Entente fraternelle de l’an 1527

Ces sept articles sont souvent appelés la Confession de Schleitheim. Ils sont le résultat d’une réunion de plusieurs ministres chez Michael Sattler à Schleitheim, dans le nord de la Suisse, le 24 février 1527. C’était une période de persécutions intenses et les frères souhaitaient exprimer leur conviction commune sur l’ordre à suivre pour maintenir la […]

Entente fraternelle de l’an 1527

Hymne d’adieu d’un martyr anabaptiste mort sur le bûcher en 1527

Puisque maintenant il faut que nous nous quittions,Que Dieu veuille nous accompagner,Chacun à sa place!Là, vous voulez vous soucier avec zèleDe manifester votre vieEn conformité avec le contenu de a Parole de Dieu. C’est ceci ce que nous devrions exiger,Et ne pas nous laisser aller ;La fin s’approche rapidement.Nous ne connaissons pas le lendemain,Pour cela, […]

Hymne d’adieu d’un martyr anabaptiste mort sur le bûcher en 1527

Le martyre de Polycarpe

POLYCARPE, DISCIPLE DE L’APÔTRE JEAN, ET ÉVÊQUE DE L’ÉGLISE DE SMYRNE, MIS À MORT PAR LE FEU ET PAR L’ÉPÉE, POUR SA FOI AU FILS DE DIEU, EN L’AN 168

Nous lisons dans l’Apocalypse de Jean, que le Seigneur commanda à Son serviteur Jean d’écrire certaines choses à l’ange (c’est-à-dire l’évêque ou le docteur) de l’Église de Smyrne, pour avertir le docteur ainsi que pour le service de l’Église, disant : « Écris à l’ange de l’Église de Smyrne : Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort, et qui est revenu à la vie : Je connais ta tribulation et ta pauvreté… Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Ap 2:8-10). Ces paroles du Seigneur Jésus indiquent que les croyants de Smyrne, et leur docteur, étaient dans la tribulation et la pauvreté, et que davantage de souffrances s’approchaient encore d’eux ; sur quoi Il les exhorta à la constance, et promit de leur donner la couronne de vie.

En ce qui concerne le docteur de cette Église, la plupart des écrivains anciens l’appellent Polycarpe, et disent qu’il était un disciple de l’apôtre Jean, dans la mesure où il avait entendu Jean prêcher la Parole de Dieu et s’était associé à ceux qui avaient connu le Seigneur Jésus-Christ personnellement et avait eu des relations avec lui et que Jean l’avait nommé évêque ou surveillant de l’Église de Smyrne.

Pour ce qui est des souffrances dont le Seigneur a dit qu’elles lui arriveraient ainsi qu’à l’Église dont il était le docteur, elles commencèrent quelque temps après ; de sorte que ce bon berger les précéda, et que beaucoup de brebis de son troupeau le suivirent fidèlement. Cependant, nous entendons parler ici uniquement du berger, Polycarpe.

Il est indiqué que, trois jours avant d’être arrêté et condamné à mort, il fut soudainement pris de sommeil, au milieu de sa prière, et, alors qu’il rêvait, il eut une vision dans laquelle il vit l’oreiller sur lequel sa tête était couchée prendre soudainement feu et être consumé. Instantanément réveillé, il conclut qu’il devait être brûlé à cause du nom de Christ.

Lorsque ceux qui cherchaient à l’arrêter se furent approchés de très près, ses amis s’efforcèrent de le cacher et l’amenèrent donc dans une autre localité, où il fut néanmoins découvert peu après par ses persécuteurs. Car ils avaient saisi deux garçons, qu’ils obligèrent, en les flagellant, à dire où se trouvait Polycarpe ; et bien qu’il eût pu facilement s’enfuir de la chambre où il était dans une autre maison voisine, il ne le fit pas, mais dit : « Que la volonté du Seigneur soit faite ». Il descendit donc les escaliers, à la rencontre de ses persécuteurs, qu’il reçut si gentiment, que ceux qui ne l’avaient pas connu auparavant dirent avec regret, « Pourquoi devions-nous tant nous hâter, pour arrêter un si vieil homme ? »

Polycarpe fit immédiatement dresser une table pour ses ravisseurs, et les pressa affectueusement de manger, les suppliant de lui accorder une heure pour prier dans le calme sans être dérangé, pendant qu’ils mangeaient ; ce qu’ils lui accordèrent. Lorsqu’il eut fini sa prière et que fut écoulée l’heure au cours de laquelle il avait réfléchi sur sa vie et recommandé à Dieu et à son Sauveur l’Église dont il était le docteur, les gens d’armes le placèrent sur un âne et le conduisirent en ville, le jour du sabbat de la grande fête.

Nicétès et son fils Hérode, appelé le prince de paix, allèrent à sa rencontre, le prirent de l’âne, et le firent asseoir avec eux dans leur carrosse, cherchant ainsi à l’inciter à apostasier Christ, en disant : « Que t’importe de dire : Seigneur empereur, et d’offrir devant lui un sacrifice ou de l’encens, pour te sauver la vie ? » Au début, Polycarpe ne fit aucune réponse, mais comme ils persistaient à lui poser la question et à exiger une réponse, il finit par dire : « Je ne ferai jamais ce que vous me demandez et me conseillez de faire. » Lorsqu’ils virent qu’il était inébranlable dans sa foi, ils commencèrent à l’insulter, et, en même temps, le poussèrent hors du chariot, de sorte qu’en tombant, il se blessa grièvement la jambe. Il ne montra cependant jamais qu’il avait été blessé par la chute, mais, dès qu’il se releva, il se rendit de nouveau volontairement entre les mains des gens d’armes, pour être conduit plus loin jusqu’au lieu d’exécution, marchant aussi rapidement que si rien ne l’empêchait.

Dès que Polycarpe fut entré dans le cirque, ou l’amphithéâtre, où il devait être exécuté, une voix lui vint du ciel, disant : « Sois fort, ô Polycarpe ! et vaillant dans ta confession, et dans les souffrances qui t’attendent. » Personne ne vit celui dont on entendit la voix, mais beaucoup de chrétiens qui se tenaient autour l’entendirent ; mais à cause du grand tumulte, la plupart du peuple ne put l’entendre. Néanmoins cela servit à fortifier Polycarpe et ceux qui entendirent la voix.

