Entente fraternelle de l’an 1527

Ces sept articles sont souvent appelés la Confession de Schleitheim. Ils sont le résultat d’une réunion de plusieurs ministres chez Michael Sattler à Schleitheim, dans le nord de la Suisse, le 24 février 1527. C’était une période de persécutions intenses et les frères souhaitaient exprimer leur conviction commune sur l’ordre à suivre pour maintenir la […]

Entente fraternelle de l’an 1527

La continuité de la foi vaudoise dans les anabaptistes mennonites

L’auteur du Miroir des Martyrs ajoute ceci:

« Ces frères moraves sont appelés anciens Waldensen* par Jacob Mehrning, qui démontre également que divers hommes excellents et savants comptés parmi les anabaptistes sont issus d’eux. Ses paroles sont les suivantes : « Parmi ces Anciens vaudois de Bohême et de Moravie sont ensuite issus plusieurs hommes excellents ; comme, entre autres, Hans Koch et Leonhard Meister, qui furent tous deux mis à mort à Augsbourg, en l’an 1527 apr. J.-C. Également, le très savant Michel Sattler, qui a servi son assemblée dans l’exercice de son ministère, en l’an 1527 apr. J.-C., à Horb, en Allemagne. Aussi, Leonhard Keyser, qui fut martyrisé en Bavière en l’an 1529 ; à qui, alors qu’il était en prison, le Dr Luther adressa des lettres de consolation, bien qu’il (Keyser) ne s’accordait pas avec Luther en ce qui concerne le baptême des nourrissons. Bapt. Hist., 2e part, page 748. » (p. 339 du Miroir anglais)

« Depuis l’an 1160 apr. J.-C. jusqu’à ce jour (l’an 1660 apr. J.-C.), nous avons suivi selon nos capacités les traces et les pas des anciens vaudois, que nous n’avons nullement perdus de vue jusqu’à ce moment-là, nous ne les avons pas perdus de vue non plus actuellement, mais nous les gardons toujours à l’esprit.

Cela apparaît dans le cas de deux hommes pieux de cette profession (qui s’accorde avec celle des anabaptistes) qui, aimant la vérité de Christ, qu’ils soutenaient plus que leurs propres vies, ont été mis à mort à Augsbourg, en Allemagne, conformément à la rigueur du tribunal, là, en l’an 1524.

À ce propos, nous lisons dans l’Histoire du baptême de Jacob Mehrning les mots suivants traduits de l’allemand : « De ces anciens Waldensische Broederen** bohémiens et moraves surgirent ensuite plusieurs hommes excellents, comme, entre autres, Hans Koch et Leonhard Meister, qui furent tous deux mis à mort à Augsbourg, en l’an —*** apr. J.-C. Bapt. Hist., page 748.

NOTE. —L’an 1160 fut le moment où Pierre Valdo comparut contre la papauté, à Lyon, en France, et fit une saine confession, dont nous avons rendu compte dans le premier livre. Quant à ses descendants, Hans Koch et Leonhard Meister sont comptés comme n’étant pas des moindres, de même que, Michel Sattler, Leonhard Keyser, Johannes Hut, etc. Voir Jac. Mehr., Bapt. Hist., page 748. » (p. 413 du Miroir anglais)

L’origine de la foi anabaptiste remonte à l’Église primitive, par les vaudois

Certaines fausses doctrines de l’Église catholique

Beaucoup de gens ont quitté l’Église catholique romaine pour rejoindre la foi anabaptiste, et ce pendant bien des siècles. Pourquoi? Certainement pas pour mener une vie plus facile! Nombreux furent ceux qui payèrent de leur vie ce changement d’allégeance. Ils avaient vu que l’Église catholique était spirituellement morte, même pis, qu’elle était activement idolâtre et anti Christ. Si les œuvres de certains des fidèles catholiques étaient louables, ont pouvait pourtant facilement discerner dans les Écritures que les pratiques de l’Église de Rome étaient bien loin de la simplicité de l’Évangile.

