POURQUOI IL EST IMPOSSIBLE QUE PIERRE AIT ÉTÉ LE PREMIER ÉVÊQUE À ROME (ET ENCORE MOINS PAPE)

[Traduction des pages 25-30 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.

————————————

DIVERSES RAISONS, TIRÉES DES SAINTES ÉCRITURES, MONTRANT QUE PIERRE N’ÉTAIT PAS À ROME PENDANT LE TEMPS QUE PAUL Y ÉTAIT, SAUF (COMME CELA A ÉTÉ EXPLIQUÉ CI-DESSUS) À LA FIN DE SA VIE

Dans cette démonstration, nous renoncerons à la méthode employée par Sébastien Franck, Jean Gysius et d’autres, qui ont écrit syllogistiquement sur ce sujet, et nous nous en limiterons uniquement au témoignage formel (ou, du moins, à ses simples déductions), de l’Écriture Sainte, sur laquelle nous nous proposons de fonder notre argumentation.

Raison. — Premier argument. — Lorsque Paul approchait de la ville de Rome, où il devait comparaître devant César, les frères1 sortirent de la ville pour le rencontrer, jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois Tavernes, et Paul, en les voyant, prit courage. Ac 28:15 : Mais parmi eux, Pierre n’est pas mentionné une seule fois, ce qui aurait assurément été le cas s’il avait été avec eux et avait occupé le siège épiscopal à cet endroit, comme certains le prétendent.

Deuxième argument. — Quand il arriva que Paul eut à rendre compte pour la première fois devant l’empereur, il fut abandonné de tous, et personne ne l’assista, de sorte qu’il s’en plaignit à Timothée (2 Tm 4:16). Or, si Pierre avait été à Rome, il n’aurait certainement pas abandonné Paul, qu’il avait l’habitude d’appeler son frère bien-aimé (2 P 3:15), mais il l’aurait soutenu avec des conseils et une réelle assistance, selon ses capacités. Cela, cependant, ne s’est pas produit, ce qui montre clairement qu’il n’était pas là à cette époque ; à moins que quelqu’un puisse conclure, que lui, qui avait auparavant abandonné son Seigneur et Sauveur (ce qui était une affaire de grande importance), aurait probablement aussi abandonné Paul, qui était inférieur.

On peut répondre à cela que Pierre, au moment où il abandonna Christ, n’était pas rempli du don du Saint-Esprit, qui ne fut déversé sur les apôtres qu’après l’ascension de Christ (Ac 2:1-3) ; il pouvait donc facilement chuter ; mais maintenant, étant rempli du Saint-Esprit2, il en était tout autrement, à tel point que lui et ses compagnons apôtres ne craignaient aucune souffrance, pas même la mort elle-même. Comparez Ac 4:19-21 avec Ac 5:40-42 et Ac 12 : 3-4. Voir aussi 1 P 3:14 et 1 P 4:16.

De plus, dans la plainte de Paul à Timothée, il ne mentionne aucunement que Pierre l’ait abandonné, ce qui, si cela s’était produit, n’aurait certainement pas été passé sous silence, comme ce serait une affaire notable, d’autant plus qu’il mentionne par leur nom certains de ceux qui l’ont abandonné, comme Démas, Alexandre le forgeron, etc.

Troisième argument. — Lorsque Paul était enfermé en prison à Rome et enchaîné, il rendit hommage à Onésiphore, parce qu’il lui avait rendu visite et qu’il n’avait pas eu honte de sa chaîne, sans rien mentionner des autres, en disant : « Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes » (2 Tm 1:16).

Mais pourquoi ne rend-il pas hommage à Pierre de lui avoir rendu visite dans ses liens ? ou, si Pierre était là et ne l’a pas fait, mais avait honte de sa chaîne, pourquoi ne se plaint-il pas, qu’un si grand homme, qui aurait dû être un chef pour les autres, ait été si négligent à cet égard ?

Si Pierre avait été dans la ville à cette époque, qu’il lui eut rendu visite ou non en prison, Paul n’aurait assurément pas gardé un silence total à son sujet, soit pour l’en louer, soit pour s’en plaindre.

Quatrième argument. — Lorsque plusieurs s’étaient éloignés de Paul, pendant qu’il était en prison, il fit mention d’un homme qui était resté près de lui ou avec lui, à savoir dans la ville de Rome. Il l’appelle Luc et dit : Luc seul est avec (ou près de) moi (2 Tm 4:11). Il s’ensuit qu’au moment où Paul écrivait ceci, Pierre n’était pas à Rome, sinon il n’y aurait pas eu que Luc avec lui.

Cinquième argument. — Juste après les paroles mentionnées ci-dessus, Paul demande à Timothée d’amener Marc avec lui lorsqu’il viendrait vers lui, car il lui serait très utile pour son ministère, en disant : Prends Marc, et amène-le avec toi (quand tu viendras) ; car il m’est utile pour le ministère (2 Tm 4:11).

Or, si Pierre était à Rome à ce moment, pourquoi Paul était-il obligé d’envoyer chercher Marc pour le ministère ? Ou encore, s’il n’était pas loin, pourquoi n’a-t-il pas envoyé chercher Pierre ? Certainement, s’il l’avait envoyé chercher, celui-ci n’aurait pas refusé de venir, à moins qu’il n’en ait été empêché par une cause importante : et on pourrait alors conclure que Pierre était là depuis un temps considérable, puisque, comme nous le constaterons, ils moururent tous deux assez longtemps après.

Mais il n’apparaît pas que Paul l’ait envoyé chercher, d’où on ne peut conclure qu’il soit venu en réponse à sa convocation. Et même s’il était venu à ce moment, son séjour là n’aurait pas pu durer plusieurs années, encore moins vingt-cinq ans, comme le disent les papistes, puisque la mort l’a rattrapé, ainsi que Paul, comme il est indiqué à sa juste place. Cependant, l’ajout de toute cette argumentation est inutile et superflu.

Sixième argument. — Paul a écrit plusieurs épîtres aux croyants depuis sa prison à Rome : aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Timothée, à Philémon, etc. Il y insère diverses salutations de la part des croyants de l’Église à Rome, tout comme il fait parfois mention de ses compagnons d’œuvre au début de celles-ci ; mais il ne mentionne jamais Pierre. En voici des exemples.

Au début de l’épître aux Philippiens, il écrit ces mots : « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ ». Or, pourquoi n’ajoute-t-il pas ici : et Simon Pierre ?

Presque de la même manière, il commence l’épître aux Colossiens, en disant : « Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée. » Pourquoi n’ajoute-t-il pas : et Pierre, l’apôtre en chef ? 

En concluant ces épîtres, il ajoute les salutations des saints qui étaient avec lui. Aux Philippiens, il écrit : « Tous les saints vous saluent, et principalement ceux de la maison de César » (Ph 4:21-22). Aux Colossiens il adresse ces paroles : « Épaphras, qui est des vôtres, vous salue : un serviteur de Christ » (Col 4:12). Aussi : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (v. 14).

Pierre n’est pas du tout mentionné ici, ce qui, s’il avait été là, aurait certainement été tout à fait nécessaire.

Il a suivi cette même pratique dans toutes les autres épîtres qu’il a écrites depuis Rome. Il dit à Timothée : « Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères te saluent » (2 Tm 4:21).

À Philémon : « Épaphras… te salue, ainsi que Marc, Aristarque… » (Phm 1:23-24).

Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, mais tout cela se résume ainsi : que ce serait une chose étrange si Pierre était à Rome lorsque Paul a écrit ses épîtres depuis la prison romaine, que ce dernier n’ait jamais mentionné dans ces épîtres une salutation de Pierre (ce que, comme indiqué, il n’a pas fait) ; voyant qu’il mentionne les salutations de différents chefs et membres de l’Église romaine, qu’il appelle par leur nom ; il est donc tout à fait raisonnable de conclure que Pierre n’était pas là à cette époque.

