau, qui est Son Église.

De plus, ils croient qu’il a occupé le trône de Rome et que les papes lui ont succédé dans cette fonction.

Pour prouver cette suprématie de Pierre et, par conséquent, la succession des papes à sa place, ils ont, depuis longtemps déjà, tordu trois passages de l’Écriture sainte, à savoir Mt 16:18, Mt 16:19 et Jn 21:15-17 ; ce à quoi nous répondrons dans ce qui suit.

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RÉPONSE AU PREMIER RAISONNEMENT

En Matthieu 16:18, le Seigneur dit : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

L’erreur des romanistes consiste en ce qu’ils interprètent mal le mot petra, comme s’il s’agissait là de l’apôtre Pierre ; ce qui est une grande et évidente erreur. Car, le Seigneur fait ici clairement la distinction entre le nom Petros (Pierre) et le mot petra (rocher) ; disant immédiatement avant : « Tu es Pierre », mais ensuite « et sur ce rocher ; » sur quoi suit « Je bâtirai Mon Église » ; de sorte que le Seigneur ne promet donc pas ici de bâtir Son Église sur Pierre, mais sur le rocher ; qu’Il mentionne clairement.

Maintenant, cela dépendra de la vraie signification de qui et de qu’est-ce qui doit être compris par ce rocher.

Certains soutiennent le premier sens mentionné, que nous venons de réfuter à l’instant, à savoir que Pierre lui-même est signifié par là. À cette fin, ils appliquent mal le passage Jn 1:42, où cet apôtre est appelé Céphas[iii], ce qui, à leur avis, signifie une pierre angulaire, mais c’est là aussi une erreur.

Il est vrai que, selon l’explication des orientalistes, ceux qui sont versés dans les langues orientales, par ce mot il faut entendre une pierre ; mais quelle sorte de pierre ? Non pas une pierre angulaire, mais un morceau, un coin, un éclat de pierre, sur lequel aucun édifice ne pourrait jamais être fondé. Le mot Céphas, disent-ils, est dérivé du mot hébreu Keph, qui, chez eux, signifie le coin ou le bord d’une pierre ; tandis que, d’autre part, les rochers ou les pierres angulaires sont désignés par le nom de Sela ou Tsur[iv], selon Dt 32:13. Ainsi Pierre est effectivement appelé une pierre dans les saintes Écritures, non pas une pierre de fondation, mais simplement une pierre qui est ordinairement posée sur un fondement. 

Christ est véritablement la pierre de fondation, comme Pierre lui-même le déclare, lorsqu’il appelle Christ la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu (1 P 2:4). À ce sujet, il cite les paroles du prophète Ésaïe, qui dit : « Car il est dit dans l’Écriture : Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ; Et celui qui croit en elle » (qui est bâti, sur elle par la foi) « ne sera point confus » 1 P 2:6 d’après Es 28:16.

C’est pourquoi il avertit les croyants de s’édifier, comme des pierres vivantes, pour former une maison spirituelle, sur le fondement qui a été posé : Christ (v. 5).

Paul confirme cela lorsqu’il dit : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Co 3:11). Ailleurs, il L’appelle le fondement des apôtres et des prophètes, etc. (c’est-à-dire, sur qui les apôtres et les prophètes eux-mêmes ont été édifiés, et sur lequel ils ont, par leur doctrine, édifié d’autres également). Il ajoute : « En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Eph 2:20-22).

Il n’est pas incompatible avec cela que les douze apôtres, dont l’un était Pierre, soient appelés douze fondements[v], sur lesquelles, comme le dit Jean, la ville de Dieu, descendue du ciel, a été bâtie (Ap 21:14). Car, même si l’on admettait que, par les mots ville de Dieu, à cet endroit, il y a lieu de comprendre l’Église de Dieu sur la terre, cela prouverait seulement que Pierre, ainsi que les autres apôtres, était une des douze pierres angulaires de l’Église de Christ ; ce qui ne confirme en aucun cas l’objection proposée, que Pierre seul est la pierre angulaire, ou le fondement, de l’Église.

Et encore, le mot « pierres angulaires » ici ne signifie pas le fondement lui-même, car, à proprement parler, dans la nature, le fondement, en tant que base ou soubassement d’un bâtiment, est à distinguer des pierres construites par-dessus, qui sont appelées pierres angulaires. Car c’est sur le sol ou la base que sont posées les pierres angulaires, et c’est sur les pierres angulaires qu’est construit le bâtiment. Ainsi, la base du fondement doit soutenir à la fois les pierres angulaires et le bâtiment. Ainsi, Christ est le sol, la base ou le fondement de Son Église. Les apôtres, par leur doctrine, sont les pierres angulaires. Et l’Église est l’édifice érigé sur ces pierres angulaires et sur le fondement. Il est établi, donc, que ceux qui font de Pierre le seul fondement de l’Église de Christ font erreur, et que, par conséquent, l’édifice qu’ils érigent là-dessus est erroné et faux.[vi]

RÉPONSE AU DEUXIÈME RAISONNEMENT

Le deuxième raisonnement est tiré de Matthieu 16:19 : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »

Mais cela ne prouve nullement que la discipline ecclésiastique — c’est-à-dire le pouvoir d’exclure et de réadmettre les membres de l’Église — ait été confiée à Pierre seul parmi les apôtres, à l’exclusion des onze autres. En effet, au verset 13 il est écrit : « Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » Sur quoi il est rapporté que Pierre (au nom de tous) répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Vient ensuite le verset 19 : « Je te donnerai les clefs » etc. Cette promesse, bien qu’adressée spécialement à Pierre, s’étendit à tous les apôtres en général, puisque le Seigneur n’avait pas interrogé Pierre seul, mais tous collectivement. Sur quoi, lorsqu’il (Pierre) eut répondu au nom de tous, cette promesse fut accordée.

Ceci est expliqué encore plus loin par le saint évangéliste Jean, qui dit (Mt 20:19, 22-23) que Christ, après Sa résurrection, se tenant au milieu de Ses disciples, souffla sur eux tous et dit : « Recevez le Saint-Esprit », ajoutant : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Ces paroles sont d’une importance égale à celles citées par Matthieu, concernant la remise des clefs.

De plus, le fait que l’Église a également reçu ce pouvoir est exprimé en termes clairs en Mt 18:17-18 : « S’il (le pécheur) refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous (comprenez, conformément à la sentence prononcée par l’Église, dont il est ici question) lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

Qui doute qu’il s’agisse là des mêmes paroles qui avaient précédemment été adressées à Pierre, mais qui, bien sûr, sont destinées à tous les apôtres, et ici à toute l’Église ?

Nous voyons que l’Église de Corinthe, à l’époque de Paul, possédait le droit d’expulser et de réadmettre, appelé lier et délier. En effet, touchant l’expulsion du pécheur, il leur fut dit : « Faites disparaître le vieux levain » (à savoir le pécheur obstiné), etc. (1 Co 5:7). Et encore : « Ôtez le méchant du milieu de vous » (v. 13).

Concernant la réadmission de celui qui a manifesté la pénitence, il leur est commandé : « Il suffit pour cet homme (qui se repent de ses péchés) du châtiment (l’expulsion de l’Église) qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive » (2 Co 2:6-7).

En outre, comme ce pouvoir de lier et de délier n’a pas été donné à Pierre seul, mais à tous les apôtres ainsi qu’à l’Église, il diffère entièrement par sa nature de celui dont se vante le pape de Rome, en tant que successeur imaginaire de Pierre. Car, le pouvoir dont Christ a parlé doit être limité par la règle de Sa Parole, Mt 7:24, 26 ; Ga 1:6-8 ; tandis qu’au contraire le pouvoir dont se vante le pape est illimité, n’a pas de règle et s’étend aussi loin qu’il le souhaite. B. de Ubaldis, In Decretales subtilissima commentaria, cap. Eccles. ; voir aussi : Corpus Juris Canonici, liv. I, dist. XL, chap. VI : Si Papa etc.