Pierre Vaudès (ou Valdo) fut l’un de ces ex-catholiques à rejoindre la vraie foi. Menno Simons aussi. Ce dernier était devenu prêtre à l’âge de vingt-quatre ans, il se savait négligent et indulgent, mais n’en faisait rien, voyant les autres membres du clergé faire de même. Il avait des doutes sur la transsubstantiation, et ses recherches le conduisirent à lire certains des écrits de Luther. Pour cette raison, il étudia le Nouveau Testament, qu’il avait auparavant eu peur de lire.

Il remarqua un jour qu’un homme avait été exécuté dans une ville voisine, pour avoir été « re-baptisé ». Il se demanda alors s’il y avait quoi que ce soit dans la Bible qui interdisait un second baptême et qui permettait qu’on tue une telle personne. Il se demandait aussi ce qui pouvait bien pousser des gens à rejeter le baptême catholique au point se faire « anabaptiser ». La recherche de Menno le laissa insatisfait avec des réponses incohérentes qu’il trouva en comparant Luther, Bucer et Bullinger. Il décida alors de se fier uniquement aux Écritures. Après cette décision, il devint prédicateur évangélique au sein de sa paroisse catholique. Il put prêcher la Bible dans cette paroisse pendant trois ans sans être inquiété par les autorités de l’Église de Rome.

Avant même de quitter le catholicisme, il avait rejeté l’enseignement catholique de la transsubstantiation parce qu’il n’avait rien trouvé dans le pain et le vin qu’il distribuait lors de la messe qui puisse suggérer qu’il s’était transformé en corps et sang du Christ. C’est une position qu’il n’adopta pas à la légère, et sa décision ne fut prise qu’après un examen attentif de la question. Il dit: « Finalement, j’ai eu l’idée d’examiner le Nouveau Testament avec diligence. Je n’étais pas allé très loin quand j’ai découvert que nous nous étions trompés, et ma conscience, troublée à cause du pain susmentionné, a été rapidement soulagée ».

Donc voilà les deux erreurs qui ont fait réfléchir Menno Simons. Ensuite, il en a vu bien d’autres.

Je n’ai ni le temps ni la connaissance qu’il faudrait pour exposer entièrement toutes les erreurs que l’on trouve dans l’Église catholique. Je vous propose quelques points qui me viennent à l’esprit en ce moment. Recherchez ce que la Bible dit, elle est l’autorité finale. Si vous n’êtes pas d’accord, vous n’avez pas besoin de lire les lignes qui suivent, je ne vous convaincrai sûrement pas.

(Lorsque j’utilise l’abréviation CEC suivie d’un numéro, c’est pour citer un article du Catéchisme de l’Église Catholique )

  • Le Pape et les évêques sont les seuls capable d’interpréter les Écritures (CEC100: La charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée au seul Magistère de l’Église, au Pape et aux évêques en communion avec lui.)

Pourtant, nous avons beaucoup d’Écritures dans la Bible pour démontrer que l’Église sera souillée par des faux prophètes (dont le clergé catholique fait partie), et nous savons que l’Évangile est pour tous: Jésus l’a rendu accessible même aux plus humbles:

Lisez: Actes 20.17, 28-30; 2 Pierre 2.1-3; 1 Timothée 4.1-3; 2 Timothée 4.3-4; 2 Thessaloniciens 2.3-11.

Lisons quelques Écritures, et voyons si les papes et leur Église ont bien interprété ces versets:

  • Le célibat des prêtres

(CEC1579: Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception des diacres permanents, sont normalement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat « en vue du Royaume des cieux » (Mt 19, 12). Appelés à se consacrer sans partage au Seigneur et à « ses affaires » (cf. 1 Co 7, 32), ils se donnent tout entier à Dieu et aux hommes.

1 Corinthiens 7.1-2 : Pour ce qui concerne les choses dont vous m’avez écrit, je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.

1 Timothée 3.2-5: Il faut donc que l’évêque soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, sobre, prudent, rangé, hospitalier, capable d’instruire; Point adonné au vin, ni violent, ni porté au gain déshonnête, mais doux, éloigné des querelles, exempt d’avarice, Gouvernant bien sa propre maison, tenant ses enfants dans la soumission, en toute honnêteté. Car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment gouvernera-t-il l’Église de Dieu?

