POURQUOI IL EST IMPOSSIBLE QUE PIERRE AIT ÉTÉ LE PREMIER ÉVÊQUE À ROME (ET ENCORE MOINS PAPE)

[Traduction des pages 25-30 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.

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DIVERSES RAISONS, TIRÉES DES SAINTES ÉCRITURES, MONTRANT QUE PIERRE N’ÉTAIT PAS À ROME PENDANT LE TEMPS QUE PAUL Y ÉTAIT, SAUF (COMME CELA A ÉTÉ EXPLIQUÉ CI-DESSUS) À LA FIN DE SA VIE

Dans cette démonstration, nous renoncerons à la méthode employée par Sébastien Franck, Jean Gysius et d’autres, qui ont écrit syllogistiquement sur ce sujet, et nous nous en limiterons uniquement au témoignage formel (ou, du moins, à ses simples déductions), de l’Écriture Sainte, sur laquelle nous nous proposons de fonder notre argumentation.

Raison. — Premier argument. — Lorsque Paul approchait de la ville de Rome, où il devait comparaître devant César, les frères1 sortirent de la ville pour le rencontrer, jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois Tavernes, et Paul, en les voyant, prit courage. Ac 28:15 : Mais parmi eux, Pierre n’est pas mentionné une seule fois, ce qui aurait assurément été le cas s’il avait été avec eux et avait occupé le siège épiscopal à cet endroit, comme certains le prétendent.

Deuxième argument. — Quand il arriva que Paul eut à rendre compte pour la première fois devant l’empereur, il fut abandonné de tous, et personne ne l’assista, de sorte qu’il s’en plaignit à Timothée (2 Tm 4:16). Or, si Pierre avait été à Rome, il n’aurait certainement pas abandonné Paul, qu’il avait l’habitude d’appeler son frère bien-aimé (2 P 3:15), mais il l’aurait soutenu avec des conseils et une réelle assistance, selon ses capacités. Cela, cependant, ne s’est pas produit, ce qui montre clairement qu’il n’était pas là à cette époque ; à moins que quelqu’un puisse conclure, que lui, qui avait auparavant abandonné son Seigneur et Sauveur (ce qui était une affaire de grande importance), aurait probablement aussi abandonné Paul, qui était inférieur.

On peut répondre à cela que Pierre, au moment où il abandonna Christ, n’était pas rempli du don du Saint-Esprit, qui ne fut déversé sur les apôtres qu’après l’ascension de Christ (Ac 2:1-3) ; il pouvait donc facilement chuter ; mais maintenant, étant rempli du Saint-Esprit2, il en était tout autrement, à tel point que lui et ses compagnons apôtres ne craignaient aucune souffrance, pas même la mort elle-même. Comparez Ac 4:19-21 avec Ac 5:40-42 et Ac 12 : 3-4. Voir aussi 1 P 3:14 et 1 P 4:16.

De plus, dans la plainte de Paul à Timothée, il ne mentionne aucunement que Pierre l’ait abandonné, ce qui, si cela s’était produit, n’aurait certainement pas été passé sous silence, comme ce serait une affaire notable, d’autant plus qu’il mentionne par leur nom certains de ceux qui l’ont abandonné, comme Démas, Alexandre le forgeron, etc.

Troisième argument. — Lorsque Paul était enfermé en prison à Rome et enchaîné, il rendit hommage à Onésiphore, parce qu’il lui avait rendu visite et qu’il n’avait pas eu honte de sa chaîne, sans rien mentionner des autres, en disant : « Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes » (2 Tm 1:16).

Mais pourquoi ne rend-il pas hommage à Pierre de lui avoir rendu visite dans ses liens ? ou, si Pierre était là et ne l’a pas fait, mais avait honte de sa chaîne, pourquoi ne se plaint-il pas, qu’un si grand homme, qui aurait dû être un chef pour les autres, ait été si négligent à cet égard ?

Si Pierre avait été dans la ville à cette époque, qu’il lui eut rendu visite ou non en prison, Paul n’aurait assurément pas gardé un silence total à son sujet, soit pour l’en louer, soit pour s’en plaindre.

Quatrième argument. — Lorsque plusieurs s’étaient éloignés de Paul, pendant qu’il était en prison, il fit mention d’un homme qui était resté près de lui ou avec lui, à savoir dans la ville de Rome. Il l’appelle Luc et dit : Luc seul est avec (ou près de) moi (2 Tm 4:11). Il s’ensuit qu’au moment où Paul écrivait ceci, Pierre n’était pas à Rome, sinon il n’y aurait pas eu que Luc avec lui.

Cinquième argument. — Juste après les paroles mentionnées ci-dessus, Paul demande à Timothée d’amener Marc avec lui lorsqu’il viendrait vers lui, car il lui serait très utile pour son ministère, en disant : Prends Marc, et amène-le avec toi (quand tu viendras) ; car il m’est utile pour le ministère (2 Tm 4:11).

Or, si Pierre était à Rome à ce moment, pourquoi Paul était-il obligé d’envoyer chercher Marc pour le ministère ? Ou encore, s’il n’était pas loin, pourquoi n’a-t-il pas envoyé chercher Pierre ? Certainement, s’il l’avait envoyé chercher, celui-ci n’aurait pas refusé de venir, à moins qu’il n’en ait été empêché par une cause importante : et on pourrait alors conclure que Pierre était là depuis un temps considérable, puisque, comme nous le constaterons, ils moururent tous deux assez longtemps après.

Mais il n’apparaît pas que Paul l’ait envoyé chercher, d’où on ne peut conclure qu’il soit venu en réponse à sa convocation. Et même s’il était venu à ce moment, son séjour là n’aurait pas pu durer plusieurs années, encore moins vingt-cinq ans, comme le disent les papistes, puisque la mort l’a rattrapé, ainsi que Paul, comme il est indiqué à sa juste place. Cependant, l’ajout de toute cette argumentation est inutile et superflu.

