Trop tard!

J’ai entendu un jour le récit peu banal
De l’aventure vécue par un chrétien normal.
À ma manière, je vais essayer de transcrire
Ce que l’homme en question était venu nous dire.

J’arrivais, disait-il, ce soir-là chez ma mère.
J’avais les jambes lourdes et le cœur chagrin.
Je revenais près d’elle, lui conter mes misères,
Elle m’avait consolé, soigné comme un gamin.

Puis je m’étais couché pour passer la nuit,
Dans le lit de l’alcôve attenante au salon.
J’étais très fatigué, je me suis endormi,
Plongeant rapidement dans un sommeil profond.

Quelle fût la durée de ce temps d’inconscience?
Je ne saurais le dire quand je me retrouvai
Debout près de mon lit où je prenais conscience
Que mon corps était là, allongé, qu’il dormait.

J’ai entendu et vu ma mère qui pleurait.
Le médecin de famille était auprès d’elle.
Il venait de signer un acte officiel.
De la mort de son fils, il la consolait.

Et puis je suis parti plus vite que l’éclair.
Dans le bleu, tellement bleu du ciel, je montais
Jusqu’à apercevoir une immense lumière
Et une grande porte qui devant moi s’ouvrait.

Alors je suis entré dans un lieu admirable.
J’ai vu de grands jardins où mille fleurs poussaient.
Le sol était d’or pur, les couleurs incroyables,
La paix et la beauté en ce lieu habitaient.

Un homme s’avança vers moi, il rayonnait
De tendresse et d’amour et aussi de lumière.
Il marchait lentement, son vêtement brillait
Comme brille la neige sous un soleil d’hiver.

Il me dit: « Te voilà, mais ce n’est pas ton heure.
Il te faut retourner sur la terre prêcher.
Tu peux sauver des âmes, être prédicateur,
Annoncer le Royaume, l’abandon du péché. »

« Oh, non Seigneur, lui avais-je rétorqué,
Je veux rester ici, près de toi, c’est si beau!
Les hommes ne veulent pas se repentir, changer,
Ils ne veulent pas de toi, ça m’est un lourd fardeau. »

« Alors viens! » m’a-t-il dit, me prenant par la main.
Et il me conduisit sur un étroit chemin.
Ce chemin surplombait une vallée profonde,
Une fumée blanchâtre montait de ce lieu sombre.

On ne pouvait pas voir le fond de cet abîme,
Mais des gémissements, des cris s’en échappaient,
Comme une multitude affaiblie qui hurlait.
Il semble que d’en bas, on nous vit sur la cime,

Car des voix en grand nombre alors s’élevaient,
Dans les pleurs et les cris, on pouvait distinguer
Cette supplication mille fois répétée:
« Pardon, Seigneur ! Seigneur, pardon ! Pardon ! »

Alors la voix puissante du Seigneur plein d’amour,
De celui qui est mort pour payer nos péchés,
Cette voix s’élevait, en écho alentour:
« Trop tard! C’est trop tard! Trop tard! »

Nous sommes revenus ensemble à la porte.
« Retourneras-tu, maintenant, dit le Seigneur? »
Ils résonnaient en moi, les mots et la voix forte.
« Oui, ai-je répondu, maintenant, j’irai ! »

Je me suis retrouvé dans mon corps à l’instant,
Le médecin partait, il parlait à maman.
Et j’ai ouvert les yeux, j’ai souri à ma mère,
Puis je me suis assis, j’ai mis les pieds à terre.

C’est pourquoi, disait-il, me voici parmi vous.
Aujourd’hui, sans attendre, pour Christ, décidez-vous.
Il est mort sur la croix, faites aussi votre part,
Il faut vous repentir avant qu’il soit trop tard.

– Annick Markmann

Les citations célèbres

Il existe de nombreuses façons de trouver l’inspiration et de stimuler nos pensées. Cela peut venir d’une conversation avec un ami ou un étranger, de l’observation du magnifique paysage d’automne ou de la lecture, pour n’en citer que quelques-unes. Parmi les sources d’inspiration, les deux sur lesquelles je pense me concentrer dans cet article ne sont pas les moindres : les citations et les Saintes Écritures.