1 Timothée 4.1-5: L’Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns se détourneront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs, et à des doctrines de démons; Par l’hypocrisie de faux docteurs, dont la conscience sera cautérisée, Défendant de se marier, commandant de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés, afin que les fidèles et ceux qui ont connu la vérité, en usent avec actions de grâces. Car tout ce que Dieu a créé, est bon, et rien n’est à rejeter, quand on en use avec actions de grâces; Parce que cela est sanctifié par la parole de Dieu et la prière.

Ce dernier passage surtout: il souligne deux traits de l’Église catholique qui sont clairement contraires à la Parole de Dieu: le célibat plus ou moins forcé des prêtres, et la longue tradition (en voie de disparition, il est vrai) de ne pas manger de viande certains jours, par exemple.

  • L’usage de la violence envers d’autres humains

Le refus de porter l’arme ou de renoncer à la simple foi en Jésus, a exposé ces chrétiens anabaptistes à de nombreuses persécutions. Ils se sont alors repliés dans des zones de tolérance : en Hollande et en Allemagne du Nord. Dans certains cas, ils ont été tolérés dans des zones agricoles non défrichées qu’ils mettaient en valeur, en Suisse, en Allemagne du sud ou en Ukraine. En France, dès le 16e siècle, mais surtout depuis le 17e siècle, les mennonites se regroupèrent dans l’est du pays. Éventuellement, un grand nombre d’entre eux émigrèrent vers les États-Unis, puis vers le Canada et les pays d’Amérique latine. Aujourd’hui, il y a des vrais chrétiens dans (presque) tous les pays du monde, bien que nous ne sachions pas combien. Cela est entre les mains de Dieu.

Nous pourrions mentionner d’autres sujets:

  • Le baptême des nouveau-nés
  • La violence faite aux «hérétiques»
  • Le culte voué aux saints
  • Le mariage entre l’Église et le pouvoir étatique
  • etc.

Par manque de temps, je vous laisse entreprendre vos propres recherches à ces sujets, que je développerai peut-être une autre fois, si Dieu le permet.

Avec le temps, Menno Simons s’est rendu compte que les principes bibliques étaient mis en pratique en tous points par les anabaptistes (qu’on appelait aussi Vaudois ou Picards dans les Pays-Bas). Lorsqu’il dut se résoudre à quitter l’Église catholique, parce que le pur Évangile qu’il prêchait commençait à en déranger quelques-uns, il rejoignit une assemblée anabaptiste, en tant que simple laïc. Avec le temps, grâce aux talents de prédicateur et d’apologète que Dieu lui avaient donné, ses frères dans l’Église reconnurent en lui les dons de ministre de l’Évangile, et il fut ordonné pasteur (ou surveillant, ou évêque, selon la terminologie que vous préférez) au sein de l’Église de Dieu, dite anabaptiste. Il devint très connu parce qu’il avait écrit de nombreux ouvrages et lettres apologétiques et sa tête fut mise à prix, de sorte que ses détracteurs commencèrent à appeler les anabaptistes « mennonites », afin de faire croire qu’ils étaient une secte suivant un certain « Menno ». Cependant, il n’avait pas fondé cette Église, qui était en fait issue des vaudois qui eux-mêmes tirent leurs origines de l’Église primitive, et Menno Simons n’en était qu’un dirigeant parmi d’autres (notamment Théodore Philippe).

Question:

Alors, si les anabaptistes s’opposent à la foi des catholiques, sont-ils protestants?

Non, clairement, NON! Les anabaptistes ont existé depuis toujours (sous plusieurs appellations différentes: vaudois, donatistes, pauliciens, etc. ). Lorsque la vraie Église de Dieu a été polluée par de nombreux païens et incroyants (surtout à partir du règne de Constantin), elle s’est bien vite scindée entre les vrais chrétiens (indépendants du pouvoir temporel) et ceux qui ont accepté de suivre un pontife temporel. Bien vite, les vrais croyants ont été persécutés par les dirigeants de l’Église de Rome. Ce n’est que des siècles plus tard, après l’invention de l’imprimerie et la diffusion de la Bible à travers l’Europe, que la Réforme a été déclenchée.