NOTE : Outre les six arguments mentionnés, prouvant que pendant le temps où Paul était emprisonné sous Néron, Pierre n’était pas à Rome, selon le témoignage des Saintes Écritures, il s’ensuit diverses circonstances montrant (par la même autorité des Saintes Écritures), que même pendant le temps où Paul était sorti de prison, Pierre ne se trouvait pas dans cette ville.

Première circonstance. — Ici nous devons considérer pourquoi Paul a écrit une épître à l’Église de Rome (épître qui existe encore), tant pour confirmer la foi chrétienne que pour stimuler les vertus morales, si Pierre était là à cette époque et avait la charge de ladite Église ? ou, si pour des raisons importantes il était nécessaire qu’il leur écrive, pourquoi n’a-t-il pas envoyé cette épître à Pierre, leur chef, comme il l’a fait à Timothée, le docteur de l’Église d’Éphèse, et à Tite, le docteur de l’Église de l’île de Crète ?

Ou, du moins, si nous regardons le contenu de cette épître, nous pouvons très bien considérer, pourquoi il ne lui a pas adressé une salutation, ou ne l’a pas mentionné une seule fois par son nom ? voyant qu’il a rempli presque un chapitre entier avec les noms de ceux qu’il salue à Rome : comme Aquilas et sa femme Prisca (ou Priscille), Épaïnète et Marie, ainsi qu’Andronic, Junias, Amplias, Urbain, Apellès, Hérodion, ceux de la maison de Narcisse (les femmes), Tryphène et Tryphose, Perside, Rufus, Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Philologue, Nérée, etc., tout au long de Romains 16, sans faire aucune mention de la personne ou du nom de Pierre ; d’où on peut conclure à nouveau pour de bonnes raisons ce qui a été conclu précédemment à partir du récit des salutations que Paul a écrites alors qu’il était en prison à Rome, à savoir que Pierre n’était pas dans cette ville à ce moment-là.

Deuxième circonstance. — Lorsqu’il arriva ensuite que Paul, après avoir parcouru l’Arabie et le pays de Damas, revint au bout de trois ans, avec un désir particulier de voir Pierre ; il ne le chercha pas à Rome, mais à Jérusalem ; où, lorsqu’il l’eut trouvé, il demeura quinze jours chez lui : puis il repartit dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie (Ga 1:17-21).

Troisième circonstance. — Lorsque quatorze années supplémentaires se furent écoulées, à savoir celles passées par Paul dans son voyage en Syrie et en Cilicie, où se trouvait Pierre ? Certainement pas à Rome, mais à Antioche ; car là Paul s’approcha de lui et le réprimanda, parce qu’il avait mangé avec les païens en présence des juifs3. Comparez Ga 2:1 avec les versets 11 et 12.

Quatrième circonstance. — Quand certains vinrent de la Judée, et troublèrent les frères, disant que, s’ils n’étaient pas circoncis selon le rite de Moïse, ils ne pouvaient être sauvés, Paul, Barnabas et d’autres hommes pieux furent envoyés vers les apôtres et les anciens, pour les consulter sur l’affaire, Pierre, ainsi que les autres personnes auxquelles ils avaient été envoyés, se trouvait à Jérusalem (Ac 15:1-7).

Cinquième circonstance. — En Galates 2:7, nous lisons que les incirconcis (c’est-à-dire les païens) furent confiés à Paul et les circoncis (c’est-à-dire les juifs ou la nation juive) à Pierre, et, au verset 9, que Pierre (appelé alors Céphas) avec Jacques et Jean donnèrent la main d’association à Paul et à Barnabas, et convinrent que ces derniers devraient aller vers les païens, et eux vers les circoncis (les juifs) pour leur prêcher l’Évangile.

Il est donc établi que Pierre était à proprement parler un apôtre des juifs (après que cet accord ait été conclu) et non des païens. Mais s’il avait enseigné parmi les Romains, qui étaient païens par nature, il aurait largement outrepassé son engagement et sa promesse, ce qu’on ne doit certainement pas supposer d’un homme aussi grand et éminent que l’était Pierre à ce moment-là.

Sixième circonstance. — Des deux épîtres de Pierre, et en particulier des paroles en 1 P 1:1, il apparaît évident qu’il a prêché aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie (c’est-à-dire à ceux des douze tribus d’Israël qui y étaient dispersés) conformément à l’affirmation de Jacques (chap. 1:1). Comme ces contrées sont parfois éloignées les unes des autres, certaines sont distantes de quelques centaines de lieues4, il aurait fallu plusieurs années pour les parcourir et y prêcher. Il est clair que pendant ce temps-là, Pierre ne pouvait se trouver simultanément là-bas et à Rome ; ce qui est incontestable.

Septième circonstance. —À la fin de la première épître de Pierre, à savoir 1 P 5:13, nous lisons : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue… »

Comment Pierre pouvait-il envoyer une salutation de la part de l’Église de Babylone, s’il n’était pas avec elle à Babylone à ce moment-là ? Mais s’il était à Babylone, il n’était pas à Rome, à moins qu’il n’ait eu deux corps, ce dont nous ne lisons rien, et que nous n’avons aucune raison de croire.

Huitième circonstance. — Ceux qui soutiennent que Pierre était évêque à Rome ne font aucune distinction entre les mots apôtre, ou messager, et évêque, ou surveillant ; pourtant il y a toujours eu une différence marquée entre la charge d’apôtre et celle d’évêque.

La charge d’un apôtre était de voyager d’un pays à l’autre, oui, même à travers le monde entier, et de prêcher l’Évangile à ceux qui ne l’avaient pas encore entendu. Il n’était donc pas lié à un lieu ou à une Église en particulier, comme cela ressort de Mt 28:19 ; Mc 16:15.

D’autre part, la charge d’un évêque ou d’un surveillant était de veiller, de prendre soin, de paître et de gouverner, comme un berger son troupeau, une Église particulière à laquelle l’Évangile avait déjà été prêché et qui avait accepté la foi et le symbole du saint baptême. Comparez Ac 20:28 avec 1 Tm 3:1-5 ; Tt 1:5-7.

Or, c’est un fait que, à proprement parler, ce n’est pas cette dernière charge, mais la première qui a été enjointe à Pierre, car il se donne le premier nom mentionné : apôtre (voir 1 P 1:1 et 2 P 1:1) ; c’est dans ce but que Christ Lui-même l’avait choisi (Lc 6:13-14) et envoyé, comme cela peut se voir clairement dans le dernier chapitre de Matthieu et de Marc.

Comment se fait-il alors que Pierre ait siégé comme évêque de l’Église à Rome ? Qui plus est, pendant un nombre considérable d’années ! À moins qu’il ne soit dit que Pierre ait abandonné sa charge, et ait accepté une autre fonction et un autre ministère que celui auquel il avait été appelé ; ce qu’il serait difficile de prouver, puisque rien n’est mentionné à ce sujet dans les Écritures Saintes.

Remarques complémentaires sur les circonstances précédentes

Si l’on devait se tenir uniquement au témoignage des saintes Écritures, n’acceptant rien d’autre comme digne de foi, il ne pourrait en aucun cas être démontré que Pierre ait été à Rome ; mais, puisque les saintes Écritures ne rapportent pas tout ce qui s’est passé, le témoignage de certains auteurs reconnus de cette époque peut être accepté comme crédible, pourvu que leur témoignage ne contredise pas ce qui est exprimé dans les saintes Écritures.

Nous avons démontré, d’après les écrits apostoliques, que pendant le temps où Paul écrivait ses épîtres dans la prison de Rome, et aussi pendant toute la période où il (Pierre) prêchait dans les pays étrangers, Pierre n’était pas à Rome, mais à Jérusalem, à Antioche, dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, et dans d’autres lieux où les juifs étaient dispersés. C’est ce que nous avons clairement démontré, d’abord par six arguments, puis par huit circonstances tirées des saintes Écritures. Mais quant à l’endroit où se trouvait Pierre, ou comment il est mort, après que Paul eut écrit sa dernière épître depuis Rome, les Écritures n’en disent rien.