Sixième argument. — Paul a écrit plusieurs épîtres aux croyants depuis sa prison à Rome : aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Timothée, à Philémon, etc. Il y insère diverses salutations de la part des croyants de l’Église à Rome, tout comme il fait parfois mention de ses compagnons d’œuvre au début de celles-ci ; mais il ne mentionne jamais Pierre. En voici des exemples.

Au début de l’épître aux Philippiens, il écrit ces mots : « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ ». Or, pourquoi n’ajoute-t-il pas ici : et Simon Pierre ?

Presque de la même manière, il commence l’épître aux Colossiens, en disant : « Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée. » Pourquoi n’ajoute-t-il pas : et Pierre, l’apôtre en chef ? 

En concluant ces épîtres, il ajoute les salutations des saints qui étaient avec lui. Aux Philippiens, il écrit : « Tous les saints vous saluent, et principalement ceux de la maison de César » (Ph 4:21-22). Aux Colossiens il adresse ces paroles : « Épaphras, qui est des vôtres, vous salue : un serviteur de Christ » (Col 4:12). Aussi : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (v. 14).

Pierre n’est pas du tout mentionné ici, ce qui, s’il avait été là, aurait certainement été tout à fait nécessaire.

Il a suivi cette même pratique dans toutes les autres épîtres qu’il a écrites depuis Rome. Il dit à Timothée : « Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères te saluent » (2 Tm 4:21).

À Philémon : « Épaphras… te salue, ainsi que Marc, Aristarque… » (Phm 1:23-24).

Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, mais tout cela se résume ainsi : que ce serait une chose étrange si Pierre était à Rome lorsque Paul a écrit ses épîtres depuis la prison romaine, que ce dernier n’ait jamais mentionné dans ces épîtres une salutation de Pierre (ce que, comme indiqué, il n’a pas fait) ; voyant qu’il mentionne les salutations de différents chefs et membres de l’Église romaine, qu’il appelle par leur nom ; il est donc tout à fait raisonnable de conclure que Pierre n’était pas là à cette époque.

NOTE : Outre les six arguments mentionnés, prouvant que pendant le temps où Paul était emprisonné sous Néron, Pierre n’était pas à Rome, selon le témoignage des Saintes Écritures, il s’ensuit diverses circonstances montrant (par la même autorité des Saintes Écritures), que même pendant le temps où Paul était sorti de prison, Pierre ne se trouvait pas dans cette ville.

Première circonstance. — Ici nous devons considérer pourquoi Paul a écrit une épître à l’Église de Rome (épître qui existe encore), tant pour confirmer la foi chrétienne que pour stimuler les vertus morales, si Pierre était là à cette époque et avait la charge de ladite Église ? ou, si pour des raisons importantes il était nécessaire qu’il leur écrive, pourquoi n’a-t-il pas envoyé cette épître à Pierre, leur chef, comme il l’a fait à Timothée, le docteur de l’Église d’Éphèse, et à Tite, le docteur de l’Église de l’île de Crète ?

Ou, du moins, si nous regardons le contenu de cette épître, nous pouvons très bien considérer, pourquoi il ne lui a pas adressé une salutation, ou ne l’a pas mentionné une seule fois par son nom ? voyant qu’il a rempli presque un chapitre entier avec les noms de ceux qu’il salue à Rome : comme Aquilas et sa femme Prisca (ou Priscille), Épaïnète et Marie, ainsi qu’Andronic, Junias, Amplias, Urbain, Apellès, Hérodion, ceux de la maison de Narcisse (les femmes), Tryphène et Tryphose, Perside, Rufus, Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Philologue, Nérée, etc., tout au long de Romains 16, sans faire aucune mention de la personne ou du nom de Pierre ; d’où on peut conclure à nouveau pour de bonnes raisons ce qui a été conclu précédemment à partir du récit des salutations que Paul a écrites alors qu’il était en prison à Rome, à savoir que Pierre n’était pas dans cette ville à ce moment-là.

Deuxième circonstance. — Lorsqu’il arriva ensuite que Paul, après avoir parcouru l’Arabie et le pays de Damas, revint au bout de trois ans, avec un désir particulier de voir Pierre ; il ne le chercha pas à Rome, mais à Jérusalem ; où, lorsqu’il l’eut trouvé, il demeura quinze jours chez lui : puis il repartit dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie (Ga 1:17-21).

Troisième circonstance. — Lorsque quatorze années supplémentaires se furent écoulées, à savoir celles passées par Paul dans son voyage en Syrie et en Cilicie, où se trouvait Pierre ? Certainement pas à Rome, mais à Antioche ; car là Paul s’approcha de lui et le réprimanda, parce qu’il avait mangé avec les païens en présence des juifs3. Comparez Ga 2:1 avec les versets 11 et 12.

Quatrième circonstance. — Quand certains vinrent de la Judée, et troublèrent les frères, disant que, s’ils n’étaient pas circoncis selon le rite de Moïse, ils ne pouvaient être sauvés, Paul, Barnabas et d’autres hommes pieux furent envoyés vers les apôtres et les anciens, pour les consulter sur l’affaire, Pierre, ainsi que les autres personnes auxquelles ils avaient été envoyés, se trouvait à Jérusalem (Ac 15:1-7).

Cinquième circonstance. — En Galates 2:7, nous lisons que les incirconcis (c’est-à-dire les païens) furent confiés à Paul et les circoncis (c’est-à-dire les juifs ou la nation juive) à Pierre, et, au verset 9, que Pierre (appelé alors Céphas) avec Jacques et Jean donnèrent la main d’association à Paul et à Barnabas, et convinrent que ces derniers devraient aller vers les païens, et eux vers les circoncis (les juifs) pour leur prêcher l’Évangile.

Il est donc établi que Pierre était à proprement parler un apôtre des juifs (après que cet accord ait été conclu) et non des païens. Mais s’il avait enseigné parmi les Romains, qui étaient païens par nature, il aurait largement outrepassé son engagement et sa promesse, ce qu’on ne doit certainement pas supposer d’un homme aussi grand et éminent que l’était Pierre à ce moment-là.