Je vous invite à lire ce court article paru récemment dans un périodique de l’Église, qui explique simplement pourquoi nous ne pourrons jamais être considérés comme protestants.

 – Protestants ou anabaptistes?

Il faut savoir que nous croyons que Dieu a préservé son Église à travers les âges, et non pas qu’il l’a ressuscitée à l’époque de la Réforme. Il y a beaucoup d’écrits qui démontrent qu’il y a eu des vrais chrétiens au cours de chaque siècle. Ils avaient une foi pure et non résistante. Ils ont souffert beaucoup de persécution de la part des Juifs, des païens, des catholiques, des musulmans et des protestants. Lisez le Miroir des martyrs si vous voulez en savoir plus.

Les martyrs de l’an 1022 à Orléans

[Texte tiré des pages 268 à 270 du Miroir des martyrs en néerlandais, ou 265 à 267 du Miroir des martyrs en anglais]

QUATORZE PERSONNES, DONT LE PLUS ÉMINENT S’APPELAIT ÉTIENNE, BRÛLÉES COMME HÉRÉTIQUES À CAUSE DU TÉMOIGNAGE DE LA VÉRITÉ, PAR LES PAPISTES, À ORLÉANS EN FRANCE, VERS LA FIN DE L’AN 1022 apr. J.-C.

En l’an 1022 apr. J.-C., vers la fin de l’année, semble-t-il, ou, au plus tard, en l’an 1023 apr. J.-C., des personnes furent arrêtées et brûlées publiquement en France, en présence du roi Robert II Le Pieux, pour cause d’hérésie (selon les papistes) ; quatorze personnes, dont les unes étaient des gens ordinaires, tandis que les autres étaient d’origine noble[1], et dont le plus éminent s’appelait Étienne. Elles étaient accusées d’avoir parlé en mal de Dieu et des saints sacrements, c’est-à-dire du saint baptême (à savoir du baptême des nourrissons, car c’était ce que pratiquaient généralement les papistes et au sujet duquel les disputes étaient fréquentes), et du corps et du sang du Seigneur (c’est-à-dire le sacrement de l’autel, que les romanistes avaient coutume d’appeler le corps et le sang du Seigneur) ; aussi du mariage, etc.

« Cela apparaît, dit l’écrivain, avoir été la première exécution (à savoir par le bûcher) de personnes accusées d’hérésie dans l’Église romaine. » En poursuivant, il dit : « Dans un vieux livre, nous trouvons un récit selon lequel cette hérésie fut apportée dans ce pays depuis l’autre côté de la mer, c’est-à-dire depuis la Bulgarie, et que de là elle se répandit dans d’autres provinces, où elle fut par la suite très en vogue, principalement dans le Languedoc, autour de Toulouse et en Gascogne. »

Il y déclare aussi que les gens qui maintenaient cette doctrine étaient appelés albigeois, et aussi bougres, parce qu’ils venaient de Bulgarie. Nicolas Vignier, Recueil de l’Histoire de l’Église, pour l’an 1022 apr. J.-C., ex Glabro et Massonius in Annalibus, et alio Antiquo Authore, comparé à Abr. Mell., fol. 381, col. 2, et fol. 436, col. 1.

Quant aux accusations portées contre les quatorze personnes citées plus haut, elles étaient, tel que rapporté : Qu’ils avaient parlé contre l’article concernant Dieu ; contre les saints sacrements, le baptême et le sacrement de l’autel ; contre le mariage, etc. ; en raison desquelles leur fut infligée une mort par le feu très cruelle, épouvantable et misérable.

Mais ce qu’ils croyaient et maintenaient à propos desdits points, conformément au récit d’écrivains impartiaux, sera amplement expliqué par la suite, dans la Confession des albigeois et des vaudois, qui tenaient la même croyance ; puisque ces personnes sont tenues pour avoir été les premiers-nés de ceux qui maintenaient la doctrine des albigeois (bien avant leur essor général). Voir les auteurs cités ci-dessus, surtout le dernier.

