Hymne d’adieu d’un martyr anabaptiste mort sur le bûcher en 1527

Puisque maintenant il faut que nous nous quittions,Que Dieu veuille nous accompagner,Chacun à sa place!Là, vous voulez vous soucier avec zèleDe manifester votre vieEn conformité avec le contenu de a Parole de Dieu. C’est ceci ce que nous devrions exiger,Et ne pas nous laisser aller ;La fin s’approche rapidement.Nous ne connaissons pas le lendemain,Pour cela, […]

Hymne d’adieu d’un martyr anabaptiste mort sur le bûcher en 1527

John Smyth

Ministre anglican, initiateur du mouvement baptiste, puis devenu anabaptiste (mennonite).

Je n’écris pas ce texte pour critiquer qui que ce soit, je respecte les choix et la foi de tous les lecteurs, mais je cherche un éclairage sur les origines de certains mouvements et je prie que ce bref article puisse éclairer le chemin de quelques-uns.

Tout d’abord, je tiens à préciser deux choses : ce texte est la traduction de quelques articles en anglais du frère Robert Goodnough. Le texte ici est surtout tiré des deux articles d’une série de 7 où il passe en revue l’histoire du christianisme en Grande-Bretagne. https://flatlanderfaith.com/2012/07/19/english-christianity-part-5/ et https://flatlanderfaith.com/2012/07/21/english-christianity-part-7/.

Deuxièmement, si vous avez lu dans le Miroir des Martyrs ou d’autres livres contemporains, vous trouverez que les termes « baptiste » et « anabaptiste » y sont utilisés parfois pour décrire les mêmes personnes. Cela peut sembler déroutant. Gardez à l’esprit qu’à l’époque, l’Église baptiste comme nous la connaissons aujourd’hui n’existait pas. Aussi, le terme « anabaptiste » avait souvent une connotation péjorative dans la bouche des persécuteurs.

John Smyth, ministre de l’Église d’État d’Angleterre, fut démis de ses fonctions de prédicateur en 1602. Il continua à prêcher sans licence, devenant le chef spirituel d’un certain nombre de personnes du Lincolnshire et des régions voisines du Nottinghamshire et du Yorkshire qui partageaient les mêmes idées. Pendant un certain temps, ces personnes sont restées membres de leurs Églises paroissiales locales, se réunissant également en privé. Mais ils ont acquis la conviction que l’Église d’Angleterre n’était pas du tout une véritable Église. Vers la fin de l’année 1606 ou au début de l’année 1607, ce groupe s’engagea à former une véritable Église, s’engageant à suivre toutes les voies du Seigneur qu’ils connaissaient et qui leur seraient communiquées. Ils passèrent ainsi du puritanisme, essentiellement une faction au sein de l’Église d’État, au séparatisme, renonçant au concept même d’une Église d’État. Cette petite assemblée comptait au moins 4 ou 5 autres personnes qui avaient été ministres de l’Église d’Angleterre.

Cette démarche a rapidement suscité le harcèlement des autorités. Au printemps 1608, toute l’assemblée s’est enfuie à Amsterdam, en Hollande. Certains d’entre eux avaient été riches en Angleterre, mais ils avaient dû laisser beaucoup de choses derrière eux et avaient perdu leurs titres de propriété. À Amsterdam, ils étaient relativement pauvres, vivant dans la ville la plus riche du monde, et incapables de comprendre la langue du pays. Au cours de l’hiver 1608-1609, John Smyth renonça au baptême qu’il avait reçu en tant qu’enfant dans l’Église d’Angleterre, se baptisa lui-même, puis baptisa tous ceux qui, dans l’assemblée, désiraient comme lui le baptême des croyants. Une partie de l’assemblée, emmenée par John Robinson, n’accepta pas cette innovation et, au printemps, quitta Amsterdam pour Leyde.

John Smyth lui-même en vint bientôt à regretter son action. Il pensait que l’Église de Dieu avait cessé d’exister sur terre. Mais lorsque lui et son assemblée commencèrent à apprendre le néerlandais, ils firent la connaissance de l’assemblée mennonite d’Amsterdam et se rendirent compte que c’était là que se trouvait l’Église de Dieu. Au début de l’année 1610, ils écrivirent aux mennonites qu’ils « admettaient maintenant leur erreur et s’en repentaient, c’est-à-dire qu’ils avaient commencé à se baptiser eux-mêmes contrairement à l’ordre institué par le Christ ; et […] qu’ils désiraient désormais s’unir à la véritable Église du Christ aussi rapidement que possible ».