Sixième circonstance. — Des deux épîtres de Pierre, et en particulier des paroles en 1 P 1:1, il apparaît évident qu’il a prêché aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie (c’est-à-dire à ceux des douze tribus d’Israël qui y étaient dispersés) conformément à l’affirmation de Jacques (chap. 1:1). Comme ces contrées sont parfois éloignées les unes des autres, certaines sont distantes de quelques centaines de lieues4, il aurait fallu plusieurs années pour les parcourir et y prêcher. Il est clair que pendant ce temps-là, Pierre ne pouvait se trouver simultanément là-bas et à Rome ; ce qui est incontestable.

Septième circonstance. —À la fin de la première épître de Pierre, à savoir 1 P 5:13, nous lisons : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue… »

Comment Pierre pouvait-il envoyer une salutation de la part de l’Église de Babylone, s’il n’était pas avec elle à Babylone à ce moment-là ? Mais s’il était à Babylone, il n’était pas à Rome, à moins qu’il n’ait eu deux corps, ce dont nous ne lisons rien, et que nous n’avons aucune raison de croire.

Huitième circonstance. — Ceux qui soutiennent que Pierre était évêque à Rome ne font aucune distinction entre les mots apôtre, ou messager, et évêque, ou surveillant ; pourtant il y a toujours eu une différence marquée entre la charge d’apôtre et celle d’évêque.

La charge d’un apôtre était de voyager d’un pays à l’autre, oui, même à travers le monde entier, et de prêcher l’Évangile à ceux qui ne l’avaient pas encore entendu. Il n’était donc pas lié à un lieu ou à une Église en particulier, comme cela ressort de Mt 28:19 ; Mc 16:15.

D’autre part, la charge d’un évêque ou d’un surveillant était de veiller, de prendre soin, de paître et de gouverner, comme un berger son troupeau, une Église particulière à laquelle l’Évangile avait déjà été prêché et qui avait accepté la foi et le symbole du saint baptême. Comparez Ac 20:28 avec 1 Tm 3:1-5 ; Tt 1:5-7.

Or, c’est un fait que, à proprement parler, ce n’est pas cette dernière charge, mais la première qui a été enjointe à Pierre, car il se donne le premier nom mentionné : apôtre (voir 1 P 1:1 et 2 P 1:1) ; c’est dans ce but que Christ Lui-même l’avait choisi (Lc 6:13-14) et envoyé, comme cela peut se voir clairement dans le dernier chapitre de Matthieu et de Marc.

Comment se fait-il alors que Pierre ait siégé comme évêque de l’Église à Rome ? Qui plus est, pendant un nombre considérable d’années ! À moins qu’il ne soit dit que Pierre ait abandonné sa charge, et ait accepté une autre fonction et un autre ministère que celui auquel il avait été appelé ; ce qu’il serait difficile de prouver, puisque rien n’est mentionné à ce sujet dans les Écritures Saintes.

Remarques complémentaires sur les circonstances précédentes

Si l’on devait se tenir uniquement au témoignage des saintes Écritures, n’acceptant rien d’autre comme digne de foi, il ne pourrait en aucun cas être démontré que Pierre ait été à Rome ; mais, puisque les saintes Écritures ne rapportent pas tout ce qui s’est passé, le témoignage de certains auteurs reconnus de cette époque peut être accepté comme crédible, pourvu que leur témoignage ne contredise pas ce qui est exprimé dans les saintes Écritures.

Nous avons démontré, d’après les écrits apostoliques, que pendant le temps où Paul écrivait ses épîtres dans la prison de Rome, et aussi pendant toute la période où il (Pierre) prêchait dans les pays étrangers, Pierre n’était pas à Rome, mais à Jérusalem, à Antioche, dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, et dans d’autres lieux où les juifs étaient dispersés. C’est ce que nous avons clairement démontré, d’abord par six arguments, puis par huit circonstances tirées des saintes Écritures. Mais quant à l’endroit où se trouvait Pierre, ou comment il est mort, après que Paul eut écrit sa dernière épître depuis Rome, les Écritures n’en disent rien.

C’est pourquoi le témoignage de ces auteurs que nous venons de citer ne peut pas bien être contredit. Ils soutiennent que Pierre est venu à Rome peu avant sa mort et qu’il y a donné sa vie pour la doctrine de la vérité évangélique ; sans rien y mentionner de son épiscopat, et encore moins de sa papauté. 

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DISCORDANCE ENTRE AUTEURS PAPISTES. 1. LA QUESTION DE SAVOIR SI PIERRE ÉTAIT À ROME.

2. COMBIEN DE TEMPS IL Y A ÉTÉ ÉVÊQUE. 3. QUI LUI A SUCCÉDÉ

Le principe commun des papistes est que Pierre siégeait comme évêque principal à Rome. Cependant, les auteurs qu’ils citent à cet effet diffèrent grandement. En effet, en ce qui concerne son arrivée dans cette ville, certains la fixent à l’an 41 ; d’autres au début du règne de l’empereur Claude ; quelques-uns à la deuxième année de ce même Claude ; d’autres à la quatrième année ; d’autres encore au début du règne de Néron ; et enfin, d’autres à la quatorzième année après la conversion de Paul, etc., comme cela est noté dans les écrits d’Irénée, Orose, Damase, Hornantius, Thomas d’Aquin, les Vies des Saints, etc.

Concernant la durée de son mandat d’évêque, il n’y a pas moins de désaccords, tout comme sur la durée de son absence de son évêché pour séjourner dans d’autres lieux. Cortésius parle de dix-huit ans, Panvinio de sept ans, Bellarmin de cinq ans ; mais l’opinion générale parmi eux est qu’il a siégé vingt-cinq ans sur la chaire gouvernant leur Église ; même si certains s’y opposent catégoriquement. Voir les trois derniers auteurs mentionnés.

En ce qui concerne celui qui lui succéda dans son évêché, il existe beaucoup de confusion et d’incertitude parmi les auteurs.