Alors on verra qu’ils ne croyaient et ne parlaient que ce que nous croyons et disons aujourd’hui ; aussi, en ce qui concerne le baptême, qu’ils baptisaient les croyants et s’opposaient au baptême des nourrissons ; et, touchant la Cène, qu’ils l’observaient conformément à l’institution de Christ, mais rejetaient la messe et la transsubstantiation ; encore, qu’ils étaient opposés à la vengeance, au serment, à la confession auriculaire, à l’invocation des saints défunts, au purgatoire, etc.

14 personnes brûlées pour hérésie à Orléans en l’an 1022, Jan Luyken, p. 266 du Miroir anglais.

PLUS D’OBSERVATIONS CONCERNANT LESDITS QUATORZE MARTYRS, SELON LES RÉCITS DE DIVERS ÉCRIVAINS PAPISTES ET AUTRES, NOTÉES DANS LE DEUXIÈME LIVRE D’A. MELLINUS SUR LES PERSÉCUTIONS, FOL. 437, COL. 3, 4

« Robert d’Auxerre déclare desdits martyrs d’Orléans qu’ils étaient parmi les meilleurs ou les plus éminents laïcs d’Orléans, et que pour cette raison, un concile y fut convoqué contre eux, dans lequel ils furent unanimement jugés et condamnés au bûcher comme hérétiques ; et qu’ils furent ainsi brûlés vifs. »

Ce témoignage est confirmé par Jean de Ripoll, moine à Fleury, qui donne un récit un peu plus complet de l’affaire, dans sa lettre à Oliba ou Olivarius, abbé de l’église d’Ausone, en disant : « En attendant, je vais t’informer de cette hérésie (ainsi appelle-t-il la vraie foi de ce peuple), qui se manifesta le jour des Saints Innocents [le 28 décembre] dans la cité d’Orléans ; car, si tu en as entendu parler, c’est la vérité. Le roi Robert fit brûler vifs quatorze des laïcs les plus remarquables ou les plus noblement nés de ladite ville ; qui, (Oh ! quel grand mensonge !) abominables devant Dieu et haïs du ciel et de la terre, ont totalement nié la grâce du saint baptême (il veut dire le baptême des nourrissons, car alors la grâce du salut était promise aux enfants, ce que ces hommes niaient) ainsi que la consécration du corps et du sang du Seigneur, et niaient que quiconque puisse ainsi obtenir la rémission des péchés, après avoir commis un crime. » Masson Annal. Franc., lib. 3, dans Hugo et Robert.

Raoul Glaber (dans Hist. Gall., lib. 3, cap. 8), donne un récit beaucoup plus circonstancié de ces martyrs, rapportant non seulement comment cette (prétendue) hérésie fut découverte, mais aussi comment elle fut amenée à Orléans et propagée ; ce dont nous passons outre, pour être brefs.

Il mentionne nommément, entre autres, deux de ces personnages, à savoir Héribert et Lisoie, qui furent très estimés et aimés du roi et des seigneurs du royaume, tant que leur condition n’était pas connue. Glaber rapporte en outre comment ils ont été découverts. À Rouen, ils cherchèrent à rallier un certain prêtre à leur croyance, par l’intermédiaire de quelques-uns qu’ils avaient probablement envoyés expressément à ce prêtre, pour lui exposer le mystère de leur doctrine, et qui s’efforcèrent de le persuader en disant que très bientôt tout le peuple se rallierait à eux.