Il s’ensuit donc, que l’on attribue illicitement au pape un pouvoir qui n’a même pas été donné à Pierre ; de plus, que le pouvoir qui lui a été donné était commun à tous les apôtres et à l’Église.

RÉPONSE AU TROISIÈME RAISONNEMENT

Le troisième raisonnement (ou argument) est tiré de Jean 21:15-17, où le Seigneur demanda à trois reprises à Pierre s’il L’aimait, et Pierre répondit à chaque fois : « Oui, Seigneur, je t’aime », ce à quoi le Seigneur répondit à trois reprises : « Pais mes agneaux », « Veille sur mes brebis », etc.

Quelques-uns parmi les papistes, afin de maintenir la suprématie de Pierre et, par conséquent, celle des papes de Rome, ont tellement déformé ces paroles, qu’un certain auteur célèbre parmi eux n’a pas hésité à écrire, que Pierre est ici nommé chef, gardien et pasteur, non seulement de l’Église, mais aussi des apôtres eux-mêmes. R. Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 14–16 ; selon S. Veltius, etc.

Mais en cela ils font violence au texte, puisque divers arguments tirés des saintes Écritures renversent cette opinion. Car, en premier lieu, il est certain qu’à cette époque Pierre s’était grandement et gravement égaré, plus qu’aucun autre apôtre, puisque, malgré l’avertissement et contrairement à sa promesse solennelle, il avait si infidèlement renié et même entièrement abandonné le Seigneur. Par conséquent, il est hautement improbable que le Seigneur l’ait exalté au-dessus de tous les autres et l’ait nommé leur chef, chose qui serait tout à fait contraire à la justice de Christ et la nature de l’affaire.

En deuxième lieu, cela ne s’accorderait pas avec ce que le Seigneur avait enseigné à Ses apôtres en général, en une occasion précédente, alors qu’une contestation s’était élevée parmi eux, pour savoir lequel d’entre eux, après Son départ, devait être le plus grand, Il dit : « Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Lc 22:25-26). Et encore : « Ne vous faites pas appeler Rabbi (Maître) ; car un seul est votre Maître, le Christ » (Mt 23:8, 10).

En troisième lieu, si nous examinons l’argument proposé, nous trouverons que ni la triple question du Seigneur : M’aimes-tu ? ni Sa triple injonction : « Pais mes agneaux et mes brebis, ou veille sur eux », ne s’adressait davantage à Pierre qu’aux autres apôtres.

En effet, quant à la question : « M’aimes-tu ? », qu’est-ce que cela signifie de plus que le fait que Pierre doive s’examiner lui-même pour savoir s’il aimait Christ ? Fort bien. Alors, qu’est-ce que Pierre avait de plus que n’importe quel autre apôtre ? ou encore Paul, par la suite ? qui a dit : « Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8:38-39). Et encore : « L’amour de Christ nous presse », etc. (2 Co 5:14). Oui, tout chrétien en particulier, et tous en général, sont liés à cet amour, lequel est si nécessaire, qu’il est écrit : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha » (1 Co 16:22).

Concernant l’injonction « Veille, ou pais, mes agneaux et mes brebis », ceci est également enjoint à tous les vrais docteurs. « Prenez donc garde », dit Paul aux anciens de l’Église d’Éphèse, « à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20:28).

Pierre, d’ailleurs, ne s’est pas placé au-dessus, mais au même rang que ses compagnons ministres, lorsqu’il les exhorte en disant : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ… Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde », etc. (1 P 5:1-2).

Ceci est encore confirmé par le fait que le Seigneur n’a pas commandé à Pierre seulement, mais à tous les apôtres en général, d’aller par tout le monde, de prêcher et de baptiser les croyants (Mt 28:18-20 ; Mc 16:15-16).

Il leur dit encore à tous : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1:8).

Il s’ensuit donc, qu’en ce qui concerne veiller et paître les brebis de Christ, en prêchant le saint Évangile et en prenant soin de l’Église de Christ, Pierre ne possédait pas plus d’autorité, de puissance et de distinction que les autres apôtres et docteurs apostoliques.

Il reste maintenant à expliquer pourquoi le Seigneur a demandé à trois reprises à Pierre seul, et à aucun des autres, s’il l’aimait, et lui a commandé à trois reprises de paître Ses brebis.

À cela nous répondons : puisque peu de temps auparavant Pierre avait renié trois fois le Seigneur, il était juste qu’il confesse aussi trois fois qu’il aimait Celui qu’il avait renié, et que, par conséquent, cette question devait lui être posée trois fois.

En outre, comme Pierre avait entièrement abandonné par son reniement, ou, du moins, était devenu totalement indigne de sa charge d’enseigner et de nourrir l’Église de Christ, aucun des autres apôtres ne l’aurait reconnu ou reçu dans cette charge, sous aucune considération que ce soit. Il était donc nécessaire que le Seigneur Lui-même l’en charge ardemment, même à trois reprises, afin que personne ne puisse douter de la dignité de sa personne (puisqu’il était maintenant converti) ou de la validité de sa charge.

D’où encore l’absurdité de ceux qui prétendent que cette affaire signifie plus que ce que le Seigneur Lui-même a dit. Ils disent qu’en cette occasion Pierre n’a pas été réintégré dans la charge qu’il avait abandonnée, mais qu’il a été nommé chef de toute l’Église, oui, même au-dessus de tous les autres apôtres, comme on peut le voir dans Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 11.

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DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.


[i] « Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, » dit l’Éternel, « en disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » (Jr 7:4)

[ii] « C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes ; et c’est par elle qu’il parle encore, quoique mort » (Hé 11:4).

[iii] Et il (André) le conduisit (Simon Pierre) vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas ce qui signifie Pierre (Jn 1:42).

[iv] Il l’a fait monter sur les hauteurs du pays, Et Israël a mangé les fruits des champs ; Il lui a fait sucer le miel du rocher [Sela], et l’huile du rocher le plus dur [Tsur] (Dt 32:13).

[v] « La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau » (Ap 21:14). En premier lieu il est incertain (même s’il est admis que, par cette description de la ville de Dieu, nous devons comprendre l’Église de Dieu) c’est l’Église de Dieu telle qu’elle est ici sur terre qui est signifiée, ou l’Église de Dieu glorifiée, telle qu’elle sera ensuite dans le ciel : car seule la première, et non la seconde, doit être considérée ici. En second lieu, il est certain que le nom de « pierre de fondement » est attribué ici non pas à Pierre seul, mais à tous les douze apôtres ; c’est pourquoi il n’est pas plus un fondement que l’un des autres.

[vi] « Jacques, Céphas [ou Pierre] et Jean, qui sont regardés comme des colonnes », etc. (Ga 2:9). Ici, Jacques est mentionné avant Céphas (ou Pierre). Et encore, Jean et Jacques sont appelés colonnes tout comme Céphas (ou Pierre), afin de montrer que la dignité ou le ministère de l’un n’était pas supérieur à celui de l’autre, et que sans distinction, ils étaient tous égaux en cela.

Certaines fausses doctrines de l’Église catholique

Beaucoup de gens ont quitté l’Église catholique romaine pour rejoindre la foi anabaptiste, et ce pendant bien des siècles. Pourquoi? Certainement pas pour mener une vie plus facile! Nombreux furent ceux qui payèrent de leur vie ce changement d’allégeance. Ils avaient vu que l’Église catholique était spirituellement morte, même pis, qu’elle était activement idolâtre et anti Christ. Si les œuvres de certains des fidèles catholiques étaient louables, ont pouvait pourtant facilement discerner dans les Écritures que les pratiques de l’Église de Rome étaient bien loin de la simplicité de l’Évangile.

