[Traduction des pages 25-30 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]
DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE
Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.
Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.
Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.
Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.
Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.
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DIVERSES RAISONS, TIRÉES DES SAINTES ÉCRITURES, MONTRANT QUE PIERRE N’ÉTAIT PAS À ROME PENDANT LE TEMPS QUE PAUL Y ÉTAIT, SAUF (COMME CELA A ÉTÉ EXPLIQUÉ CI-DESSUS) À LA FIN DE SA VIE
Dans cette démonstration, nous renoncerons à la méthode employée par Sébastien Franck, Jean Gysius et d’autres, qui ont écrit syllogistiquement sur ce sujet, et nous nous en limiterons uniquement au témoignage formel (ou, du moins, à ses simples déductions), de l’Écriture Sainte, sur laquelle nous nous proposons de fonder notre argumentation.
Raison. — Premier argument. — Lorsque Paul approchait de la ville de Rome, où il devait comparaître devant César, les frères1 sortirent de la ville pour le rencontrer, jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois Tavernes, et Paul, en les voyant, prit courage. Ac 28:15 : Mais parmi eux, Pierre n’est pas mentionné une seule fois, ce qui aurait assurément été le cas s’il avait été avec eux et avait occupé le siège épiscopal à cet endroit, comme certains le prétendent.
Deuxième argument. — Quand il arriva que Paul eut à rendre compte pour la première fois devant l’empereur, il fut abandonné de tous, et personne ne l’assista, de sorte qu’il s’en plaignit à Timothée (2 Tm 4:16). Or, si Pierre avait été à Rome, il n’aurait certainement pas abandonné Paul, qu’il avait l’habitude d’appeler son frère bien-aimé (2 P 3:15), mais il l’aurait soutenu avec des conseils et une réelle assistance, selon ses capacités. Cela, cependant, ne s’est pas produit, ce qui montre clairement qu’il n’était pas là à cette époque ; à moins que quelqu’un puisse conclure, que lui, qui avait auparavant abandonné son Seigneur et Sauveur (ce qui était une affaire de grande importance), aurait probablement aussi abandonné Paul, qui était inférieur.
On peut répondre à cela que Pierre, au moment où il abandonna Christ, n’était pas rempli du don du Saint-Esprit, qui ne fut déversé sur les apôtres qu’après l’ascension de Christ (Ac 2:1-3) ; il pouvait donc facilement chuter ; mais maintenant, étant rempli du Saint-Esprit2, il en était tout autrement, à tel point que lui et ses compagnons apôtres ne craignaient aucune souffrance, pas même la mort elle-même. Comparez Ac 4:19-21 avec Ac 5:40-42 et Ac 12 : 3-4. Voir aussi 1 P 3:14 et 1 P 4:16.
De plus, dans la plainte de Paul à Timothée, il ne mentionne aucunement que Pierre l’ait abandonné, ce qui, si cela s’était produit, n’aurait certainement pas été passé sous silence, comme ce serait une affaire notable, d’autant plus qu’il mentionne par leur nom certains de ceux qui l’ont abandonné, comme Démas, Alexandre le forgeron, etc.
Troisième argument. — Lorsque Paul était enfermé en prison à Rome et enchaîné, il rendit hommage à Onésiphore, parce qu’il lui avait rendu visite et qu’il n’avait pas eu honte de sa chaîne, sans rien mentionner des autres, en disant : « Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes » (2 Tm 1:16).
Mais pourquoi ne rend-il pas hommage à Pierre de lui avoir rendu visite dans ses liens ? ou, si Pierre était là et ne l’a pas fait, mais avait honte de sa chaîne, pourquoi ne se plaint-il pas, qu’un si grand homme, qui aurait dû être un chef pour les autres, ait été si négligent à cet égard ?
Si Pierre avait été dans la ville à cette époque, qu’il lui eut rendu visite ou non en prison, Paul n’aurait assurément pas gardé un silence total à son sujet, soit pour l’en louer, soit pour s’en plaindre.
