Poème 40: Le Chemin

C’est un chemin montant bordé de fleurs sauvages,
Un chemin caillouteux que longe un clair ruisseau.
Ses eaux sont le miroir du ciel bleu, des nuages,
Qui courent dans l’azur vers des pays nouveaux.

Et le chemin s’élève au-dessus des alpages,
Où paissent les brebis, les moutons, les agneaux,
Vers les sommets abrupts, et les nus paysages,
Les rochers qui affleurent, la source du ruisseau.

Dans le fond d’une grotte, du rocher sourd l’eau,
Et au creux de la pierre, en cascade elle tombe.
Les siècles ont formé là une nappe profonde,
Dont l’onde pure et claire donne vie au ruisseau.

Tout près, j’ai découvert, une grotte cachée,
Une caverne étroite où j’aime m’installer,
Par les chaleurs d’été et leurs nuits étoilées,
Pour dormir, loin de tout, réfléchir et prier.

Fut-elle le refuge d’hommes préhistoriques
Au temps des dinosaures, des ours effrayants ?
La présence de l’eau est un choix stratégique
Pour qui veut survivre, à travers les temps.

Au seuil de la caverne, qu’un rayon d’or éclaire,
Je domine la plaine, les monts et les coteaux.
Ma vue s’étend au loin, de la terre à la mer
Qui recueille en son sein l’eau claire du ruisseau.

Il fait bon être ici, dans la paix que Dieu donne,
La confiance en celui qui nous a rachetés.
Abreuvé à sa source, heureux se trouve l’homme
Comme un arbre, auprès d’un cours d’eau, planté.

Lorsqu’arrive le soir, que la lumière décline,
Quand le soleil couchant plonge derrière les cimes,
Tandis que je bois l’eau fraîche du clair ruisseau,
Un bonheur qui m’étreint descend des lieux très hauts.

-Annick Markmann

L’enfant en marche

Le poste de radio ce matin allumé
Murmure solitaire quantité de paroles.
L’enfant déjeune avant de partir pour l’école,
Lorsque des mots soudain viennent l’interpeller.

« Moi, je suis le chemin, la vie, la vérité.
Je suis la porte… » Il est l’heure d’y aller.
Et la voilà partie, son cartable à la main.
Mais les mots entendus ne sont pas anodins.

Ils résonnent en accord d’un rêve pénétrant,
Un rêve qui revient dans ses nuits très souvent.
Que signifie alors ce qu’elle voit et entend ?
Soudain, le rêve est là, et il saisit l’enfant.

Elle se trouve, marchant dans une plaine immense
L’air desséché et chaud lui rend le souffle court.
Elle foule épuisée, le sol d’un long parcours,
Empreint d’aridité et de désespérance.

L’aspect du paysage, a maintenant changé
C’est un vert marécage qu’elle doit traverser.
Des bosquets d’aulnes blonds, des saules argentés
Montent d’un sol humide, bourbeux en bas-côtés.

Cent grenouilles en groupes, au bord de la chaussée,
Ouvrent leurs larges bouches, leurs yeux exorbités.
Coassant, ricanant, elles se moquent entre elles,
De l’enfant fatiguée, mais qui marche avec zèle.

L’atmosphère est pesante, et les cieux sont chargés.
Les blancs cirrus là-haut se sont effilochés.
Des cumulo-nimbus moussent dans l’azur sombre.
La lumière s’estompe et tout se couvre d’ombre.

Elle marche, recherchant avec obstination,
Un panneau, un indice, la moindre indication,
Lui permettant enfin de trouver une issue
Vers un lieu qu’elle espère sans jamais l’avoir vu.

Dans le soir qui descend, elle atteint une place.
La route finit là au cœur d’un vaste espace
Fermé par une enceinte, comme une citadelle,
Un mur haut et épais de pierres naturelles.

Elle découvre deux portes pour passer la muraille.
Tellement différentes en aspect et en taille.
La première très large et facile à franchir,
Elle voit une grande foule, cette porte choisir.

L’autre étroite, resserrée, sous une croix placée.
Le linteau en est bas, il faudrait se courber,
Voire se mettre à genoux pour pouvoir passer.
La porte reste ouverte, qui va s’y engager ?

Une voix s’élevait et lui disait : « Choisis !
Je place devant toi, la mort ou bien la vie. »
À cet instant toujours le rêve finissait.
Les mots encore vibraient, l’enfant se réveillait.

À l’école elle arrive et son amie l’attend.
Que raconte Mimi ? Elles entrent en riant.
Mais l’enfant a compris par son rêve aujourd’hui,
Que Jésus est la porte et qu’il donne la vie.

-Annick Markmann