Pierre Vaudès (ou Valdo) fut l’un de ces ex-catholiques à rejoindre la vraie foi. Menno Simons aussi. Ce dernier était devenu prêtre à l’âge de vingt-quatre ans, il se savait négligent et indulgent, mais n’en faisait rien, voyant les autres membres du clergé faire de même. Il avait des doutes sur la transsubstantiation, et ses recherches le conduisirent à lire certains des écrits de Luther. Pour cette raison, il étudia le Nouveau Testament, qu’il avait auparavant eu peur de lire.

Il remarqua un jour qu’un homme avait été exécuté dans une ville voisine, pour avoir été « re-baptisé ». Il se demanda alors s’il y avait quoi que ce soit dans la Bible qui interdisait un second baptême et qui permettait qu’on tue une telle personne. Il se demandait aussi ce qui pouvait bien pousser des gens à rejeter le baptême catholique au point se faire « anabaptiser ». La recherche de Menno le laissa insatisfait avec des réponses incohérentes qu’il trouva en comparant Luther, Bucer et Bullinger. Il décida alors de se fier uniquement aux Écritures. Après cette décision, il devint prédicateur évangélique au sein de sa paroisse catholique. Il put prêcher la Bible dans cette paroisse pendant trois ans sans être inquiété par les autorités de l’Église de Rome.

Avant même de quitter le catholicisme, il avait rejeté l’enseignement catholique de la transsubstantiation parce qu’il n’avait rien trouvé dans le pain et le vin qu’il distribuait lors de la messe qui puisse suggérer qu’il s’était transformé en corps et sang du Christ. C’est une position qu’il n’adopta pas à la légère, et sa décision ne fut prise qu’après un examen attentif de la question. Il dit: « Finalement, j’ai eu l’idée d’examiner le Nouveau Testament avec diligence. Je n’étais pas allé très loin quand j’ai découvert que nous nous étions trompés, et ma conscience, troublée à cause du pain susmentionné, a été rapidement soulagée ».

Donc voilà les deux erreurs qui ont fait réfléchir Menno Simons. Ensuite, il en a vu bien d’autres.

Je n’ai ni le temps ni la connaissance qu’il faudrait pour exposer entièrement toutes les erreurs que l’on trouve dans l’Église catholique. Je vous propose quelques points qui me viennent à l’esprit en ce moment. Recherchez ce que la Bible dit, elle est l’autorité finale. Si vous n’êtes pas d’accord, vous n’avez pas besoin de lire les lignes qui suivent, je ne vous convaincrai sûrement pas.

(Lorsque j’utilise l’abréviation CEC suivie d’un numéro, c’est pour citer un article du Catéchisme de l’Église Catholique )

  • Le Pape et les évêques sont les seuls capable d’interpréter les Écritures (CEC100: La charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée au seul Magistère de l’Église, au Pape et aux évêques en communion avec lui.)

Pourtant, nous avons beaucoup d’Écritures dans la Bible pour démontrer que l’Église sera souillée par des faux prophètes (dont le clergé catholique fait partie), et nous savons que l’Évangile est pour tous: Jésus l’a rendu accessible même aux plus humbles:

Lisez: Actes 20.17, 28-30; 2 Pierre 2.1-3; 1 Timothée 4.1-3; 2 Timothée 4.3-4; 2 Thessaloniciens 2.3-11.

Lisons quelques Écritures, et voyons si les papes et leur Église ont bien interprété ces versets:

  • Le célibat des prêtres

(CEC1579: Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception des diacres permanents, sont normalement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat « en vue du Royaume des cieux » (Mt 19, 12). Appelés à se consacrer sans partage au Seigneur et à « ses affaires » (cf. 1 Co 7, 32), ils se donnent tout entier à Dieu et aux hommes.

1 Corinthiens 7.1-2 : Pour ce qui concerne les choses dont vous m’avez écrit, je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.

1 Timothée 3.2-5: Il faut donc que l’évêque soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, sobre, prudent, rangé, hospitalier, capable d’instruire; Point adonné au vin, ni violent, ni porté au gain déshonnête, mais doux, éloigné des querelles, exempt d’avarice, Gouvernant bien sa propre maison, tenant ses enfants dans la soumission, en toute honnêteté. Car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment gouvernera-t-il l’Église de Dieu?

1 Timothée 4.1-5: L’Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns se détourneront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs, et à des doctrines de démons; Par l’hypocrisie de faux docteurs, dont la conscience sera cautérisée, Défendant de se marier, commandant de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés, afin que les fidèles et ceux qui ont connu la vérité, en usent avec actions de grâces. Car tout ce que Dieu a créé, est bon, et rien n’est à rejeter, quand on en use avec actions de grâces; Parce que cela est sanctifié par la parole de Dieu et la prière.

Ce dernier passage surtout: il souligne deux traits de l’Église catholique qui sont clairement contraires à la Parole de Dieu: le célibat plus ou moins forcé des prêtres, et la longue tradition (en voie de disparition, il est vrai) de ne pas manger de viande certains jours, par exemple.

  • L’usage de la violence envers d’autres humains

Le refus de porter l’arme ou de renoncer à la simple foi en Jésus, a exposé ces chrétiens anabaptistes à de nombreuses persécutions. Ils se sont alors repliés dans des zones de tolérance : en Hollande et en Allemagne du Nord. Dans certains cas, ils ont été tolérés dans des zones agricoles non défrichées qu’ils mettaient en valeur, en Suisse, en Allemagne du sud ou en Ukraine. En France, dès le 16e siècle, mais surtout depuis le 17e siècle, les mennonites se regroupèrent dans l’est du pays. Éventuellement, un grand nombre d’entre eux émigrèrent vers les États-Unis, puis vers le Canada et les pays d’Amérique latine. Aujourd’hui, il y a des vrais chrétiens dans (presque) tous les pays du monde, bien que nous ne sachions pas combien. Cela est entre les mains de Dieu.

Nous pourrions mentionner d’autres sujets:

  • Le baptême des nouveau-nés
  • La violence faite aux «hérétiques»
  • Le culte voué aux saints
  • Le mariage entre l’Église et le pouvoir étatique
  • etc.

Par manque de temps, je vous laisse entreprendre vos propres recherches à ces sujets, que je développerai peut-être une autre fois, si Dieu le permet.

Avec le temps, Menno Simons s’est rendu compte que les principes bibliques étaient mis en pratique en tous points par les anabaptistes (qu’on appelait aussi Vaudois ou Picards dans les Pays-Bas). Lorsqu’il dut se résoudre à quitter l’Église catholique, parce que le pur Évangile qu’il prêchait commençait à en déranger quelques-uns, il rejoignit une assemblée anabaptiste, en tant que simple laïc. Avec le temps, grâce aux talents de prédicateur et d’apologète que Dieu lui avaient donné, ses frères dans l’Église reconnurent en lui les dons de ministre de l’Évangile, et il fut ordonné pasteur (ou surveillant, ou évêque, selon la terminologie que vous préférez) au sein de l’Église de Dieu, dite anabaptiste. Il devint très connu parce qu’il avait écrit de nombreux ouvrages et lettres apologétiques et sa tête fut mise à prix, de sorte que ses détracteurs commencèrent à appeler les anabaptistes « mennonites », afin de faire croire qu’ils étaient une secte suivant un certain « Menno ». Cependant, il n’avait pas fondé cette Église, qui était en fait issue des vaudois qui eux-mêmes tirent leurs origines de l’Église primitive, et Menno Simons n’en était qu’un dirigeant parmi d’autres (notamment Théodore Philippe).

Question:

Alors, si les anabaptistes s’opposent à la foi des catholiques, sont-ils protestants?