Les citations sont un « passage cité d’un auteur, d’un personnage célèbre, un exemple, ou un extrait » (Le Robert). Voilà. Je l’ai fait. Je cite déjà quelqu’un d’autre pour appuyer mes propos.

C’est probablement la raison pour laquelle les citations sont si utilisées. Des personnes célèbres et pleines d’esprit ont souvent utilisé des citations dans leurs débats oraux ou écrits pour diverses raisons : pour impressionner par leurs connaissances, pour prouver qu’elles ne sont pas seules à avoir une certaine opinion, parce qu’elles savent qu’un certain auteur a formulé ses pensées mieux qu’elles-mêmes, et parce qu’il serait malhonnête de faire croire aux gens que la pensée vient de soi alors qu’elle n’est en fait pas originale. Une autre raison très courante de partager des citations, en particulier parmi ceux d’entre nous qui sont un peu plus sentimentaux, est d’apporter du réconfort ou parce qu’elles mettent des mots sur des réalités auxquelles nous pouvons nous identifier mais que nous n’avions pas réussi à bien exprimer. Les citations ont leur place. L’internet les rend très accessibles et, comme beaucoup de choses qui nous parviennent par ce biais, les citations sont vite galvaudées.

Il y a quatre ans, j’ai pris conscience du nombre de citations que je voyais et entendais dans le cercle des chrétiens : on les trouve dans les statuts WhatsApp, sur les murs des maisons, et même dans la littérature et les conversations spirituelles. J’ai commencé à me demander pourquoi cette tendance me dérangeait. Comme c’est souvent le cas avec moi, la question est devenue quelque peu obsessionnelle pendant quelques semaines, voire quelques mois. En même temps, quelques frères avec lesquels j’en avais parlé m’ont encouragé à écrire sur le sujet. J’ai commencé à faire des recherches, mais je me suis rendu compte que je devais d’abord travailler dans mon cœur pour que ce que j’écris ne soit pas blessant ou orgueilleux, mais provienne plutôt d’un véritable désir de rechercher la vérité, de servir le Seigneur et d’aider mes frères.

Pour être clair, je crois qu’il n’y a pas de problème si les chrétiens ont recours à des citations dans une conversation ou dans un écrit. Personnellement, j’admire ceux qui lisent beaucoup et qui peuvent se souvenir de ces dictons. L’apport d’un « sage » dans une discussion peut donner un tour différent à cette dernière et nous obliger à voir les choses sous un angle nouveau. C’est très bien. Mais avant de recourir trop facilement à des « citations », il serait sans doute judicieux de s’interroger sur leur pertinence et sur leur véracité. Il serait également prudent de savoir dans quel contexte les mots ont été prononcés et qui est réellement « l’auteur célèbre ».

La question principale que je me pose est la suivante : « Qu’est-ce que la vérité ? » Est-ce que je nourris mon esprit avec les bonnes choses pour me rapprocher de Dieu ou est-ce que je tombe dans le piège du Diable ? Laissez-moi vous donner quelques exemples du danger de certaines citations, puis nous examinerons ce que la Parole de Dieu a à dire et à quel point elle est incomparable à la sagesse terrestre.

Voici quelques dictons que j’ai rencontrés :

« Soyez vous, le monde s’adaptera » (auteur inconnu). À cette sagesse moderne, la première réponse biblique qui me vient à l’esprit est la suivante : « Et ne vous conformez point au présent siècle, mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous éprouviez que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite » (Romains 12:2).

« Vivre simplement, aimer généreusement, se soucier profondément des autres, parler gentiment, laisser le reste à Dieu » (Ronald Reagan). Celle-ci est plus sensée, je pense qu’elle partait d’une bonne intention. Mais il y a un piège : la formulation donne l’idée que l’on peut faire les quatre premières actions sans s’appuyer sur Dieu, et que seul « le reste » doit lui être abandonné. Mais la Parole de Dieu nous apprend que nous avons besoin de lui pour pouvoir faire quoi que ce soit de bon. « Car c’est Dieu qui produit en vous et le vouloir et le faire selon son plaisir » (Philippiens 2.13).

