Le soleil sur le val se couche en oranger,
Et son disque d’or pâle dans le ciel lavé,
Pose mille paillettes sur les feuilles qui tombent,
En nuages d’écus, des saules dans la combe.
Il a plu tout le mois et le sol d’eau gorgé,
Dans ce creux de la terre, accueille en mordoré,
Venant de l’infini où l’astre d’or décline,
Les doux rayons du soir qui en flaques scintillent.
La femme émerveillée traversait avec peine,
Au flanc du mont pentu, le bois sombre des chênes.
Car les pierres mouillées, dans le chemin montant,
Sous les feuilles tombées, rendaient son pas glissant.
Elle portait courbée, comme dans son enfance,
Son vieux sac à dos bleu, bien lourd et bien gonflé
Par la petite tente de ses jeunes vacances,
La toile, les piquets, le duvet du coucher.
Et le sentier s’élève dans le sous-bois qui sombre
Peu à peu dans le soir et qui s’estompe d’ombre.
Elle parvient enfin, après les résineux,
Au pied du roc aride, c’est l’endroit périlleux.
Il faut encore franchir l’étroite cheminée,
Où la roche fendue ménage un escalier.
Son souffle devient court, son cœur bat la chamade,
La nuit tombe, elle est seule, sa voie se fait bravade.
Dans l’escalier de pierre qui la mène au plateau,
Elle affermit ses prises et parvient tout en haut.
Quand le sac tombé, elle lève les yeux,
Quand elle a redressé son vieux dos douloureux,
La terre disparaît, d’obscurité noyée.
Alors à son regard s’ouvre l’éternité.
L’étendue infinie des astres se dévoile,
Le monde en expansion lui offre ses étoiles.
La Grande Ours, la Petite et l’étoile polaire,
Cassiopée, Andromède à tant d’années-lumière!
Constellations, étoiles, le ciel est sans limite.
Dans cette immensité, elle est là si petite!
Elle s’est installée et a passé la nuit,
Son matelas gonflé, loin du monde et du bruit,
Remerciant comblée, le puissant Créateur,
Pour son si grand amour et toute cette splendeur.
-Annick Markmann