Non, clairement, NON! Les anabaptistes ont existé depuis toujours (sous plusieurs appellations différentes: vaudois, donatistes, pauliciens, etc. ). Lorsque la vraie Église de Dieu a été polluée par de nombreux païens et incroyants (surtout à partir du règne de Constantin), elle s’est bien vite scindée entre les vrais chrétiens (indépendants du pouvoir temporel) et ceux qui ont accepté de suivre un pontife temporel. Bien vite, les vrais croyants ont été persécutés par les dirigeants de l’Église de Rome. Ce n’est que des siècles plus tard, après l’invention de l’imprimerie et la diffusion de la Bible à travers l’Europe, que la Réforme a été déclenchée.

Je vous invite à lire ce court article paru récemment dans un périodique de l’Église, qui explique simplement pourquoi nous ne pourrons jamais être considérés comme protestants.

 – Protestants ou anabaptistes?

Il faut savoir que nous croyons que Dieu a préservé son Église à travers les âges, et non pas qu’il l’a ressuscitée à l’époque de la Réforme. Il y a beaucoup d’écrits qui démontrent qu’il y a eu des vrais chrétiens au cours de chaque siècle. Ils avaient une foi pure et non résistante. Ils ont souffert beaucoup de persécution de la part des Juifs, des païens, des catholiques, des musulmans et des protestants. Lisez le Miroir des martyrs si vous voulez en savoir plus.

Les anabaptistes furent persécutés à cause de leur pureté

[Ceci est la traduction DeepL d’un article paru en anglais sur le site https://flatlanderfaith.com/2023/10/11/anabaptists-were-persecuted-because-of-their-purity/. SVP pardonnez toute erreur qui s’y serait glissée, je n’ai que peut de temps pour écrire et réviser les textes ces temps-ci]

La déclaration suivante a été faite en 1538 par un dirigeant anabaptiste anonyme lors d’une réunion entre les réformés suisses et les anabaptistes à Berne :

« Alors que nous étions encore dans l’Église nationale, nous avons reçu beaucoup d’instructions des écrits de Luther, de Zwingli et d’autres, concernant la messe et d’autres cérémonies papales, et nous avons appris qu’elles étaient vaines. Cependant, nous avons constaté un grand manque en ce qui concerne la repentance, la conversion et la véritable vie chrétienne. C’est sur ces choses que mon esprit s’est penché. J’attendais et j’espérais un an ou deux, car le ministre avait beaucoup à dire sur l’amendement de la vie, les dons aux pauvres, l’amour mutuel et l’abstention du mal. Mais je ne pouvais pas fermer les yeux sur le fait que la doctrine qui avait été prêchée et qui était basée sur la Parole de Dieu n’était pas appliquée. Il n’y avait pas de début de vraie vie chrétienne, et il n’y avait pas d’unité dans l’enseignement concernant les choses nécessaires. Et bien que la messe et les images aient finalement été abolies, la vraie repentance et l’amour chrétien n’ont pas été mis en évidence. Les changements ne concernaient que les choses extérieures. Cela me donna l’occasion d’approfondir ces questions. Dieu envoya alors ses messagers, Conrad Grebel et d’autres, avec lesquels je me suis entretenu des enseignements fondamentaux des apôtres, de la vie et de la pratique chrétiennes. J’ai trouvé en eux des hommes qui s’étaient abandonnés à la doctrine du Christ par la « Busfertigkeit » [repentance attestée par des fruits]. Avec leur aide, nous avons établi une congrégation dans laquelle le repentir était attesté par une nouveauté de vie en Christ. »

Les catholiques romains, les luthériens et les réformés ont tous été témoins de la pureté de vie des anabaptistes et l’ont considérée comme une preuve de leur grande perversion :

Heinrich Bullinger (réformé suisse) a écrit :

« Ceux qui s’unissent à eux seront reçus par leurs ministres dans leur Église par le rebaptême, la repentance et la nouveauté de vie. Ils mènent désormais leur vie sous l’apparence d’une conduite spirituelle tranquille. Ils dénoncent la convoitise, l’orgueil, le blasphème, les conversations obscènes et l’immoralité du monde, la boisson et la gourmandise. Bref, leur hypocrisie est grande et multiple ».

Franz Agricola (catholique romain) a écrit :

« Parmi les sectes hérétiques existantes, il n’y en a aucune qui, en apparence, mène une vie plus modeste ou plus pieuse que les anabaptistes. En ce qui concerne leur vie publique extérieure, ils sont irréprochables. On ne trouve chez eux ni mensonge, ni tromperie, ni juron, ni querelle, ni langage grossier, ni manger et boire de façon immodérée, ni exhibition personnelle extérieure, mais de l’humilité, de la patience, de la droiture, de la netteté, de l’honnêteté, de la tempérance, de la franchise dans une telle mesure qu’on pourrait supposer qu’ils ont le Saint-Esprit de Dieu ».

Bullinger, Agricola et la plupart des autres dirigeants des Églises d’État des années 1500 se sentaient tellement menacés par la vie à l’image du Christ des anabaptistes qu’ils estimaient que la seule solution était de les tuer tous.

Depuis lors, nous avons vécu plusieurs siècles de tolérance. Lorsque nous considérons les événements du monde qui nous entoure aujourd’hui, il semble que le temps approche où ceux qui mènent une vie chrétienne pure et ne font pas de compromis avec le monde pourraient à nouveau être l’objet d’une telle haine de la part des compromis bien-pensants du monde.

L’ÉGLISE PRIMITIVE BAPTISAIT PAR ASPERSION

C’est fou comment quelques films et quelques images récemment créées peuvent influencer l’idée que les gens se font du baptême de Jésus et dans l’Église primitive…

En voyant votre engouement pour le sujet du mode de baptême, je me suis permis de traduire cet excellent article qui traite essentiellement de l’histoire des deux modes de baptême (les autres pages mentionnées citent plus les Écritures alors qu’ici on examine la pratique historique de l’Église primitive, ainsi que les origines païennes du baptême par immersion.

Publié en anglais le 28 février 2022 par Bob Goodnough sur https://flatlanderfaith.com/2022/02/28/the-mode-of-baptism/

Extrait de Introduction to Theology, page 239 par J. C. Wenger, © 1954 par Herald Press, Scottdale, Pa.. :

En 1899, un pasteur chrétien de Pennsylvanie (A. D. Wenger) visita les catacombes de Rome. Un jour, il marcha sur la voie Appienne jusqu’à la catacombe de Saint Callixte. « J’avais déjà visité deux fois d’autres parties de cette catacombe, mais cette fois-ci, j’ai dit au guide que je voulais voir des fresques de baptême. Nous sommes rapidement arrivés à une fresque datant de la fin du deuxième siècle, où un pasteur est représenté en train de baptiser un jeune candidat. Le ministre se tient sur la berge et le candidat dans l’eau. Une poignée d’eau vient d’être trempée et posée sur la tête du candidat, où la main du ministre repose encore, peut-être pour prononcer une bénédiction. On voit clairement de petits filets d’eau tomber de la tête du demandeur. . .

Voici fort probablement une des fresques mentionnées dans ce texte

« Nous avons continué un peu plus loin jusqu’à une autre fresque très semblable à la précédente et du même âge, mais les pieds du ministre semblent être juste un peu au bord du ruisseau et aucune eau n’est représentée comme tombant de la tête du demandeur qui est dans l’eau et se tient droit.

« Nous sommes allés encore plus loin vers l’est, sous la colline et sous la voie Appienne. . . C’est là que nous avons trouvé le baptême de Jésus par Jean le Baptiste. Jean se tient au bord du Jourdain et le Christ se tient dans l’eau en dessous de lui. C’est aussi ce que représente la photo du musée. Le baptême par immersion d’une main sur la tête semble tout juste terminé et Jean se penche légèrement en avant, la main au coude du Christ pour l’aider à « sortir directement de l’eau » … C’est la fresque du baptême qui a été attribuée par certains à l’an 107 de notre ère.