Certains écrivent que Clément succéda à Pierre, comme le rapporte Tertullien ; d’autres, que Lin lui succéda, comme le disent Irénée, Eusèbe, Épiphane, etc. Tertullien, De Praescriptione Haereticorum, 32 ; Jérôme de Stridon, Contra Jovinianum.

D’autres encore affirment que Lin reprit la charge de Pierre deux ans avant la mort de ce dernier, comme le mentionne Damase, etc.

D’autres, que Pierre ordonna que Clément lui succède après la mort de Lin. In Pontific. Petr., etc. ; Clem. in Epistolam ad Jacobum, etc.

Certains écrivent aussi que la chaire de Pierre demeura vacante du vivant de Lin et de Clet, car Clément, ordonné par Pierre pour être son successeur, ne voulait pas l’occuper de leur vivant, selon leurs dires, ce dont témoigne Bellarmin.

D’autres disent que Lin occupa la chaire onze ans après la mort de Pierre (voir Eusèbe) ; d’autres encore, que Lin mourut avant Pierre et par conséquent ne fut pas son successeur dans la charge épiscopale (voir Torres, Sophrone, etc.).

Certains ajoutent qu’Anaclet succéda à Pierre et Clément à Anaclet. Jean Chrysostome, Homilia de Agone Petri et Pauli ; In Chronicum ; In Anno Clementis.

Enfin, d’autres affirment que Pierre et Lin furent évêques simultanément à Rome, le premier occupant le siège supérieur et le second le siège inférieur. Rufin d’Aquilée, Sabellicus et Torres, In vita Petri.


  1. Il n’est pas mentionné dans le texte par lequel des autres apôtres ces frères de Rome furent convertis ; mais il se peut qu’ils se soient convertis le jour de la Pentecôte à Jérusalem, car à cette époque des étrangers de Rome s’y trouvaient (Ac 2:10). ↩︎
  2. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité (Jn 16:13). ↩︎
  3. Il semble manquer la fin du raisonnement ici, comme on peut le constater en lisant les versets 11 à 14. Paul a effectivement réprimandé Pierre. Cependant, cela ne semble pas être pour le fait d’avoir mangé avec des païens en soi, mais pour son hypocrisie : il mangeait avec les païens lorsqu’il n’y avait pas de circoncis dans l’assemblée, mais lorsque des judaïsants vinrent à Antioche, il s’esquiva, et chercha même à judaïser les païens lui-même. — NDLT ↩︎
  4. « honderten meer mijlen » dans l’original. Il s’agit probablement de milles d’Allemagne (environ deux lieues de France, ou 7,5 km) — NDLT ↩︎

Qui est l’Antéchrist ?

La conversion de Paul, pourquoi trois récits différents ?

Récemment un ami musulman attaquait la Bible en mentionnant les divergences entre les 3 récits de la conversion de Paul (Saul), qui sont tous racontés par Luc en Actes.

Voici une partie de son message, où il mentionne cette contradiction apparente.

Où et comment Paul s’est-il converti ?

Paul est connu pour être le véritable fondateur de la religion chrétienne telle que pratiquée aujourd’hui. Il est venu changer l’enseignement de Jésus dans les quatre Evangiles, mais il prétend que c’est sous l’ordre de Jésus. Or, la conversion de Saul (qui a changé son nom en Paul) a eu lieu grâce à une apparition miraculeuse du Christ sur la route de Damas où il allait en chasseur de têtes de chrétiens, dûment habilité par les grands prêtres juifs du Temple de Jérusalem. Luc raconte :

• 3 Et, comme il était en chemin, il arriva qu’il approcha de Damas ; et tout à coup une lumière brilla du ciel comme un éclair autour de lui. 4 Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? 5 Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? Et il [dit] : Je suis Jésus que tu persécutes. 6 Mais lève-toi, et entre dans la ville ; et il te sera dit ce que tu dois faire. 7 Et les hommes qui faisaient route avec lui s’arrêtèrent tout interdits, entendant bien la voix, mais ne voyant personne (Actes 9)

Mais, Paul, cité par Luc, raconte une histoire un peu différente :

• 6 Et il m’arriva, comme j’étais en chemin et que j’approchais de Damas, que vers midi, tout à coup, une grande lumière, venant du ciel, brilla comme un éclair autour de moi. 7 Et je tombai sur le sol, et j’entendis une voix qui me disait : Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? 8 Et moi je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus le Nazaréen que tu persécutes. 9 Et ceux qui étaient avec moi virent la lumière, et ils furent saisis de crainte, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait. 10 Et je dis : Que dois-je faire, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi et va à Damas, et là on te parlera de toutes les choses qu’il t’est ordonné de faire (Actes 22)

Pire : Luc nous propose une troisième version, citant toujours son maître Paul et toujours dans le même livre :

• 12 Et comme j’allais aussi à Damas pour cela, avec pouvoir et commission de la part des principaux sacrificateurs, 13 en chemin, en plein midi, je vis, ô roi, une lumière plus éclatante que la splendeur du soleil, laquelle resplendit du ciel autour de moi et de ceux qui étaient en chemin avec moi. 14 Et comme nous étions tous tombés à terre, j’entendis une voix qui me parlait et qui disait en langue hébraïque : Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? Il t’est dur de regimber contre les aiguillons. 15 Et moi je dis : Qui es-tu Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. 16 Mais lève-toi et tiens-toi sur tes pieds : car je te suis apparu afin de te désigner pour serviteur et témoin, et des choses que tu as vues et de celles pour [la révélation] desquelles je t’apparaîtrai, 17 en te retirant du milieu du peuple et des nations vers lesquelles moi je t’envoie pour ouvrir leurs yeux, 18 pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu ; pour qu’ils reçoivent la rémission des péchés et une part avec ceux qui sont sanctifiés, par la foi en moi (Actes 26)

Trois versions différentes dans le même livre : c’est peu commun et cela mettrait le doute dans l’esprit de n’importe quel être censé. Résumons :

 1e version2e version3e version
Qui est tombé ?SaulSaulTous
Qui a vu la lumière ?SaulTousTous
Qui a entendu la voix ?TousSaulSaul
Qui a instruit Paul ?Un DamascèneUn DamascèneJésus

Il est à noter qu’à part Paul dans ses épîtres et Luc (son plus fidèle élève qui n’était pas témoin de la scène) dans les Actes des Apôtres, aucun autre témoin oculaire ne nous a laissé un écrit témoignant de cette apparition miraculeuse de Jésus.