Quatrième argument. — Lorsque plusieurs s’étaient éloignés de Paul, pendant qu’il était en prison, il fit mention d’un homme qui était resté près de lui ou avec lui, à savoir dans la ville de Rome. Il l’appelle Luc et dit : Luc seul est avec (ou près de) moi (2 Tm 4:11). Il s’ensuit qu’au moment où Paul écrivait ceci, Pierre n’était pas à Rome, sinon il n’y aurait pas eu que Luc avec lui.
Cinquième argument. — Juste après les paroles mentionnées ci-dessus, Paul demande à Timothée d’amener Marc avec lui lorsqu’il viendrait vers lui, car il lui serait très utile pour son ministère, en disant : Prends Marc, et amène-le avec toi (quand tu viendras) ; car il m’est utile pour le ministère (2 Tm 4:11).
Or, si Pierre était à Rome à ce moment, pourquoi Paul était-il obligé d’envoyer chercher Marc pour le ministère ? Ou encore, s’il n’était pas loin, pourquoi n’a-t-il pas envoyé chercher Pierre ? Certainement, s’il l’avait envoyé chercher, celui-ci n’aurait pas refusé de venir, à moins qu’il n’en ait été empêché par une cause importante : et on pourrait alors conclure que Pierre était là depuis un temps considérable, puisque, comme nous le constaterons, ils moururent tous deux assez longtemps après.
Mais il n’apparaît pas que Paul l’ait envoyé chercher, d’où on ne peut conclure qu’il soit venu en réponse à sa convocation. Et même s’il était venu à ce moment, son séjour là n’aurait pas pu durer plusieurs années, encore moins vingt-cinq ans, comme le disent les papistes, puisque la mort l’a rattrapé, ainsi que Paul, comme il est indiqué à sa juste place. Cependant, l’ajout de toute cette argumentation est inutile et superflu.
Sixième argument. — Paul a écrit plusieurs épîtres aux croyants depuis sa prison à Rome : aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Timothée, à Philémon, etc. Il y insère diverses salutations de la part des croyants de l’Église à Rome, tout comme il fait parfois mention de ses compagnons d’œuvre au début de celles-ci ; mais il ne mentionne jamais Pierre. En voici des exemples.
Au début de l’épître aux Philippiens, il écrit ces mots : « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ ». Or, pourquoi n’ajoute-t-il pas ici : et Simon Pierre ?
Presque de la même manière, il commence l’épître aux Colossiens, en disant : « Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée. » Pourquoi n’ajoute-t-il pas : et Pierre, l’apôtre en chef ?
En concluant ces épîtres, il ajoute les salutations des saints qui étaient avec lui. Aux Philippiens, il écrit : « Tous les saints vous saluent, et principalement ceux de la maison de César » (Ph 4:21-22). Aux Colossiens il adresse ces paroles : « Épaphras, qui est des vôtres, vous salue : un serviteur de Christ » (Col 4:12). Aussi : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (v. 14).
Pierre n’est pas du tout mentionné ici, ce qui, s’il avait été là, aurait certainement été tout à fait nécessaire.
Il a suivi cette même pratique dans toutes les autres épîtres qu’il a écrites depuis Rome. Il dit à Timothée : « Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères te saluent » (2 Tm 4:21).
À Philémon : « Épaphras… te salue, ainsi que Marc, Aristarque… » (Phm 1:23-24).
Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, mais tout cela se résume ainsi : que ce serait une chose étrange si Pierre était à Rome lorsque Paul a écrit ses épîtres depuis la prison romaine, que ce dernier n’ait jamais mentionné dans ces épîtres une salutation de Pierre (ce que, comme indiqué, il n’a pas fait) ; voyant qu’il mentionne les salutations de différents chefs et membres de l’Église romaine, qu’il appelle par leur nom ; il est donc tout à fait raisonnable de conclure que Pierre n’était pas là à cette époque.