C’est pourquoi le témoignage de ces auteurs que nous venons de citer ne peut pas bien être contredit. Ils soutiennent que Pierre est venu à Rome peu avant sa mort et qu’il y a donné sa vie pour la doctrine de la vérité évangélique ; sans rien y mentionner de son épiscopat, et encore moins de sa papauté. 

—————————

DISCORDANCE ENTRE AUTEURS PAPISTES. 1. LA QUESTION DE SAVOIR SI PIERRE ÉTAIT À ROME.

2. COMBIEN DE TEMPS IL Y A ÉTÉ ÉVÊQUE. 3. QUI LUI A SUCCÉDÉ

Le principe commun des papistes est que Pierre siégeait comme évêque principal à Rome. Cependant, les auteurs qu’ils citent à cet effet diffèrent grandement. En effet, en ce qui concerne son arrivée dans cette ville, certains la fixent à l’an 41 ; d’autres au début du règne de l’empereur Claude ; quelques-uns à la deuxième année de ce même Claude ; d’autres à la quatrième année ; d’autres encore au début du règne de Néron ; et enfin, d’autres à la quatorzième année après la conversion de Paul, etc., comme cela est noté dans les écrits d’Irénée, Orose, Damase, Hornantius, Thomas d’Aquin, les Vies des Saints, etc.

Concernant la durée de son mandat d’évêque, il n’y a pas moins de désaccords, tout comme sur la durée de son absence de son évêché pour séjourner dans d’autres lieux. Cortésius parle de dix-huit ans, Panvinio de sept ans, Bellarmin de cinq ans ; mais l’opinion générale parmi eux est qu’il a siégé vingt-cinq ans sur la chaire gouvernant leur Église ; même si certains s’y opposent catégoriquement. Voir les trois derniers auteurs mentionnés.

En ce qui concerne celui qui lui succéda dans son évêché, il existe beaucoup de confusion et d’incertitude parmi les auteurs.

Certains écrivent que Clément succéda à Pierre, comme le rapporte Tertullien ; d’autres, que Lin lui succéda, comme le disent Irénée, Eusèbe, Épiphane, etc. Tertullien, De Praescriptione Haereticorum, 32 ; Jérôme de Stridon, Contra Jovinianum.

D’autres encore affirment que Lin reprit la charge de Pierre deux ans avant la mort de ce dernier, comme le mentionne Damase, etc.

D’autres, que Pierre ordonna que Clément lui succède après la mort de Lin. In Pontific. Petr., etc. ; Clem. in Epistolam ad Jacobum, etc.

Certains écrivent aussi que la chaire de Pierre demeura vacante du vivant de Lin et de Clet, car Clément, ordonné par Pierre pour être son successeur, ne voulait pas l’occuper de leur vivant, selon leurs dires, ce dont témoigne Bellarmin.

D’autres disent que Lin occupa la chaire onze ans après la mort de Pierre (voir Eusèbe) ; d’autres encore, que Lin mourut avant Pierre et par conséquent ne fut pas son successeur dans la charge épiscopale (voir Torres, Sophrone, etc.).

Certains ajoutent qu’Anaclet succéda à Pierre et Clément à Anaclet. Jean Chrysostome, Homilia de Agone Petri et Pauli ; In Chronicum ; In Anno Clementis.

Enfin, d’autres affirment que Pierre et Lin furent évêques simultanément à Rome, le premier occupant le siège supérieur et le second le siège inférieur. Rufin d’Aquilée, Sabellicus et Torres, In vita Petri.


  1. Il n’est pas mentionné dans le texte par lequel des autres apôtres ces frères de Rome furent convertis ; mais il se peut qu’ils se soient convertis le jour de la Pentecôte à Jérusalem, car à cette époque des étrangers de Rome s’y trouvaient (Ac 2:10). ↩︎
  2. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité (Jn 16:13). ↩︎
  3. Il semble manquer la fin du raisonnement ici, comme on peut le constater en lisant les versets 11 à 14. Paul a effectivement réprimandé Pierre. Cependant, cela ne semble pas être pour le fait d’avoir mangé avec des païens en soi, mais pour son hypocrisie : il mangeait avec les païens lorsqu’il n’y avait pas de circoncis dans l’assemblée, mais lorsque des judaïsants vinrent à Antioche, il s’esquiva, et chercha même à judaïser les païens lui-même. — NDLT ↩︎
  4. « honderten meer mijlen » dans l’original. Il s’agit probablement de milles d’Allemagne (environ deux lieues de France, ou 7,5 km) — NDLT ↩︎

La fausse succession de l’Église catholique romaine, qui prétend que Pierre fut évêque à Rome. [Miroir des Martyrs de 1660]

DE LA MAUVAISE SUCCESSION DE L’ÉGLISE ROMAINE, CONSISTANT UNIQUEMENT 

DANS LA SUCCESSION DES PERSONNES, ET NON DE LA DOCTRINE

[Traduction des pages 20-25 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

C’est ici qu’il faut considérer la grande erreur des romanistes, lorsque, sans tenir compte de la véritable continuité de la doctrine, ils s’appuient sur la succession des personnes et exhibent ceux qui, soit depuis le commencement du monde, soit depuis l’époque des apôtres, ont continué à exister, comme ils le prétendent jusqu’à présent ; certainement une affaire très négligeable ![i]

En effet, s’ils comptent depuis le commencement du monde, nous avons montré que Caïn, qui était un meurtrier, a eu ses successeurs aussi bien qu’Abel, qui a été tué à cause de sa foi[ii] et de sa piété.

Et aussi, s’ils comptent depuis le temps des apôtres, nous avons démontré qu’à cette époque déjà il y avait beaucoup d’apostats, oui, des adversaires de la religion chrétienne et du vrai culte de Dieu, et que d’autres suivirent, selon les prophéties et les prédictions que les saints apôtres prononcèrent et laissèrent à la postérité.

Il s’ensuit, que ni l’antiquité, ni la longue ou grande succession de personnes ne peuvent garantir la vérité d’une religion ou d’une Église, puisque le mal est aussi ancien que le bien, et que les esprits égarés et les méchants ont eu (et ont encore) une aussi grande postérité que les vrais croyants et les bons, à moins que l’antiquité et la succession de personnes ne soient accompagnées de la vérité et de la piété divines que possédaient les anciens intègres depuis le commencement.

L’OBJECTION DES PAPISTES, S’APPUYANT SUR TROIS ÉCRITURES

Mais, afin de maintenir cette succession citée plus haut, les papistes ont coutume de dire qu’ils ne la font pas remonter à l’antiquité de quelques esprits égarés qui étaient avant, pendant, ou après le temps des apôtres, mais à l’Église de Christ elle-même et à Pierre, auquel ils ont donné le titre de Prince des Apôtres, sur lequel Christ Lui-même, selon leur affirmation, a voulu bâtir Son Église. R. Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 10 ; selon ses propres dires.

À cela ils ajoutent comme deuxième argument que c’est à lui et à nul autre que Christ a donné les clefs du ciel, pour l’ouvrir ou le fermer selon son bon plaisir.

Et, troisièmement, que le Seigneur lui a commandé à trois reprises — plus qu’aux autres apôtres — de paître Son troupeau, qui est Son Église.

De plus, ils croient qu’il a occupé le trône de Rome et que les papes lui ont succédé dans cette fonction.

Pour prouver cette suprématie de Pierre et, par conséquent, la succession des papes à sa place, ils ont, depuis longtemps déjà, tordu trois passages de l’Écriture sainte, à savoir Mt 16:18, Mt 16:19 et Jn 21:15-17 ; ce à quoi nous répondrons dans ce qui suit.