J’ai réfléchi à ce sujet pendant plusieurs semaines. J’ai aussi relu des parties des Actes, de Galates et je suis en train de lire un livre intitulé « l’Apôtre » (ou The Apostle, en anglais), de John Pollock, qui m’a ouvert les yeux sur plusieurs sujets. J’ai lu un peu en ligne à ce sujet aussi.

Voici quelques pensées qui me sont venues. Plusieurs sont inspirées de cet article (en anglais) https://mdharrismd.com/2011/12/19/pauls-conversion-why-three-accounts-and-how-do-they-differ/.

Réponse :

L’histoire de la conversion de Paul, qui est passé du statut de juif dévot persécutant violemment les croyants en Jésus à celui de chrétien dévot propageant sans crainte l’Évangile contre toute opposition, se trouve à trois reprises dans les Actes des Apôtres. Les récits diffèrent légèrement :

Le premier récit, dans Actes 9, relate la conversion de Paul au moment où elle s’est réellement produite. Après avoir été le chef de file de la persécution des chrétiens à Jérusalem et en Judée, Paul a obtenu la permission du souverain sacrificateur, puis s’est mis en route pour Damas, dans l’espoir de trouver et d’arrêter des chrétiens qui avaient fui sa persécution. En chemin, Paul et ses compagnons voient soudain une grande lumière (v3). Paul tombe à terre et entend la voix de Jésus qui lui demande pourquoi il le persécute (v. 4-5). La voix lui dit ensuite ce qu’il doit faire (v. 6). Paul avait été aveuglé par la lumière et ses compagnons l’ont conduit à Damas où il n’a rien mangé pendant trois jours (v. 9). Pendant ce temps, le Seigneur ordonne à un croyant nommé Ananias de rencontrer Saul et de le servir (v. 10-16). Malgré sa peur de se révéler au pharisien redouté et persécuteur des chrétiens, Saul de Tarse, Ananias obéit (v. 17). Saul, bientôt connu sous le nom de Paul, retrouve la vue. Des écailles tombent de ses yeux, il recouvre la vue, il est baptisé (v. 18), il prend de la nourriture et de l’eau (v. 19).

Le second récit, dans Actes 22, décrit son témoignage lors de son procès devant les Juifs. Après avoir prêché le Christ pendant des années dans toute l’Asie mineure et la Grèce, Paul était revenu à Jérusalem. Il est accusé à tort d’avoir fait entrer un païen dans le temple et il est arrêté. Paul s’adresse à ses accusateurs dans leur « dialecte hébreu » (v. 2, les différentes versions parlent d’hébreu ou d’araméen). Il revient sur sa conversion, leur disant qu’il était juif, élevé dans la diaspora, mais qu’il avait été éduqué par le célèbre maître juif Gamaliel (v. 3). Il raconte son zèle dans la persécution des chrétiens et sa mission à Damas (v. 4-5). Comme dans le récit de la sœur, Paul décrit la lumière vive et la voix du Christ (v. 6-7), mais il cite Jésus en disant : « Je suis Jésus le Nazaréen que tu persécutes (v. 8) ». Le descripteur « Nazaréen » ne figure pas dans le récit précédent. Le récit du chapitre 9 dit « entre dans la ville », mais celui du chapitre 22 dit « va à Damas ». Le message du Seigneur à Ananias, tel qu’il est rapporté au chapitre 9, ne se trouve pas dans le chapitre 22, mais le service d’Ananias en faveur de Paul est présent dans les deux récits.

Le troisième récit, dans Actes 26, est sensiblement différent des deux autres. Dans ce cas, Paul était en prison depuis plus d’un an et il avait témoigné pour sa propre défense devant le roi de Judée Agrippa. Paul décrit sa persécution des chrétiens avec beaucoup plus de détails (v. 9-11). Il a ajouté des détails sur la rencontre sur la route, notamment qu' »il est difficile pour vous de lutter contre les aiguillons (v. 14) ». Dans ce récit, Jésus dit à Paul qu’il a été choisi par Dieu et qu’il apportera l’Évangile aux païens, le tout avec beaucoup de détails (v. 16-18). Paul n’a fourni aucun détail sur ses activités à Damas et a ensuite transmis son message aux païens.

Observations :

Tout d’abord, en lisant le reste du livre des Actes, je vois que Luc avait l’œil observateur et l’esprit inquisiteur. Je ne peux donc pas croire qu’il n’ait pas remarqué les divergences entre les trois récits. S’il avait intérêt à rendre le récit plus crédible, on pourrait penser qu’il aurait tenté d’homogénéiser les trois récits de lui-même ou qu’il aurait fait savoir à Paul à un moment donné que ces trois récits étaient un peu contradictoires et qu’il aurait demandé des éclaircissements afin de savoir ce qu’il en était réellement. Visiblement, il n’en est rien.

J’ai également du mal à croire que l’erreur soit attribuable à Luc, qui aurait eu des souvenirs différents d’un chapitre à l’autre ou qui aurait volontairement falsifié et rendu moins crédible son récit historique, alors que le but de sa lettre était d’édifier Théophile (tout comme son Évangile qu’il aurait écrit quelques temps auparavant). Parallèlement, il s’adressait aussi à d’autres lecteurs potentiels, qu’il cherchait sûrement à affermir dans la foi ou à convaincre du bien-fondé de la foi des apôtres.