Un frère aîné, qui a été mon professeur, a écrit : « Un feu pasteur disait que lorsqu’il entrait dans une maison, il examinait les murs pour voir si Dieu y vivait. S’il trouvait des citations bibliques sur les murs, il était heureux. Je fais souvent la même chose. Nous voyons des slogans tels que “Vivre, rire, aimer”. La Bible dit peut-être que toutes ces choses sont bonnes, mais cette devise ne semble-t-elle pas réduire la vie à ces trois choses seulement ? Nous sommes d’accord pour dire que la vie ne se résume pas à cela ». Selon Google Trends, ce slogan a été très à la mode de 2009 à 2014, puis les gens sont passés à autre chose, comme les dictons « Keep Calm and… ». Les versets bibliques, en revanche, ont une valeur éternelle et sont toujours appréciés des milliers d’années après leur rédaction.

Nous avons le choix entre remplir nos maisons et nos profils sociaux de citations superficielles et parfois trompeuses, ou bien de la Parole de Dieu. Voici quelques versets qui peuvent peut-être nous aider à voir plus clairement nos responsabilités.

« Mon fils, n’oublie point mon enseignement, et que ton cœur garde mes commandements. Car ils t’apporteront de longs jours, et des années de vie, et la prospérité. Que la miséricorde et la vérité ne t’abandonnent point ; lie-les à ton cou, écris-les sur la table de ton cœur ; Et tu obtiendras la grâce et une grande sagesse aux yeux de Dieu et des hommes. » (Proverbes 3.1-4).

« Car toute chair est comme l’herbe, et toute la gloire de l’homme comme la fleur de l’herbe ; l’herbe sèche, et sa fleur tombe ; Mais la parole du Seigneur demeure éternellement ; et c’est cette parole dont la bonne nouvelle vous a été annoncée » (1 Pierre 1:24-25).

« Et ces commandements que je te prescris aujourd’hui, seront dans ton cœur ; Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu te tiendras dans ta maison, quand tu marcheras en chemin, quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras ; Et tu les lieras comme un signe sur ta main, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux ; Tu les écriras aussi sur les poteaux de ta maison, et sur tes portes » (Deutéronome 6:6-9).

Combien d’entre nous inscrivent la Parole sur nos poteaux et nos portes ? On pourrait dire que, puisque nous vivons à l’époque du Nouveau Testament, il suffit d’avoir la Parole dans notre cœur et notre esprit. Peut-être, mais qu’en est-il du témoignage que nous rendons à nos enfants et à nos visiteurs ? Nous nous rendons compte que la jeune génération (dont je fais partie) ne connaît pas les Écritures aussi bien que les personnes âgées. Nous mettons cela sur le compte de la technologie et de la vie facile, mais peut-être y a-t-il d’autres causes ? Se pourrait-il que nous connaitrions mieux la Parole de Dieu si les versets bibliques étaient plus souvent abordés dans les conversations, plus chéris par les personnes d’âge mûr et les personnes âgées, et plus souvent vus par un regard (même distrait) à l’intérieur de nos maisons ? De quoi nous nourrissons-nous ?

Lorsque j’ouvre mes courriels le matin pour lire les lectures bibliques quotidiennes, où vont d’abord mes yeux ? Comme tout autre document, je commence par le haut : la citation du jour. (En effet, celui qui m’envoie des Écritures à lire quotidiennement se permet d’y ajouter des citations sur le même thème.) Je continue à lire les Écritures qui suivent la citation, mais mon esprit a déraillé ; je suis toujours occupé à traiter ce que la citation a dit et je glane très peu de choses dans les versets. Est-ce que cela vous arrive parfois aussi ? C’est ma première préoccupation : est-il bon pour moi de laisser une « parole sage » prendre plus de place dans ma méditation que la Parole vivante ?