LES BAPTISTES

À cette époque, un groupe de 8 ou 10 personnes se retire de l’assemblée de John Smyth. Le dirigeant de ce groupe est Thomas Helwys. Il accuse John Smyth de nombreuses erreurs doctrinales. Helwys rejette l’idée qu’il existe une véritable Église et qu’il est nécessaire pour les vrais croyants de recevoir le baptême et l’ordination de cette Église. Helwys a également rejeté l’enseignement anabaptiste concernant l’incarnation, insistant sur le fait que Jésus a reçu sa chair de la vierge Marie. Enfin, il rejette l’enseignement anabaptiste sur la séparation de l’Église et de l’État. Sur tous ces points, John Smyth et son assemblée étaient en pleine unité avec les mennonites.

Helwys et ses disciples retournèrent en Angleterre et fondèrent la première Église baptiste. De nombreux historiens baptistes tentent de prouver que les baptistes sont une émanation des mennonites, par l’intermédiaire de John Smyth, afin de montrer que la lignée de l’Église baptiste remonte à l’époque apostolique. En réalité, les premiers baptistes rejetaient catégoriquement la foi mennonite et l’idée même d’une succession apostolique. Il y eut une division en 1638, un groupe de baptistes introduisant la doctrine calviniste de l’élection, à l’origine de la doctrine de la sécurité éternelle. Trois ans plus tard, la première Église baptiste à pratiquer l’immersion a été créée. Pendant les 30 premières années de l’histoire baptiste, cette pratique, la plus caractéristique des baptistes modernes, était inconnue !

LES MENNONITES ANGLAIS AUX PAYS-BAS

En mai 1610, une conférence eut lieu entre les anabaptistes mennonites et l’assemblée de John Smyth. À cette occasion, une confession de foi fut rédigée et signée par les participants, et il semble que les Anglais étaient désormais acceptés comme membres de l’Église mennonite. Il se peut qu’ils n’aient pas tous été baptisés par l’Église mennonite, bien que cela ait été leur souhait. Les documents historiques ne sont pas clairs sur ce point. Le baptême de Smyth lui-même n’était pas considéré comme valide par les mennonites. 43 membres de l’assemblée de John Smyth signèrent la confession de foi. Certains d’entre eux se séparèrent par la suite. Au cours des 40 années suivantes, environ 80 autres Anglais furent baptisés dans l’Église mennonite d’Amsterdam. Certains d’entre eux étaient des enfants des premiers membres, d’autres étaient de nouveaux arrivants d’Angleterre ou des convertis des autres groupes séparatistes anglais présents aux Pays-Bas.

John Smyth mourut en août 1612. Son dernier livre, publié à titre posthume, est une réponse aux critiques qui l’accusent de fausse doctrine et de changer constamment ses convictions. Il admet qu’il a constamment révisé ses croyances, mais estime qu’il a toujours progressé vers la Lumière, comme lui et d’autres s’y étaient engagés cinq ans plus tôt. Il n’a pas admis d’erreur dans les accusations qu’il avait portées précédemment contre l’Église d’Angleterre et d’autres groupes, mais il s’est repenti de la dureté de ces accusations.

Pendant 28 ans encore, il y eut une assemblée mennonite anglophone à Amsterdam. Leur aîné Thomas Pygott mourut en 1639 et, dans l’année qui suivit, l’assemblée anglaise fut fusionnée avec l’assemblée néerlandophone. À cette époque, ils avaient appris le néerlandais, s’étaient mariés avec les mennonites néerlandais et certains avaient même changé l’orthographe de leur nom pour qu’il ait une consonance néerlandaise.

QUEL EST DONC L’INTÉRÊT DE CETTE ANECDOTE DE L’HISTOIRE CHRÉTIENNE?

Que faut-il retenir de cette remontée des fils enchevêtrés de l’histoire des chrétiens ? Tout d’abord, que Dieu est capable de travailler de manière merveilleuse et mystérieuse pour apporter l’Évangile aux gens. Cela correspond à la déclaration de notre Sauveur en Luc 9.50 : « qui n’est pas contre nous est pour nous ». Partout où l’Évangile est prêché et où des âmes sont sauvées, c’est l’œuvre de Dieu. Deuxièmement, l’œuvre de Dieu à une époque et en un lieu donnés ne dure souvent que le temps d’une génération. Cela témoigne de la déclaration de Jésus en Luc 11.23 : « Qui n’est pas avec moi est contre moi ; et qui ne rassemble pas avec moi, disperse ». Souvent, les deux versets peuvent s’appliquer à la même personne. Ils prêchent l’Évangile et des âmes sont sauvées, mais en même temps ils ne rassemblent pas les croyants, ils les divisent plutôt les uns des autres.