L’objectif de l’Évangile de Luc et du livre des Actes peut être à la fois ecclésiastique et apologétique. Sur le plan ecclésiastique, il peut avoir été écrit pour édifier l’Église, en servant d’histoire à la fois de la fin de la vie de Jésus sur terre et de ses apôtres. Dans un but apologétique, ce livre a pu être composé pour démontrer que le christianisme n’était pas une menace pour l’Empire romain. Plus précisément, selon certains historiens, il semble que ce livre ait pu servir la défense de Paul devant l’empereur. [Ce dernier argument semble correspondre le mieux à la fin abrupte et est également étayé par l’acceptation (ou la non-condamnation) de Paul par les autorités gouvernementales plusieurs fois tout au long du récit, ce qui servirait de précédent juridique devant la cour à Rome (18:12-17 ; 23:23-30 ; 26:31-32 ; et al.).]

En fait, je remarque surtout que Luc a cherché à laisser un témoignage aussi fidèle que possible en ne gommant pas les divergences ou même les disputes (entre Paul et Barnabas, par exemple), mais ne nous montrant la vraie nature imparfaite des hommes que Dieu avait choisi pour son œuvre, malgré leurs imperfections. Il est édifiant pour nous de connaître ces détails, qui nous montrent qu’être chrétien ne signifie pas qu’il faille être une personne parfaite (toutefois il ne faut pas faire d’excuse pour le péché). Parfois, quand je fais une introspection de ma vie, je suis déprimé et découragé parce qu’il m’arrive si souvent de me mettre en colère, d’être impatient, de douter, de faire des « sottises », etc. Mais alors le Saint-Esprit me rappelle des passages de la Bible comme ceux-ci, et me montre que Dieu n’est pas limité par la nature humaine des hommes qu’il utilise. En fait, mieux que cela, notre Père choisit le plus souvent d’utiliser ses enfants pour accomplir ses desseins, alors qu’il pourrait bien faires ses œuvres sans passer par nous. Il aime se servir de ses serviteurs, et je trouve cela merveilleux qu’il daigne se servir de moi. Je suis comme le fils prodigue. J’ai péché, mais je me repens, et Dieu m’aime autant qu’au jour où il m’a formé dans le ventre de ma mère. Cet amour est incompréhensible, et c’est pour cela que je sers Dieu. Parce qu’il m’a tant aimé.

Mais revenons à Paul.

Loin d’être la preuve d’une affabulation, les différences entre les récits démontrent pour moi la fiabilité du récit. En fonction de l’objectif du récit et du public qui l’entendra, les gens choisissent parfois de mettre l’accent sur différents aspects d’un évènement. 

Le récit du chapitre 9, dans lequel l’objectif de Luc était de raconter l’histoire de l’Église primitive, mettait l’accent sur Paul et les croyants de Damas. 

Le récit du chapitre 22 ne se voulait pas une histoire mais un témoignage.  Il souligne la judéité essentielle de Paul et sa fidélité à la loi, et fait référence au « Dieu de nos pères ».   On sent qu’il souhaite ardemment que ses accusateurs juifs comprennent que Jésus est leur Messie. 

La défense de Paul devant Agrippa au chapitre 26, avec un petit auditoire plus privé et moins hostile, est différente.

En médecine comme en droit, une histoire totalement inchangée d’un événement à l’autre est plus susceptible d’être considérée fausse. Je rappelle que Luc était médecin.

L’exercice de la médecine consiste en partie à vérifier la véracité ou la fausseté des antécédents d’un patient, en particulier lorsque ce dernier fait des allégations sur le comportement d’une autre personne, par exemple en cas de maltraitance. Si une personne raconte une histoire, qu’une autre raconte exactement la même histoire et qu’une troisième raconte exactement la même histoire, l’auditeur doit soupçonner que les trois personnes ont collaboré au lieu de donner un témoignage indépendant. Un accord général est attendu, mais un accord exact ne l’est pas. C’est ce que l’on attend d’un témoin à l’autre, mais aussi d’un même témoin au fil du temps. Paul a raconté ces trois récits à Luc, qui les a consignés dans les Actes des Apôtres.

Il ne fait aucun doute que quelque chose s’est passé sur le chemin de Damas. Les hommes qui accompagnaient Paul ont soit entendu quelque chose (9:7), soit n’ont pas compris la voix (22:9), soit une combinaison des deux. Soit Paul seul est tombé à terre (9:4, 22:7), soit ils sont tous tombés (26:14), soit une combinaison des deux. Les divergences apparentes entre les récits, eux-mêmes séparés par des années de temps, reflètent selon moi la nature humaine, que ce soit en oubliant des détails ou en mettant l’accent sur certains faits plutôt que sur d’autres.

Ce récit de conversion est utile à tous les chrétiens de diverses manières. Ceux qui craignent d’être trop pécheurs pour que Dieu ne les sauve disposent d’un modèle qui passa du pire ennemi des chrétiens à l’un de leurs plus grands prédicateurs et apologètes. Ceux qui croient qu’ils peuvent être des chrétiens « en solo » voient le besoin absolu que même le plus grand des apôtres avait de ses frères en Christ. Ceux qui doutent de l’autorité de Paul en tant qu’apôtre peuvent être rassurés par l’autorité que Dieu lui a donnée. L’histoire de Paul nous instruit bien, démontrant le choix souverain de Dieu pour ses serviteurs et la certitude de sa volonté. C’est un modèle pour les croyants d’aujourd’hui.