Le gouverneur de la ville l’exhorta à avoir compassion pour son grand âge, et, en jurant par la fortune de l’empereur, à renier Christ. Polycarpe donna la réponse franche suivante, « Cela fait quatre-vingt-six ans que je sers mon Seigneur Jésus-Christ, et Il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment puis-je renier mon Roi, qui m’a jusqu’ici préservé de tout mal et qui m’a si fidèlement racheté ? »

Alors le gouverneur de la ville le menaça de le faire déchirer par des fauves, s’il ne renonçait pas à sa résolution, disant : « Les bêtes auxquelles je te livrerai sont prêtes, à moins que tu ne changes d’avis. » Sans crainte, Polycarpe répondit : « Qu’elles viennent, car ma détermination est immuable. L’affliction ne peut nous convertir ni nous faire passer du bien au mal ; mais il vaudrait mieux que ceux (les méchants) qui persistent dans leur méchanceté se convertissent au bien. » Le gouverneur de la ville répondit : « Si tu n’es pas encore désolé, et que tu méprises les fauves, je te ferai brûler au feu. » Une fois encore Polycarpe répondit, disant : « Tu me menaces d’un feu qui brûlera peut-être pendant une heure, puis s’éteindra bientôt ; mais tu ne connais pas le feu du futur jugement de Dieu, qui est préparé et réservé pour la punition et le tourment éternels des impies. Mais pourquoi tardes-tu ? Apporte les bêtes, ou le feu, ou tout ce que tu choisiras : tu ne me pousseras pas, par l’un ou l’autre, à renier Christ, mon Seigneur et Sauveur. »

Finalement, lorsque le peuple réclama sa mort, il fut livré par le gouverneur de la ville pour être brûlé. Instantanément un grand tas de bois, de fagots et de copeaux fut rassemblé. Lorsque Polycarpe vit cela, il se déshabilla et ôta ses chaussures, pour se coucher sur le bois, sans vêtements. Ceci fait, les bourreaux allaient mettre la main sur lui pour le clouer au bois, mais il dit : « Laissez-moi ainsi ; Celui qui m’a donné la force de supporter la douleur du feu, me fortifiera aussi pour que je reste immobile dans le feu, même si vous ne me clouez pas au bois. » Ils ne l’attachèrent donc pas avec des clous, mais simplement avec une corde, lui liant les mains derrière le dos. Ainsi, préparé pour un sacrifice consumé par le feu et placé sur le bois comme un agneau sacrificiel, il pria Dieu, disant : « Ô Père de Ton Fils bien-aimé et béni, notre Seigneur Jésus-Christ, par qui nous avons reçu la connaissance salvatrice de Ton saint nom ; Dieu des anges et des puissances, et de toutes les créatures, mais surtout de tous les justes qui vivent sous Tes yeux, je Te remercie de ce que Tu m’as appelé à ce jour et à cette heure, et de m’avoir jugé digne d’avoir ma part et ma place parmi le nombre des saints martyrs, et dans la coupe des souffrances de Christ, je souffre donc avec Lui, et ainsi participe à Ses douleurs. Je Te prie, ô Seigneur, que Tu veuilles bien me recevoir aujourd’hui comme une offrande grasse parmi le nombre de Tes saints martyrs, comme Toi seul, ô Dieu de vérité, qui ne peux pas mentir, tu m’y as préparé et tu me l’as fait connaître, oui, et tu l’as ultimement réalisé. C’est pourquoi je Te remercie et Te loue, devant les autres hommes, et j’honore Ton saint nom, par Jésus-Christ, Ton Fils bien-aimé, le Souverain Sacrificateur éternel, à qui, avec Toi et le Saint-Esprit, soit la gloire, maintenant et pour toujours. Amen. »

Dès qu’il eut prononcé le dernier mot de sa prière (le mot « Amen »), les bourreaux allumèrent le bois sur lequel il était placé ; et lorsque les flammes tournèrent au-dessus du corps de Polycarpe, on constata, au grand étonnement de tous, que le feu ne le blessait que peu, ou pas du tout. Il fut alors ordonné au bourreau de le transpercer avec une épée, ce qui fut fait immédiatement, de sorte que le sang, soit à cause de la chaleur du feu, soit pour quelque autre raison, sortit si abondamment de la blessure que le feu en fut presque éteint ; et ainsi ce témoin fidèle de Jésus-Christ, étant mort par le feu et par l’épée, entra dans le repos des saints vers l’an 168. Comparez Eusèbe, 4e livre, 15 cap., imprimé en l’an 1588, page 66-70 avec Abr. Mell., 1er livre de l’Hist., fol. 40, 41, col. 1-4, d’après Irénée, lib. 3, cap. 3. Hæres. Hieron. Catal. dans Polycarpe, Eusèbe., lib. 4, cap. 13, et lib. 5, cap. 19. Aussi, Joh. Gysii Hist. Mart. pour l’année 168, fol. 17, col. 2. Aussi, P. J. Twisck, Chron. 2e livre, en l’an 168, page 45, col. 2.

Le martyre d’Ignace vers l’an 111 ap. Jésus-Christ

DU TÉMOIGNAGE D’IGNACE TOUCHANT LE BAPTÊME

Il est dit qu’Ignace prospéra entre l’an 71 et l’an 111. Il fut le deuxième évêque d’Antioche après Pierre et, selon les chroniques, il s’acquitta des devoirs de sa charge au temps de l’apôtre Jean. Écrivant sur le baptême, il n’en parle que d’une manière qui implique clairement qu’il doit être accompagné de foi, d’amour et de patience.

Dans sa Lettre à Polycarpe, l’évêque de Smyrne, il écrit entre autres ces mots : Qu’aucun de vous ne soit trouvé apostat : « Que votre baptême soit votre arme, votre foi votre casque, l’amour une lance, la patience une armure complète ».

Dans une Lettre aux Tralliens, il écrit également : « Il me semble que vous ne vivez pas selon la chair, mais selon Jésus-Christ, qui est mort pour nous ; afin que, croyant en Sa mort, vous puissiez, par le baptême, participer à Sa résurrection. »

Et encore, dans la lettre adressée à ceux de Philadelphie, il écrit ainsi : « Voyant, donc, qu’il y a un seul Dieu et Père non engendré et un seul Fils, Verbe et Homme engendré, un seul Consolateur, l’Esprit de Vérité, et une seule foi, un seul baptême et une seule Église, que les apôtres ont fondée avec leur sueur et leur travail, dans le sang de Christ d’un bout de la terre à l’autre, c’est pourquoi vous, en tant que peuple particulier et génération sainte, devez aussi faire toutes choses avec un cœur unanime en Christ ».

Qui ne voit pas qu’ici Ignace, en joignant dans cet ordre ou séquence, la prédication, la foi, le baptême et l’Église, entend dire que selon l’ordonnance de Christ, la prédication a la première place et, par conséquent, doit précéder ; qu’après la foi vient le baptême, et qu’après le baptême celui qui est baptisé est membre de l’Église ? et qu’alors les membres de l’Église, en tant que peuple particulier et génération sainte, doivent faire toutes choses avec un cœur unanime en Christ ? Car c’est là le sens des paroles d’Ignace. Voir, concernant les lettres d’Ignace citées plus haut, H. Montanus dans De nietigheyd van den Kinder-doop, 2e impression, p. 4 et 5. Aussi, Jacques du Bois (bien qu’il interprète mal ces mêmes lettres), Contre Montanus, imprimé en 1648, p. 16-22.

