La continuité de la foi vaudoise dans les anabaptistes mennonites

L’auteur du Miroir des Martyrs ajoute ceci:

« Ces frères moraves sont appelés anciens Waldensen* par Jacob Mehrning, qui démontre également que divers hommes excellents et savants comptés parmi les anabaptistes sont issus d’eux. Ses paroles sont les suivantes : « Parmi ces Anciens vaudois de Bohême et de Moravie sont ensuite issus plusieurs hommes excellents ; comme, entre autres, Hans Koch et Leonhard Meister, qui furent tous deux mis à mort à Augsbourg, en l’an 1527 apr. J.-C. Également, le très savant Michel Sattler, qui a servi son assemblée dans l’exercice de son ministère, en l’an 1527 apr. J.-C., à Horb, en Allemagne. Aussi, Leonhard Keyser, qui fut martyrisé en Bavière en l’an 1529 ; à qui, alors qu’il était en prison, le Dr Luther adressa des lettres de consolation, bien qu’il (Keyser) ne s’accordait pas avec Luther en ce qui concerne le baptême des nourrissons. Bapt. Hist., 2e part, page 748. » (p. 339 du Miroir anglais)

« Depuis l’an 1160 apr. J.-C. jusqu’à ce jour (l’an 1660 apr. J.-C.), nous avons suivi selon nos capacités les traces et les pas des anciens vaudois, que nous n’avons nullement perdus de vue jusqu’à ce moment-là, nous ne les avons pas perdus de vue non plus actuellement, mais nous les gardons toujours à l’esprit.

Cela apparaît dans le cas de deux hommes pieux de cette profession (qui s’accorde avec celle des anabaptistes) qui, aimant la vérité de Christ, qu’ils soutenaient plus que leurs propres vies, ont été mis à mort à Augsbourg, en Allemagne, conformément à la rigueur du tribunal, là, en l’an 1524.

À ce propos, nous lisons dans l’Histoire du baptême de Jacob Mehrning les mots suivants traduits de l’allemand : « De ces anciens Waldensische Broederen** bohémiens et moraves surgirent ensuite plusieurs hommes excellents, comme, entre autres, Hans Koch et Leonhard Meister, qui furent tous deux mis à mort à Augsbourg, en l’an —*** apr. J.-C. Bapt. Hist., page 748.

NOTE. —L’an 1160 fut le moment où Pierre Valdo comparut contre la papauté, à Lyon, en France, et fit une saine confession, dont nous avons rendu compte dans le premier livre. Quant à ses descendants, Hans Koch et Leonhard Meister sont comptés comme n’étant pas des moindres, de même que, Michel Sattler, Leonhard Keyser, Johannes Hut, etc. Voir Jac. Mehr., Bapt. Hist., page 748. » (p. 413 du Miroir anglais)

L’origine de la foi anabaptiste remonte à l’Église primitive, par les vaudois

Le pharisaïsme

Traduction d’un article en anglais paru sur le site : https://flatlanderfaith.com/2024/10/30/pharisaism/

L’ère de l’Ancien Testament prend fin avec Esdras, Néhémie et Malachie. De nombreux Juifs étaient revenus de captivité, les murs de Jérusalem avaient été reconstruits et le second temple était en cours de construction. Selon une ancienne source juive, cinq éléments manquaient dans le second temple par rapport au premier : l’Arche de l’alliance, qui contenait le propitiatoire ; le feu sacré qui était tombé du ciel lors de la dédicace du premier temple et qui brûlait continuellement ; la chékhina, la nuée le jour et la colonne de feu la nuit, qui se trouvait au-dessus du propitiatoire ; l’ourim et le thoummim par lesquels le souverain sacrificateur recevait les réponses de Dieu ; et le Saint-Esprit. En outre, il n’y a pas eu de prophètes depuis Malachie jusqu’à Jean-Baptiste. Ainsi, pendant 400 ans, Dieu n’a pas eu son mot à dire dans la vie spirituelle du peuple juif.

Au moins trois groupes ont émergé durant cette période : les esséniens, les sadducéens et les pharisiens. Les esséniens vivaient en communauté, développaient des croyances mystiques et ne maintenaient qu’un contact limité avec la vie religieuse du reste du peuple. La plupart des prêtres et des scribes étaient des sadducéens, qui s’accrochaient à leur position de respect, mais qui pensaient de manière largement matérialiste. Ils ne croyaient pas aux anges ni à la résurrection des morts.