« J’ai demandé au guide de me montrer quelques fresques représentant d’autres modes de baptême. Il m’a répondu qu’il n’y avait pas d’autres modes de baptême représentés dans les catacombes ».

Extrait de Water Baptism – The Doctrine of the Mode, pages 14 & 15, (souligné dans l’original. Écrit par le Révérend W. A. Mackay, B.A., D.D., réimprimé par D. W. Friesen & Sons, Altona, Man.)

Mais aux deuxième et troisième siècles, l’état des choses est vraiment déplorable. La tendance à attribuer des vertus particulières à des formes extérieures n’avait cessé de croître, jusqu’à ce que les immersions nues, accompagnées d’exorcisme, d’onction et de toutes sortes de superstitions, se déchaînent dans des pratiques scandaleuses et inconvenantes. On pensait que l’eau même du baptême avait une vertu salvatrice. Tout comme on croyait que le pain et le vin, après la consécration, devenaient le corps et le sang réels du Christ, on croyait que l’eau du baptême, après l’invocation, possédait la présence réelle de l’Esprit. La conclusion naturelle était que plus il y avait d’eau, mieux c’était, et que l’eau devait être appliquée sur tout le corps pour que la régénération soit complète. C’est pourquoi nous trouvons aujourd’hui des immersions trines à l’état nu, accompagnées d’exorcisme, d’onction, de distribution de sel et de lait au candidat, de vêtements blancs comme neige et une couronne de feuilles sempervirentes. Rappelez-vous qu’il n’y a pas une seule immersion ancienne qui n’ait été accompagnée de ces autres superstitions. Il y a exactement la même autorité pour l’immersion que pour la nudité, l’exorcisme, l’onction, etc.

La première mention de l’immersion comme mode de baptême est faite par Tertullien, et il la mentionne associée à toutes les pratiques ci-dessus, puis il reconnaît que toutes ces pratiques (y compris l’immersion) sont fondées sur la tradition et dépourvues de l’autorité des Écritures. Il s’exprime ainsi : « Pour ces règles et d’autres semblables, si tu demandes une loi dans l’Écriture, tu n’en trouveras pas » (voir De Corona Militis, chapitres 3 et 4).

C’est ainsi que l’immersion, en tant que mode de baptême, est devenue courante.

Les citations suivantes sont extraites de A Third Way, par Paul M. Lederach, © 1980 by Herald Press.

Le baptême est administré à un croyant, non pas sur la base de ce qu’il sait, mais comme l’indiquent les Écritures et la foi mennonite historique, sur l’évidence de la nouvelle vie (nouvelle naissance). . .

En ce qui concerne le baptême, les anabaptistes diffèrent de manière significative de la plupart des protestants, ainsi que du catholicisme romain, non seulement parce qu’ils ne baptisent pas les bébés, mais aussi en raison de l’importance accordée au baptême par rapport à d’autres pratiques de l’Église.

En général, l’Église catholique (dans la messe) et les Églises protestantes accordent beaucoup plus d’attention à la communion qu’au baptême. Cependant, chez les anabaptistes, le baptême occupe la première place parce que le baptême est l’élément critique pour la réalisation d’une Église régénérée et disciplinée.

Le baptême est le moyen qui permet de rassembler une société rachetée, une société de pèlerins, séparée du mal, du monde non régénéré.

Le baptême est le symbole de la rupture avec le monde.

En termes de lier et de délier, certains ont vu dans le baptême un moyen de « lier » et dans la discipline un moyen de « délier ».

Au cœur du baptême se trouve un engagement – un engagement envers le Père, le Fils, le Saint-Esprit et les autres croyants à vivre une vie de disciple en pèlerinage.

Le baptême est un symbole ; ce n’est pas un sacrement. Il s’agit d’une ordonnance et, en tant qu’ordonnance, il s’agit essentiellement d’un outil d’enseignement. Mais que symbolise le baptême ? Cette question a donné lieu à un détour malheureux dans la vie de l’Église. Pour une raison ou une autre, l’Église a souvent discuté du mode de baptême tout en manquant souvent sa signification. Historiquement, il y a eu deux façons de baptiser : l’immersion et le versement ou l’aspersion.

En fait, aucun des deux modes ne peut véhiculer tout le symbolisme. L’immersion symbolise la participation à la mort, à l’ensevelissement et à la résurrection de Jésus. Le croyant est immergé dans l’eau et en ressort. Mais l’immersion a soulevé de nombreuses autres questions : Comment se fait-elle ? Le croyant est-il immergé vers l’avant ou vers l’arrière ? Est-il immergé une ou trois fois ?

L’immersion symbolise la Pentecôte et le déversement de l’Esprit. Lors du versement, la personne à baptiser s’agenouille et, après l’administration de l’eau, elle se voit offrir la main droite de la communion fraternelle. . .

(Pages 81 à 83)

Mais chez les anabaptistes, le témoignage du baptisé ne suffisait pas. Le témoignage supplémentaire de la congrégation était nécessaire. Il ne suffisait pas qu’une personne vienne dire à l’assemblée : « J’ai reçu le Saint-Esprit ». Cette affirmation devait être authentifiée par des frères et sœurs qui pouvaient dire : « Oui, nous voyons l’œuvre de l’Esprit dans votre vie ».

Un problème auquel l’Église est confrontée aujourd’hui est celui des affirmations non authentifiées des chrétiens de nom (page 85). Lors du baptême d’eau, il y avait une confession de foi orale. La personne baptisée déclarait publiquement : « Je crois en Dieu : « Je crois en Dieu. Je crois en Jésus-Christ. Je crois en l’Esprit Saint. Je regrette mes péchés. Je promets de vivre une vie de fidélité à Jésus-Christ jusqu’à la mort ». En plus de la confession de foi orale et de la promesse de fidélité, il y avait une transaction qui, aujourd’hui, est souvent ignorée. Le baptisé se plaçait sous la tutelle, la discipline et la communion de la communauté fidèle. Mais cela ne suffisait pas. La congrégation s’engageait également à offrir au baptisé son amour, son attention et sa discipline. (Pages 86 et 87)

Quelques réflexions personnelles :

– Même les premiers baptistes, tant en Angleterre qu’en Amérique, ne pratiquaient pas l’immersion. L’immersion a été introduite en Angleterre vers 1633 et à Rhode Island en 1644. (voir l’article au sujet de John Smyth)

– Si l’on considère que le mot grec baptizo signifie l’immersion et seulement l’immersion, cela pose un sérieux problème. L’immersion signifie placer un objet sous l’eau. Elle n’inclut pas l’idée de sortir cet objet de l’eau. Certains auteurs baptistes ont eu l’honnêteté de le reconnaître. [Comme mentionné dans d’autres articles sur ce site, il y a plusieurs cas où le mot « baptizo » est utilisé dans les Écritures d’une manière qui signifie « laver » et qui pourrait difficilement signifier « immerger ».] D’ailleurs, le vrai terme grec qui signifie « immersion » est kata duo.

– La Didachè, un document du christianisme primitif, écrit quelque part entre 50 et 190 ap. J-C, longtemps perdu, puis retrouvé à Jérusalem en 1873, ne mentionne pas non plus le baptême par immersion. Ce texte semble indiquer un ordre de priorité quant au lieu de baptême, qui devrait, selon l’auteur, se faire dans l’eau vive (une rivière) de préférence, mais peut aussi être faite dans de l’eau froide, de l’eau chaude ou hors de l’eau en versant 3 fois de l’eau sur la tête du croyant. Le fait d’être dans l’eau lors du baptême n’implique en rien d’y être immergé (voir les images des catacombes). Évidemment, il faut rester prudent avec les écrits comme ceux-ci qui ne font pas autorité au-dessus de la Bible, qui ont longtemps été cachés et qui portent des traces de plusieurs retouches ou même de plusieurs couches rédactionnelles.