J’aimerais connaître vos pensées à ce sujet…

La conférence de l’Église de Dieu

1 Or, quelques personnes venues de Judée, enseignaient les frères, en disant : Si vous n’êtes circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. 2 Une grande contestation et une dispute s’étant donc élevée entre Paul et Barnabas et eux, il fut résolu que Paul et Barnabas, et quelques-uns d’entre eux, monteraient à Jérusalem, auprès des apôtres et des anciens, pour traiter cette question. 3 Étant donc envoyés par l’Église, ils traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils ; et ils donnèrent une grande joie à tous les frères. 4 Et étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’Église, et les apôtres et les anciens, et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par eux. 5 Mais quelques-uns de la secte des Pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en disant qu’il fallait circoncire les Gentils, et leur ordonner de garder la loi de Moïse.
6 Alors, les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire. 7 Et comme il y avait une grande dispute, Pierre se leva, et leur dit : Hommes frères, vous savez qu’il y a longtemps que Dieu m’a choisi d’entre nous, afin que les Gentils entendissent de ma bouche la parole de l’Évangile, et qu’ils crussent. 8 Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant le Saint-Esprit aussi bien qu’à nous ; 9 Et il n’a point fait de différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. 10 Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons eu la force de porter ? 11 Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de même qu’eux. 12 Alors toute l’assemblée se tut, et ils écoutaient Barnabas et Paul, qui racontaient quels miracles et quelles merveilles Dieu avait faits par eux, parmi les Gentils. 13 Et après qu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole, et dit : Hommes frères, écoutez-moi. 14 Simon a raconté comment Dieu a commencé de choisir parmi les Gentils un peuple consacré à son nom ; 15 Et avec cela s’accordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit : 16 Après cela, je reviendrai, et je rebâtirai le tabernacle de David, qui est tombé ; et je réparerai ses ruines, et je le redresserai ; 17 Afin que le reste des hommes, et toutes les nations sur lesquelles mon nom est invoqué, cherchent le Seigneur ; ainsi dit le Seigneur, qui a fait toutes ces choses. 18 Toutes les ouvres de Dieu lui sont connues de toute éternité. 19 C’est pourquoi j’estime qu’il ne faut point inquiéter ceux des Gentils qui se convertissent à Dieu ; 20 Mais leur écrire de s’abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des animaux étouffés et du sang. 21 Car depuis plusieurs siècles, il y a dans chaque ville, des gens qui prêchent Moïse dans les synagogues, où on le lit tous les jours de sabbat.
22 Alors, les apôtres et les anciens avec toute l’Église jugèrent à propos d’envoyer à Antioche des hommes choisis parmi eux, avec Paul et Barnabas, savoir, Jude, surnommé Barsabas, et Silas, hommes considérés parmi les frères ; 23 En écrivant ceci par leur intermédiaire : Les apôtres, les anciens et les frères, à nos frères d’Antioche, de Syrie et de Cilicie, d’entre les Gentils, salut. 24 Comme nous avons appris que quelques personnes venues de chez nous, vous ont troublés par leurs discours, et ébranlent vos âmes, en disant qu’il faut être circoncis et garder la loi ; ce que nous ne leur avons point ordonné ; 25 Il nous a paru bon, d’un commun accord, de vous envoyer des hommes choisis, avec nos bien-aimés Barnabas et Paul, 26 Hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. 27 Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous annonceront de bouche les mêmes choses. 28 Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous, de ne point vous imposer d’autres charges que les nécessaires ; 29 Savoir, que vous vous absteniez de ce qui a été sacrifié aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de la fornication ; desquelles choses vous ferez bien de vous garder. Adieu. 30 Ayant donc été envoyés, ils vinrent à Antioche ; et ayant assemblé la multitude, ils remirent la lettre. 31 L’ayant lue, ils se réjouirent de cette exhortation. 32 Et Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent et fortifièrent les frères par plusieurs discours. 33 Et après avoir séjourné là quelque temps, ils furent renvoyés en paix par les frères vers les apôtres. 34 Toutefois, Silas jugea à propos de rester. 35 Mais Paul et Barnabas demeurèrent à Antioche, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la bonne nouvelle de la parole du Seigneur.
(Actes 15.1-35)

Voilà le récit de ce qu’on appelle parfois « la première conférence de l’Église » ou « le premier concile ». Je pense qu’en Actes 11 il y a une réunion antérieure à celle-ci qui pourrait aussi bien détenir ce titre (lorsque Pierre explique aux chrétiens d’origine juive comment Dieu lui a montré que les païens [les Gentils, les nations] pouvaient eux aussi recevoir le Saint-Esprit). Mais peu importe, il n’est pas question de titre honorifique ou d’ordre de préséance ici, je veux simplement évoquer ces réunions qui rassemblent les croyants de plusieurs parties du monde et où des questions sensibles sont abordées. En effet, de tous temps il y a eu des changements dans le monde autour de nous, dans les réalités idéologiques, sociales, technologiques, politiques, etc. Il ne s’agit évidemment pas de dire que Dieu change ou que la Bible n’est pas complète, mais plutôt de sonder Dieu et sa Parole pour savoir comment réagir aux nouvelles tentations et aux autres défis que nous rencontrons sur notre chemin. Lorsque les frères et sœurs se réunissent pour chercher sincèrement quelle est la volonté de Dieu, Dieu est grâcieux et nous donne des réponses claires. Encore faut-il mettre en pratique ce qu’il nous a commandé de faire.

L’Église est gouvernée par la Parole et le Saint-Esprit. L’Église doit obéir à ce que ces deux témoins lui disent. Elle n’est pas une démocratie, gouvernée par l’opinion majoritaire. L’Église, en tant qu’institution céleste, a une forme de gouvernement divine. Lorsque la volonté de Dieu est rendue claire par la Parole et l’Esprit, les croyants s’accordent dans leur jugement de l’affaire en question et arrivent à une décision commune. Toute l’autorité qui vient du ciel est derrière cette conclusion.

Il n’y a pas de meilleur exemple de ceci que la conférence de l’Église tenue à Jérusalem. Les apôtres et les anciens avaient des questions graves à considérer. C’étaient des questions d’une grande importance pour l’avenir de l’Église pour tous les siècles.  Lorsqu’ils racontaient comment Dieu les avait dirigés et qu’ils citaient les prophéties, le Saint-Esprit a œuvré en eux et ils ont éprouvé la volonté de Dieu.  Leur conclusion commence par ces mots : « Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous… » (Actes 15.28). Cette conclusion a été honorée par les croyants et elle a apporté la joie à l’Église. Il y avait l’autorité de Dieu derrière cette décision.