Il semble que les pharisiens auraient dû être « les bons » ou « les gentils ». Ils étudiaient les Écritures, s’efforçaient de respecter la loi et d’éviter les corruptions du monde. Ils croyaient aux anges et à la vie après la mort. Mais quelque chose a terriblement mal tourné. Bien qu’ils soient grandement respectés pour leur mode de vie irréprochable, leurs cœurs étaient devenus insensibles, ne laissant transparaître aucune once de compassion. Jean-Baptiste les a qualifiés de « génération de vipères ». Jésus les a qualifiés d’hypocrites, « car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis qu’au-dedans vous êtes pleins de rapines et d’intempérance » (Matthieu 23.25).

Le pharisaïsme, c’est se croire plus juste que les autres en raison d’une pratique religieuse stricte, tout en dissimulant des pensées et des actions impures. C’est cette forme de « conservatisme rigide » qui érige en preuve unique de la foi l’observance formelle des rites, sans tenir compte de l’état interne. Il a toujours été une tentation pour ceux qui voient une dérive vers la mondanité dans leur communauté religieuse, mais qui n’ont aucune vision ou connaissance de la puissance du Saint-Esprit qui conduirait à une piété authentique. Certains groupes mennonites sont tombés dans ce piège, ainsi que la branche Raven-Taylor des Frères de Plymouth (darbystes) et d’autres groupes.

Bob Goodnough

Le piétisme

La piété sans contraintes ?

Traduction d’un article en anglais paru sur le site : https://flatlanderfaith.com/2024/10/26/pietism-2/

Jésus a dit : « La lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3.19). L’apôtre Paul a écrit : « Et ne prenez aucune part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais bien plutôt condamnez-les » (Éphésiens 5.11). Les personnes qui ont été poussées par le Saint-Esprit à vivre leur relation avec Dieu dans une véritable piété sont devenues une lumière qui a révélé le mal dans le monde qui les entourait. Il n’est pas étonnant que cela ait attiré sur eux les feux de l’opposition et de la persécution.

Mais certains désiraient le même type de relation personnelle avec Dieu, sans devoir s’attirer des ennuis. À la fin du XVIIe siècle, un mouvement a vu le jour au sein de l’Église luthérienne d’Allemagne, connu sous le nom de piétisme. Les piétistes mettaient l’accent sur la relation personnelle avec Dieu et la droiture morale, tout en restant membres de l’Église luthérienne, en participant régulièrement à la communion et en amenant leurs enfants au baptême.

L’appellation « les tranquilles du pays » (die Stillen im Lande) était le qualificatif attribué à ce mouvement religieux qui mettait l’accent sur la foi personnelle, la spiritualité intérieure et la vie morale plutôt que sur le formalisme et l’orthodoxie théologique.

Ils avaient choisi de considérer uniquement leur ressenti interne comme indicateur exclusif de leur dévotion, ignorant ainsi toute contrainte doctrinale, œuvre ou preuve scripturaire. Étant donné qu’ils ne comptaient que sur leur sentiment intérieur, ils accordaient une importance disproportionnée aux expériences spectaculaires et émouvantes plutôt qu’à l’obéissance à Dieu, qui devrait découler naturellement d’une véritable soumission à sa volonté.

Lorsque l’impératrice Catherine II de Russie [d’origine allemande elle-même] lança un appel aux colons allemands pour peupler ses territoires nouvellement conquis en Ukraine, un grand nombre de luthériens, de catholiques et de mennonites germanophones répondirent à l’appel. La plupart de ces colons allemands étaient des luthériens piétistes. Environ 20 % d’entre eux étaient des mennonites prussiens. La langue allemande étant leur passeport pour cette nouvelle terre, ils abandonnèrent tout usage persistant de la langue néerlandaise et devinrent exclusivement germanophones. Ils étaient las des restrictions et des difficultés qu’ils avaient rencontrées à cause de leur foi et ils acceptèrent volontiers le concept piétiste d’être « les plus tranquilles du pays ».