– L’attachement émotionnel féroce des baptistes et d’autres personnes à l’immersion indique une crainte sous-jacente que l’on ne puisse pas être sauvé sans le baptême par immersion. Pourtant, le baptême n’est-il pas simplement un symbole? Si Dieu n’a pas explicitement indiqué comment baptiser (tout comme il n’a pas explicitement enseigné comment pratiquer la circoncision), cela implique soit que la méthode exacte importe peu, soit qu’elle est considérée évidente d’elle-même, auquel cas il faudrait étudier le contexte, le reste de la Bible et la tradition pour cerner ce point.

– Un certain nombre d’utilisations scripturaires du mot baptême font référence au baptême du Saint-Esprit au moment de la conversion, ou au baptême de sang (opposition et persécution) et non au baptême d’eau.

– Le baptême symbolise ce baptême du Saint-Esprit, ainsi que la séparation d’avec le monde et l’identification avec le peuple de Dieu.

– Le baptême par immersion est trop souvent vu par ses défenseurs comme étant le moyen de purification et d’entrée du Saint-Esprit en l’homme. Pourtant, nous voyons bien dans les Écritures qu’un larron qui n’a jamais été baptisé a pu être sauvé et nous voyons des personnes comme Corneille obtenir le Saint-Esprit avant le baptême. Le baptême n’est qu’un symbole de ce qui est déjà arrivé dans le coeur: la nouvelle naissance.

– Le baptême par immersion est parfois pratiqué de manière inconvenante ou indécente, par exemple quand un ou des hommes immergent une femme peu vêtue dans l’eau, touchant son corps en plusieurs endroits. Les vêtements mouillés de cette femme laissent parfois voir des choses qui ne sont pas compatibles avec la modestie biblique.

– Autres réflexions sur le même sujet: D’autres questions au sujet du baptême par immersion

et

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Baptiser avec trop d’eau

Sécurité ou insécurité éternelle?

On enseigne aux chrétiens évangéliques d’aujourd’hui une doctrine de sécurité éternelle, mais la plupart ne sont pas conscients du fondement douteux et de l’histoire de cette doctrine. L’Église primitive ne croyait pas ainsi. Voici comment cela a commencé. Si quelqu’un est en désaccord, je le prie de de m’en faire part avec charité, car je ne suis pas à l’abri de l’erreur, mais d’aussi considérer les paroles de Paul : « et si vous pensez autrement en quelque chose, Dieu vous le révélera aussi. Cependant, au point où nous sommes parvenus, marchons suivant la même règle, et ayons les mêmes sentiments. » (Philippiens 3.15b-16)

En 312 apr. J.-C., Constantin affrontait un rival dont l’armée était deux fois plus importante que la sienne. L’histoire raconte qu’à la veille de la bataille, Constantin a eu une vision d’une croix lumineuse et qu’il aurait entendu « En ce signe, tu vaincras ». Le lendemain, ses soldats se battirent avec le signe de croix sur leurs boucliers et sur leurs étendards, et Constantin mit son rival en déroute. Cela allait marquer la fin de l’Église primitive, qui jusqu’à ce temps avait été persécutée de toutes parts et avait préservé la saine doctrine (malgré que plusieurs hérésies aient déjà perverti de nombreux chrétiens) parce qu’elle était un corps de croyants nés de nouveau et guidés par le Saint-Esprit. Maintenant commençait une transition où les chrétiens les plus faibles dans la foi et de nombreux païens allaient se joindre sous la protection de Constantin pour former une religion d’État. Il faut souligner que de nombreux écrits attestent que certains chrétiens ne se joignirent jamais à cette Église d’État, malgré la persécution.

En 313, Constantin publia l’édit de Milan, accordant la liberté de religion aux chrétiens de son empire. En 317, il assura la médiation d’un différend entre l’Église donatiste et l’Église romaine et publia un édit confisquant tous les biens religieux des donatistes et destituant leurs chefs religieux. En 325, il convoqua les dirigeants de l’Église romaine au Concile de Nicée pour établir des normes doctrinales pour l’Église. À un moment donné l’empereur fit promettre une toge et vingt pièces d’or à ceux qui se joindraient à son Église d’État, ce qui attira 12 000 nouveaux fidèles en un an dans la seule ville de Rome. Le paganisme paraissait vaincu, tandis qu’il était réellement vainqueur : son esprit dirigeait à présent l’Église romaine. Des populations entières qui, malgré leur abjuration, étaient païennes par leurs mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passèrent sous les étendards chrétiens avec leur bagage de croyances et de pratiques superstitieuses. Le christianisme à Rome adopta et intégra une grande partie du système de l’ancien culte impérial ainsi que ses fêtes qui prirent toutes des couleurs plus ou moins chrétiennes

Constantin a favorisé le christianisme parce qu’il y voyait un moyen d’apporter la stabilité à l’Empire romain, donc il a veillé sur l’Église romaine pour la guider dans la direction qu’il désirait. Il mourut en 337 après J.-C., se faisant baptiser seulement sur son lit de mort, et l’Église catholique romaine, la seule forme de christianisme permise sous Constantin, continua à établir son autorité sur l’Empire, exigeant que tous les citoyens soient baptisés dans l’Église dès l’enfance.

Cela était contraire à la foi apostolique et exigeait qu’un homme de génie établisse un fondement doctrinal pour justifier l’établissement d’une forme de christianisme soumise à l’État. Cet homme, c’était Augustin d’Hippone (dit saint Augustin), qui vécut de 354 à 430 apr. J.-C.  Augustin fut le premier à parler d’une Église invisible, que les vrais chrétiens sont un corps invisible connu seulement de Dieu, et que personne ne peut savoir qui parmi les membres de l’Église visible sont de vrais chrétiens.

La doctrine d’une guerre juste trouve aussi son origine dans Augustin, ainsi que la doctrine selon laquelle l’Église a le droit de contraindre les gens sur son territoire à être baptisés et de les empêcher de quitter l’Église par la force. Tout cela est absolument contraire à la simplicité de l’Évangile de Jésus.

Il a été jugé nécessaire de développer une nouvelle doctrine sur les moyens par lesquels Jésus a obtenu le pardon des péchés de l’homme déchu. La doctrine biblique selon laquelle il était le second Adam, le Fils de Dieu du ciel et l’Agneau impeccable de Dieu dont le sacrifice expié pour nos péchés a été remplacée. Le nouvel enseignement était que Jésus était en partie le fils de Marie et en partie le Fils de Dieu et que c’était le fils de Marie qui était mort sur la croix, puis descendu en enfer et qu’il avait subi des tourments incroyables équivalents au châtiment éternel de tous ceux qui seraient sauvés. C’est à cette époque que l’expression « descendit aux enfers » fut ajoutée au Credo des Apôtres. La version du Credo des Apôtres trouvée dans le Miroir des Martyrs est la version originale, sans cette phrase. Ainsi, la doctrine de la persévérance des saints est basée sur la croyance que le Christ a déjà supporté le châtiment dû aux élus, de sorte qu’il n’y ait aucune chance qu’ils aient jamais à endurer la damnation.

Augustin enseignait que Dieu avait prédestiné avant le commencement des temps ceux qui devaient être sauvés et ceux qui devaient être perdus. Les élus furent alors appelés par la grâce irrésistible, par laquelle ils ne pouvaient refuser l’appel au salut. Et à ceux-là, Dieu a accordé la persévérance, la grâce de rester sauvés tout au long de leur vie. Cette doctrine de la persévérance des saints, provenant d’Augustin, est la base de la doctrine de la sécurité éternelle, ou « une fois sauvé, toujours sauvé ».