En ce moment, du mardi 15 au jeudi 17 novembre, l’Église de Dieu est réunie en conférence à Tupelo, dans l’État du Mississippi, aux États-Unis. Il y a environ 10 000 à 12 000 membres attendus. Je suis heureux qu’ils pourront y jouir de la communion fraternelle qui existe entre nous lorsque Jésus règne dans nos cœurs. Comme j’aimerais y assister ! J’étais présent à la dernière conférence il y a 7 ans, mais maintenant avec un bébé, c’est moins évident de voyager et de le tenir tranquille 3 jours durant dans cette assemblée. En tout cas, nous prions pour ceux qui se réunissent, afin que Dieu les guide. Nous aurons l’occasion d’écouter 3 prédications si Dieu le veut : l’une ce soir, une demain soir et finalement une jeudi soir.

Prions pour que Dieu soit glorifié et que son Église lui soit obéissante.

Chanter

Je louerai le nom de Dieu dans un cantique, et je le magnifierai par ma louange.

Psaume 69. 30

Tu as été mon secours, et à l’ombre de tes ailes je chanterai de joie.

Psaume 63. 7

Le chant est une façon d’exprimer ses sentiments. C’est aussi pour les croyants un moyen de louer Dieu et de lui dire leur reconnaissance; leurs chants deviennent alors des cantiques.

Ainsi le peuple d’Israël a chanté, après avoir été délivré de l’esclavage subi en Égypte, et avoir franchi la mer Rouge (Exode 15. 1). Le roi David aussi a chanté des cantiques lorsque Dieu l’a délivré de ses ennemis: “Je me suis confié en ta bonté. Je chanterai à l’Éternel, parce qu’il m’a fait du bien” (Psaume 13. 5).

Je me rappelle qu’un jour au Népal, en travaillant à reconstruire un village détruit par le tremblement de terre de 2015, j’avais remarqué des dissensions parmi les villageois, tant dans la méthode de reconstruction, que dans la décision de quelles maisons prioriser, au point que plusieurs refusaient de travailler. C’était pourtant un village ou 90% des gens se disaient chrétiens. En fait c’était deux pasteurs qui étaient les plus gros fauteurs de troubles. J’en avait parlé à un homme en qui j’ai beaucoup de confiance, Richard Bhujel, qui nous servait d’interprète lorsque nous ne comprenions pas assez bien le népali et qui nous avait conduit jusqu’à ce village. C’est un homme très droit et simple, mais doté d’une compréhension profonde de l’homme. Il me dit qu’il voyait un gros problème dans ce village, un signe pour lui du manque de vraie régénération et de fraternité: personne ne chantait. Je me sentis tout de suite repris, car moi aussi je n’avais pas chanté, tout occupé que j’étais à essayer de comprendre la situation et de résorber les problèmes tout en souffrant de la chaleur accablante. Je retournai bien vite au travail, et trouvai la grâce de commencer à chanter de temps à autre lorsque je n’avais pas à parler à quelqu’un. Lorsque j’ai pu assez me détacher de ce monde pour penser aux paroles des cantiques que je chantais, j’ai moins ressenti la chaleur ambiante et la tension sur les chantiers. En fait, je crois que j’ai entendu deux ou trois autres hommes commencer à chanter aussi. Quelle belle contagion! Et surtout, quel apaisement en moi!

Chrétiens, nous avons en effet bien des raisons de louer notre Dieu par des cantiques! Ne nous a-t-­il pas, par Jésus Christ, sauvés du jugement éternel? Ne faisons-nous pas chaque jour l’expérience de sa bonté et de sa protection? Lorsque nous chantons, nous exprimons ce qu’il y a dans notre cœur quand il est rempli de ce que le Seigneur a fait pour nous à la croix, de ce qu’il fait maintenant pour nous chaque jour, de la grandeur de sa personne et de l’espérance d’être avec lui pour toujours.

Si nous nous arrêtons à nos soucis et problèmes divers, nous n’aurons pas le cœur à chanter. Cependant, même dans les épreuves, il est possible de chanter. Paul et Silas en prison nous donnent l’exemple, eux qui, malgré leurs blessures et l’incertitude de leur sort, “chantaient les louanges de Dieu; et les prisonniers les écoutaient”(Actes 16. 25).

Alors chantons! À quelques-uns, en famille, ou même seuls, nous pouvons nous encourager, nous consoler, et fortifier notre foi en chantant des cantiques.

Être soumis à la volonté de Dieu

Et toi, tu chercherais pour toi de grandes choses? Ne les cherche pas.

Jérémie 45. 5

Qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu?

Michée 6. 8

Mon fils, donne-moi ton cœur.

Proverbes 23. 26

Être soumis à la volonté de Dieu

Une croyante âgée, qui avait fidèlement servi le Seigneur, se trouvait clouée au lit, en proie à une toux persistante. À l’un de ses visiteurs, elle expliqua paisiblement: “Voyez-vous, quand j’étais plus jeune, le Seigneur me disait: “Betty, fais ceci; Betty, fais cela”, et je le faisais de mon mieux. Aujourd’hui, le Seigneur me dit: “Betty, reste au lit avec ta toux…”

Ce qui importait pour cette chrétienne, ce n’était pas de faire des choses remarquables, mais simplement ce que son Seigneur lui demandait.

Cette disposition de cœur rappelle celle de l’apôtre Paul qui, du fond d’une prison, écrivait: “J’ai appris à être content dans les situations où je me trouve. Je sais être dans le dénuement, je sais aussi être dans l’abondance; en toute circonstance et à tous égards je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations. Je peux tout en celui qui me fortifie” (Philippiens 4. 11-13).

Une attitude paisible et une soumission confiante au Seigneur, dans les circonstances par lesquelles il trouve bon de nous faire passer, ont autant de valeur pour lui qu’un service actif. Ce qu’il désire d’abord, c’est avoir la première place dans notre cœur. Il aimerait que nous apprenions à le connaître comme “l’ami qui aime en tout temps” (Proverbes 17. 17), et qui sympathise parfaitement à toutes nos peines.