En l’an 1835, les 29 dirigeants et ministres de la colonie de Molotchna ont émis une directive interdisant à leurs membres de consulter les écrits de Menno Simons et exigeant la restitution de tous les exemplaires du livre. La raison invoquée était que si l’un de leurs voisins ou des représentants du gouvernement lisaient le livre, ils auraient tous des ennuis. Certains membres soupçonnèrent que les ministres avaient plus peur que leurs fidèles ne lisent le livre et n’apprennent combien leur Église s’était éloignée de la foi et de la vie décrites par Simons.

Il semble donc que, si la peur de l’opposition nous pousse à maintenir la communion avec ceux qui vivent dans les ténèbres, alors nous avons abandonné la foi. Bien que nous puissions partager des histoires émouvantes et des expériences chaleureuses, l’absence de résultats tangibles devrait nous alerter sur la nature véritable de notre relation avec notre Créateur.

Bob Goodnough

La piété

Traduction d’un article en anglais paru sur le site : https://flatlanderfaith.com/2024/10/24/piety

Le terme grec Eusebia, tel qu’il est défini dans le Vine’s Expository Dictionary of New Testament Words, signifie « la piété, une disposition favorable à l’égard de Dieu qui conduit à accomplir ses désirs ». Ce concept est généralement rendu par « piété » dans les versions françaises, « pietà » dans les versions italiennes et « godliness » dans la version AV/KJV en anglais.

La piété se caractérise par une relation vivante avec Dieu, la soumission à sa volonté et l’obéissance au Saint-Esprit. L’abnégation et le fait de porter la croix, la volonté d’obéir à Dieu quoi qu’il en coûte, sont essentiels à la piété. Il leur dit à tous : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive » (Luc 9.23). « Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple » (Luc 14.27).

La piété n’est pas un jugement ni une défense, mais une paix. Elle n’est pas vantarde, mais la lumière de la présence de Dieu sera perçue par les autres. La piété est aimable et compatissante envers tous, quels que soient leur origine ethnique, leur statut social ou leurs moyens économiques.

La piété est capable de percevoir les aspirations spirituelles des autres, y compris de ceux qu’elle aurait pu regarder de haut. Elle est capable de voir Christ en des personnes d’origines diverses et de reconnaître ceux qui sont frères et sœurs dans la foi. « Ici il n’y a ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni Barbare ni Scythe, ni esclave ni libre ; mais Christ est tout en tous « (Colossiens 3.11).

Menno Simons évoque une doctrine pure, un usage scripturaire des signes sacramentels, un amour fraternel sincère, l’obéissance à la Parole, une profession hardie de Dieu et de Christ, ainsi que l’oppression et les épreuves endurées à cause de l’amour pour la Parole du Seigneur comme des signes permettant d’identifier l’Église de Christ. C’est cela la piété, la vraie, et je suis convaincu qu’il y a beaucoup de gens, non loin de nous, qui aspirent à trouver un endroit où ils peuvent faire l’expérience d’une telle communion.

Le Miroir des Martyrs est un témoignage des persécutions et des tribulations vécues par des personnes d’une grande piété pendant les siècles passés. Il s’agissait de personnes très semblables à nous, sans doute tout aussi enclines à la timidité et à la peur que nous le sommes. Pourtant, ce livre n’est pas déprimant. Il relate le triomphe de la foi, la façon dont Dieu a soutenu ses enfants dans leurs épreuves. C’est l’histoire de la victoire de la foi et de la piété sur tout ce que le monde maléfique peut leur opposer.

Bob Goodnough

PIÉTÉ / PIÉTISME / PHARISAÏSME

Traduction d’un article en anglais paru sur le site : https://flatlanderfaith.com/2024/10/23/piety-pietism-pharisaism/

Il existe deux types de conservatisme. Il y a celui qui est animé par la foi, qui est transmise telle qu’elle est, sans changement, par la puissance de la Parole et du Saint-Esprit. Et il y a celui qui est vide de foi, qui ne s’appuie que sur des formes extérieures, sans référence à la condition du cœur.

On distingue aussi deux formes de libéralisme : l’une est marquée par une ouverture d’esprit constante, ce qui permet à la foi de rester pertinente à travers les âges et les cultures, et l’autre consiste à considérer le sentiment intérieur comme preuve unique de la foi, sans se laisser contraindre par la doctrine ou les preuves bibliques.

