Le Miroir des martyrs

L’anabaptiste « Frederic Willemsz [Dirk Willems] pris et brûlé hors d’Asperen, 1569 », planche 82 du Miroir des martyrs.

Le Miroir des martyrs (en néerlandais De Martelaersspiegel) est un ouvrage publié pour la première fois en 1660 en néerlandais par l’anabaptiste Thieleman J. van Braght (1625-1664). Son titre original complet est : « Het bloedig toneel, of Martelaersspiegel der Doops-Gesinde of Weerloose Christenen, die om ‘t getuygenis van Jesus haren (hun) Salighmaker geleden hebben ende gedood zijn van Christi tijd af tot desen tijd toe ».

Cet ouvrage rassemble des témoignages et des récits concernant les apôtres et les premiers chrétiens (anabaptistes) qui sont morts en martyrs. Il est considéré comme un texte majeur pour beaucoup de familles mennonites, et serait le second livre le plus fréquemment possédé parmi eux, après la Bible, bien-sûr.

On y découvre aussi le récit de nombreuses persécutions qui prirent place durant les XVe et XVIe siècles, rédigé par des témoins proches des faits ; des documents historiques inestimables y figurent in extenso. Par exemple, la correspondance entre la ville de Berne qui persécutait ses anabaptistes et les autorités hollandaises qui le lui reprochaient ; les édits organisant la répression ou l’expulsion ; des minutes de procès ; des événements survenus dans tel ou tel village ; ou encore des listes nominatives de victimes…

En 1685, le Miroir des martyrs a été illustré de 104 eaux-fortes de Jan Luyken. Un première traduction en français semble datée du tout début du xviiie siècle, bien que seulement des parties de ce livre soient aujourd’hui disponibles en français. Il a été traduit en allemand en 1745 par la communauté dite d’« Ephrata Cloister », située en Pennsylvanie : avec ses 1512 pages, cette édition est le plus gros livre imprimé en Amérique avant la Révolution américaine. Il fut traduit en anglais en 1837.

Voici ce que l’éditeur du livre dit dans sa préface:

La succession ecclésiastique peut être considérée de deux façons : premièrement, en ce qui concerne la succession des personnes; deuxièmement, en ce qui concerne la succession de la doctrine.

Celle-ci est un signe et une preuve du premier, de sorte que le premier ne peut subsister sans ce dernier. Là où ce dernier est, on n’a pas besoin de chercher le premier avec tant d’attention. Mais là où les deux sont trouvés en vérité, il ne faut pas douter qu’il y ait aussi la véritable Église de Dieu, dans laquelle Dieu habite et marche; qui a la promesse d’une vie éternelle et heureuse; et dont les saintes Écritures enseignent et se glorifient.

Ici les paroles de Tertullien sont applicables. Il dit : « L’Église chrétienne est appelée apostolique non seulement à cause de la succession des personnes, mais à cause de la parenté de la doctrine, puisqu’elle détient la doctrine des apôtres ».

Cette doctrine, quiconque se vante de la véritable succession doit prouver à partir des écrits apostoliques, les moyens par lesquels l’Église a été initialement instituée, établie et maintenue par la suite. Par conséquent, cette doctrine doit nécessairement, aussi dans ces derniers temps, être la marque de la véritable succession.

La question sera maintenant: dans quelle Église la vraie doctrine apostolique a-t-elle été tenue depuis le début, et y est-elle toujours tenue? C’est un privilège dont beaucoup se vantent. Nous les laissons à eux-mêmes et nous contentons du témoignage de notre conscience, par rapport au saint Évangile du Christ et à la foi de la sainte Église, dont il est fait mention dans les anciennes histoires ecclésiastiques.

Thieleman van Braght, introduction au Miroir des martyrs, 1659 (paru sur le blogue de Bob Goodnough, Témoin anabaptiste)

Il apparaît donc clairement que le Miroir des martyrs est un ouvrage précieux pour comprendre comment il y a toujours eu des vrais chrétiens, éparpillés dans diverses régions du monde, qui n’ont pas cédé à la sécularisation de la majorité de l’Église qui est finalement devenue l’Église catholique romaine, mais qui ont toujours persévéré dans une foi simple et non-résistante, par la force du Saint-Esprit de Dieu, par le moyen de la nouvelle naissance.

Si nous croyons cela, il devient plus clair comment Dieu a protégé son peuple et son Église à travers les temps, et cette foi, pour laquelle tant de frères et de soeurs ont donné leur corps mortel en sacrifice, devient d’autant plus précieuse.

Puissiez-vous vous aussi être inspiré par les récits de ce livre.

Voici des infos pour vous procurer des livres contenant une partie de cette histoire.

Dans le ventre de la baleine et autres histoires de martyrs chrétiens (In the Whale’s belly) James Lowry

Les Éditeurs Lampe et Lumière (pas de site web ni d’adresse courriel disponible)
26 Road 5577
Farmington, NM 87401-1436, É.-U.
Tél. : 505-632-3521 Téléc. : 505-632-1246

ou

Extraits du Miroir des Martyrs: Histoires d’anabaptistes ayant donné leur vie pour leur foi au 16e siècle

 

 

Quel type de missionnaire suis-je?

Il y a une semaine, je rencontrais Arnaud, un étudiant Français en architecture, qui était de passage au Rabelais, restaurant français à Siliguri, dont le propriétaire est son ami. Pour l’anecdote, Arnaud fait une maîtrise au sujet du célèbre architecte français « Le Corbusier » qui a planifié la ville de Chandigarh où Arnaud étudie et dont il hait le style et l’idéologie.

