On
enseigne aux chrétiens évangéliques d’aujourd’hui une doctrine de sécurité
éternelle, mais la plupart ne sont pas conscients du fondement douteux et de l’histoire
de cette doctrine. L’Église primitive ne croyait pas ainsi. Voici comment cela
a commencé. Si quelqu’un est en désaccord, je le prie de de m’en faire part
avec charité, car je ne suis pas à l’abri de l’erreur, mais d’aussi considérer
les paroles de Paul : « et si vous pensez autrement en quelque
chose, Dieu vous le révélera aussi. Cependant, au point où nous
sommes parvenus, marchons suivant la même règle, et ayons les mêmes sentiments. »
(Philippiens 3.15b-16)
En 312
apr. J.-C., Constantin affrontait un rival dont l’armée était deux fois plus
importante que la sienne. L’histoire raconte qu’à la veille de la bataille,
Constantin a eu une vision d’une croix lumineuse et qu’il aurait entendu « En
ce signe, tu vaincras ». Le lendemain, ses soldats se
battirent avec le signe de croix sur leurs boucliers et sur leurs étendards, et
Constantin mit son rival en déroute. Cela allait marquer la fin de l’Église
primitive, qui jusqu’à ce temps avait été persécutée de toutes parts et avait
préservé la saine doctrine (malgré que plusieurs hérésies aient déjà perverti
de nombreux chrétiens) parce qu’elle était un corps de croyants nés de nouveau
et guidés par le Saint-Esprit. Maintenant commençait une transition où les
chrétiens les plus faibles dans la foi et de nombreux païens allaient se
joindre sous la protection de Constantin pour former une religion d’État. Il
faut souligner que de nombreux écrits attestent que certains chrétiens ne se
joignirent jamais à cette Église d’État, malgré la persécution.
En 313,
Constantin publia l’édit de Milan, accordant la liberté de religion aux
chrétiens de son empire. En 317, il assura la médiation d’un différend entre l’Église
donatiste et l’Église romaine et publia un édit confisquant tous les biens
religieux des donatistes et destituant leurs chefs religieux. En 325, il
convoqua les dirigeants de l’Église romaine au Concile de Nicée pour établir
des normes doctrinales pour l’Église. À un moment donné l’empereur fit
promettre une toge et vingt pièces d’or à ceux qui se joindraient à son Église
d’État, ce qui attira 12 000 nouveaux fidèles en un an dans la seule ville
de Rome. Le paganisme paraissait vaincu, tandis qu’il était réellement
vainqueur : son esprit dirigeait à présent l’Église romaine. Des
populations entières qui, malgré leur abjuration, étaient païennes par leurs
mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passèrent sous les étendards chrétiens
avec leur bagage de croyances et de pratiques superstitieuses. Le christianisme
à Rome adopta et intégra une grande partie du système de l’ancien culte
impérial ainsi que ses fêtes qui prirent toutes des couleurs plus ou moins
chrétiennes
Constantin
a favorisé le christianisme parce qu’il y voyait un moyen d’apporter la
stabilité à l’Empire romain, donc il a veillé sur l’Église romaine pour la
guider dans la direction qu’il désirait. Il mourut en 337 après J.-C., se faisant
baptiser seulement sur son lit de mort, et l’Église catholique romaine, la
seule forme de christianisme permise sous Constantin, continua à établir son
autorité sur l’Empire, exigeant que tous les citoyens soient baptisés dans l’Église
dès l’enfance.
Cela
était contraire à la foi apostolique et exigeait qu’un homme de génie établisse
un fondement doctrinal pour justifier l’établissement d’une forme de
christianisme soumise à l’État. Cet homme était Augustin d’Hippone (dit saint
Augustin), qui vécut de 354 à 430 apr. J.-C.
Augustin fut le premier à parler d’une Église invisible, que les vrais
chrétiens sont un corps invisible connu seulement de Dieu, et que personne ne
peut savoir qui parmi les membres de l’Église visible sont de vrais chrétiens.
La
doctrine d’une guerre juste trouve aussi son origine dans Augustin, ainsi que
la doctrine selon laquelle l’Église a le droit de contraindre les gens sur son
territoire à être baptisés et de les empêcher de quitter l’Église par la force.
Tout cela est absolument contraire à la simplicité de l’Évangile de Jésus.
Il a été jugé nécessaire de développer une nouvelle doctrine sur les moyens par lesquels Jésus a obtenu le pardon des péchés de l’homme déchu. La doctrine biblique selon laquelle il était le second Adam, le Fils de Dieu du ciel et l’Agneau impeccable de Dieu dont le sacrifice expié pour nos péchés a été remplacée. Le nouvel enseignement était que Jésus était en partie le fils de Marie et en partie le Fils de Dieu et que c’était le fils de Marie qui était mort sur la croix, puis descendu en enfer et qu’il avait subi des tourments incroyables équivalents au châtiment éternel de tous ceux qui seraient sauvés. C’est à cette époque que l’expression « descendit aux enfers » fut ajoutée au Credo des Apôtres. La version du Credo des Apôtres trouvée dans le Miroir des Martyrs est la version originale, sans cette phrase. Ainsi, la doctrine de la persévérance des saints est basée sur la croyance que le Christ a déjà supporté le châtiment dû aux élus, de sorte qu’il n’y ait aucune chance qu’ils aient jamais à endurer la damnation.