IGNACE, DISCIPLE DE L’APÔTRE JEAN, DÉVORÉ PAR DES FAUVES

DANS UN CIRQUE À ROME, À CAUSE DU TÉMOIGNAGE DU FILS DE DIEU,

EN L’AN 111

Ignace, disciple de l’apôtre Jean et successeur de Pierre et d’Évode, était au service de l’Église de Christ à Antioche en Syrie. C’était un homme craignant Dieu, très pieux, fidèle et diligent dans ses ministères. Il était surnommé Théophore, c’est-à-dire, Porteur de Dieu, apparemment parce qu’il portait souvent dans sa bouche le nom de Dieu et de son Sauveur et qu’il menait une vie pieuse. Il avait coutume de dire fréquemment : « La vie de l’homme est une mort continuelle, à moins que Christ ne vive en nous. » De même : « Le Christ crucifié est mon seul et entier amour. » Et : « Celui qui se laisse appeler d’un autre nom que Christ n’est pas de Dieu. » Et encore : « Autant le monde hait les chrétiens, autant Dieu les aime. »A. Mellin., fol. 15, col. 1, de Ignat. in Epist. ad Rom. et alibi. etc.

Ayant appris que l’empereur Trajan, après les victoires qu’il avait remportées contre les Daces, les Arméniens, les Assyriens et d’autres nations orientales, rendait grâce à Antioche aux dieux, et leur offrait de grands sacrifices, comme si ces victoires provenaient d’eux, Ignace, comme nous l’apprend Nicéphore, en réprimanda l’empereur, et cela ouvertement dans le temple.

L’empereur, extrêmement en colère à ce sujet, fit arrêter Ignace, mais, par crainte de tumulte, parce qu’Ignace était tenu en grand respect à Antioche, il ne le fit pas punir là, mais le confia entre les mains de dix soldats et l’envoya lié à Rome, pour y être puni.

Entre-temps, sa condamnation à mort lui fut annoncée : de quelle manière et en quel lieu il devait mourir ; en l’occurrence, qu’il serait mis en pièces par des bêtes sauvages à Rome.

En chemin, il écrivit plusieurs épîtres de consolation à ses amis, les fidèles en Jésus-Christ et aussi à différentes Églises, comme à celles de Smyrne, d’Éphèse, de Philadelphie, de Tralles, de Magnésie, de Tarse, de Philippes et surtout à l’Église de Christ à Rome ; lettres qu’il a envoyées avant son arrivée là-bas. Il semble que l’idée d’être mis en pièces par les dents des bêtes sauvages était constamment présente dans son esprit pendant le voyage, non par crainte, mais plutôt par désir sincère. C’est ce qu’il mentionne dans sa lettre à l’Église de Rome, écrivant ainsi : « En voyageant de Syrie à Rome, sur mer et sur terre, de jour et de nuit, je combats avec des fauves, lié entre dix léopards[1], et plus je les caresse et me montre amical envers eux, plus ils deviennent cruels et malins. Cependant, à travers les cruautés et les tourments qu’ils m’infligent quotidiennement, je suis de plus en plus exercé et instruit ; néanmoins, je n’en suis pas justifié. Oh si j’étais déjà avec les bêtes, qui sont prêtes à me dévorer ! J’espère que d’ici peu, je les trouverai telles que je souhaite qu’elles soient, c’est-à-dire assez cruelles pour me détruire promptement. Mais si elles ne me tombent pas dessus et ne me déchirent pas, je les séduirai gentiment, afin qu’elles ne m’épargnent pas, comme elles ont déjà épargné plusieurs chrétiens, mais qu’elles me déchirent rapidement et me dévorent. Pardonnez-moi de parler ainsi ; je sais ce dont j’ai besoin. Maintenant seulement je commence à être un disciple de Christ. Je ne considère ni les choses visibles ni les invisibles dont le monde est étonné. Il me suffit de devenir participant de Christ. Que le diable et les hommes méchants m’affligent de toutes sortes de douleurs et de tourments, par le feu, par la croix, par la lutte contre les bêtes sauvages, par la dispersion des membres et des os de mon corps ; tout cela, je l’estime très peu, si seulement je jouis de Christ. Priez seulement pour moi, afin que la force intérieure et extérieure me soit donnée, non seulement pour dire ou écrire cela, mais aussi pour l’accomplir et le supporter, afin que je puisse non seulement être appelé chrétien, mais aussi être trouvé tel en vérité. » Ignat. in Epist. ad Rom.

Arrivé à Rome, il fut remis par les soldats au gouverneur, avec les lettres de l’empereur qui contenaient sa condamnation à mort. Il fut gardé en prison plusieurs jours, jusqu’à un certain jour de fête des Romains, où le gouverneur, conformément à l’ordre de l’empereur, le fit amener dans l’amphithéâtre. Tout d’abord, ils cherchèrent, par de nombreux tourments, à l’inciter à blasphémer le nom de Christ et à offrir des sacrifices aux dieux. Mais comme Ignace ne faiblissait pas dans sa foi, mais, plus le supplice durait, plus il était fortifié dans son refus d’offrir des sacrifices païens, il fut aussitôt condamné par le Sénat romain et immédiatement jeté devant les lions.

Alors qu’Ignace était emmené hors de la présence du Sénat vers l’enceinte la plus intime, ou fosse aux lions, il répétait fréquemment le nom de Jésus dans la conversation qu’il avait, en chemin, avec les croyants, ainsi que dans sa prière secrète à Dieu. Lorsqu’on lui demanda pourquoi il agissait ainsi, il répondit ainsi : « Mon cher Jésus, mon Sauveur, est si profondément inscrit dans mon cœur, que je suis convaincu que si mon cœur devait être ouvert et coupé en morceaux, le nom de Jésus se trouverait écrit sur chaque morceau. » Par cela, l’homme pieux indiquait que non seulement sa bouche, mais les parties les plus intimes de son cœur étaient remplies de l’amour de Jésus, car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. Ainsi, Paul aussi, étant rempli de l’amour de Jésus-Christ, a utilisé, dans ses lettres, jusqu’à deux cents fois (selon ce qu’on a compté) le terme « Notre Seigneur Jésus-Christ ». Il emploie le nom « Jésus » jusqu’à cinq cents fois.

Lorsque toute la multitude du peuple fut rassemblée pour assister à la mort d’Ignace (car le bruit s’était répandu dans toute la ville qu’un évêque avait été amené de Syrie, qui, selon la sentence de l’empereur, devait combattre contre les bêtes sauvages), Ignace fut amené et placé au milieu de l’amphithéâtre. Alors Ignace, avec un cœur audacieux, s’adressa ainsi au peuple qui se tenait autour : « Ô Romains, vous tous qui êtes venus assister à ce combat de vos propres yeux, sachez que ce châtiment ne m’a pas été infligé à cause d’un méfait ou d’un crime, car je n’en ai jamais commis, mais pour parvenir à Dieu, que je désire ardemment, et dont la jouissance est mon désir insatiable. Car, je suis le grain de Dieu. Je suis broyé par les dents de la bête, afin que je sois trouvé un pain pur de Christ, qui est pour moi le pain de vie. » Ces paroles furent prononcées par Ignace alors qu’il se tenait au milieu de l’amphithéâtre et qu’il entendait les lions rugir, ce que les frères de l’Église qui se tenaient également parmi le peuple entendirent et attestèrent.