Je me suis entretenu de choses et d’autres avec Arnaud pendant une heure environ. Il n’avait pas l’air pressé. Nous étions plutôt d’accord sur de nombreux sujets: notre amour pour l’histoire, notre interprétation de celle-ci semblait assez proche, de la nécessité d’apprendre des langues, de l’hégémonie agaçante de l’anglais qui s’infiltre si facilement dans notre vocabulaire, amour pour la France et pour l’Inde ou encore la Russie. Je dirais que son anglophobie était plus forte que la mienne, alors que je trouve parfois que je ne suis déjà pas assez charitable envers ceux-ci. Mais notre plus grande différence fut observée au début de la conversation: Arnaud m’ayant demandé ce que je faisais ici, je lui ai parlé un peu du travail humanitaire que nous accomplissons, ce qui a entraîné plusieurs remarques de sa part démontrant le peu d’affection qu’il a pour les ONG.

Depuis, j’ai été poussé à me reposer ces questions que je me suis déjà posé plusieurs fois: quelle sorte de missionnaire suis-je?

Suis-je un missionnaire casanier ou aventurier? Il y a probablement des excès dans les deux. Un missionnaire casanier ne peut pas voir grand monde, puisqu’il ne sort presque jamais de chez lui, et tout le monde sait qu’il est très rare que les « indigènes » (c-à-d les gens locaux) viennent rendre visite à un tel étranger, à moins de venir lui demander de l’argent. Toutefois, nous ne pouvons pas devenir missionnaire seulement par esprit d’aventure. Ce n’est que si nous faisons notre travail pour Dieu et non pour notre propre satisfaction que nous pouvons être utiles à Dieu. Arnaud se méfiait de la malhonnêteté des ONG, sclérosées par des membres qui recherchent une vie facile, profitant du soutient des gens en Europe ou en Amérique du Nord pour se la couler douce dans un pays où la grande vie est facilement accessible avec relativement peu d’argent. Je connais de tels missionnaires ici à Siliguri, qui font leur marché de temps à autre, qui vont au cinéma trois fois par semaine, qui se promène en voiture haut de gamme, qui partent en randonnée dans l’Himalaya tous les mois, qui ne se réveillent qu’à 10h, et qui font faire tout le ménage et une partie de leur nourriture par une bonne (si celle-ci sait faire de la nourriture américaine). Évidemment, ils ne sont pas tous comme ça, mais je crois que la majorité des missionnaires ont été tentés de faire ainsi au moins dans une certaine mesure. C’est à éviter à tout prix afin de montrer que nous voulons être des égaux avec ceux que nous évangélisons.

Par contre, il arrive aussi que nous soyons trop ambitieux ou aventureux, à la recherche de gloire et de reconnaissance dans la sphère missionnaire. Là, je dois dire que j’ai de grosses tentations parfois. J’aimerais tant commencer des projets géniaux, écrire et traduire de nombreux livres, voir de nombreux gens se joindre à l’Église au cours de mon temps dans un certain endroit, être connu pour mon zèle et mon désir de servir Dieu. Mais bien que ces désirs soient bons en soit, ils sont dangereux lorsqu’ils ne sont plus associés à un esprit humble et ouvert à l’Esprit de Dieu. Ils deviennent l’oeuvre du diable qui cherche à nous donner un esprit d’indépendance qui nous fera différer de plus en plus de nos frères, jusqu’au jour où finalement nous ne serons plus réellement frères dans la foi et où nous découvrirons que nous ne servions pas Dieu, mais nous-même. Dieu ne bénit pas les bonnes œuvres que nous faisons à l’encontre de sa volonté. Il est dangereux de prendre ce chemin, pour notre âme, et pour celles de ceux qui nous suivrons, croyant écouter Dieu. Voici un petit exemple de ce que font les gens de bonne volonté mais qui ne sont pas dirigés par l’Esprit. Arnaud m’a raconté qu’il y a bien des endroits en Afrique où des ONG creusent des puits au milieu du village. Il disait que parfois les habitants détruisent ces puits parce que selon leurs traditions, le puits doit être à l’extérieur du village afin que les femmes aient un lieu désigné pour se rassembler et parler sans l’interférence des hommes. Si ces volontaires avaient été plus attentifs à la voix de Dieu, n’auraient-ils pas fait un peu plus de recherche au sujet de la culture locale, n’auraient-ils pas entendu Dieu leur dire: « non, pas ici, cela indignera les gens » ou encore « c’est à pure perte, ne le faites pas! »?

Encore une question: suis-je charitable envers ceux autour de moi? Suis-je capable d’aimer chaque mendiant qui vient à la porte? Ai-je assez d’amour pour passer du temps à prier avec un lépreux ou pour aller à l’église une troisième fois dans la journée au lieu de relaxer dans mon salon ou dans un restaurant à air climatisé? Suis-je égoïste au point de ne pas accepter de prendre un inconnu avec moi dans ma voiture sous prétexte qu’il pourrait être dangereux et me voler quelque chose? Suis-je disposé à accepter les coutumes locales pour ce qu’elles sont et me montrer moins rigide dans ce qui n’a rien à voir avec la religion, mais seulement avec des différents cultures? Je pourrais continuer, mais je crois que vous me comprenez.

Prions Dieu qu’il nous donne tous d’être de vrais missionnaires pour lui partout où nous sommes.