Chaque fois qu’un dirigeant n’est pas disposé à se soumettre aux autres croyants, il divise les enfants de Dieu. Chaque fois qu’un groupe de croyants s’unit sur la base de la culture ou du statut social plutôt que sur celle de l’Évangile, il se sépare des autres croyants. Lorsque des cérémonies ou des formes extérieures deviennent la base de l’affiliation à une Église, les membres de l’Église ne peuvent être en communion les uns avec les autres que sur la base de ces pratiques, toute autre chose étant subversive pour leur unité. Lorsque les convertis et les inconvertis sont baptisés de la même manière, les vrais chrétiens sont privés de communion spirituelle. Lorsque les expériences personnelles éclairent les Écritures, au lieu de permettre aux Écritures d’éclairer les expériences, cela divise les croyants les uns des autres. Dieu n’est pas l’auteur de la confusion. On peut faire confiance à l’Esprit de Dieu pour rassembler les croyants, s’ils sont prêts à abandonner tous les enseignements et toutes les traditions des hommes.

Il n’y a pas lieu de douter de l’authenticité des divers mouvements de réveil du passé et du présent. Mais on peut constater que ces mouvements n’ont pas une grande longévité. Les disciples de John Wesley étaient issus de la classe ouvrière peu éduquée et désespérément pauvre de son époque. L’Évangile a littéralement transformé leur vie et, à mesure qu’ils abandonnaient les vices vers lesquels ils s’étaient tournés pour trouver du réconfort dans leur misère, ils ont commencé à prospérer. Wesley s’est alarmé des résultats en constatant que leurs enfants, élevés dans un cadre plus prospère que leurs parents, s’intéressaient davantage aux choses de ce monde qu’aux choses spirituelles.

Dans le récit à la fois joyeux et triste de l’Histoire du christianisme en Angleterre, deux personnes se détachent dans mon esprit. Petr Chelčický, qui disait aux gens de creuser et de chercher les anciennes fondations plutôt que de prendre un morceau de décombres pour les fondations. Et John Smyth, qui semblait parfois agir de manière irréfléchie sur la base de la lumière qu’il avait, mais qui restait toujours prêt à obéir lorsque d’autres lumières lui étaient révélées. C’est ainsi que Dieu peut rassembler les croyants.

Il y a près de quarante ans, ma femme et moi avons assisté à une série de réunions de réveil parrainées par toutes les Églises évangéliques de la ville moyenne où nous vivions alors. Les messages que nous avons entendus soir après soir mettaient l’accent sur la nécessité d’une purification personnelle. Un chrétien ne peut pas prospérer ou servir Dieu efficacement s’il néglige de s’occuper du péché dans sa propre vie. Nos cœurs étaient touchés par ces messages. Mais nous avons regardé autour de nous et nous nous sommes demandé ce qui nous arriverait, à nous et aux autres personnes ressuscitées. Je connaissais des membres de plusieurs de ces Églises et je savais que chacune d’entre elles connaissait de graves controverses et dissensions internes. Sans parler des différences doctrinales entre les dénominations. À l’époque, il y avait onze dénominations différentes dans cette ville qui pouvaient être classées comme évangéliques. Aujourd’hui, ce nombre serait plus proche de vingt. Pourquoi les évangélistes n’ont-ils pas adressé aux Églises le même message qu’aux individus ? Combien de temps un chrétien réveillé pourra-t-il rester dans une Église qui ne l’est pas ? Y avait-il un espoir de réveil authentique dans ces Églises ? Malheureusement, j’ai dû conclure que la réponse était non. Dès le début, elles avaient été fondées sur un morceau de végétation, et non sur le vrai fondement.

BIBLIOGRAPHIE

Broadbent, Edmund Hamer. L’Église Ignorée

Coggins, James Robert. L’assemblée de John Smyth. Waterloo, Ontario : Herald Press, 1991.

Morgan, Edmund S. The Puritan Dilemma. Boston, Mass.: Little, Brown and Company, 1958.