Aussitôt qu’il eut prononcé ces mots, deux lions épouvantables et affamés lui furent relâchés de leurs fosses, qui le déchirèrent et le dévorèrent instantanément, ne laissant presque rien, ou du moins très peu, même de ses os. Ainsi s’endormit, heureux dans le Seigneur, ce fidèle martyr de Jésus-Christ, en l’an 111, la douzième année de l’empereur Trajan. Comparez avec Abr. Mell. 1er livre de Hist. der Vervolg. en Mart., imprimé en 1619, fol. 25, col. 1-4, et fol. 26, col. 1, avec Joh. Gysii Hist. Mart., fol. 15, col. 2, 3. Aussi, W. Baudart. dans Apophth. Christian, imprimé en l’an 1640. Le premier livre, dans le second Apophtegme, sous le nom d’Ignace, pp. 37, 38, de différents autres auteurs.


[1] Toutes les traductions du grec que nous avons pu consulter ajoutent ici un élément de contexte manquant dans le texte néerlandais du Miroir : après la mention des dix léopards, Ignace précise « je veux parler des soldats qui me gardent », ce qui semble plus plausible étant donné le comportement de ces « léopards ». — NDLT

Le Martyre d’Étienne

ÉTIENNE, L’UN DES SEPT DIACRES DE L’ÉGLISE DE JÉRUSALEM,
LAPIDÉ À L’EXTÉRIEUR DE LA PORTE DE LA VILLE PAR LES AFFRANCHIS,
EN L’AN 34 apr. J.-C., PEU APRÈS LA MORT DE CHRIST

Étienne, dont le nom signifie « couronne » en grec, était l’un des sept diacres de l’Église de Jérusalem, un homme plein de foi et de la sagesse de Dieu (Ac 6:5).
Il connaissait bien les saintes Écritures de l’Ancien Testament et était très éloquent. Il arriva que certains membres de la synagogue des Affranchis*, des Cyrénéens, des Alexandrins et de ceux de Cilicie et d’Asie, se disputèrent avec Étienne ; et ils ne purent résister à la sagesse et à l’esprit par lequel il parlait. Puis ils subornèrent quelques hommes pour qu’ils disent : Nous l’avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. Ils émurent le peuple, les anciens et les scribes, et, se jetant sur lui, ils le saisirent, et l’emmenèrent au sanhédrin. Ils produisirent de faux témoins, qui dirent : Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et contre la loi ; car nous l’avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu, et changera les coutumes que Moïse nous a données. Tous ceux qui siégeaient au sanhédrin ayant fixé les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d’un ange (Ac 6:9-15).
Alors le souverain sacrificateur lui dit : Les choses sont-elles ainsi ? Là-dessus, cet homme pieux s’expliqua et répondit avec plusieurs raisons ; il cita en outre, comme avec une langue céleste et avec des raisons incontestables, de nombreux passages de l’Ancien Testament, pour montrer que Christ est le vrai Messie et que l’Évangile est vrai (Ac 7:1-53).
Mais quand il commença à parler avec une grande ardeur et à dévoiler devant les yeux de ses accusateurs leur propre soif de sang, leur colère s’enflamma encore plus contre lui, car ces choses les blessaient au cœur et ils grinçaient des dents contre lui. Verset 54.
Mais Étienne, rempli du Saint Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. Versets 55 et 56.
Mais ils poussèrent de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. Versets 57 et 58.
À ce moment-là, il cria et dit, Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! Puis, s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » Et, après ces paroles, il s’endormit. Versets 59 et 60.
Telle fut la fin de cet homme honnête, Étienne, à qui l’honneur de Jésus-Christ était plus cher que sa propre vie. On raconte que cet événement se serait produit en 34 apr. J.-C., pendant la dix-neuvième année du règne de l’empereur romain Tibère, soit sa trente-huitième année. Cela se produisit la septième année après le baptême de Christ. Nico. lib. 2. cap. 3.
Après cela, des hommes pieux s’occupèrent du corps, et le portèrent au tombeau, pleurant grandement ce pieux martyr. Les pierres étaient pour lui comme des rivières de douceur. August. cap. 22. Solil.
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  • Ou « Libertins » — NDLT

(Tiré du Miroir des Martyrs, traduction des p. 70-72 en verson anglaise)

La fausse succession de l’Église catholique romaine, qui prétend que Pierre fut évêque à Rome. [Miroir des Martyrs de 1660]

DE LA MAUVAISE SUCCESSION DE L’ÉGLISE ROMAINE, CONSISTANT UNIQUEMENT 

DANS LA SUCCESSION DES PERSONNES, ET NON DE LA DOCTRINE

[Traduction des pages 20-25 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

C’est ici qu’il faut considérer la grande erreur des romanistes, lorsque, sans tenir compte de la véritable continuité de la doctrine, ils s’appuient sur la succession des personnes et exhibent ceux qui, soit depuis le commencement du monde, soit depuis l’époque des apôtres, ont continué à exister, comme ils le prétendent jusqu’à présent ; certainement une affaire très négligeable ![i]

Car, s’ils comptent depuis le commencement du monde, nous avons montré que Caïn, qui était un meurtrier, a eu ses successeurs aussi bien qu’Abel, qui a été tué à cause de sa foi[ii] et de sa piété.

Et aussi, s’ils comptent depuis le temps des apôtres, nous avons démontré qu’à cette époque déjà il y avait beaucoup d’apostats, oui, des adversaires de la religion chrétienne et du vrai culte de Dieu, et que d’autres ont suivi, selon les prophéties et les prédictions que les saints apôtres ont prononcées et laissées à la postérité.

Il s’ensuit, que ni l’antiquité, ni la longue ou grande succession de personnes ne peuvent assurer la vérité d’une religion ou d’une Église, puisque le mal est aussi ancien que le bien, et que les esprits égarés et les méchants ont eu, et ont encore, une aussi grande postérité que les vrais croyants et les bons, à moins que l’antiquité et la succession de personnes ne soient accompagnées de la vérité et de la piété divines que possédaient les anciens intègres au commencement.

L’OBJECTION DES PAPISTES, À L’AIDE DE TROIS PASSAGES

Mais, afin de maintenir cette succession citée plus haut, les papistes ont coutume de dire qu’ils ne la font pas remonter à l’antiquité de quelques esprits égarés qui étaient avant, pendant, ou après le temps des apôtres, mais à l’Église de Christ elle-même et à Pierre, auquel ils ont donné le titre de prince des apôtres, sur lequel Christ lui-même, selon leur affirmation, a voulu bâtir Son Église. Robert Bellarmin, liv. 1. de Romano Pontifice, cap. 10. Quansuy ex.

À cela ils ajoutent comme deuxième argument, que c’est à lui et à nul autre, que Christ a donné les clefs du ciel, pour l’ouvrir ou le fermer selon son bon plaisir.

Et, troisièmement, le Seigneur lui a commandé à trois reprises, plus qu’aux autres apôtres, de paître Son troupeau, qui est Son Église.