Lorsque le prêtre comprit cela, il se rendit immédiatement chez Richard, le comte de cette ville, et lui raconta toute l’affaire. Ce dernier envoya aussitôt des lettres par messagers express au roi, l’informant de cette peste secrète (ainsi appelle-t-il la vraie foi). Le roi Robert, très affligé de cela, convoqua sans tarder un concile de nombreux évêques, abbés et autres religieux (c’est ainsi qu’il appelle ce conseil assoiffé de sang), et, par son intermédiaire, fit faire des enquêtes très strictes, tant sur les auteurs et les adhérents de ladite hérésie. Lorsque l’enquête fut faite parmi les laïcs sur ce qu’étaient les croyances et la foi de chacun, lesdits Héribert et Lisoie se sont immédiatement découverts, qu’ils différaient dans leur croyance de l’Église romaine, et ensuite d’autres déclarèrent également qu’ils adhéraient à Héribert et Lisoie, et qu’ils ne pouvaient en aucun cas être détournés de leur foi. Étant interrogés de plus près pour savoir d’où et par qui cette présomption avait pris naissance, ils donnèrent cette réponse : « C’est ce que vous avez longtemps appelé une secte, que vous reconnaissez maintenant, bien que tardivement. Mais nous avons attendu depuis longtemps que vous, ainsi que tous les autres, quelle que soit la loi ou l’ordre, puissiez venir et vous unir à cette secte ; ce qui, nous le croyons aussi, aura encore lieu ».

Ils présentèrent alors immédiatement leur croyance, sans doute à la manière des albigeois et des vaudois, comme cela sera démontré plus loin.

Lorsque le roi et tous ceux qui étaient présents virent qu’ils ne pouvaient pas être détournés de leur croyance, il commanda qu’un très grand feu de bois soit allumé non loin de la ville, afin que peut-être, terrifiés par cela, ils puissent renoncer à leur croyance. Mais, au moment où ils allaient être conduits au feu, ils crièrent à haute voix, disant qu’ils le désiraient ardemment, et ils se livrèrent entre les mains de ceux qui devaient les attirer au feu. Ils furent livrés aux flammes, au nombre de treize, et tous ceux qui, par la suite, ont été reconnus être leurs adhérents furent mis à mort par le même moyen.

De même, dans les archives de l’église paroissiale d’Orléans, appelée église Saint-Maxime, la date est précisée à laquelle cela a eu lieu. Il y est déclaré que cela se produisit publiquement à Orléans, en l’an 1022 apr. J.-C., dans la vingt-huitième année du roi Robert II, lors de la cinquième intronisation, lorsque l’hérésiarque Étienne et ses compagnons furent condamnés à Orléans et brûlés.

Les citations ci-dessus sont tirées des écrits des papistes ; c’est pourquoi le lecteur est exhorté à juger charitablement à l’égard des accusations que ces adversaires invétérés ont si amèrement portées contre ces pieux témoins de Jésus-Christ.

NOTE. — Nous avons rapporté plus haut que ces quatorze martyrs ont été considérés, par les anciens, comme les premiers-nés des vaudois ; mais les papistes les appelaient hérétiques. Cependant, cela n’a rien d’étonnant ; car, au fil du temps, ils prirent l’habitude d’appeler les hérétiques et les vaudois du même nom. Nous en présenterons quelques exemples. Le prêtre Reinerius a écrit un livre qu’il a intitulé Summa contra Haereticos, c’est-à-dire « Un résumé contre les Hérétiques. » Les jésuites donnèrent ensuite à ce livre le titre Contra Valdenses, ou « Contre les vaudois » ; comme si toutes les erreurs opposées dans ledit livre étaient particulières aux vaudois, ce qui est aussi faux que le mensonge lui-même. Comparez le livre de Reinerius avec Abraham Mellinus, 2e livre, fol. 437, col. 4.

Évrard de Béthune a donné à son livre le titre, Antihaeresis, ce qui équivaut à dire Antihérésie, etc. ; mais le jésuite Jacob Gretser, lorsqu’il publia ledit livre, l’intitula, Everhardus contra Valdenses ; comme si Évrard avait écrit uniquement contre les vaudois, alors que seule une infime partie milite contre eux. On cherchait néanmoins, par ce titre, à accuser les pauvres vaudois de toutes les hérésies mentionnées dans ce livre.