Un jour, dans un contexte « chrétien », j’ai lu cette citation : « Ne pensez pas que l’argent fait tout, sinon vous finirez par tout faire pour l’argent ». C’est une phrase vraie et logique. Pourtant, est-ce qu’elle améliore ou surpasse les Saintes Écritures sur l’abondance ? Non. En outre, c’est Voltaire qui en est l’auteur, un philosophe connu pour avoir truqué la loterie en sa faveur et avoir fait fortune grâce au commerce des esclaves. Le fait qu’il n’ait pas mis en pratique ce qu’il prêchait semble le discréditer suffisamment pour qu’il ne soit pas mentionné avec les Saintes Écritures, à moins que ce ne soit pour illustrer la façon dont un chrétien ne devrait pas vivre.

J’ai également vu des versets de la Bible mélangés aux paroles d’Augustin (qui a inventé des raisons soi-disant bibliques pour justifier la persécution des vrais chrétiens par l’Église romaine), ou des empereurs romains qui ont condamné des chrétiens à mort, ou un écrivain égoïste qui a eu 40 maîtresses (Alexandre Dumas), ou le Dalaï-Lama (chef d’une religion qui nie même l’existence d’un dieu), ou des politiciens qui ont menti à leur peuple, Winnie l’Ourson, et bien d’autres encore. Jusqu’où pouvons-nous tomber ?

Sur les statuts WhatsApp ou Facebook, les profils, etc., nous voyons de nombreuses citations provenant de diverses sources. Parfois, les sources extrabibliques sont bonnes (Miroir des Martyrs et autres livres de ce genre). Parfois, les mots sont bons, mais la source douteuse. Parfois, même les mots semblent contenir une contre-vérité insidieuse, ou sont trop simplistes. Le dénominateur commun est que tous sont écrits par des humains faillibles, dont la sagesse ne devrait jamais être mise sur le même plan que la Parole de Dieu.

En conclusion, je ne veux pas condamner ceux qui partagent des citations. Je pense que beaucoup d’entre elles sont bonnes ou intéressantes. Mais elles ne doivent jamais remplacer la vraie nourriture qu’est la Parole de Dieu, et il me semble évident qu’elles ne doivent pas être mélangées ou mises sur un pied d’égalité avec les versets bibliques. Prenons également soin d’évaluer la raison pour laquelle nous partageons la citation, et si les mots sont vrais et conformes à la Parole de Dieu.

Ma prière serait que nous vivions une vie remplie de l’Esprit, afin de ne pas être égarés et de ne jamais éloigner les autres de Christ pour les amener vers une sagesse et une philosophie artificielles et insensées.

Je prie pour que Dieu soit miséricordieux envers tout son peuple, mais aussi pour que nous prenions très au sérieux notre héritage spirituel.

Hugues Andries

Éternel

Quelqu’un a frappé à ma porte,
C’était une femme inconnue.
L’étrangère était fort accorte,
Une bohémienne de la grand’ rue.

La grand’ rue était au village
Proche du bois de la Saint-Jean.
Les bohémiens sur leur passage,
Campaient ici dans un grand champ.

Ils y mettaient leurs caravanes,
Ils y dressaient un chapiteau.
Dans le bois paissaient leurs ânes
Et tous leurs autres animaux.

Habituellement leurs spectacles
Offraient de petits numéros,
Équilibristes, dresseurs, oracles,
Attiraient toujours les badauds.

Pourquoi et contre toute attente,
Ai-je accepté l’invitation?
Pourquoi suis-je allée sous la tente,
En quête de neuves émotions?

Je me suis assise sur un siège
Et quand le rideau se leva,
J’ai pensé être prise au piège,
Un prédicateur s’avança.

Car ce n’était pas un spectacle
Que proposaient mes bohémiens,
Mais de faire tomber les obstacles.
Ces bohémiens étaient chrétiens.