De plus, qu’il a occupé le trône de Rome et que les papes lui ont succédé dans cette fonction.

Pour prouver cette suprématie de Pierre et, par conséquent, la succession des papes à sa place, ils ont, depuis longtemps déjà, abusé de trois passages de l’Écriture sainte, à savoir Mt 16:18-19 ; et Jn 21:15-17 ; ce à quoi nous répondrons dans ce qui suit.

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RÉPONSE AU PREMIER PASSAGE

En Matthieu 16:18, le Seigneur dit : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église ».

L’erreur des romanistes consiste en ce qu’ils interprètent mal le mot petra, comme s’il s’agissait là de l’apôtre Pierre ; ce qui est une grande et évidente erreur. Car, le Seigneur fait ici clairement la distinction entre le nom Petros (Pierre) et le mot petra (rocher) ; disant immédiatement avant : « Tu es Pierre », mais ensuite « et sur ce rocher ; » sur quoi suit « Je bâtirai Mon Église » ; de sorte que le Seigneur ne promet donc pas ici de bâtir Son Église sur Pierre, mais sur le rocher ; qu’il mentionne clairement.

Maintenant, cela dépendra de la vraie signification de qui et de quoi doit être compris par ce rocher. 

Certains soutiennent le premier sens mentionné, que nous venons de réfuter à l’instant, à savoir que Pierre lui-même est signifié par là ; à quelle fin ils appliquent mal le passage Jn 1:42, où cet apôtre est appelé Céphas[iii], ce qui, à leur avis, signifie une pierre angulaire ; mais c’est là aussi une erreur.

Il est vrai que, selon l’explication des orientalistes, ceux qui sont versés dans les langues orientales, par ce mot il faut entendre une pierre ; mais quelle sorte de pierre ? Non pas une pierre angulaire, mais un morceau, un coin, un éclat de pierre, sur lequel aucun édifice ne pourrait jamais être fondé. Le mot Céphas, disent-ils, est dérivé du mot hébreu Keph, qui, chez eux, signifie le coin ou le bord d’une pierre ; tandis que, d’autre part, les rochers ou les pierres angulaires sont désignés par le nom de Sela ou Tsur[iv], selon Dt 32:13. Ainsi Pierre est effectivement appelé une pierre dans les saintes Écritures, mais non pas une pierre de fondation, mais seulement une pierre qui est généralement bâtie sur un fondement. Christ est exactement la pierre de fondation, comme Pierre lui-même le déclare, lorsqu’il appelle Christ la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu (1 P 2:4) ; sur quoi il cite les paroles du Prophète Ésaïe, qui dit : « Car il est dit dans l’Écriture : Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ; Et celui qui croit en elle » (qui est bâti, sur elle par la foi) « ne sera point confus » 1 P 2:6 d’après Es 28:16.

C’est pourquoi il avertit les croyants de s’édifier, comme des pierres vivantes, pour former une maison spirituelle, sur le fondement qui a été posé : Christ (v. 5).

Paul confirme cela, lorsqu’il dit : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Co 3:11). Dans un autre endroit, il l’appelle le fondement des apôtres et des prophètes, etc. (c’est-à-dire, sur qui les apôtres et les prophètes eux-mêmes ont été édifiés, et sur lequel ils ont, par leur doctrine, édifié d’autres également) ; car il ajoute : « En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Eph 2:20-22).

Il n’est pas incompatible avec cela que les douze apôtres, dont Pierre était l’un, soient appelés douze fondements[v], sur lesquelles, comme le dit Jean, la ville de Dieu, descendue du ciel, a été bâtie (Ap 21:14). Car, même si l’on admettait que, par les mots, ville de Dieu, à cet endroit, il y a lieu de comprendre l’Église de Dieu sur la terre, cela prouverait seulement que Pierre, ainsi que les autres apôtres, était une des douze pierres angulaires de l’Église de Christ ; ce qui ne confirme en aucun cas l’objection proposée, que Pierre seul est la pierre angulaire, ou le fondement, de l’Église.

Et encore, le mot « pierres angulaires » ici ne signifie pas le fondement lui-même, car, à proprement parler, dans la nature, le fondement, en tant que base ou soubassement d’un bâtiment, est à distinguer des pierres construites par-dessus, qui sont appelées pierres angulaires ; car, c’est sur le sol ou la base que sont posées les pierres angulaires, et c’est sur les pierres angulaires qu’est construit le bâtiment ; ainsi, la base du fondement doit soutenir à la fois les pierres angulaires et le bâtiment. Ainsi, Christ est le sol, la base ou le fondement de Son Église ; les apôtres, par leur doctrine, sont les pierres angulaires ; et l’Église est l’édifice érigé sur ces pierres angulaires et sur le fondement. Il est établi, donc, qu’ils font erreur, ceux qui font de Pierre le seul fondement de l’Église de Christ, et que, par conséquent, l’édifice qu’ils érigent là-dessus est erroné et faux.[vi]

RÉPONSE AU DEUXIÈME PASSAGE

Le deuxième passage est tiré de Matthieu 16:19 : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »

Mais cela ne tend nullement à prouver que la discipline de l’Église, ou le pouvoir d’exclure de l’Église et de réadmettre dans l’Église, a été donné, parmi les apôtres, à Pierre seul, et à aucun autre des douze ; car au verset 13 il est écrit : « Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » Sur quoi il est rapporté que Pierre (au nom de tous) répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Suit ensuite, le verset 19 : « Je te donnerai les clefs », etc., promesse qui, bien qu’adressée spécialement à Pierre, s’étendit à tous les apôtres en général, puisque le Seigneur n’a pas demandé à Pierre seul, mais à l’ensemble d’entre eux collectivement ; sur quoi, lorsqu’il (Pierre) eut répondu au nom de tous, a suivi la promesse mentionnée ci-dessus.

Jean le saint évangéliste explique cela plus loin dans le chapitre 20, versets 19 à 23. Christ, après sa résurrection et se tenant au milieu de ses disciples, souffla sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit », ajoutant : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Ces paroles sont d’une importance égale à celles citées par Matthieu concernant la remise des clefs.

De plus, le fait que l’Église a également reçu ce pouvoir est exprimé en paroles qui ne sont pas du tout obscures dans Mt 18:17-18 : « S’il (le pécheur) refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous (comprenez, conformément à la sentence prononcée par l’Église, dont il est ici question) lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

Qui doute qu’il s’agisse là des mêmes paroles qui avaient précédemment été adressées à Pierre, mais qui, bien sûr, sont destinées à tous les apôtres, et ici à toute l’Église ?

Nous voyons que l’Église de Corinthe, à l’époque de Paul, possédait le droit d’expulser et de réadmettre, appelé lier et délier ; car, touchant l’expulsion du pécheur, il leur fut dit : « Faites disparaître le vieux levain » (c’est-à-dire, le pécheur obstiné), etc. (1 Co 5:7). Et encore : « Ôtez le méchant du milieu de vous » (v. 13).