Par la suite, un certain Ermegard écrivit un livre contre les esprits grossièrement égarés qui soutenaient dans leur confession que le monde et toutes les choses visibles n’avaient pas été créés par Dieu, mais (Oh, quel horrible mensonge !) par Satan ; laquelle croyance est imputée, par la plupart des écrivains anciens, aux manichéens ; cependant, le dernier falsificateur mentionné, à savoir Gretser, n’a pas hésité à intituler une telle page dudit livre, Ermergard contre les vaudois ; alors que l’auteur réfutait spécialement les manichéens, avec lesquels les vaudois n’avaient rien en commun. Voir les auteurs et les livres mentionnés ci-dessus, ainsi que les commentaires de Balthasar Lydius sur les discussions desdites personnes. Il s’ensuit donc de ce qui précède qu’il ne doit pas paraître étrange au lecteur que les papistes appellent les vaudois orthodoxes, ou du moins ceux qui s’opposent à la doctrine romaine, ainsi que les prêtres et les moines, du nom odieux de manichéens ou hérétiques, comme c’était fréquemment le cas, et nous le démontrerons maintenant, en ce qui concerne des bons martyrs qui, par la méchanceté des papistes, furent pendus à Goslar.

Autre image trouvée en ligne concernant cet événement.

[1] Laïcs et nobles, etc. dit l’écrivain papiste.

Qui est l’Antéchrist ?

Confession de foi des vaudois, datée de l’an 1120

CONFESSION DE FOI DES ANCIENS VAUDOIS

DATÉE DE L’AN 1120.
[Notez bien : 50 ans avant la conversion de Pierre Valdo (ou Vaudès)]

1° Nous croyons et tenons fermement tout ce qui est contenu dans les douze articles du Symbole, appelé des Apôtres, tenant comme une hérésie tout ce qui y est en désaccord et ne convient pas avec les (dits) douze articles.

2° Nous croyons en un Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

3° Nous reconnaissons pour saintes Écritures canoniques, les livres de la sainte Bible.

Moïse, autrement la Genèse.
Moïse, dit l’Exode.
Moïse, dit le Lévitique.
Moïse, dit les Nombres.
Moïse, dit le Deutéronome.
Josué, les Juges, Ruth.
1 Samuel. – 2 Samuel.
1 des Rois. – 2 des Rois.
1 des Chroniques. – 2 des Chroniques.
1 Esdras. – Néhémie. – Esther. – Job. Le livre des Psaumes. – Les Proverbes de Salomon.
L’Ecclésiaste autrement dît, le Prédicateur.
Le Cantique de Salomon. Les Prophéties d’Esaïe, de Jérémie. Les Lamentations de Jérémie, Ezéchiel, Daniel, Osée. Joël, Amos, Abdias, Jonas. Michée, Nahum. Habacuc, Sophonie, Aggée. Zacharie, Malachie.

Maintenant suivent les livres apocryphes, qui ne sont pas reçus par les Hébreux. Mais nous les lisons, comme dit saint Jérôme dans son prologue sur les Proverbes, pour l’enseignement du peuple, et non pour confirmer les doctrines de l’Église ; savoir :
Le troisième livre d’Esdras.
Le quatrième livre d’Esdras.
Tobie, Judith, la Sapience. L’Ecclésiastique, Baruc, avec l’Épître de Jérémie.
Esther, depuis le dixième chapitre jusqu’à la fin.
Le cantique (le chant) des trois enfants dans la fournaise. L’histoire de Susanne.
L’histoire du Dragon.
Le premier (livre) des Machabées.
Le second des Machabées.
Le troisième des Machabées.

Maintenant suivent les livres du Nouveau Testament

L’Évangile de saint Matthieu.
L’Évangile de saint Marc.
L’Évangile de saint Luc.
L’Évangile de saint Jean.
Les Actes des Apôtres. Épître de saint Paul aux Romains.
1 Aux Corinthiens.
2 Aux Corinthiens.
Aux Galates.
Aux Ephésiens.
Aux Philippiens.
Aux Colossiens.
La 1 aux Thessaloniciens.
La 2 aux Thessaloniciens.
La 1 à Timothée.
La 2 à Timothée.
À Tite.
À Philémon.
Aux Hébreux.
Épître de saint Jacques.
La 1 Épître de saint Pierre.
La 2 Épître de saint Pierre.
La 1 Épître de saint Jean.
La 2 Épître de saint Jean.
La 3 Épître de saint Jean.
Épître de saint Jude.
L’Apocalypse de saint Jean.