NOTE : Outre les six arguments mentionnés, prouvant que pendant le temps où Paul était emprisonné sous Néron, Pierre n’était pas à Rome, selon le témoignage des Saintes Écritures, il s’ensuit diverses circonstances montrant (par la même autorité des Saintes Écritures), que même pendant le temps où Paul était sorti de prison, Pierre ne se trouvait pas dans cette ville.
Première circonstance. — Ici nous devons considérer pourquoi Paul a écrit une épître à l’Église de Rome (épître qui existe encore), tant pour confirmer la foi chrétienne que pour stimuler les vertus morales, si Pierre était là à cette époque et avait la charge de ladite Église ? ou, si pour des raisons importantes il était nécessaire qu’il leur écrive, pourquoi n’a-t-il pas envoyé cette épître à Pierre, leur chef, comme il l’a fait à Timothée, le docteur de l’Église d’Éphèse, et à Tite, le docteur de l’Église de l’île de Crète ?
Ou, du moins, si nous regardons le contenu de cette épître, nous pouvons très bien considérer, pourquoi il ne lui a pas adressé une salutation, ou ne l’a pas mentionné une seule fois par son nom ? voyant qu’il a rempli presque un chapitre entier avec les noms de ceux qu’il salue à Rome : comme Aquilas et sa femme Prisca (ou Priscille), Épaïnète et Marie, ainsi qu’Andronic, Junias, Amplias, Urbain, Apellès, Hérodion, ceux de la maison de Narcisse (les femmes), Tryphène et Tryphose, Perside, Rufus, Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Philologue, Nérée, etc., tout au long de Romains 16, sans faire aucune mention de la personne ou du nom de Pierre ; d’où on peut conclure à nouveau pour de bonnes raisons ce qui a été conclu précédemment à partir du récit des salutations que Paul a écrites alors qu’il était en prison à Rome, à savoir que Pierre n’était pas dans cette ville à ce moment-là.
Deuxième circonstance. — Lorsqu’il arriva ensuite que Paul, après avoir parcouru l’Arabie et le pays de Damas, revint au bout de trois ans, avec un désir particulier de voir Pierre ; il ne le chercha pas à Rome, mais à Jérusalem ; où, lorsqu’il l’eut trouvé, il demeura quinze jours chez lui : puis il repartit dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie (Ga 1:17-21).
Troisième circonstance. — Lorsque quatorze années supplémentaires se furent écoulées, à savoir celles passées par Paul dans son voyage en Syrie et en Cilicie, où se trouvait Pierre ? Certainement pas à Rome, mais à Antioche ; car là Paul s’approcha de lui et le réprimanda, parce qu’il avait mangé avec les païens en présence des juifs3. Comparez Ga 2:1 avec les versets 11 et 12.
Quatrième circonstance. — Quand certains vinrent de la Judée, et troublèrent les frères, disant que, s’ils n’étaient pas circoncis selon le rite de Moïse, ils ne pouvaient être sauvés, Paul, Barnabas et d’autres hommes pieux furent envoyés vers les apôtres et les anciens, pour les consulter sur l’affaire, Pierre, ainsi que les autres personnes auxquelles ils avaient été envoyés, se trouvait à Jérusalem (Ac 15:1-7).
Cinquième circonstance. — En Galates 2:7, nous lisons que les incirconcis (c’est-à-dire les païens) furent confiés à Paul et les circoncis (c’est-à-dire les juifs ou la nation juive) à Pierre, et, au verset 9, que Pierre (appelé alors Céphas) avec Jacques et Jean donnèrent la main d’association à Paul et à Barnabas, et convinrent que ces derniers devraient aller vers les païens, et eux vers les circoncis (les juifs) pour leur prêcher l’Évangile.