Augustin
enseignait que Dieu avait prédestiné avant le commencement des temps ceux qui
devaient être sauvés et ceux qui devaient être perdus. Les élus furent alors
appelés par la grâce irrésistible, par laquelle ils ne pouvaient refuser l’appel
au salut. Et à ceux-là, Dieu a accordé la persévérance, la grâce de rester
sauvés tout au long de leur vie. Cette doctrine de la persévérance des saints,
provenant d’Augustin, est la base de la doctrine de la sécurité éternelle, ou « une
fois sauvé, toujours sauvé ».
Augustin
a aussi enseigné la virginité perpétuelle de Marie. C’est pourquoi de nombreux
commentateurs ont du mal à déclarer que Jacques, Jude, Simon et Joses étaient
les fils naturels de Joseph et de Marie et essaient de trouver d’autres
explications sur qui ils pourraient bien être.
Augustin
enseignait aussi que les sacrements sont un moyen de grâce, et qu’ils le sont même
si le prêtre qui les administre est un pécheur connu.
Jean
Calvin était un admirateur et adepte d’Augustin. Il s’est efforcé de réformer l’Église
romaine en mettant l’accent sur les doctrines enseignées pour la première fois
par Augustin. Les disciples de Calvin ne se trouvent pas seulement dans les Églises
réformées et presbytériennes, mais aussi dans les baptistes du Sud et dans d’autres
dénominations baptistes et évangéliques. La force de l’enseignement du
calvinisme varie selon les Églises, mais l’enseignement le plus simple est le
calvinisme en cinq points, parfois résumé sous l’acronyme TULIP en anglais
(CEEGP en français) :
– La
corruption totale (ou dépravation totale) : l’homme est si complètement
dépravé qu’il n’a pas la capacité de choisir d’être sauvé.
– L’élection
inconditionnelle (ou double prédestination) : le salut ne dépend pas de la
conduite de celui qui est sauvé.
– L’expiation
limitée (ou rédemption particulière) : Christ n’est mort que pour ceux qui
étaient prédestinés au salut.
– La
grâce irrésistible (ou grâce efficace) : l’homme n’a pas le pouvoir de
refuser l’appel au salut.
– La
persévérance des saints (ou sécurité éternelle) : ceux qui sont
prédestinés au salut ne peuvent jamais être perdus.
Beaucoup
de chrétiens sincères croient aujourd’hui qu’une personne qui a une fois donné
son cœur au Seigneur ne peut plus jamais se perdre. Si l’on aborde la Bible
avec une croyance prédéterminée qu’elle enseigne la sécurité éternelle
inconditionnelle des croyants, il est possible de choisir des versets pour
soutenir cette opinion, mais une telle interprétation n’est pas apparente si l’on
adopte une approche impartiale de la Bible dans son ensemble.
Les
partisans de ce point de vue sont contraints de se replier sur eux-mêmes lorsqu’ils
tentent d’expliquer des exemples réels de ceux qui ont mené une vie chrétienne
victorieuse pendant des années et qui ont ensuite fait des choix qui les ont
éloignés de Dieu. De telles personnes n’ont jamais vraiment été sauvées en
premier lieu, affirment-ils parfois. Si tel était le cas, sur quelle base
quelqu’un peut-il savoir qu’il est sauvé ? Il me semble que les gens qui
disent de telles choses ont choisi une doctrine d’insécurité éternelle. D’autres
disent en gros qu’on peut pécher autant qu’on veut une fois qu’on est sauvé, qu’on
souffrira des châtiments sur cette terre pour cela mais que Dieu ne peut pas
nous enlever le salut qu’il nous a donné une fois. C’est triste et ridicule, et
c’est en partie à cause de cette croyance que beaucoup de chrétiens ne se
soucient guère d’avoir une vie victorieuse sur le péché, rendant leur
témoignage risible pour les non-chrétiens qui les observent.
Lisons
quelques versets pour vois comment ces idées sont mensongères et que l’Esprit
puisse vous éclairer si vous n’êtes pas d’accord.
Ézéchiel 3.16-21 :
Fils de l’homme, je t’ai établi sentinelle sur la maison d’Israël; tu
écouteras la parole de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je
dirai au méchant: « Tu mourras! » si tu ne l’avertis pas, si tu ne lui
parles pas, pour avertir le méchant de se détourner de sa mauvaise voie, afin
de sauver sa vie, ce méchant-là mourra dans son iniquité; mais je redemanderai
son sang de ta main. Si, au contraire, tu avertis le méchant et qu’il ne se
détourne point de sa méchanceté ni de sa mauvaise voie, il mourra dans son
iniquité, mais toi tu sauveras ton âme. De même, si le juste se détourne de sa
justice, et fait le mal, je mettrai une pierre d’achoppement devant lui, et il
mourra. Et c’est parce que tu ne l’auras pas averti, qu’il mourra dans son
péché, et qu’il ne sera plus fait mention des choses justes qu’il avait faites;
mais je redemanderai son sang de ta main. Si, au contraire, tu avertis le juste
de ne pas pécher, et qu’il ne pèche pas, il vivra certainement, parce qu’il
s’est laissé avertir, et toi, tu sauveras ton âme.