Augustin a aussi enseigné la virginité perpétuelle de Marie. C’est pourquoi de nombreux commentateurs ont du mal à déclarer que Jacques, Jude, Simon et Joses étaient les fils naturels de Joseph et de Marie et essaient de trouver d’autres explications sur qui ils pourraient bien être.

Augustin enseignait aussi que les sacrements sont un moyen de grâce, et qu’ils le sont même si le prêtre qui les administre est un pécheur connu.

Jean Calvin était un admirateur et adepte d’Augustin. Il s’est efforcé de réformer l’Église romaine en mettant l’accent sur les doctrines enseignées pour la première fois par Augustin. Les disciples de Calvin ne se trouvent pas seulement dans les Églises réformées et presbytériennes, mais aussi dans les baptistes du Sud et dans d’autres dénominations baptistes et évangéliques. La force de l’enseignement du calvinisme varie selon les Églises, mais l’enseignement le plus simple est le calvinisme en cinq points, parfois résumé sous l’acronyme TULIP en anglais (CEEGP en français) :

– La corruption totale (ou dépravation totale) : l’homme est si complètement dépravé qu’il n’a pas la capacité de choisir d’être sauvé.

– L’élection inconditionnelle (ou double prédestination) : le salut ne dépend pas de la conduite de celui qui est sauvé.

– L’expiation limitée (ou rédemption particulière) : Christ n’est mort que pour ceux qui étaient prédestinés au salut.

– La grâce irrésistible (ou grâce efficace) : l’homme n’a pas le pouvoir de refuser l’appel au salut.

– La persévérance des saints (ou sécurité éternelle) : ceux qui sont prédestinés au salut ne peuvent jamais être perdus.

Beaucoup de chrétiens sincères croient aujourd’hui qu’une personne qui a une fois donné son cœur au Seigneur ne peut plus jamais se perdre. Si l’on aborde la Bible avec une croyance prédéterminée qu’elle enseigne la sécurité éternelle inconditionnelle des croyants, il est possible de choisir des versets pour soutenir cette opinion, mais une telle interprétation n’est pas apparente si l’on adopte une approche impartiale de la Bible dans son ensemble.

Les partisans de ce point de vue sont contraints de se replier sur eux-mêmes lorsqu’ils tentent d’expliquer des exemples réels de ceux qui ont mené une vie chrétienne victorieuse pendant des années et qui ont ensuite fait des choix qui les ont éloignés de Dieu. De telles personnes n’ont jamais vraiment été sauvées en premier lieu, affirment-ils parfois. Si tel était le cas, sur quelle base quelqu’un peut-il savoir qu’il est sauvé ? Il me semble que les gens qui disent de telles choses ont choisi une doctrine d’insécurité éternelle. D’autres disent en gros qu’on peut pécher autant qu’on veut une fois qu’on est sauvé, qu’on souffrira des châtiments sur cette terre pour cela mais que Dieu ne peut pas nous enlever le salut qu’il nous a donné une fois. C’est triste et ridicule, et c’est en partie à cause de cette croyance que beaucoup de chrétiens ne se soucient guère d’avoir une vie victorieuse sur le péché, rendant leur témoignage risible pour les non-chrétiens qui les observent.

Lisons quelques versets pour voir comment ces idées sont mensongères et que l’Esprit puisse vous éclairer si vous n’êtes pas d’accord.

Ézéchiel 3.16-21 : Fils de l’homme, je t’ai établi sentinelle sur la maison d’Israël; tu écouteras la parole de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant: « Tu mourras!  » si tu ne l’avertis pas, si tu ne lui parles pas, pour avertir le méchant de se détourner de sa mauvaise voie, afin de sauver sa vie, ce méchant-là mourra dans son iniquité; mais je redemanderai son sang de ta main. Si, au contraire, tu avertis le méchant et qu’il ne se détourne point de sa méchanceté ni de sa mauvaise voie, il mourra dans son iniquité, mais toi tu sauveras ton âme. De même, si le juste se détourne de sa justice, et fait le mal, je mettrai une pierre d’achoppement devant lui, et il mourra. Et c’est parce que tu ne l’auras pas averti, qu’il mourra dans son péché, et qu’il ne sera plus fait mention des choses justes qu’il avait faites; mais je redemanderai son sang de ta main. Si, au contraire, tu avertis le juste de ne pas pécher, et qu’il ne pèche pas, il vivra certainement, parce qu’il s’est laissé avertir, et toi, tu sauveras ton âme.

Matthieu 13.20-22 : Et celui qui a reçu la semence dans des endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie; Mais il n’a point de racine en lui-même, il ne dure qu’un moment, et lorsque l’affliction ou la persécution survient à cause de la parole, il se scandalise aussitôt. Et celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle devient infructueuse.

(remarquons comment plusieurs ont reçu la Parole, mais pas tous ont persévéré)

Matthieu 10.22b : mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.

Romains 11.20b-23 : mais toi, tu subsistes par la foi; ne t’enorgueillis point, mais crains. Car si Dieu n’a point épargné les rameaux naturels, prends garde qu’il ne t’épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu; sa sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés, mais sa bonté envers toi, si tu persévères dans cette bonté; autrement, toi aussi tu seras retranché. Et quant à eux, s’ils ne persévèrent pas dans l’incrédulité, ils seront entés; car Dieu a le pouvoir de les enter de nouveau.

Matthieu 24.8-14 : Mais tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs. Alors ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs se scandaliseront et se trahiront les uns les autres, et se haïront les uns les autres. Et plusieurs faux prophètes s’élèveront, et séduiront beaucoup de gens. Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Et cet évangile du Royaume sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations; et alors la fin arrivera.

(remarquons ici que plusieurs qui étaient du troupeau se scandaliseront et trahiront les autres)

1 Jean 2.3-6 : Et par ceci nous savons que nous l’avons connu, savoir, si nous gardons ses commandements. Celui qui dit: Je l’ai connu, et qui ne garde point ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui. Mais pour celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est véritablement parfait en lui, et à cela nous connaissons que nous sommes en lui. Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit aussi marcher comme il a marché lui-même.

1 Corinthiens 9.24-27 : Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice, courent tous, mais un seul remporte le prix? Courez de telle sorte que vous le remportiez. Tout homme qui combat, s’abstient de tout; et ces gens-là le font pour avoir une couronne corruptible, mais nous pour une incorruptible. Je cours donc, non à l’aventure; je frappe, mais non pas en l’air; Mais je traite durement mon corps, et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé.

Philippiens 2.12-16 : Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, non seulement comme en ma
présence, mais plus encore maintenant en mon absence, travaillez à votre
salut avec crainte et tremblement; Car c’est Dieu qui produit en vous et le
vouloir et le faire selon son plaisir. Faites toutes choses sans murmures et
sans disputes; Afin que vous soyez sans reproche, sans tache, enfants de
Dieu, irrépréhensibles au milieu d’une génération dépravée et perverse, au sein
de laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, y portant la parole
de vie; En sorte qu’au jour de Christ, je puisse me glorifier de n’avoir point couru
en vain, ni travaillé en vain.

1 Timothée 1.18-20 : Mon fils Timothée, ce que je te recommande, c’est que, conformément aux prophéties qui ont été faites précédemment sur toi, tu combattes suivant elles le bon combat, En
gardant la foi et une bonne conscience; quelques-uns ayant perdu celle-ci, ont
fait naufrage quant à la foi; De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j’ai
livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne point blasphémer.

Hébreux 10.26,27 : Car si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifices pour les péchés, Mais une terrible attente du jugement et un feu ardent, qui doit dévorer les adversaires.

2 Pierre 2.20-22 : En effet si, après avoir fui les souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière
condition devient pire que la première. Car il leur eût mieux valu de n’avoir
point connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue,
du saint commandement qui leur avait été donné. Mais il leur est arrivé selon
ce proverbe vrai: Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie,
après avoir été lavée, s’est vautrée dans le bourbier.