Morgan, Edmund S. Visible Saints. Ithaca, N.Y.: Cornell University Press, 1963.

Powell, Sumner Chilton. Puritan Village. Middletown, Connecticut: Wesleyan University Press, 1963.

The Mennonite Encyclopedia. Scottdale, Pennsylvanie: Mennonite Publishing House, 1956. (Articles sur l’Angleterre et John Smyth.)

Trevelyan, George Macaulay. L’Angleterre à l’époque de Wycliffe. Londres : Longmans, Green and Company, 4e édition, 1909.

Van Braght, Thieleman J. The Martyrs Mirror. Scottdale, Pennsylvanie : Herald Press.

Verduin, Leonard. The Reformers and Their Stepchildren. Grand Rapids, Michigan: Wm. B. Eerdmans, 1964.

Verduin, Leonard. L’anatomie d’un hybride. Grand Rapids, Michigan: Wm. B. Eerdmans, 1976.

Wagner, Murray L. Petr Chelčický. Scottdale, Pennsylvanie: Herald Press, 1983.

Willison, George F. Saints et étrangers. New York: Reynal & Hitchcock, 1945.

La Parole de Dieu nous suffit

[Article paru récemment sur le site Témoin anabaptiste. J’apprécie cette vision. Je me permets d’ajouter quelques pensées. Trop de chrétiens aujourd’hui sont fascinés par les prophéties et les rêves, mais se soucient peu de l’essentiel: la vie quotidienne. Dans l’Église de Dieu, c’est le contraire. On se soucie peu des choses à venir sur lesquelles nous n’avons aucun pouvoir, mais plutôt, nous cherchons à vaincre le péché dans nos vies aujourd’hui et être un témoignage pour Jésus. Au sein de l’Église, nous ne parlons pas souvent des prophéties, néanmoins, ce soir il y aura un sermon qui aura pour thème « Les prophéties ». Ce mot évoque ces écritures qui témoignent des communications de Dieu aux humains à travers les prophètes, les apôtres et les écrivains de la Bible.

Lesquelles de ces écritures sont pertinentes pour l’Église aujourd’hui ? Les prophéties de l’Ancien Testament qui se sont accomplies nous semblent tout à fait évidentes. D’autres qui impliquent des choses encore à venir ne sont pas aussi compréhensibles, et nous ne voulons pas présumer concernant des choses qui ne sont pas claires. Depuis l’époque de Jésus, les faux prophètes et leurs prophéties abondent de plus en plus. Cependant, l’Ancien et le Nouveau Testament contiennent des écrits qui parlent des temps qui précèdent le dernier jour. Ils sont à la fois réconfortants et donnent à réfléchir, et devraient nous encourager à mettre notre maison spirituelle en ordre, faire confiance aux soins et à l’amour providentiels du Tout-Puissant, et attendre avec impatience le moment de la délivrance ! Nous espérons pouvoir passer une heure enrichissante à recevoir de l’inspiration et des instructions sur ce sujet.

Pour écouter la traductions française en simultané:
lien streaming (en direct) : http://www.listentochurch.com/listen/roxton
Le numéro de téléphone pour écouter est le : +1 450-305-0482

Cette prédication aura lieu aujourd’hui, dimanche 7 mars 2021 à 20h00, heure du Québec et d’Haïti (UTC-5). À titre indicatif, il sera 1h du matin le 8 mars en Côte d’Ivoire (UTC+0), et 2h du matin en France (UTC+1) à ce moment-là.]

Un lecteur de ce blogue a récemment mentionné le livre Le roi des derniers jours, l’exemplaire et très cruelle histoire des rebaptisés de Münster (1534-1535), écrit par Barret et Gurgand, publié pour la première fois par Hachette en 1981.

J’ai obtenu un exemplaire du livre et je l’ai trouvé un compte rendu méticuleux, presque au jour le jour, de la façon dont les courants de pensée luthérienne et anabaptiste sont entrés dans une ville catholique jusqu’à ce que ses citoyens optent pour une forme d’anabaptisme qui se conformait d’abord assez étroitement à l’anabaptisme biblique.

La première divergence des Münsterites par rapport à l’anabaptisme traditionnel était de prendre le contrôle politique de la ville. Cela les a conduit à de nouvelles étapes, se voyant alors comme la Nouvelle Jérusalem qui se préparait au retour du Christ pour régner, ils s’armant pour résister à l’armée réunie par l’évêque catholique romain. Ils font de Jean de Leyde leur roi, puis ils ont décret la communauté de biens et la polygamie. Des rêves et des visions ont servi d’inspiration pour toutes ces étapes. Une fin horrible est arrivée au supposé royaume du Christ des derniers jours en juin 1535.