————————–

RÉPONSE AU PREMIER RAISONNEMENT

En Matthieu 16:18, le Seigneur dit : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

L’erreur des romanistes consiste en ce qu’ils interprètent mal le mot petra, comme s’il s’agissait là de l’apôtre Pierre ; ce qui est une grande et évidente erreur. Car, le Seigneur fait ici clairement la distinction entre le nom Petros (Pierre) et le mot petra (rocher) ; disant immédiatement avant : « Tu es Pierre », mais ensuite « et sur ce rocher ; » sur quoi suit « Je bâtirai Mon Église » ; de sorte que le Seigneur ne promet donc pas ici de bâtir Son Église sur Pierre, mais sur le rocher ; qu’Il mentionne clairement.

Maintenant, cela dépendra de la vraie signification de qui et de qu’est-ce qui doit être compris par ce rocher.

Certains soutiennent le premier sens mentionné, que nous venons de réfuter à l’instant, à savoir que Pierre lui-même est signifié par là. À cette fin, ils appliquent mal le passage Jn 1:42, où cet apôtre est appelé Céphas[iii], ce qui, à leur avis, signifie une pierre angulaire, mais c’est là aussi une erreur.

Il est vrai que, selon l’explication des orientalistes, ceux qui sont versés dans les langues orientales, par ce mot il faut entendre une pierre ; mais quelle sorte de pierre ? Non pas une pierre angulaire, mais un morceau, un coin, un éclat de pierre, sur lequel aucun édifice ne pourrait jamais être fondé. Le mot Céphas, disent-ils, est dérivé du mot hébreu Keph, qui, chez eux, signifie le coin ou le bord d’une pierre ; tandis que, d’autre part, les rochers ou les pierres angulaires sont désignés par le nom de Sela ou Tsur[iv], selon Dt 32:13. Ainsi Pierre est effectivement appelé une pierre dans les saintes Écritures, non pas une pierre de fondation, mais simplement une pierre qui est ordinairement posée sur un fondement. 

Christ est véritablement la pierre de fondation, comme Pierre lui-même le déclare, lorsqu’il appelle Christ la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu (1 P 2:4). À ce sujet, il cite les paroles du prophète Ésaïe, qui dit : « Car il est dit dans l’Écriture : Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ; Et celui qui croit en elle » (qui est bâti, sur elle par la foi) « ne sera point confus » 1 P 2:6 d’après Es 28:16.

C’est pourquoi il avertit les croyants de s’édifier, comme des pierres vivantes, pour former une maison spirituelle, sur le fondement qui a été posé : Christ (v. 5).

Paul confirme cela lorsqu’il dit : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Co 3:11). Ailleurs, il L’appelle le fondement des apôtres et des prophètes, etc. (c’est-à-dire, sur qui les apôtres et les prophètes eux-mêmes ont été édifiés, et sur lequel ils ont, par leur doctrine, édifié d’autres également). Il ajoute : « En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Eph 2:20-22).

Il n’est pas incompatible avec cela que les douze apôtres, dont l’un était Pierre, soient appelés douze fondements[v], sur lesquelles, comme le dit Jean, la ville de Dieu, descendue du ciel, a été bâtie (Ap 21:14). Car, même si l’on admettait que, par les mots ville de Dieu, à cet endroit, il y a lieu de comprendre l’Église de Dieu sur la terre, cela prouverait seulement que Pierre, ainsi que les autres apôtres, était une des douze pierres angulaires de l’Église de Christ ; ce qui ne confirme en aucun cas l’objection proposée, que Pierre seul est la pierre angulaire, ou le fondement, de l’Église.

Et encore, le mot « pierres angulaires » ici ne signifie pas le fondement lui-même, car, à proprement parler, dans la nature, le fondement, en tant que base ou soubassement d’un bâtiment, est à distinguer des pierres construites par-dessus, qui sont appelées pierres angulaires. Car c’est sur le sol ou la base que sont posées les pierres angulaires, et c’est sur les pierres angulaires qu’est construit le bâtiment. Ainsi, la base du fondement doit soutenir à la fois les pierres angulaires et le bâtiment. Ainsi, Christ est le sol, la base ou le fondement de Son Église. Les apôtres, par leur doctrine, sont les pierres angulaires. Et l’Église est l’édifice érigé sur ces pierres angulaires et sur le fondement. Il est établi, donc, que ceux qui font de Pierre le seul fondement de l’Église de Christ font erreur, et que, par conséquent, l’édifice qu’ils érigent là-dessus est erroné et faux.[vi]

RÉPONSE AU DEUXIÈME RAISONNEMENT

Le deuxième raisonnement est tiré de Matthieu 16:19 : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »

Mais cela ne prouve nullement que la discipline ecclésiastique — c’est-à-dire le pouvoir d’exclure et de réadmettre les membres de l’Église — ait été confiée à Pierre seul parmi les apôtres, à l’exclusion des onze autres. En effet, au verset 13 il est écrit : « Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » Sur quoi il est rapporté que Pierre (au nom de tous) répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Vient ensuite le verset 19 : « Je te donnerai les clefs » etc. Cette promesse, bien qu’adressée spécialement à Pierre, s’étendit à tous les apôtres en général, puisque le Seigneur n’avait pas interrogé Pierre seul, mais tous collectivement. Sur quoi, lorsqu’il (Pierre) eut répondu au nom de tous, cette promesse fut accordée.

Ceci est expliqué encore plus loin par le saint évangéliste Jean, qui dit (Mt 20:19, 22-23) que Christ, après Sa résurrection, se tenant au milieu de Ses disciples, souffla sur eux tous et dit : « Recevez le Saint-Esprit », ajoutant : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Ces paroles sont d’une importance égale à celles citées par Matthieu, concernant la remise des clefs.

De plus, le fait que l’Église a également reçu ce pouvoir est exprimé en termes clairs en Mt 18:17-18 : « S’il (le pécheur) refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous (comprenez, conformément à la sentence prononcée par l’Église, dont il est ici question) lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

Qui doute qu’il s’agisse là des mêmes paroles qui avaient précédemment été adressées à Pierre, mais qui, bien sûr, sont destinées à tous les apôtres, et ici à toute l’Église ?

Nous voyons que l’Église de Corinthe, à l’époque de Paul, possédait le droit d’expulser et de réadmettre, appelé lier et délier. En effet, touchant l’expulsion du pécheur, il leur fut dit : « Faites disparaître le vieux levain » (à savoir le pécheur obstiné), etc. (1 Co 5:7). Et encore : « Ôtez le méchant du milieu de vous » (v. 13).

Concernant la réadmission de celui qui a manifesté la pénitence, il leur est commandé : « Il suffit pour cet homme (qui se repent de ses péchés) du châtiment (l’expulsion de l’Église) qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive » (2 Co 2:6-7).

En outre, comme ce pouvoir de lier et de délier n’a pas été donné à Pierre seul, mais à tous les apôtres ainsi qu’à l’Église, il diffère entièrement par sa nature de celui dont se vante le pape de Rome, en tant que successeur imaginaire de Pierre. Car, le pouvoir dont Christ a parlé doit être limité par la règle de Sa Parole, Mt 7:24, 26 ; Ga 1:6-8 ; tandis qu’au contraire le pouvoir dont se vante le pape est illimité, n’a pas de règle et s’étend aussi loin qu’il le souhaite. B. de Ubaldis, In Decretales subtilissima commentaria, cap. Eccles. ; voir aussi : Corpus Juris Canonici, liv. I, dist. XL, chap. VI : Si Papa etc.

Il s’ensuit donc, que l’on attribue illicitement au pape un pouvoir qui n’a même pas été donné à Pierre ; de plus, que le pouvoir qui lui a été donné était commun à tous les apôtres et à l’Église.

RÉPONSE AU TROISIÈME RAISONNEMENT

Le troisième raisonnement (ou argument) est tiré de Jean 21:15-17, où le Seigneur demanda à trois reprises à Pierre s’il L’aimait, et Pierre répondit à chaque fois : « Oui, Seigneur, je t’aime », ce à quoi le Seigneur répondit à trois reprises : « Pais mes agneaux », « Veille sur mes brebis », etc.