J’ai pris la main de l’Éternel,
Elle portait la marque du clou.
Et ma main dans sa main fidèle,
Alors, j’ai fléchi le genou.

Quand je lui ai livré mon âme,
Son pardon m’a vivifié.
Il a mis en moi une flamme
Qui brûle pour l’éternité.

Je me suis dit que sur la terre,
L’éphémère n’est que vanité
Et c’est d’une démarche altière
Que j’avance sur l’étroit sentier.

Que soit bénie la bohémienne
Qui était venue m’inviter.
J’ai pris la main de l’Éternel
Et ne l’ai jamais regretté.

-Annick Markmann

Éphémère

J’ai pris la main d’un éphémère
Et nous avons longtemps dansé,
Sous un ciel bleu, sous un ciel clair,
Sur de vieux airs du temps passé.

Airs de nos jours d’adolescence,
Ces jours qui ne reviennent plus,
Car l’éphémère est inconstance,
Le passé à jamais révolu.

Donne-moi ta main et prends la mienne,
Nous marcherons vers l’infini.
Et l’amour que nos mains soutiennent,
Résistera malgré les pluies.

Main dans la main sur cette terre,
Ensemble on a vécu la vie.
Ce qu’on construit reste éphémère,
On a victoires, défaites aussi.

Mais nos deux mains dans les épreuves,
Toujours sont demeurées unies.
Nos mains ridées portent la preuve,
Que le temps use et qu’il détruit.

Puis ta main a lâché la mienne,
Vers l’au-delà tu es parti.
Nos efforts jamais ne retiennent
L’éphémère qui un jour s’enfuit.

J’ai pris la main d’un éphémère,
Ensemble nous avons marché
En passagers sur cette terre,
Le regard vers l’éternité.

-Annick Markmann

La Grande Omission

Retour… (poème nostalgique)

J’ai voulu un jour revenir,
portant en moi vos souvenirs,
sur les sentiers de notre enfance.

Nous avions été si heureux,
je voulais retrouver les lieux
témoins de notre insouciance.

C’était un jour du mois de juin,
notre faubourg n’était pas loin,
je marchais avec assurance.

Le temps voilé et nuageux
teintait tout de mystérieux
et modifiait les apparences.

Lorsque j’arrivai sur la place
où nous jouions après la classe,
je ne trouvai que discordance.

Tout avait été bouleversé,
les vieilles maisons rasées,
des parkings en abondance.

Plus de demeures ancestrales,
on était dans un lieu banal,
sans chic, sans âme, sans substance.

J’ai pris la côte qui s’élevait,
qui au grand pré aboutissait
près de chez nous et quelle chance !

J’ai retrouvé la cour de pierre,
la maison blottie sous le lierre,
où nous vivions en confiance.

C’était dans les temps de la guerre,
des privations, de la misère,
mais aussi de la résistance.

J’ai tout revu: nos fleurs sauvages,
bleus myosotis et tussilage,
qui poussaient là avec vaillance.

Le clair talus de marguerites
qu’on effeuillait selon le rite,
des amours fous, des confidences.

Les papillons de forme étrange,
ailés de bleu, noir et d’orange
volaient toujours en abondance.

Les grappes en fleur du lilas blanc,
que ma douce mère aimait tant
embaumaient pour la circonstance.

J’ai mis à jour la grande dalle
où les Boches avaient fait escale,
par un sombre soir de vacances.

Ils s’étaient assis pour manger,
du pain de saindoux tartiné,
qui repoussait notre appétence.

L’un d’eux a frappé chez Nanou,
demandant à jouer pour nous,
sur le piano, des airs de France.

Je m’en souviens, je m’étais dit,
qu’il avait l’air plutôt gentil,
et assez digne de confiance.

Nos parents nous avaient redit
« N’acceptez rien de l’ennemi. »
Nous demeurions dans la méfiance.

Cette dalle, je l’ai dégagée,
des branchages accumulés,
durant des ans de négligence.

Sur elle nous posions nos tréteaux
nous déclamions Labiche, Feydeau,
pour un public plein d’indulgence.