Concernant la réadmission de celui qui a manifesté la pénitence, il leur est commandé : « Il suffit pour cet homme (c’est-à-dire, celui qui se repent de ses péchés) du châtiment (c’est-à-dire l’expulsion de l’Église) qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive » (2 Co 2:6-7).

En outre, comme ce pouvoir de lier et de délier n’a pas été donné à Pierre seul, mais à tous les apôtres ainsi qu’à l’Église, il est entièrement différent dans sa nature de celui dont se vante le pape de Rome, en tant que successeur imaginaire de Pierre. Car, le pouvoir dont Christ a parlé doit être limité par la règle de Sa Parole, Mt 7:24, 26 ; Ga 1:6-8 ; tandis qu’au contraire, le pouvoir dont se vante le pape est illimité, n’a pas de règle et s’étend aussi loin qu’il le souhaite. Bald. in cap. Eccles. Aussi, dist. 40. cap. S. Papae, etc.

Il s’ensuit donc que l’on attribue illicitement au pape un pouvoir qui n’a même pas été donné à Pierre ; de plus, que le pouvoir qui lui a été donné était commun à tous les apôtres et à l’Église.

RÉPONSE AU TROISIÈME PASSAGE

Le troisième passage (ou argument) est tiré de Jean 21 : 15-17, où le Seigneur a demandé à trois reprises à Pierre s’il l’aimait, et Pierre a répondu à chaque fois : « Oui, Seigneur, je t’aime » ; ce à quoi le Seigneur répondit, à trois reprises : « Pais mes agneaux » ; « Veille sur mes brebis », etc.

Quelques-uns parmi les papistes, afin de maintenir la suprématie de Pierre et, par conséquent, celle des papes de Rome, ont tellement déformé ces paroles, qu’un certain auteur célèbre parmi eux n’a pas hésité à écrire, que Pierre est ici nommé chef, gardien et pasteur, non seulement de l’Église, mais aussi des apôtres eux-mêmes. Bellarm. lib. 1. de Rom. Pont. cap. 14 & 15. 16. Second S. Velt. etc.

Mais, en cela ils font violence au texte, puisque divers arguments tirés des saintes Écritures renversent cette opinion. Car, en premier lieu, il est certain qu’à cette époque, Pierre s’était grandement et gravement égaré, plus qu’aucun des autres apôtres ; puisque, malgré l’avertissement et contrairement à sa promesse solennelle, il avait si infidèlement renié, oui, entièrement abandonné, le Seigneur ; par conséquent, il n’y a aucune probabilité que le Seigneur l’ait exalté au-dessus de tous les autres et l’ait nommé leur chef ; ce qui serait tout à fait incompatible avec la justice de Christ et la nature de l’affaire.

En deuxième lieu, cela ne s’accorderait pas avec ce que le Seigneur avait enseigné à ses apôtres en général, en une occasion précédente, alors qu’une contestation s’était élevée parmi eux, pour savoir lequel d’entre eux, après son départ, devait être le plus grand, il dit : « Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Lc 22:25-26). Et encore : « Ne vous faites pas appeler Rabbi (Maître) ; car un seul est votre Maître, le Christ » (Mt 23:8, 10).

En troisième lieu, si nous examinons l’argument proposé, nous trouverons, que ni la triple question du Seigneur : M’aimes-tu ? ni Sa triple injonction : « Pais mes agneaux et mes brebis, ou veille sur eux », ne s’adressait à Pierre plus qu’aux autres apôtres.

En effet, quant à la question : « M’aimes-tu ? », qu’est-ce que cela signifie de plus que le fait que Pierre doive s’examiner lui-même pour savoir s’il aimait Christ ? Fort bien. Alors, qu’est-ce que Pierre avait de plus que n’importe quel autre apôtre ? ou encore Paul, par la suite ? qui a dit : « Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8:38-39). Et encore : « L’amour de Christ nous presse », etc. (2 Co 5:14). Oui, tout chrétien en particulier, et tous en général, sont liés à cet amour, lequel est si nécessaire, qu’il est écrit : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha » (1 Co 16:22).

Concernant l’injonction, Veille, ou pais, mes agneaux et mes brebis, ceci est également enjoint à tous les vrais docteurs. « Prenez donc garde » dit Paul aux anciens de l’église d’Éphèse, « à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20:28).

Pierre, d’ailleurs, à cet égard, ne s’est pas placé au-dessus, mais parmi ses compagnons ministres, lorsqu’il les exhorte en disant : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ… Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde », etc. (1 P 5:1-2).

Ceci est encore confirmé par le fait que le Seigneur n’a pas commandé à Pierre seulement, mais à tous les apôtres en général, d’aller par tout le monde, de prêcher et de baptiser les croyants (Mt 28:18-20 ; Mc 16:15-16).

Il leur dit encore à tous : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1:8).

Il s’ensuit donc, qu’en matière de veiller et de paître les brebis de Christ, c’est-à-dire, en prêchant le saint Évangile et en prenant soin de l’Église de Christ, Pierre ne possédait pas plus d’autorité, de puissance et de distinction que les autres apôtres et docteurs apostoliques.

Il reste maintenant à donner une solution, pourquoi le Seigneur a demandé à trois reprises à Pierre seul, et à aucun des autres, s’il l’aimait, et lui a commandé à trois reprises de paître ses brebis.

À cela nous répondons : puisque peu de temps auparavant, Pierre avait renié trois fois le Seigneur, ce n’était que justice qu’il confesse aussi trois fois qu’il aimait celui qu’il avait renié, et que, par conséquent, cette question devait lui être posée trois fois.

En outre, comme Pierre avait entièrement abandonné par son reniement, ou, du moins, était devenu totalement indigne de sa charge d’enseigner et de nourrir l’Église de Christ, aucun des autres apôtres ne l’aurait reconnu ou reçu dans cette charge, sous aucune considération que ce soit ; il était donc nécessaire que le Seigneur lui-même l’en charge ardemment, oui à trois reprises, afin que personne ne puisse douter de la dignité de sa personne (puisqu’il était maintenant converti) ou de la validité de sa charge.

D’où encore l’absurdité de ceux qui font dire à l’affaire en question plus que le Seigneur lui-même n’a fait : à savoir que Pierre par la présente n’a pas été réintégré dans sa charge, qu’il avait abandonnée ; mais qu’il a été nommé chef de toute l’Église, oui, même sur tous les autres apôtres, comme on peut le voir dans liv. 1. de Rom. Pont. cap. 11. Bellarm.

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L’ABSENCE DE FONDEMENT [DES ALLÉGATIONS] DE CEUX QUI SONT HABITUÉS À DÉDUIRE LA SUCCESSION ROMAINE DE PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CECI CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils déduiraient de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’Histoire des Saints Martyrs, concernant l’an 69 apr. J.-C. Aussi, Hégésippe, Hist. van de verstoring Jerusalem, lib. 3, cap. 2. Aussi, W. Band. Apopth. Christian, lib. 1. ex Hieron. de viris illustribus. Johan. Strac. in festo Johan. Evang, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé pour la première fois) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Euseb. Pamph. Chron. Eccl. de 1588 lib. 2. cap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres ; car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome, et, arrivé là-bas, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.