Un traité de Menno Simons sur le blasphème de Jean de Leyde parut plus tôt en 1535, possiblement occasionné par la mort de son frère qui s’était retrouvé pris dans ce mouvement. Menno était encore un prêtre catholique romain au moment où il a écrit ceci, mais il a renoncé à cette foi au début de 1536 et s’est uni aux anabaptistes paisibles.

Dans cet écrit contre Jean de Leyde, il déclare que les chrétiens n’ont qu’un seul roi, Jésus-Christ et que son royaume est un royaume spirituel d’amour et de paix. Les chrétiens ne peuvent ni porter les armes, ni se battre, ni infliger de punition aux malfaiteurs. Le juge ultime de tous sera Jésus-Christ quand il reviendra et que ce jour n’est pas encore venu.

Quelques années plus tard, il a inclus les pensées suivantes dans un autre écrit :

«Frères, je vous dis la vérité et je ne mens pas. Je ne suis pas Hénoc, je ne suis pas Élie. Je ne suis pas de ceux qui voient des visions, je ne suis pas un prophète qui puisse enseigner et prophétiser autrement que ce qui est écrit dans la Parole de Dieu et compris dans l’Esprit. (Quiconque essaie d’enseigner autre chose quittera bientôt la piste et sera trompé.) Je ne doute pas que le Père miséricordieux me gardera dans sa Parole afin que je n’écrirai ou ne dirai rien d’autre que ce que je peux établir par Moïse, les prophètes, les évangélistes et d’autres Écritures et doctrines apostoliques, expliquées dans le vrai sens, Esprit et intention du Christ. Jugez vous qui avez la pensée spirituelle.»

«Une fois de plus, je n’ai pas de visions ni de visites angéliques. Je ne les désire pas non plus de peur d’être trompé. La Parole du Christ seule me suffit. Si je ne suis pas son témoignage, alors en vérité tout ce que je fais est inutile, et même si j’avais de telles visions et inspirations, ce qui n’est pas le cas, même alors il faudrait que ce soit conforme à la Parole et à l’Esprit du Christ, ou sinon ce ne serait qu’imagination, tromperie et tentation satanique. Car Paul dit : prophétisons selon la proportion de la foi. Romains 12. 6.»

Quelques points distinctifs de l’anabaptisme

Nous nous appelons officiellement l’Église de Dieu en Christ (mennonite). Entre nous, nous nous désignons comme frères et sœurs, mais parfois pour clarifier les choses, nous utilisons des termes comme anabaptiste, mennonite ou même holdeman (dans les régions où il y a plusieurs dénominations mennonites). Nous regardons nos origines anabaptistes avec respect et reconnaissance. Malheureusement, plusieurs de ceux qui s’appellent mennonites se sont éloignés des principes et pratiques des anabaptistes et sont devenus comme les groupes protestants. Nous nous efforçons de garder les distinctions anabaptistes. Beaucoup de gens ne comprennent pas la distinction. Lisez la suite pour comprendre :

Cet article est le faible aboutissement d’un effort pour définir ce qui distingue les anabaptistes (ou les mennonites) des autres confessions classées sous le titre de chrétiens.

Nous sommes bénis d’avoir un héritage et une tradition anabaptistes que nous ne voulons absolument pas perdre. Ce n’est pas simplement parce que cet héritage est historique, mais plus que tout, il est biblique.

À l’ère de la Réforme protestante, il y eut un schisme au sein du courant principal du christianisme (catholiques/protestants). Certains disent que le mouvement anabaptiste est issu de la Réforme. Mais la plupart des anabaptistes soutiennent que c’est faux, et que des groupes ayant les mêmes croyances que les anabaptistes actuels ont toujours existé en marge de l’Église catholique ou des autres Églises d’État plus tard. Ces groupes ne portaient pas forcément le nom d’anabaptiste, mais avaient les mêmes croyances et faisaient face à la même persécution. On sait par exemple que ceux qu’on a appelés vaudois et ceux qu’on a appelés anabaptistes communiquaient et s’appelaient frères à une époque (vers les années 1300-1400). Ils n’avaient pour seules différences que la culture (méridionale et alpine pour les uns et Rhénane et germanique pour les autres, en général) et l’époque de leur « apogée » (les vaudois ont presque disparu aujourd’hui et leur foi est diluée). On retrouve beaucoup d’explications à ce sujet dans le livre Miroir des Martyrs, qui retrace 1600 ans de la foi « qui a été donnée une fois aux saints » (Jude 1.3).