Quelques-uns parmi les papistes, afin de maintenir la suprématie de Pierre et, par conséquent, celle des papes de Rome, ont tellement déformé ces paroles, qu’un certain auteur célèbre parmi eux n’a pas hésité à écrire, que Pierre est ici nommé chef, gardien et pasteur, non seulement de l’Église, mais aussi des apôtres eux-mêmes. R. Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 14–16 ; selon S. Veltius, etc.

Mais en cela ils font violence au texte, puisque divers arguments tirés des saintes Écritures renversent cette opinion. Car, en premier lieu, il est certain qu’à cette époque Pierre s’était grandement et gravement égaré, plus qu’aucun autre apôtre, puisque, malgré l’avertissement et contrairement à sa promesse solennelle, il avait si infidèlement renié et même entièrement abandonné le Seigneur. Par conséquent, il est hautement improbable que le Seigneur l’ait exalté au-dessus de tous les autres et l’ait nommé leur chef, chose qui serait tout à fait contraire à la justice de Christ et la nature de l’affaire.

En deuxième lieu, cela ne s’accorderait pas avec ce que le Seigneur avait enseigné à Ses apôtres en général, en une occasion précédente, alors qu’une contestation s’était élevée parmi eux, pour savoir lequel d’entre eux, après Son départ, devait être le plus grand, Il dit : « Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Lc 22:25-26). Et encore : « Ne vous faites pas appeler Rabbi (Maître) ; car un seul est votre Maître, le Christ » (Mt 23:8, 10).

En troisième lieu, si nous examinons l’argument proposé, nous trouverons que ni la triple question du Seigneur : M’aimes-tu ? ni Sa triple injonction : « Pais mes agneaux et mes brebis, ou veille sur eux », ne s’adressait davantage à Pierre qu’aux autres apôtres.

En effet, quant à la question : « M’aimes-tu ? », qu’est-ce que cela signifie de plus que le fait que Pierre doive s’examiner lui-même pour savoir s’il aimait Christ ? Fort bien. Alors, qu’est-ce que Pierre avait de plus que n’importe quel autre apôtre ? ou encore Paul, par la suite ? qui a dit : « Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8:38-39). Et encore : « L’amour de Christ nous presse », etc. (2 Co 5:14). Oui, tout chrétien en particulier, et tous en général, sont liés à cet amour, lequel est si nécessaire, qu’il est écrit : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha » (1 Co 16:22).

Concernant l’injonction « Veille, ou pais, mes agneaux et mes brebis », ceci est également enjoint à tous les vrais docteurs. « Prenez donc garde », dit Paul aux anciens de l’Église d’Éphèse, « à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20:28).

Pierre, d’ailleurs, ne s’est pas placé au-dessus, mais au même rang que ses compagnons ministres, lorsqu’il les exhorte en disant : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ… Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde », etc. (1 P 5:1-2).

Ceci est encore confirmé par le fait que le Seigneur n’a pas commandé à Pierre seulement, mais à tous les apôtres en général, d’aller par tout le monde, de prêcher et de baptiser les croyants (Mt 28:18-20 ; Mc 16:15-16).

Il leur dit encore à tous : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1:8).

Il s’ensuit donc, qu’en ce qui concerne veiller et paître les brebis de Christ, en prêchant le saint Évangile et en prenant soin de l’Église de Christ, Pierre ne possédait pas plus d’autorité, de puissance et de distinction que les autres apôtres et docteurs apostoliques.

Il reste maintenant à expliquer pourquoi le Seigneur a demandé à trois reprises à Pierre seul, et à aucun des autres, s’il l’aimait, et lui a commandé à trois reprises de paître Ses brebis.

À cela nous répondons : puisque peu de temps auparavant Pierre avait renié trois fois le Seigneur, il était juste qu’il confesse aussi trois fois qu’il aimait Celui qu’il avait renié, et que, par conséquent, cette question devait lui être posée trois fois.

En outre, comme Pierre avait entièrement abandonné par son reniement, ou, du moins, était devenu totalement indigne de sa charge d’enseigner et de nourrir l’Église de Christ, aucun des autres apôtres ne l’aurait reconnu ou reçu dans cette charge, sous aucune considération que ce soit. Il était donc nécessaire que le Seigneur Lui-même l’en charge ardemment, même à trois reprises, afin que personne ne puisse douter de la dignité de sa personne (puisqu’il était maintenant converti) ou de la validité de sa charge.

D’où encore l’absurdité de ceux qui prétendent que cette affaire signifie plus que ce que le Seigneur Lui-même a dit. Ils disent qu’en cette occasion Pierre n’a pas été réintégré dans la charge qu’il avait abandonnée, mais qu’il a été nommé chef de toute l’Église, oui, même au-dessus de tous les autres apôtres, comme on peut le voir dans Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 11.

————————————

DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.


[i] « Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, » dit l’Éternel, « en disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » (Jr 7:4)

[ii] « C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes ; et c’est par elle qu’il parle encore, quoique mort » (Hé 11:4).

[iii] Et il (André) le conduisit (Simon Pierre) vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas ce qui signifie Pierre (Jn 1:42).

[iv] Il l’a fait monter sur les hauteurs du pays, Et Israël a mangé les fruits des champs ; Il lui a fait sucer le miel du rocher [Sela], et l’huile du rocher le plus dur [Tsur] (Dt 32:13).

[v] « La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau » (Ap 21:14). En premier lieu il est incertain (même s’il est admis que, par cette description de la ville de Dieu, nous devons comprendre l’Église de Dieu) c’est l’Église de Dieu telle qu’elle est ici sur terre qui est signifiée, ou l’Église de Dieu glorifiée, telle qu’elle sera ensuite dans le ciel : car seule la première, et non la seconde, doit être considérée ici. En second lieu, il est certain que le nom de « pierre de fondement » est attribué ici non pas à Pierre seul, mais à tous les douze apôtres ; c’est pourquoi il n’est pas plus un fondement que l’un des autres.

[vi] « Jacques, Céphas [ou Pierre] et Jean, qui sont regardés comme des colonnes », etc. (Ga 2:9). Ici, Jacques est mentionné avant Céphas (ou Pierre). Et encore, Jean et Jacques sont appelés colonnes tout comme Céphas (ou Pierre), afin de montrer que la dignité ou le ministère de l’un n’était pas supérieur à celui de l’autre, et que sans distinction, ils étaient tous égaux en cela.

Certaines fausses doctrines de l’Église catholique

Beaucoup de gens ont quitté l’Église catholique romaine pour rejoindre la foi anabaptiste, et ce pendant bien des siècles. Pourquoi? Certainement pas pour mener une vie plus facile! Nombreux furent ceux qui payèrent de leur vie ce changement d’allégeance. Ils avaient vu que l’Église catholique était spirituellement morte, même pis, qu’elle était activement idolâtre et anti Christ. Si les œuvres de certains des fidèles catholiques étaient louables, ont pouvait pourtant facilement discerner dans les Écritures que les pratiques de l’Église de Rome étaient bien loin de la simplicité de l’Évangile.

Pierre Vaudès (ou Valdo) fut l’un de ces ex-catholiques à rejoindre la vraie foi. Menno Simons aussi. Ce dernier était devenu prêtre à l’âge de vingt-quatre ans, il se savait négligent et indulgent, mais n’en faisait rien, voyant les autres membres du clergé faire de même. Il avait des doutes sur la transsubstantiation, et ses recherches le conduisirent à lire certains des écrits de Luther. Pour cette raison, il étudia le Nouveau Testament, qu’il avait auparavant eu peur de lire.

Il remarqua un jour qu’un homme avait été exécuté dans une ville voisine, pour avoir été « re-baptisé ». Il se demanda alors s’il y avait quoi que ce soit dans la Bible qui interdisait un second baptême et qui permettait qu’on tue une telle personne. Il se demandait aussi ce qui pouvait bien pousser des gens à rejeter le baptême catholique au point se faire « anabaptiser ». La recherche de Menno le laissa insatisfait avec des réponses incohérentes qu’il trouva en comparant Luther, Bucer et Bullinger. Il décida alors de se fier uniquement aux Écritures. Après cette décision, il devint prédicateur évangélique au sein de sa paroisse catholique. Il put prêcher la Bible dans cette paroisse pendant trois ans sans être inquiété par les autorités de l’Église de Rome.