[i] « Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, » dit l’Éternel, « en disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » (Jr 7:4)

[ii] « C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes ; et c’est par elle qu’il parle encore, quoique mort » (Hé 11:4).

[iii] Et il (André) le conduisit (Simon Pierre) vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas ce qui signifie Pierre (Jn 1:42).

[iv] Il l’a fait monter sur les hauteurs du pays, Et Israël a mangé les fruits des champs ; Il lui a fait sucer le miel du rocher [Sela], et l’huile du rocher le plus dur [Tsur] (Dt 32:13).

[v] « La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau » (Ap 21:14). En premier lieu il est incertain (même s’il est admis que, par cette description de la ville de Dieu, nous devons comprendre l’Église de Dieu) c’est l’Église de Dieu telle qu’elle est ici sur terre qui est signifiée, ou l’Église de Dieu glorifiée, telle qu’elle sera ensuite dans le ciel : car seule la première, et non la seconde, doit être considérée ici. En second lieu, il est certain que le nom de « pierre de fondement » est attribué ici non pas à Pierre seul, mais à tous les douze apôtres ; c’est pourquoi il n’est pas plus un fondement que l’un des autres.

[vi] « Jacques, Céphas [ou Pierre] et Jean, qui sont regardés comme des colonnes », etc. (Ga 2:9). Ici, Jacques est mentionné avant Céphas (ou Pierre). Et encore, Jean et Jacques sont appelés colonnes tout comme Céphas (ou Pierre), afin de montrer que la dignité ou le ministère de l’un n’était pas supérieur à celui de l’autre, et que sans distinction, ils étaient tous égaux en cela.

Les martyrs de l’an 1022 à Orléans

[Texte tiré des pages 268 à 270 du Miroir des martyrs en néerlandais, ou 265 à 267 du Miroir des martyrs en anglais]

QUATORZE PERSONNES, DONT LE PLUS ÉMINENT S’APPELAIT ÉTIENNE, BRÛLÉES COMME HÉRÉTIQUES À CAUSE DU TÉMOIGNAGE DE LA VÉRITÉ, PAR LES PAPISTES, À ORLÉANS EN FRANCE, VERS LA FIN DE L’AN 1022 apr. J.-C.

En l’an 1022 apr. J.-C., vers la fin de l’année, semble-t-il, ou, au plus tard, en l’an 1023 apr. J.-C., des personnes furent arrêtées et brûlées publiquement en France, en présence du roi Robert II Le Pieux, pour cause d’hérésie (selon les papistes) ; quatorze personnes, dont les unes étaient des gens ordinaires, tandis que les autres étaient d’origine noble[1], et dont le plus éminent s’appelait Étienne. Elles étaient accusées d’avoir parlé en mal de Dieu et des saints sacrements, c’est-à-dire du saint baptême (à savoir du baptême des nourrissons, car c’était ce que pratiquaient généralement les papistes et au sujet duquel les disputes étaient fréquentes), et du corps et du sang du Seigneur (c’est-à-dire le sacrement de l’autel, que les romanistes avaient coutume d’appeler le corps et le sang du Seigneur) ; aussi du mariage, etc.

« Cela apparaît, dit l’écrivain, avoir été la première exécution (à savoir par le bûcher) de personnes accusées d’hérésie dans l’Église romaine. » En poursuivant, il dit : « Dans un vieux livre, nous trouvons un récit selon lequel cette hérésie fut apportée dans ce pays depuis l’autre côté de la mer, c’est-à-dire depuis la Bulgarie, et que de là elle se répandit dans d’autres provinces, où elle fut par la suite très en vogue, principalement dans le Languedoc, autour de Toulouse et en Gascogne. »

Il y déclare aussi que les gens qui maintenaient cette doctrine étaient appelés albigeois, et aussi bougres, parce qu’ils venaient de Bulgarie. Nicolas Vignier, Recueil de l’Histoire de l’Église, pour l’an 1022 apr. J.-C., ex Glabro et Massonius in Annalibus, et alio Antiquo Authore, comparé à Abr. Mell., fol. 381, col. 2, et fol. 436, col. 1.

Quant aux accusations portées contre les quatorze personnes citées plus haut, elles étaient, tel que rapporté : Qu’ils avaient parlé contre l’article concernant Dieu ; contre les saints sacrements, le baptême et le sacrement de l’autel ; contre le mariage, etc. ; en raison desquelles leur fut infligée une mort par le feu très cruelle, épouvantable et misérable.

Mais ce qu’ils croyaient et maintenaient à propos desdits points, conformément au récit d’écrivains impartiaux, sera amplement expliqué par la suite, dans la Confession des albigeois et des vaudois, qui tenaient la même croyance ; puisque ces personnes sont tenues pour avoir été les premiers-nés de ceux qui maintenaient la doctrine des albigeois (bien avant leur essor général). Voir les auteurs cités ci-dessus, surtout le dernier.

Alors on verra qu’ils ne croyaient et ne parlaient que ce que nous croyons et disons aujourd’hui ; aussi, en ce qui concerne le baptême, qu’ils baptisaient les croyants et s’opposaient au baptême des nourrissons ; et, touchant la Cène, qu’ils l’observaient conformément à l’institution de Christ, mais rejetaient la messe et la transsubstantiation ; encore, qu’ils étaient opposés à la vengeance, au serment, à la confession auriculaire, à l’invocation des saints défunts, au purgatoire, etc.

14 personnes brûlées pour hérésie à Orléans en l’an 1022, Jan Luyken, p. 266 du Miroir anglais.

PLUS D’OBSERVATIONS CONCERNANT LESDITS QUATORZE MARTYRS, SELON LES RÉCITS DE DIVERS ÉCRIVAINS PAPISTES ET AUTRES, NOTÉES DANS LE DEUXIÈME LIVRE D’A. MELLINUS SUR LES PERSÉCUTIONS, FOL. 437, COL. 3, 4

« Robert d’Auxerre déclare desdits martyrs d’Orléans qu’ils étaient parmi les meilleurs ou les plus éminents laïcs d’Orléans, et que pour cette raison, un concile y fut convoqué contre eux, dans lequel ils furent unanimement jugés et condamnés au bûcher comme hérétiques ; et qu’ils furent ainsi brûlés vifs. »

Ce témoignage est confirmé par Jean de Ripoll, moine à Fleury, qui donne un récit un peu plus complet de l’affaire, dans sa lettre à Oliba ou Olivarius, abbé de l’église d’Ausone, en disant : « En attendant, je vais t’informer de cette hérésie (ainsi appelle-t-il la vraie foi de ce peuple), qui se manifesta le jour des Saints Innocents [le 28 décembre] dans la cité d’Orléans ; car, si tu en as entendu parler, c’est la vérité. Le roi Robert fit brûler vifs quatorze des laïcs les plus remarquables ou les plus noblement nés de ladite ville ; qui, (Oh ! quel grand mensonge !) abominables devant Dieu et haïs du ciel et de la terre, ont totalement nié la grâce du saint baptême (il veut dire le baptême des nourrissons, car alors la grâce du salut était promise aux enfants, ce que ces hommes niaient) ainsi que la consécration du corps et du sang du Seigneur, et niaient que quiconque puisse ainsi obtenir la rémission des péchés, après avoir commis un crime. » Masson Annal. Franc., lib. 3, dans Hugo et Robert.