Le conservatisme vivant et le libéralisme spirituel sont essentiellement une seule et même chose, car ils sont des fruits de l’action du Saint-Esprit ; le conservatisme mort et le libéralisme mondain semblent s’exclure mutuellement, mais conduisent à la même triste fin : un faux espoir dans un christianisme sans Esprit.

ChatGPT me dit que la citation ci-dessus est de Piet Hein. Qui suis-je pour le contredire ? Mais je trouve les deux premiers paragraphes presque mot pour mot à la page 92 du livre de Robert Friedmann, Mennonite Piety through the Centuries, (© 1949 Mennonite Historical Society, Goshen College, Goshen, Indiana, USA). Dans le livre de Friedmann, la phrase du deuxième paragraphe « l’Esprit toujours en mouvement » est une référence à l’Évangile de Jean, chapitre 3, verset 8.

Dans les trois prochains articles, je qualifierai de « piété » la combinaison du conservatisme vivant et du libéralisme spirituel, de « pharisaïsme » le conservatisme mort, et de « piétisme » le libéralisme mondain, qui fait du sentiment intérieur la seule preuve de la foi. Je ne crois pas que ces étiquettes s’excluent mutuellement ; la plupart d’entre nous, aussi purs et nobles que soient nos motifs, se retrouveront plus ou moins dans un camp tout en étant attirés par certains éléments de l’un des autres.

Je tenterai de définir et de décrire ces trois camps dans les articles suivants.

Bob Goodnough

ÊTES-VOUS PRÊTS POUR LE RETOUR DU SEIGNEUR ?

Article publié dans le Messager de la Vérité, 11 décembre 2024

Au milieu des années 1970, nous rendions visite à un parent et nous l’écoutions exposer l’enseignement prémillénariste. Il a dit, avec une assurance considérable : « Je crois que le Seigneur reviendra d’ici 1990. » J’ai réfléchi un moment, puis je lui ai demandé : « Es-tu prêt ? » « Non », m’a-t-il répondu.

Selon ce que je lis dans la Bible, il est beaucoup plus important d’être prêt à rencontrer le Seigneur à tout moment que de savoir quand ce moment pourrait arriver. Mais j’avoue que j’ai autrefois cru la même chose que mon parent. Un an après notre mariage, le pasteur de l’Église que nous fréquentions a enseigné une série d’études bibliques tout au long de l’hiver sur la doctrine prémillénariste dispensationaliste. Nous étions de nouveaux chrétiens et nous nous en sommes imprégnés. Après tout, il citait des versets de la Bible ; cela semblait avoir une solide base biblique.

Mais il y a un problème : j’aime lire. J’ai donc commencé à acheter des livres d’auteurs prémillénaristes bien connus, comme Hal Lindsey, John Walvoord, Dwight Pentecost et d’autres. Ils citaient les Écritures et expliquaient comment elles s’appliquaient aux événements actuels. Cela semblait tout à fait plausible, même si j’ai remarqué des divergences dans leurs interprétations, car le déroulement des événements actuels ne correspond pas toujours aux prédictions des auteurs et des prédicateurs.

J’ai été vraiment surpris lorsque j’ai lu un livre plus ancien de Lewis Sperry Chafer. Les autres auteurs que j’avais lus étaient diplômés du séminaire théologique de Dallas ; deux d’entre eux y étaient enseignants. Chafer était le fondateur du séminaire théologique de Dallas. Dans ce livre du début des années 1930, il proclamait que Benito Mussolini était l’Antéchrist. Au moment où j’ai lu le livre, Mussolini avait déjà connu une chute et une fin peu glorieuse. Cela souleva un gros point d’interrogation. Une question encore plus grande fut soulevée par sa déclaration selon laquelle l’appel à la repentance ne s’appliquait qu’aux Juifs, car, voyez-vous, les Juifs avaient rejeté Jésus. Les Gentils (païens) ne portent pas cette culpabilité et n’avaient pas besoin de se repentir ; ils devaient simplement croire en Jésus comme leur Sauveur. Je vis cela comme une contradiction totale avec ce que l’apôtre Paul dit aux Athéniens, disant que Dieu appelle maintenant tous les hommes partout dans le monde à se repentir (Actes 17.30).