Il est donc établi que Pierre était à proprement parler un apôtre des juifs (après que cet accord ait été conclu) et non des païens. Mais s’il avait enseigné parmi les Romains, qui étaient païens par nature, il aurait largement outrepassé son engagement et sa promesse, ce qu’on ne doit certainement pas supposer d’un homme aussi grand et éminent que l’était Pierre à ce moment-là.
Sixième circonstance. — Des deux épîtres de Pierre, et en particulier des paroles en 1 P 1:1, il apparaît évident qu’il a prêché aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie (c’est-à-dire à ceux des douze tribus d’Israël qui y étaient dispersés) conformément à l’affirmation de Jacques (chap. 1:1). Comme ces contrées sont parfois éloignées les unes des autres, certaines sont distantes de quelques centaines de lieues4, il aurait fallu plusieurs années pour les parcourir et y prêcher. Il est clair que pendant ce temps-là, Pierre ne pouvait se trouver simultanément là-bas et à Rome ; ce qui est incontestable.
Septième circonstance. —À la fin de la première épître de Pierre, à savoir 1 P 5:13, nous lisons : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue… »
Comment Pierre pouvait-il envoyer une salutation de la part de l’Église de Babylone, s’il n’était pas avec elle à Babylone à ce moment-là ? Mais s’il était à Babylone, il n’était pas à Rome, à moins qu’il n’ait eu deux corps, ce dont nous ne lisons rien, et que nous n’avons aucune raison de croire.
Huitième circonstance. — Ceux qui soutiennent que Pierre était évêque à Rome ne font aucune distinction entre les mots apôtre, ou messager, et évêque, ou surveillant ; pourtant il y a toujours eu une différence marquée entre la charge d’apôtre et celle d’évêque.
La charge d’un apôtre était de voyager d’un pays à l’autre, oui, même à travers le monde entier, et de prêcher l’Évangile à ceux qui ne l’avaient pas encore entendu. Il n’était donc pas lié à un lieu ou à une Église en particulier, comme cela ressort de Mt 28:19 ; Mc 16:15.
D’autre part, la charge d’un évêque ou d’un surveillant était de veiller, de prendre soin, de paître et de gouverner, comme un berger son troupeau, une Église particulière à laquelle l’Évangile avait déjà été prêché et qui avait accepté la foi et le symbole du saint baptême. Comparez Ac 20:28 avec 1 Tm 3:1-5 ; Tt 1:5-7.
Or, c’est un fait que, à proprement parler, ce n’est pas cette dernière charge, mais la première qui a été enjointe à Pierre, car il se donne le premier nom mentionné : apôtre (voir 1 P 1:1 et 2 P 1:1) ; c’est dans ce but que Christ Lui-même l’avait choisi (Lc 6:13-14) et envoyé, comme cela peut se voir clairement dans le dernier chapitre de Matthieu et de Marc.
Comment se fait-il alors que Pierre ait siégé comme évêque de l’Église à Rome ? Qui plus est, pendant un nombre considérable d’années ! À moins qu’il ne soit dit que Pierre ait abandonné sa charge, et ait accepté une autre fonction et un autre ministère que celui auquel il avait été appelé ; ce qu’il serait difficile de prouver, puisque rien n’est mentionné à ce sujet dans les Écritures Saintes.
Remarques complémentaires sur les circonstances précédentes
Si l’on devait se tenir uniquement au témoignage des saintes Écritures, n’acceptant rien d’autre comme digne de foi, il ne pourrait en aucun cas être démontré que Pierre ait été à Rome ; mais, puisque les saintes Écritures ne rapportent pas tout ce qui s’est passé, le témoignage de certains auteurs reconnus de cette époque peut être accepté comme crédible, pourvu que leur témoignage ne contredise pas ce qui est exprimé dans les saintes Écritures.