Raoul Glaber (dans Hist. Gall., lib. 3, cap. 8), donne un récit beaucoup plus circonstancié de ces martyrs, rapportant non seulement comment cette (prétendue) hérésie fut découverte, mais aussi comment elle fut amenée à Orléans et propagée ; ce dont nous passons outre, pour être brefs.

Il mentionne nommément, entre autres, deux de ces personnages, à savoir Héribert et Lisoie, qui furent très estimés et aimés du roi et des seigneurs du royaume, tant que leur condition n’était pas connue. Glaber rapporte en outre comment ils ont été découverts. À Rouen, ils cherchèrent à rallier un certain prêtre à leur croyance, par l’intermédiaire de quelques-uns qu’ils avaient probablement envoyés expressément à ce prêtre, pour lui exposer le mystère de leur doctrine, et qui s’efforcèrent de le persuader en disant que très bientôt tout le peuple se rallierait à eux.

Lorsque le prêtre comprit cela, il se rendit immédiatement chez Richard, le comte de cette ville, et lui raconta toute l’affaire. Ce dernier envoya aussitôt des lettres par messagers express au roi, l’informant de cette peste secrète (ainsi appelle-t-il la vraie foi). Le roi Robert, très affligé de cela, convoqua sans tarder un concile de nombreux évêques, abbés et autres religieux (c’est ainsi qu’il appelle ce conseil assoiffé de sang), et, par son intermédiaire, fit faire des enquêtes très strictes, tant sur les auteurs et les adhérents de ladite hérésie. Lorsque l’enquête fut faite parmi les laïcs sur ce qu’étaient les croyances et la foi de chacun, lesdits Héribert et Lisoie se sont immédiatement découverts, qu’ils différaient dans leur croyance de l’Église romaine, et ensuite d’autres déclarèrent également qu’ils adhéraient à Héribert et Lisoie, et qu’ils ne pouvaient en aucun cas être détournés de leur foi. Étant interrogés de plus près pour savoir d’où et par qui cette présomption avait pris naissance, ils donnèrent cette réponse : « C’est ce que vous avez longtemps appelé une secte, que vous reconnaissez maintenant, bien que tardivement. Mais nous avons attendu depuis longtemps que vous, ainsi que tous les autres, quelle que soit la loi ou l’ordre, puissiez venir et vous unir à cette secte ; ce qui, nous le croyons aussi, aura encore lieu ».

Ils présentèrent alors immédiatement leur croyance, sans doute à la manière des albigeois et des vaudois, comme cela sera démontré plus loin.

Lorsque le roi et tous ceux qui étaient présents virent qu’ils ne pouvaient pas être détournés de leur croyance, il commanda qu’un très grand feu de bois soit allumé non loin de la ville, afin que peut-être, terrifiés par cela, ils puissent renoncer à leur croyance. Mais, au moment où ils allaient être conduits au feu, ils crièrent à haute voix, disant qu’ils le désiraient ardemment, et ils se livrèrent entre les mains de ceux qui devaient les attirer au feu. Ils furent livrés aux flammes, au nombre de treize, et tous ceux qui, par la suite, ont été reconnus être leurs adhérents furent mis à mort par le même moyen.

De même, dans les archives de l’église paroissiale d’Orléans, appelée église Saint-Maxime, la date est précisée à laquelle cela a eu lieu. Il y est déclaré que cela se produisit publiquement à Orléans, en l’an 1022 apr. J.-C., dans la vingt-huitième année du roi Robert II, lors de la cinquième intronisation, lorsque l’hérésiarque Étienne et ses compagnons furent condamnés à Orléans et brûlés.

Les citations ci-dessus sont tirées des écrits des papistes ; c’est pourquoi le lecteur est exhorté à juger charitablement à l’égard des accusations que ces adversaires invétérés ont si amèrement portées contre ces pieux témoins de Jésus-Christ.

NOTE. — Nous avons rapporté plus haut que ces quatorze martyrs ont été considérés, par les anciens, comme les premiers-nés des vaudois ; mais les papistes les appelaient hérétiques. Cependant, cela n’a rien d’étonnant ; car, au fil du temps, ils prirent l’habitude d’appeler les hérétiques et les vaudois du même nom. Nous en présenterons quelques exemples. Le prêtre Reinerius a écrit un livre qu’il a intitulé Summa contra Haereticos, c’est-à-dire « Un résumé contre les Hérétiques. » Les jésuites donnèrent ensuite à ce livre le titre Contra Valdenses, ou « Contre les vaudois » ; comme si toutes les erreurs opposées dans ledit livre étaient particulières aux vaudois, ce qui est aussi faux que le mensonge lui-même. Comparez le livre de Reinerius avec Abraham Mellinus, 2e livre, fol. 437, col. 4.

Évrard de Béthune a donné à son livre le titre, Antihaeresis, ce qui équivaut à dire Antihérésie, etc. ; mais le jésuite Jacob Gretser, lorsqu’il publia ledit livre, l’intitula, Everhardus contra Valdenses ; comme si Évrard avait écrit uniquement contre les vaudois, alors que seule une infime partie milite contre eux. On cherchait néanmoins, par ce titre, à accuser les pauvres vaudois de toutes les hérésies mentionnées dans ce livre.

Par la suite, un certain Ermegard écrivit un livre contre les esprits grossièrement égarés qui soutenaient dans leur confession que le monde et toutes les choses visibles n’avaient pas été créés par Dieu, mais (Oh, quel horrible mensonge !) par Satan ; laquelle croyance est imputée, par la plupart des écrivains anciens, aux manichéens ; cependant, le dernier falsificateur mentionné, à savoir Gretser, n’a pas hésité à intituler une telle page dudit livre, Ermergard contre les vaudois ; alors que l’auteur réfutait spécialement les manichéens, avec lesquels les vaudois n’avaient rien en commun. Voir les auteurs et les livres mentionnés ci-dessus, ainsi que les commentaires de Balthasar Lydius sur les discussions desdites personnes. Il s’ensuit donc de ce qui précède qu’il ne doit pas paraître étrange au lecteur que les papistes appellent les vaudois orthodoxes, ou du moins ceux qui s’opposent à la doctrine romaine, ainsi que les prêtres et les moines, du nom odieux de manichéens ou hérétiques, comme c’était fréquemment le cas, et nous le démontrerons maintenant, en ce qui concerne des bons martyrs qui, par la méchanceté des papistes, furent pendus à Goslar.

Autre image trouvée en ligne concernant cet événement.

[1] Laïcs et nobles, etc. dit l’écrivain papiste.