Avant même de quitter le catholicisme, il avait rejeté l’enseignement catholique de la transsubstantiation parce qu’il n’avait rien trouvé dans le pain et le vin qu’il distribuait lors de la messe qui puisse suggérer qu’il s’était transformé en corps et sang du Christ. C’est une position qu’il n’adopta pas à la légère, et sa décision ne fut prise qu’après un examen attentif de la question. Il dit: « Finalement, j’ai eu l’idée d’examiner le Nouveau Testament avec diligence. Je n’étais pas allé très loin quand j’ai découvert que nous nous étions trompés, et ma conscience, troublée à cause du pain susmentionné, a été rapidement soulagée ».

Donc voilà les deux erreurs qui ont fait réfléchir Menno Simons. Ensuite, il en a vu bien d’autres.

Je n’ai ni le temps ni la connaissance qu’il faudrait pour exposer entièrement toutes les erreurs que l’on trouve dans l’Église catholique. Je vous propose quelques points qui me viennent à l’esprit en ce moment. Recherchez ce que la Bible dit, elle est l’autorité finale. Si vous n’êtes pas d’accord, vous n’avez pas besoin de lire les lignes qui suivent, je ne vous convaincrai sûrement pas.

(Lorsque j’utilise l’abréviation CEC suivie d’un numéro, c’est pour citer un article du Catéchisme de l’Église Catholique )

  • Le Pape et les évêques sont les seuls capable d’interpréter les Écritures (CEC100: La charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée au seul Magistère de l’Église, au Pape et aux évêques en communion avec lui.)

Pourtant, nous avons beaucoup d’Écritures dans la Bible pour démontrer que l’Église sera souillée par des faux prophètes (dont le clergé catholique fait partie), et nous savons que l’Évangile est pour tous: Jésus l’a rendu accessible même aux plus humbles:

Lisez: Actes 20.17, 28-30; 2 Pierre 2.1-3; 1 Timothée 4.1-3; 2 Timothée 4.3-4; 2 Thessaloniciens 2.3-11.

Lisons quelques Écritures, et voyons si les papes et leur Église ont bien interprété ces versets:

  • Le célibat des prêtres

(CEC1579: Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception des diacres permanents, sont normalement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat « en vue du Royaume des cieux » (Mt 19, 12). Appelés à se consacrer sans partage au Seigneur et à « ses affaires » (cf. 1 Co 7, 32), ils se donnent tout entier à Dieu et aux hommes.

1 Corinthiens 7.1-2 : Pour ce qui concerne les choses dont vous m’avez écrit, je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.

1 Timothée 3.2-5: Il faut donc que l’évêque soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, sobre, prudent, rangé, hospitalier, capable d’instruire; Point adonné au vin, ni violent, ni porté au gain déshonnête, mais doux, éloigné des querelles, exempt d’avarice, Gouvernant bien sa propre maison, tenant ses enfants dans la soumission, en toute honnêteté. Car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment gouvernera-t-il l’Église de Dieu?

1 Timothée 4.1-5: L’Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns se détourneront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs, et à des doctrines de démons; Par l’hypocrisie de faux docteurs, dont la conscience sera cautérisée, Défendant de se marier, commandant de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés, afin que les fidèles et ceux qui ont connu la vérité, en usent avec actions de grâces. Car tout ce que Dieu a créé, est bon, et rien n’est à rejeter, quand on en use avec actions de grâces; Parce que cela est sanctifié par la parole de Dieu et la prière.

Ce dernier passage surtout: il souligne deux traits de l’Église catholique qui sont clairement contraires à la Parole de Dieu: le célibat plus ou moins forcé des prêtres, et la longue tradition (en voie de disparition, il est vrai) de ne pas manger de viande certains jours, par exemple.

  • L’usage de la violence envers d’autres humains

Le refus de porter l’arme ou de renoncer à la simple foi en Jésus, a exposé ces chrétiens anabaptistes à de nombreuses persécutions. Ils se sont alors repliés dans des zones de tolérance : en Hollande et en Allemagne du Nord. Dans certains cas, ils ont été tolérés dans des zones agricoles non défrichées qu’ils mettaient en valeur, en Suisse, en Allemagne du sud ou en Ukraine. En France, dès le 16e siècle, mais surtout depuis le 17e siècle, les mennonites se regroupèrent dans l’est du pays. Éventuellement, un grand nombre d’entre eux émigrèrent vers les États-Unis, puis vers le Canada et les pays d’Amérique latine. Aujourd’hui, il y a des vrais chrétiens dans (presque) tous les pays du monde, bien que nous ne sachions pas combien. Cela est entre les mains de Dieu.

Nous pourrions mentionner d’autres sujets:

  • Le baptême des nouveau-nés
  • La violence faite aux «hérétiques»
  • Le culte voué aux saints
  • Le mariage entre l’Église et le pouvoir étatique
  • etc.

Par manque de temps, je vous laisse entreprendre vos propres recherches à ces sujets, que je développerai peut-être une autre fois, si Dieu le permet.

Avec le temps, Menno Simons s’est rendu compte que les principes bibliques étaient mis en pratique en tous points par les anabaptistes (qu’on appelait aussi Vaudois ou Picards dans les Pays-Bas). Lorsqu’il dut se résoudre à quitter l’Église catholique, parce que le pur Évangile qu’il prêchait commençait à en déranger quelques-uns, il rejoignit une assemblée anabaptiste, en tant que simple laïc. Avec le temps, grâce aux talents de prédicateur et d’apologète que Dieu lui avaient donné, ses frères dans l’Église reconnurent en lui les dons de ministre de l’Évangile, et il fut ordonné pasteur (ou surveillant, ou évêque, selon la terminologie que vous préférez) au sein de l’Église de Dieu, dite anabaptiste. Il devint très connu parce qu’il avait écrit de nombreux ouvrages et lettres apologétiques et sa tête fut mise à prix, de sorte que ses détracteurs commencèrent à appeler les anabaptistes « mennonites », afin de faire croire qu’ils étaient une secte suivant un certain « Menno ». Cependant, il n’avait pas fondé cette Église, qui était en fait issue des vaudois qui eux-mêmes tirent leurs origines de l’Église primitive, et Menno Simons n’en était qu’un dirigeant parmi d’autres (notamment Théodore Philippe).

Question:

Alors, si les anabaptistes s’opposent à la foi des catholiques, sont-ils protestants?

Non, clairement, NON! Les anabaptistes ont existé depuis toujours (sous plusieurs appellations différentes: vaudois, donatistes, pauliciens, etc. ). Lorsque la vraie Église de Dieu a été polluée par de nombreux païens et incroyants (surtout à partir du règne de Constantin), elle s’est bien vite scindée entre les vrais chrétiens (indépendants du pouvoir temporel) et ceux qui ont accepté de suivre un pontife temporel. Bien vite, les vrais croyants ont été persécutés par les dirigeants de l’Église de Rome. Ce n’est que des siècles plus tard, après l’invention de l’imprimerie et la diffusion de la Bible à travers l’Europe, que la Réforme a été déclenchée.

Je vous invite à lire ce court article paru récemment dans un périodique de l’Église, qui explique simplement pourquoi nous ne pourrons jamais être considérés comme protestants.

 – Protestants ou anabaptistes?

Il faut savoir que nous croyons que Dieu a préservé son Église à travers les âges, et non pas qu’il l’a ressuscitée à l’époque de la Réforme. Il y a beaucoup d’écrits qui démontrent qu’il y a eu des vrais chrétiens au cours de chaque siècle. Ils avaient une foi pure et non résistante. Ils ont souffert beaucoup de persécution de la part des Juifs, des païens, des catholiques, des musulmans et des protestants. Lisez le Miroir des martyrs si vous voulez en savoir plus.

ÊTES-VOUS PRÊTS POUR LE RETOUR DU SEIGNEUR ?