Nous avons démontré, d’après les écrits apostoliques, que pendant le temps où Paul écrivait ses épîtres dans la prison de Rome, et aussi pendant toute la période où il (Pierre) prêchait dans les pays étrangers, Pierre n’était pas à Rome, mais à Jérusalem, à Antioche, dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, et dans d’autres lieux où les juifs étaient dispersés. C’est ce que nous avons clairement démontré, d’abord par six arguments, puis par huit circonstances tirées des saintes Écritures. Mais quant à l’endroit où se trouvait Pierre, ou comment il est mort, après que Paul eut écrit sa dernière épître depuis Rome, les Écritures n’en disent rien.
C’est pourquoi le témoignage de ces auteurs que nous venons de citer ne peut pas bien être contredit. Ils soutiennent que Pierre est venu à Rome peu avant sa mort et qu’il y a donné sa vie pour la doctrine de la vérité évangélique ; sans rien y mentionner de son épiscopat, et encore moins de sa papauté.
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DISCORDANCE ENTRE AUTEURS PAPISTES. 1. LA QUESTION DE SAVOIR SI PIERRE ÉTAIT À ROME.
2. COMBIEN DE TEMPS IL Y A ÉTÉ ÉVÊQUE. 3. QUI LUI A SUCCÉDÉ
Le principe commun des papistes est que Pierre siégeait comme évêque principal à Rome. Cependant, les auteurs qu’ils citent à cet effet diffèrent grandement. En effet, en ce qui concerne son arrivée dans cette ville, certains la fixent à l’an 41 ; d’autres au début du règne de l’empereur Claude ; quelques-uns à la deuxième année de ce même Claude ; d’autres à la quatrième année ; d’autres encore au début du règne de Néron ; et enfin, d’autres à la quatorzième année après la conversion de Paul, etc., comme cela est noté dans les écrits d’Irénée, Orose, Damase, Hornantius, Thomas d’Aquin, les Vies des Saints, etc.
Concernant la durée de son mandat d’évêque, il n’y a pas moins de désaccords, tout comme sur la durée de son absence de son évêché pour séjourner dans d’autres lieux. Cortésius parle de dix-huit ans, Panvinio de sept ans, Bellarmin de cinq ans ; mais l’opinion générale parmi eux est qu’il a siégé vingt-cinq ans sur la chaire gouvernant leur Église ; même si certains s’y opposent catégoriquement. Voir les trois derniers auteurs mentionnés.
En ce qui concerne celui qui lui succéda dans son évêché, il existe beaucoup de confusion et d’incertitude parmi les auteurs.
Certains écrivent que Clément succéda à Pierre, comme le rapporte Tertullien ; d’autres, que Lin lui succéda, comme le disent Irénée, Eusèbe, Épiphane, etc. Tertullien, De Praescriptione Haereticorum, 32 ; Jérôme de Stridon, Contra Jovinianum.
D’autres encore affirment que Lin reprit la charge de Pierre deux ans avant la mort de ce dernier, comme le mentionne Damase, etc.
D’autres, que Pierre ordonna que Clément lui succède après la mort de Lin. In Pontific. Petr., etc. ; Clem. in Epistolam ad Jacobum, etc.
Certains écrivent aussi que la chaire de Pierre demeura vacante du vivant de Lin et de Clet, car Clément, ordonné par Pierre pour être son successeur, ne voulait pas l’occuper de leur vivant, selon leurs dires, ce dont témoigne Bellarmin.
D’autres disent que Lin occupa la chaire onze ans après la mort de Pierre (voir Eusèbe) ; d’autres encore, que Lin mourut avant Pierre et par conséquent ne fut pas son successeur dans la charge épiscopale (voir Torres, Sophrone, etc.).
Certains ajoutent qu’Anaclet succéda à Pierre et Clément à Anaclet. Jean Chrysostome, Homilia de Agone Petri et Pauli ; In Chronicum ; In Anno Clementis.
Enfin, d’autres affirment que Pierre et Lin furent évêques simultanément à Rome, le premier occupant le siège supérieur et le second le siège inférieur. Rufin d’Aquilée, Sabellicus et Torres, In vita Petri.