1 Jean 5.16 : Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui ne mène point à la mort, il priera, et Dieu lui accordera la vie de ceux qui ne commettent pas un péché qui mène à la mort. Il est un péché qui mène à la mort; je ne dis pas de prier pour ce péché-là.

Je pourrais ajouter des versets, mais je crois que si ceci ne parle pas de soi-même, il ne servirait à rien de continuer.

Si ceci éclaire quelqu’un que la gloire soit rendue à Dieu seul.

Hugues Andries

Autres sources : Bible Ostervald, Flatlanderfaith.com (en anglais)

Je vous invite aussi à lire: Le salut peut être perdu

Protestant ou anabaptiste?

Aujourd’hui, la majorité des groupes aux origines anabaptistes n’hésitent pas à s’appeler protestants et s’associent de plus en plus librement avec diverses Églises évangéliques qui n’ont pourtant pas les mêmes préceptes ni les mêmes racines. Si la plupart de ces groupes ont en commun la croyance à la nouvelle naissance, qui est bien sûr l’élément le plus important dans la vie du chrétien, beaucoup de ces groupes ne pratiquent pas une séparation du monde correcte et se permettent facilement l’usage de la violence. Ceci est en train d’affecter les groupes anabaptistes (mennonites) qui ont renié leurs origines primitives et distinctes.

Voici un bref exposé à ce sujet, sans toutefois remonter dans les détails de l’histoire.

Ces deux courants ont une compréhension et une approche différentes, par rapport à la vie chrétienne. Si nous retournons à l’époque des martyrs chrétiens (principalement entre le règne de Néron en 37 après J.-C. et la fin de la première vague de guerres de religion en Europe, en 1598), nous voyons une grande différence entre les anabaptistes et les protestants (qui n’apparurent qu’après 1517). Le nom « protestant » vient du mouvement de protestation contre la religion principale de l’époque: L’Église catholique romaine, qui était aussi un ennemi acharné de l’Église anabaptiste. Pour dire les choses de manière simple, ces « protestants » voyaient la folie, le péché et la corruption de la religion d’État. Le péché et la désobéissance à la Parole de Dieu qu’ils percevaient étaient très réels. Plusieurs dirigeants (dont Luther, Calvin, de Leyde) pensaient qu’une réforme était grandement nécessaire et ils se firent virulents, parfois même physiquement violents. Beaucoup de gens pensaient que tous ceux qui n’étaient pas fidèles à la religion d’État (la religion catholique) étaient des protestants, et qu’il n’y avait donc que deux groupes de soi-disant chrétiens.

Ils oubliaient que les dissidents à la religion catholique ont toujours existé. À vrai dire, c’est cette religion d’État qui était sortie de la vraie Église, devenant ainsi la Grande Prostituée, et donc ce sont les anabaptistes qui sont les héritiers légitimes de l’Église primitive, et non des bâtards rebelles comme Rome a si souvent voulu les dépeindre.

L’histoire anabaptiste voit les choses d’un tout autre oeil que l’histoire protestante. Alors que les protestants combattaient souvent les catholiques par la force, il y avait aussi beaucoup de vrais chrétiens qui vivaient paisiblement et discrètement, tout en pratiquant « la foi transmise aux saints une fois pour toutes ». Leur témoignage fidèle et paisible toucha de nombreuses vies, et la vraie Église grandit continuellement malgré le fait que beaucoup perdaient la vie pour la cause de l’Évangile. (Certains chrétiens de l’époque rapportent des estimations surprenantes au sujet du nombre es anabaptistes dans certaines régions. Dans les années 1500, la ville de Strasbourg aurait compté environ 10% d’anabaptistes dans sa population. Et au siècle suivant, certains historiens estiment qu’il y avait environ 5% d’anabaptistes dans toute la population des Pays-Bas.)

C’est au sein de ce groupe-ci, et non aux protestants, que la vraie foi a été transmise, même si les protestants ont attiré bien plus d’attention. Cela ne veut en aucun cas dire que ce sont seulement les anabaptistes (mennonites) qui peuvent être sauvés: la nouvelle naissance est pour chacun de nous, mais cela veut dire que c’est ce groupe qui a perpétué la foi de l’Église primitive, et qui la pratique au mieux aujourd’hui. L’oeuvre est dans les mains de Dieu, c’est lui qui crée l’accroissement, pas nous, les hommes. Les vrais disciples de Jésus n’ont jamais été des protestants.

Et aujourd’hui? Dieu est encore et toujours le même Dieu, et il oeuvre encore de la même manière. Si nous désirons lui être fidèles et travailler pour lui dans son royaume, nous devrons lui abandonner notre volonté et vivre paisiblement dans la foi qui a été transmise aux saints. Ainsi, Dieu peut nous utiliser pour accomplir ses desseins.

Lorsque nous regardons autour de nous et que nous commençons à prendre en note les faiblesses et les désobéissances au sein de l’Église, et que nous militons de manière critique pour éradiquer ces torts, nous adoptons un esprit protestant. Souvenez-vous que la vraie foi n’a jamais été portée par de telles personnes et ne le sera jamais. Notre chair essaie de nous persuader qu’il s’agit là d’une tâche noble et très utile. Cependant, ce qui se passe en réalité lorsque nous prenons de telles positions charnelles, c’est que nous devenons un obstacle pour Dieu, qui veut s’occuper du problème à sa manière. Lorsque nous acceptons l’esprit du protestantisme, nous mettons notre foi en nous-mêmes plutôt qu’en Dieu. Il est bien plus capable de s’occuper de ces problèmes que nous ne le sommes: faisons-lui donc confiance pour les résoudre. Il veut que ma volonté lui soit entièrement soumise.

 

[Texte partiellement tiré d’un article de Elwon Wilson (Montezuma, KS, É-U).]

 

De l’Église catholique et autres Églises de l’antéchrist

Voici quelques lignes, notez qu’il ne s’agit que d’une seule phrase (c’est lourd hein?), écrites par Menno Simons, pasteur anabaptiste au XVIe siècle. Il était auparavant prêtre dans l’Église catholique, mais voyant l’erreur de celle-ci, et convaincu qu’il ne pourrait pas la réformer, il se joignit aux anabaptistes, qui plus tard furent appelés par son nom : mennonites. Il s’attaque ici aux grands maux de l’Église catholique, qui était souvent décrite comme l’Église de l’Antéchrist par les anabaptistes de cette époque.

« Là où le baptême est pratiqué sans l’ordre et la Parole du Christ, comme il est de coutume chez ceux qui non seulement baptisent sans la foi, mais aussi sans raison et sans conscience; là où le pouvoir et la représentation du baptême, à savoir, la mort au péché, la vie nouvelle, la circoncision du cœur, etc., sont non seulement ignorés, mais aussi méprisés par ceux de l’âge mûr; et où le pain et le vin sont distribués à l’avare, à l’arrogant et à l’impénitent; où le salut est recherché dans de simples principes, des mots et des cérémonies, et où la vie est dirigée contrairement à l’amour parfait, c’est là l’Église de l’antéchrist. »
(Complete works of Menno Simons, cité sur le blog de Bob Goodnough, flatlanderfaith.wordpress.com)

« Petits enfants, c’est ici la dernière heure; et comme vous avez entendu dire que l’antéchrist vient, il y a dès maintenant plusieurs antéchrists; par où nous connaissons que c’est la dernière heure. Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous; mais c’est afin qu’il fût manifesté que tous ne sont pas des nôtres.
Pour vous, vous avez reçu l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses. Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce que nul mensonge ne vient de la vérité. Qui est menteur, si ce n’est celui qui nie que Jésus est le Christ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils. » (1 Jean 2.18-22)