Matthieu
13.20-22 : Et celui qui a reçu la semence dans des endroits pierreux,
c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie; Mais il
n’a point de racine en lui-même, il ne dure qu’un moment, et lorsque
l’affliction ou la persécution survient à cause de la parole, il se scandalise
aussitôt. Et celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui
entend la parole; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses
étouffent la parole, et elle devient infructueuse.
(remarquons
comment plusieurs ont reçu la Parole, mais pas tous ont persévéré)
Matthieu
10.22b : mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est
celui-là qui sera sauvé.
Romains
11.20b-23 : mais toi, tu subsistes par la foi; ne t’enorgueillis point,
mais crains. Car si Dieu n’a point épargné les rameaux naturels, prends garde
qu’il ne t’épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de
Dieu; sa sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés, mais sa bonté envers toi, si
tu persévères dans cette bonté; autrement, toi aussi tu seras retranché. Et
quant à eux, s’ils ne persévèrent pas dans l’incrédulité, ils seront entés; car
Dieu a le pouvoir de les enter de nouveau.
Matthieu
24.8-14 : Mais tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs. Alors
ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir; et vous
serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs se
scandaliseront et se trahiront les uns les autres, et se haïront les uns les
autres. Et plusieurs faux prophètes s’élèveront, et séduiront beaucoup de gens.
Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira.
Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Et cet évangile
du Royaume sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes
les nations; et alors la fin arrivera.
(remarquons
ici que plusieurs qui étaient du troupeau se scandaliseront et trahiront les
autres)
1 Jean
2.3-6 : Et par ceci nous savons que nous l’avons connu, savoir, si
nous gardons ses commandements. Celui qui dit: Je l’ai connu, et qui ne
garde point ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui.
Mais pour celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est véritablement
parfait en lui, et à cela nous connaissons que nous sommes en lui. Celui qui
dit qu’il demeure en lui, doit aussi marcher comme il a marché lui-même.
1
Corinthiens 9.24-27 : Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la
lice, courent tous, mais un seul remporte le prix? Courez de telle sorte que
vous le remportiez. Tout homme qui combat, s’abstient de tout; et ces gens-là
le font pour avoir une couronne corruptible, mais nous pour une incorruptible. Je
cours donc, non à l’aventure; je frappe, mais non pas en l’air; Mais je traite
durement mon corps, et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché
aux autres, je ne sois moi-même réprouvé.
Philippiens 2.12-16 : Ainsi,
mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, non seulement comme en ma
présence, mais plus encore maintenant en mon absence, travaillez à votre
salut avec crainte et tremblement; Car c’est Dieu qui produit en vous et le
vouloir et le faire selon son plaisir. Faites toutes choses sans murmures et
sans disputes; Afin que vous soyez sans reproche, sans tache, enfants de
Dieu, irrépréhensibles au milieu d’une génération dépravée et perverse, au sein
de laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, y portant la parole
de vie; En sorte qu’au jour de Christ, je puisse me glorifier de n’avoir point couru
en vain, ni travaillé en vain.
1 Timothée 1.18-20 : Mon fils
Timothée, ce que je te recommande, c’est que, conformément aux prophéties qui
ont été faites précédemment sur toi, tu combattes suivant elles le bon combat, En
gardant la foi et une bonne conscience; quelques-uns ayant perdu celle-ci, ont
fait naufrage quant à la foi; De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j’ai
livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne point blasphémer.
Hébreux 10.26,27 : Car si
nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il
ne reste plus de sacrifices pour les péchés, Mais une terrible
attente du jugement et un feu ardent, qui doit dévorer les adversaires.
2 Pierre 2.20-22 : En effet
si, après avoir fui les souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière
condition devient pire que la première. Car il leur eût mieux valu de n’avoir
point connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue,
du saint commandement qui leur avait été donné. Mais il leur est arrivé selon
ce proverbe vrai: Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie,
après avoir été lavée, s’est vautrée dans le bourbier.
1 Jean 5.16 : Si quelqu’un
voit son frère pécher d’un péché qui ne mène point à la mort, il priera, et
Dieu lui accordera la vie de ceux qui ne commettent pas un péché qui mène à la
mort. Il est un péché qui mène à la mort; je ne dis pas de prier pour ce
péché-là.
Je pourrais ajouter des versets, mais
je crois que si ceci ne parle pas de soi-même, il ne servirait à rien de
continuer.
Si ceci éclaire quelqu’un que la
gloire soit rendue à Dieu seul.
Hugues Andries
Autres sources : Bible Ostervald, Flatlanderfaith.com (en anglais)
Je vous invite aussi à lire: Le salut peut être perdu
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