Fête annuelle dans le quartier,
des talents étaient révélés,
sur cette scène, en abondance.

Claudette chantait avec passion
chaque année la même chanson,
celle des tristes roses blanches.

Je retrouvais vos noms enfouis
dans ces lieux où coulait l’oubli.
Et contre toute convenance,

Vos prénoms m’étant revenus,
je les ai criés vers les nues,
Et j’ai pleuré sur votre absence.

Oh mes parents, oh mes amis,
Vous me manquez tant aujourd’hui!
La mort crée de la souffrance.

Je ne vais jamais revenir,
mais je garde vos souvenirs,
qui ont fondé mon existence.

– Annick Markmann

Poème # 25 Réflexions de Covid

[Contexte: ce poème a été écrit en 2021 par une chrétienne âgée habitant en France, comme vous le savez probablement déjà, si vous suivez la série depuis le début. J’habite au Québec, je m’efforce de ne pas m’impliquer dans la politique et avec le recul d’aujourd’hui peut-être écrirait-elle autre chose, mais je le laisse ici pour sa valeur spirituelle sans nécessairement entièrement partager son analyse.]

La plage était déserte et le vent soufflait fort,
La mer rugissait dans un violent effort,
Les vagues déferlaient et moussaient sur le sable.
Nicolas marchait seul dans l’embrun redoutable.

C’était un temps terrible qui se revêtait d’ombre.
L’avenir se fermait sous des pièges sans nombre.
Il allait de l’avant résistant malgré tout,
La marée qui montait lui mouillait les genoux.

Nicolas connait bien le rythme des marées,
En dépit de la nuit, son pas reste assuré.
Encore quelques minutes et il allait atteindre
La plage et son voilier que le vent faisait geindre.

Il marchait sur le gué qu’envahissaient les eaux,
Le passage caché balisé de poteaux.
Il allait traverser, atteindre l’amarrage
Sans que soit submergé le chemin d’étiage.

Ses pensées vers Jésus alors se portaient :
Comme le seul chemin pour aller vers le Père,
Ainsi en était-il du sentier solitaire,
Conduisant au bateau qu’alors il atteignait.

C’est fou se disait-il, comme tout a changé
Et comme peu à peu s’enfuient nos libertés.
Diviser pour régner, voilà la solution.
Le village mondial se pointe à l’horizon !

De cette pandémie, on ne sortait pas vite,
Elle avait engendré un effroi sans limites.
Il y avait eu des morts, n’était-ce pas voulu ?
On n’avait pas soigné, alors qu’on l’aurait pu.

S’étaient manifestés des hommes de combat
Disant pouvoir traiter et guérir bien des cas.
Mais on les a exclus, appelés charlatans.
Et l’opinion trompée suivit ce mouvement.

Les infos diffusées avaient pour but inique,
De troubler les consciences et créer la panique.
Les nombres avancés étaient souvent faussés,
Les esprits scientifiques contestés, condamnés.

Il fallait vacciner. Ce fut la politique
De nos gouvernements, on bouscula l’éthique.
Sans recul, à tout bras, on a fait des rappels
Une fois, deux fois puis trois, et c’était sans appel.

On lave les cerveaux, on arrive à ses fins.
Il faut être injecté pour rester citoyen.
Les vaccinés pourtant, tombent malades aussi,
Ils sont contaminants, où est la tromperie ?

Un esprit de mensonge, esprit d’aveuglement,
Souffle sur le pays, comme souffle le vent
Qui persiste et finit par amener la pluie.
Mais Nicolas n’est pas dehors sans abri.

Dans son voilier solide, comme il se sent bien
Malgré les pandémies, l’avenir incertain.
Sa vie reste fondée sur ce que dit la Bible,
La parole d’un Dieu qui demeure invincible.

Et bien que la folie sévisse dans le monde,
Il est ici paisible. Dehors le tonnerre gronde.
Son cœur se réjouit quand l’orage prend fin,
Il réglera ses voiles et partira demain.

  • Annick Markmann