Avec le temps, toute la structure de la doctrine dispensationaliste prémillénariste commença à ressembler à un fragile château de cartes. En effet, toute la doctrine du Millénium s’appuie sur un seul verset (Apocalypse 20.4), mal interprété. Je l’abandonnai et je revins au vieil enseignement selon lequel un jour viendra où Jésus reviendra une seule fois, un jour appelé « la fin du monde », jour qui pourrait arriver n’importe quand, car même au temps des Apôtres, la plupart des chrétiens pensaient que toutes les prédictions liées à la fin des temps étaient accomplies ou sur le point de l’être et les vaudois croyaient de même vers la 1200 (c.f. La noble leçon). À ce moment-là, il appellera tous les hommes, ceux qui sont vivants et ceux qui sont morts depuis longtemps, au jugement. Certains iront au tourment éternel et d’autres à la béatitude éternelle. Ce que la Bible enseigne en réalité est assez simple. La Bible enseigne qu’il est inutile de spéculer sur le moment et les circonstances de la fin (Actes 1.7 et Matthieu 24.36).

Plus tard, j’ai découvert que l’enseignement d’un Antéchrist des temps modernes qui établirait un royaume mondial et serait ensuite détruit par le Seigneur à son retour provenait de l’Église catholique romaine. Les anabaptistes qualifièrent, pendant au moins mille ans, l’Église catholique et le pape d’Antéchrist, ce qui signifiait non seulement qu’ils s’opposaient à Christ, mais qu’ils prétendaient prendre sa place. Un écrit vaudois du sud de la France datant de 1100 apr. J.-C. raconte comment l’Antéchrist avait remplacé le Saint-Esprit par ses cérémonies, faisant dépendre le salut du baptême par un prêtre catholique romain plutôt que du Saint-Esprit. Les cérémonies catholiques romaines promettaient les bienfaits du christianisme sans nécessiter de lien personnel avec Dieu ou le Saint-Esprit.

Le titre du pape, qui le proclame « vicaire » de Jésus-Christ, soit celui qui exerce tout le pouvoir et toute l’autorité de ce dernier sur Terre, équivaut à désigner le pape comme étant l’Antéchrist. Menno Simons qualifie souvent l’Église catholique romaine d’Antéchrist. Les réformateurs adoptèrent le terme d’Antéchrist et l’appliquèrent au pape et à l’ensemble du système catholique. Finalement, l’Église catholique dut faire quelque chose, alors quelques érudits jésuites écrivirent des livres donnant une image différente de ce que la Bible entendait par Antéchrist.

L’un d’entre eux était Manuel Lacunza (1731-1801), un jésuite chilien, qui prétendait dans son livre être un juif érudit nommé rabbi Juan Josaphat ben Ezra. Il décrivait l’Antéchrist comme un chef religieux et politique mondial qui apparaîtrait à la fin des temps et serait détruit par le retour de Christ. Ce livre, écrit en espagnol, fut traduit en anglais vers 1826 et excita l’imagination d’un certain nombre de personnes, le plus célèbre étant John Nelson Darby. Darby avait été avocat, puis ministre de l’Église d’Angleterre (anglicane), et dans sa désillusion envers cette Église, il décida qu’il n’y avait plus d’Église. Il parla de la ruine de l’Église, affirmant qu’elle était en ruines et qu’elle ne pouvait pas être reconstruite, restaurée ou ressuscitée. Il ne reste plus aux chrétiens que de se rassembler et de prier sans la structure et l’ordre d’une Église.

D’après Darby, s’il n’y avait plus d’Église, alors de nombreux passages de la Bible qui s’appliquaient à l’Église devaient s’appliquer à une époque future. À partir de là, il continua à élaborer sa doctrine prémillénariste et dispensationaliste, affirmant que Dieu avait offert le salut à l’humanité de six manières différentes et que chacune d’entre elles avait été un échec. La dernière était l’Église, et elle aussi avait été un échec ; par conséquent, ces versets doivent s’appliquer à une époque future où Jésus régnerait sur le monde pendant mille ans, depuis Jérusalem. Darby élabora tout un plan incluant l’enlèvement, sept années de tribulations, puis le retour de Christ, un règne de mille ans, et, à la fin de ce merveilleux et paisible règne de mille ans, les gens se rebelleraient contre Christ, ce qui conduirait à la bataille d’Armageddon et au jugement final, les gens étant assignés soit à l’enfer, soit au ciel.