Article publié dans le Messager de la Vérité, 11 décembre 2024

Au milieu des années 1970, nous rendions visite à un parent et nous l’écoutions exposer l’enseignement prémillénariste. Il a dit, avec une assurance considérable : « Je crois que le Seigneur reviendra d’ici 1990. » J’ai réfléchi un moment, puis je lui ai demandé : « Es-tu prêt ? » « Non », m’a-t-il répondu.

Selon ce que je lis dans la Bible, il est beaucoup plus important d’être prêt à rencontrer le Seigneur à tout moment que de savoir quand ce moment pourrait arriver. Mais j’avoue que j’ai autrefois cru la même chose que mon parent. Un an après notre mariage, le pasteur de l’Église que nous fréquentions a enseigné une série d’études bibliques tout au long de l’hiver sur la doctrine prémillénariste dispensationaliste. Nous étions de nouveaux chrétiens et nous nous en sommes imprégnés. Après tout, il citait des versets de la Bible ; cela semblait avoir une solide base biblique.

Mais il y a un problème : j’aime lire. J’ai donc commencé à acheter des livres d’auteurs prémillénaristes bien connus, comme Hal Lindsey, John Walvoord, Dwight Pentecost et d’autres. Ils citaient les Écritures et expliquaient comment elles s’appliquaient aux événements actuels. Cela semblait tout à fait plausible, même si j’ai remarqué des divergences dans leurs interprétations, car le déroulement des événements actuels ne correspond pas toujours aux prédictions des auteurs et des prédicateurs.

J’ai été vraiment surpris lorsque j’ai lu un livre plus ancien de Lewis Sperry Chafer. Les autres auteurs que j’avais lus étaient diplômés du séminaire théologique de Dallas ; deux d’entre eux y étaient enseignants. Chafer était le fondateur du séminaire théologique de Dallas. Dans ce livre du début des années 1930, il proclamait que Benito Mussolini était l’Antéchrist. Au moment où j’ai lu le livre, Mussolini avait déjà connu une chute et une fin peu glorieuse. Cela souleva un gros point d’interrogation. Une question encore plus grande fut soulevée par sa déclaration selon laquelle l’appel à la repentance ne s’appliquait qu’aux Juifs, car, voyez-vous, les Juifs avaient rejeté Jésus. Les Gentils (païens) ne portent pas cette culpabilité et n’avaient pas besoin de se repentir ; ils devaient simplement croire en Jésus comme leur Sauveur. Je vis cela comme une contradiction totale avec ce que l’apôtre Paul dit aux Athéniens, disant que Dieu appelle maintenant tous les hommes partout dans le monde à se repentir (Actes 17.30).

Avec le temps, toute la structure de la doctrine dispensationaliste prémillénariste commença à ressembler à un fragile château de cartes. En effet, toute la doctrine du Millénium s’appuie sur un seul verset (Apocalypse 20.4), mal interprété. Je l’abandonnai et je revins au vieil enseignement selon lequel un jour viendra où Jésus reviendra une seule fois, un jour appelé « la fin du monde », jour qui pourrait arriver n’importe quand, car même au temps des Apôtres, la plupart des chrétiens pensaient que toutes les prédictions liées à la fin des temps étaient accomplies ou sur le point de l’être et les vaudois croyaient de même vers la 1200 (c.f. La noble leçon). À ce moment-là, il appellera tous les hommes, ceux qui sont vivants et ceux qui sont morts depuis longtemps, au jugement. Certains iront au tourment éternel et d’autres à la béatitude éternelle. Ce que la Bible enseigne en réalité est assez simple. La Bible enseigne qu’il est inutile de spéculer sur le moment et les circonstances de la fin (Actes 1.7 et Matthieu 24.36).

Plus tard, j’ai découvert que l’enseignement d’un Antéchrist des temps modernes qui établirait un royaume mondial et serait ensuite détruit par le Seigneur à son retour provenait de l’Église catholique romaine. Les anabaptistes qualifièrent, pendant au moins mille ans, l’Église catholique et le pape d’Antéchrist, ce qui signifiait non seulement qu’ils s’opposaient à Christ, mais qu’ils prétendaient prendre sa place. Un écrit vaudois du sud de la France datant de 1100 apr. J.-C. raconte comment l’Antéchrist avait remplacé le Saint-Esprit par ses cérémonies, faisant dépendre le salut du baptême par un prêtre catholique romain plutôt que du Saint-Esprit. Les cérémonies catholiques romaines promettaient les bienfaits du christianisme sans nécessiter de lien personnel avec Dieu ou le Saint-Esprit.

Le titre du pape, qui le proclame « vicaire » de Jésus-Christ, soit celui qui exerce tout le pouvoir et toute l’autorité de ce dernier sur Terre, équivaut à désigner le pape comme étant l’Antéchrist. Menno Simons qualifie souvent l’Église catholique romaine d’Antéchrist. Les réformateurs adoptèrent le terme d’Antéchrist et l’appliquèrent au pape et à l’ensemble du système catholique. Finalement, l’Église catholique dut faire quelque chose, alors quelques érudits jésuites écrivirent des livres donnant une image différente de ce que la Bible entendait par Antéchrist.

L’un d’entre eux était Manuel Lacunza (1731-1801), un jésuite chilien, qui prétendait dans son livre être un juif érudit nommé rabbi Juan Josaphat ben Ezra. Il décrivait l’Antéchrist comme un chef religieux et politique mondial qui apparaîtrait à la fin des temps et serait détruit par le retour de Christ. Ce livre, écrit en espagnol, fut traduit en anglais vers 1826 et excita l’imagination d’un certain nombre de personnes, le plus célèbre étant John Nelson Darby. Darby avait été avocat, puis ministre de l’Église d’Angleterre (anglicane), et dans sa désillusion envers cette Église, il décida qu’il n’y avait plus d’Église. Il parla de la ruine de l’Église, affirmant qu’elle était en ruines et qu’elle ne pouvait pas être reconstruite, restaurée ou ressuscitée. Il ne reste plus aux chrétiens que de se rassembler et de prier sans la structure et l’ordre d’une Église.

D’après Darby, s’il n’y avait plus d’Église, alors de nombreux passages de la Bible qui s’appliquaient à l’Église devaient s’appliquer à une époque future. À partir de là, il continua à élaborer sa doctrine prémillénariste et dispensationaliste, affirmant que Dieu avait offert le salut à l’humanité de six manières différentes et que chacune d’entre elles avait été un échec. La dernière était l’Église, et elle aussi avait été un échec ; par conséquent, ces versets doivent s’appliquer à une époque future où Jésus régnerait sur le monde pendant mille ans, depuis Jérusalem. Darby élabora tout un plan incluant l’enlèvement, sept années de tribulations, puis le retour de Christ, un règne de mille ans, et, à la fin de ce merveilleux et paisible règne de mille ans, les gens se rebelleraient contre Christ, ce qui conduirait à la bataille d’Armageddon et au jugement final, les gens étant assignés soit à l’enfer, soit au ciel.

Rien de tout cela n’apparaît lorsque vous lisez la Bible. Il faut un guide pour « comprendre » ce système, il ne vient pas à l’esprit spontanément lorsqu’on lit la Bible sans influence extérieure, c’est pourquoi il existe tant de livres pour vous aider à comprendre cette doctrine, tous basés sur l’imagination plutôt que sur les mots simples de l’Écriture. Darby prit le verset de l’apôtre Paul sur la division correcte de la parole de vérité comme une autorisation de découper les versets de la Bible en petits morceaux et de les réorganiser pour arriver à son plan. C’est ainsi que notre pasteur nous avait enseigné de nombreuses années auparavant. Il ne prit jamais un passage biblique entier pour l’expliquer. Il a pris des petits morceaux ici et là et les a rassemblés d’une manière qui était convaincante à ce stade de notre vie chrétienne. Mais nous ne sommes pas restés convaincus ; l’ensemble ne se tient tout simplement pas.