4° Les livres susdits enseignent ceci. Qu’il y a un Dieu tout puissant, tout sage, tout bon, qui par sa bonté a fait toutes choses. Car il a formé Adam à son image et ressemblance ; mais que, par l’envie du diable et par la désobéissance dudit Adam, le péché est entré dans le monde, et que nous sommes pécheurs en Adam et par Adam.

5° Que Christ a été promis aux pères (patriarches) qui ont reçu (accepté) la loi, afin que (à ce que) connaissant par la loi leurs péchés, leur injustice et leur insuffisance, ils désirassent l’avènement de Christ pour satisfaire à leurs péchés et pour accomplir la loi par lui-même.

6° Que Christ est né au temps ordonné de Dieu son Père, c’est à savoir, à l’heure que toute iniquité abondait, et non pas pour (opérer) les bonnes oeuvres seulement. Car, tous étaient pécheurs, mais afin qu’il nous fît grâce et miséricorde comme (celui qui est) véritable.

7° Que Christ est notre vie, et vérité, et paix, et justice, et pasteur (berger), et avocat, et victime, et sacrificateur (prêtre), lequel est mort pour le salut de tous les croyants, et ressuscité pour notre justification.

8° Et semblablement nous tenons fermement qu’il n’y a aucun autre médiateur et avocat auprès de Dieu le Père, sinon Jésus-Christ. Mais que la vierge Marie a été sainte, humble et pleine de grâce, et de même nous croyons de tous les autres saints qu’ils espèrent dans le ciel la résurrection de leurs corps au (jour du) jugement.

9° De même nous croyons qu’après cette vie il y a seulement deux lieux, un pour les sauvés lequel nous appelons du nom de paradis, et l’autre pour les damnés lequel nous appelons enfer, niant tout-à-fait ce purgatoire, rêve de l’Antichrist et imaginé contre la vérité.

10° De même, nous avons toujours cru que c’est une abomination qu’on ne doit pas proférer devant Dieu que toutes les choses trouvées (inventées) par les hommes, comme sont les fêtes et les vigiles des saints, et l’eau qu’on appelle bénite, (comme) de s’abstenir certains jours de viande, d’autres aliments (mangers), et choses semblables, principalement les messes.

11° Nous avons en abomination les inventions (trouvailles) humaines, comme antichrétiennes par lesquelles nous sommes troublés et qui portent préjudice à la liberté d’esprit.

12° Nous croyons que les sacrements sont des signes ou des formes visibles de grâce invisible, pensant (tenant) qu’il est bon que les fidèles en usent quelquefois (de ces dits signes, ou formes visibles), si cela peut se faire. Et cependant nous croyons, et nous tenons que lesdits fidèles peuvent être sauvés, en ne recevant pas lesdits signes, quand ils n’ont ni le lieu, ni le moyen (la manière) de pouvoir en user (desdits signes).

13° Nous n’avons connu d’autres sacrements que le baptême et l’eucharistie.

14° Nous devons honneur au pouvoir séculier, en soumission, en obéissance, en zèle (promptitude), et en paiement.

Voir les sites suivants :

https://temoinanabaptiste.com/2017/01/22/confession-de-foi-des-vaudois-de-lan-1120/

https://www.info-bible.org/livres/Histoire.Eglise.Vaudoise.2/16.htm

Cliquer pour accéder à waldensian_confession_1120.pdf

Une autre confession vaudoise datant de 1541 se trouve ici : https://www.jstor.org/stable/24282260

Cependant, il faut garder à l’esprit que la foi de ces vaudois commençait peut-être déjà à dériver, étant donné que peu de temps après on les voit prendre les armes pour se défendre et ensuite se fondre avec les protestants, alors que leurs origines étaient très différentes.