Rien de tout cela n’apparaît lorsque vous lisez la Bible. Il faut un guide pour « comprendre » ce système, il ne vient pas à l’esprit spontanément lorsqu’on lit la Bible sans influence extérieure, c’est pourquoi il existe tant de livres pour vous aider à comprendre cette doctrine, tous basés sur l’imagination plutôt que sur les mots simples de l’Écriture. Darby prit le verset de l’apôtre Paul sur la division correcte de la parole de vérité comme une autorisation de découper les versets de la Bible en petits morceaux et de les réorganiser pour arriver à son plan. C’est ainsi que notre pasteur nous avait enseigné de nombreuses années auparavant. Il ne prit jamais un passage biblique entier pour l’expliquer. Il a pris des petits morceaux ici et là et les a rassemblés d’une manière qui était convaincante à ce stade de notre vie chrétienne. Mais nous ne sommes pas restés convaincus ; l’ensemble ne se tient tout simplement pas.

L’apôtre Pierre met en garde contre l’utilisation abusive des paroles de Paul, disant qu’il y a des choses difficiles à comprendre dans ses écrits, « que les personnes ignorantes et mal assurées tordent, comme les autres écritures, à leur propre perdition » (2 Pie. 3.16). Le mot « tordre » signifie ici pervertir, déchirer, ce qui est une description appropriée de ce qui se passe lorsque certaines personnes pensent qu’elles divisent correctement l’Écriture. « Diviser » signifie couper droit, enseigner correctement la vérité.

Quant à l’enlèvement secret des saints, cette idée ne vient pas de la Bible et était complètement inconnue avant 1830. C’était l’année où Margaret MacDonald, une jeune Écossaise de quinze ans, rêva que le Seigneur allait enlever son peuple de la terre avant la grande tribulation. Darby était l’un de ceux qui vinrent écouter le rêve de cette jeune femme, et [soit sous l’influence de Lacunza ou celle de Margaret MacDonald, qu’il critiqua pourtant] il l’incorpora dans sa doctrine prémillénariste.

Je suppose que Darby croyait ce qu’il enseignait. Au début du mouvement des Frères de Plymouth, il était décrit comme une personne douce et gentille qui communiait librement avec tous ceux qui professaient la foi en Jésus-Christ. Après avoir présenté sa doctrine prémillénariste dispensationaliste et que certains autres Frères de Plymouth ne voyaient pas les choses de la même manière, il se mit à défendre son enseignement. Il cessa de communier avec quiconque ne voyait pas les choses comme lui. Puis il coupa la communion avec quiconque avait des relations avec ceux qui ne pensaient pas comme lui. Finalement, il est devenu le chef de son petit groupe exclusif de Frères de Plymouth, passant d’un homme humble qui fraternisait avec n’importe qui à un pape virtuel de son petit groupe.

Ce n’est pas seulement Darby qui s’empara de cet enseignement de l’Antéchrist des derniers jours ; il existe d’autres stratagèmes. Mon père avait l’habitude d’écouter l’émission nationale canadienne « Back to the Bible Hour » tous les dimanches matin. Ernest Manning, qui était également le premier ministre de l’Alberta, parlait de Gog et Magog et de la Grande Ourse, de la Russie, et de la façon dont ils allaient attaquer Israël, ce qui conduirait à la bataille d’Armageddon. Plus on étudie le prémillénarisme, plus il devient fragile.

Les préceptes de Jésus-Christ et de nos ancêtres anabaptistes-mennonites nous enseignent que la chose la plus importante est la façon dont nous vivons notre vie au jour le jour. Nous devrions refléter la vie de Jésus-Christ en nous et fonder notre salut sur une véritable repentance, une nouvelle naissance et la communion du Saint-Esprit afin d’être sûrs de marcher avec Dieu, de l’aimer, d’aimer notre prochain comme nous-mêmes et d’être prêts à tout moment pour le retour de notre Sauveur. C’est là le point important : peu importe quand ou comment il viendra. Nous pouvons penser connaître une date, mais que se passera-t-il si nous sommes heurtés par une voiture demain alors que nous traversons la rue ? Sommes-nous prêts ? C’est la question la plus importante.

Bob Goodnough, Delisle, Saskatchewan, Canada