L’apôtre Pierre met en garde contre l’utilisation abusive des paroles de Paul, disant qu’il y a des choses difficiles à comprendre dans ses écrits, « que les personnes ignorantes et mal assurées tordent, comme les autres écritures, à leur propre perdition » (2 Pie. 3.16). Le mot « tordre » signifie ici pervertir, déchirer, ce qui est une description appropriée de ce qui se passe lorsque certaines personnes pensent qu’elles divisent correctement l’Écriture. « Diviser » signifie couper droit, enseigner correctement la vérité.

Quant à l’enlèvement secret des saints, cette idée ne vient pas de la Bible et était complètement inconnue avant 1830. C’était l’année où Margaret MacDonald, une jeune Écossaise de quinze ans, rêva que le Seigneur allait enlever son peuple de la terre avant la grande tribulation. Darby était l’un de ceux qui vinrent écouter le rêve de cette jeune femme, et [soit sous l’influence de Lacunza ou celle de Margaret MacDonald, qu’il critiqua pourtant] il l’incorpora dans sa doctrine prémillénariste.

Je suppose que Darby croyait ce qu’il enseignait. Au début du mouvement des Frères de Plymouth, il était décrit comme une personne douce et gentille qui communiait librement avec tous ceux qui professaient la foi en Jésus-Christ. Après avoir présenté sa doctrine prémillénariste dispensationaliste et que certains autres Frères de Plymouth ne voyaient pas les choses de la même manière, il se mit à défendre son enseignement. Il cessa de communier avec quiconque ne voyait pas les choses comme lui. Puis il coupa la communion avec quiconque avait des relations avec ceux qui ne pensaient pas comme lui. Finalement, il est devenu le chef de son petit groupe exclusif de Frères de Plymouth, passant d’un homme humble qui fraternisait avec n’importe qui à un pape virtuel de son petit groupe.

Ce n’est pas seulement Darby qui s’empara de cet enseignement de l’Antéchrist des derniers jours ; il existe d’autres stratagèmes. Mon père avait l’habitude d’écouter l’émission nationale canadienne « Back to the Bible Hour » tous les dimanches matin. Ernest Manning, qui était également le premier ministre de l’Alberta, parlait de Gog et Magog et de la Grande Ourse, de la Russie, et de la façon dont ils allaient attaquer Israël, ce qui conduirait à la bataille d’Armageddon. Plus on étudie le prémillénarisme, plus il devient fragile.

Les préceptes de Jésus-Christ et de nos ancêtres anabaptistes-mennonites nous enseignent que la chose la plus importante est la façon dont nous vivons notre vie au jour le jour. Nous devrions refléter la vie de Jésus-Christ en nous et fonder notre salut sur une véritable repentance, une nouvelle naissance et la communion du Saint-Esprit afin d’être sûrs de marcher avec Dieu, de l’aimer, d’aimer notre prochain comme nous-mêmes et d’être prêts à tout moment pour le retour de notre Sauveur. C’est là le point important : peu importe quand ou comment il viendra. Nous pouvons penser connaître une date, mais que se passera-t-il si nous sommes heurtés par une voiture demain alors que nous traversons la rue ? Sommes-nous prêts ? C’est la question la plus importante.

Bob Goodnough, Delisle, Saskatchewan, Canada

Baptiser avec trop d’eau

(Traduction d’un article de Robert Goodnough paru il y a deux semaines en anglais ici: https://flatlanderfaith.com/2024/07/09/baptizing-with-too-much-water/) Pour lire plus d’articles au sujet du baptême, suivez ce lien: https://missionnaireanabaptiste.org/category/confessions-de-foi-et-doctrine/bapteme/. Pour aller plus loin, vous pourriez aussi lire la page suivante: https://missionnaireanabaptiste.org/de-lanabaptisme-et-des-vrais-disciples/un-miroir-du-bapteme-par-heinrich-funk-2e-chapitre/.

Je rendais visite à un pasteur baptiste l’autre jour et, d’une manière ou d’une autre, la conversation s’est portée sur le baptême. Il estimait que l’Église à laquelle j’appartiens ne baptise pas correctement parce que nous n’immergeons pas. Je l’ai renvoyé à deux passages du Nouveau Testament. Dans 1 Pierre 3, Pierre parle de l’arche de Noé comme d’un exemple de baptême et en 1 Corinthiens 10, l’apôtre Paul fait référence au passage de la Mer Rouge comme d’un exemple de baptême. J’ai dit qu’il me semble que ceux qui ont été immergés [l’armée de pharaon] n’ont pas été baptisés et que ceux qui n’ont pas été immergés [les enfants d’Israël] ont été baptisés.

Sa réponse : « Si la Bible dit qu’ils ont été baptisés, ils ont été immergés! »

Pourquoi certaines personnes sont-elles si attachées à une idée pour laquelle les preuves sont si minces ? Robert Young, auteur de Young’s Analytical Concordance of the Bible, a fait l’observation suivante :

« Je ne connais vraiment aucune hérésie (mot que j’utilise dans son sens original, c’est-à-dire « opinion ») parmi les chrétiens qui ait moins de fondement que celle de l’immersion, et pourtant ses défenseurs utilisent les affirmations les plus téméraires, qui ont gagné du terrain parmi les critiques et les lexicographes – qui se suivent comme un troupeau de moutons – entièrement par l’audace de l’assertion. »

En latin ou en français, le mot immersion signifie submerger quelque chose dans l’eau ; il ne dit rien de sortir cette chose, ou cette personne, de l’eau. [Le vrai mot grec qui signifie « immerger » est καταδυω (kataduo, plonger en bas, 6 occurrences dans la Septante) et non baptizo.] Dans l’exemple de l’arche, tous les habitants du monde, à l’exception de ceux qui se trouvaient dans l’arche, ont été immergés et n’ont jamais été revus. Ceux qui étaient dans l’arche ont sans doute senti des gouttes de pluie sur leur tête avant que l’arche ne soit complètement fermée. La dernière partie du Psaume 77 parle du passage de la Mer Rouge : «Les eaux te virent, ô Dieu! Les eaux te virent; elles tremblèrent; même les abîmes s’émurent. Les nues se répandirent en eaux», décrit l’expérience des Israélites. L’armée égyptienne, elle, a bien été immergée et les corps des soldats ont été rejetés sur le rivage.

Paul parle, en Romains 6.4 et Colossiens 2.12, d’être enseveli avec le Christ par le baptême. Je ne vois pas comment on peut faire de l’ensevelissement de Jésus une métaphore de l’immersion. Jésus n’a pas été enterré dans le sol, mais déposé sur le rebord de la paroi d’une grotte spacieuse creusée dans le roc. Deuxièmement, c’est le corps mortel de Jésus qui a été mis au tombeau, et non le Christ ressuscité. L’eau du baptême ne lave pas du péché, elle est le symbole de la mort de l’ancien corps du péché et de notre vie nouvelle, avec la vie de Christ à l’intérieur. Adam Clarke, dans son commentaire sur Romains 6.2, mentionne qu’à Rome, jeter trois poignées de poussière sur un cadavre était considéré comme un enterrement correct.

Dans le Nouveau Testament, le mot grec baptismos est utilisé pour désigner différentes sortes de lavages, y compris le lavage des tables (Matthieu 7.4). Le véritable sens de baptismos est de laver, sans aucune référence au mode de lavage.

Il existe un baptême qui lave nos péchés. C’est le baptême du Saint-Esprit, qui fait partie de la nouvelle naissance. Heinrich Funk (1697-1760), le premier évêque anabaptiste-mennonite en Amérique du Nord, a écrit une brochure intitulée Un Miroir du Baptême, dans laquelle il montre que ce baptême est le premier et le plus important, et qu’il est une exigence pour ceux qui demandent le baptême d’eau. Et la façon la plus appropriée d’administrer le baptême d’eau est de la même manière que le baptême du Saint-Esprit, de le verser d’en haut.

Qu’y a-t-il dans la bouteille?

La Grande Omission