Certains lecteurs s’opposent à l’idée de regarder le caractère distinct anabaptiste et disent que nous devons plutôt regarder le caractère distinct biblique. Je respecte ce souci, puisque nous ne voyons pas dans les anabaptistes un modèle parfait et absolu de la vie dans l’Église. Ils étaient humains.

Plutôt, il est prudent de retourner aux Saintes Écritures et de regarder les enseignements de Christ et le travail des apôtres dans la première Église (Église primitive) pour découvrir un modèle parfait de ce que devraient être la vie chrétienne et la vie dans l’Église. Il est utile de regarder comment les gens, dans le passé, interprétaient et vivaient les Saintes Écritures. C’est pourquoi nous essayons de comprendre les Écritures et de retracer l’histoire des dépositaires de la foi.

Entre autres, j’ai observé que lorsqu’une personne se sépare de ses racines anabaptistes, il arrive presque invariablement que bientôt elle ne suive plus du tout le chemin biblique. Ainsi nous voulons demeurer bibliques et nous croyons que le plus sûr moyen de le faire est de garder la foi historique.

Nous observons que plusieurs de ceux qui partagent leurs racines avec l’anabaptisme du seizième siècle font maintenant chemin à part. Même si nous pourrions regarder toutes les directions différentes qu’ils ont empruntées, je voudrais concentrer mon attention sur trois mouvances.

  • Les traditionalistes (mennonites conservateurs et amish) : un grand schisme eut lieu parmi les mennonites suisses de l’Allemagne du Sud et d’Alsace entre 1693 et 1698. Jacob Amman, un évêque suisse, commença à enseigner et à pratiquer, parmi d’autres choses, un respect très strict de l’évitement. Il imposa des règles strictes à propos de la coupe des vêtements, plus ou moins selon le style traditionnel des paysans alsaciens. Ceci provoqua une séparation d’avec les mennonites de Suisse. Amman excommunia plusieurs ministres qui n’étaient pas d’accord avec lui, ainsi que des personnes qu’il n’avait jamais vues. Plus tard, le parti d’Amman confessa avoir agi imprudemment en excommuniant sans le consentement des assemblées. On essaya à plusieurs reprises de réconcilier les deux parties, mais en vain. Ce furent surtout les églises mennonites d’Alsace et quelques églises de Suisse qui suivirent Amman. On en vint à les appeler amish.

Certes, les doctrines de l’excommunication et de l’évitement sont bibliques, mais elles devraient être pratiquées avec beaucoup d’amour et en harmonie avec l’œuvre du Saint-Esprit.

Un autre exemple d’erreur plus subtile est celui de la Kleine Gemeinde. En 1814, la Kleine Gemeinde (petite Église, en allemand) fut fondée dans la colonie de Molotchna. Bien qu’ayant raison de s’inquiéter du manque de vie spirituelle dans les églises de la région, il leur manquait un enseignement biblique clair concernant la conversion et l’assurance du salut.

De nos jours, il y a une variété ahurissante de groupes mennonites et amish « simples », chacun avec leur propre ensemble de règles régissant la coupe des vêtements qu’ils peuvent porter. Les différences entre les groupes sont souvent très mineures, mais elles sont strictement appliquées.

  • D’un autre côté, il y a ceux qui ont pris le chemin du piétisme, avec son emphase sur l’expérience personnelle et le témoignage. Les piétistes ont plus de soucis du salut personnel que des œuvres du salut et du maintien d’une Église pure. Ils mettent l’accent sur l’expérience de la conversion et témoignent de combien ils étaient pécheurs, comment ils sont parvenus à une terrible conscience du péché, comment ils ont eu une bataille mentale épuisante et finalement sont arrivés à une conversion critique. Maintenant, ils donnent un témoignage glorieux de paix dans leur cœur parce qu’ils ont été sauvés. Ils mettent l’accent sur la présence et l’œuvre du Saint-Esprit dans leur vie, vous racontant les expériences spirituelles qu’ils éprouvent à l’intérieur. Ils témoignent de comment le Saint-Esprit les guide dans leurs activités quotidiennes. Ils voient l’Église comme un regroupement d’individus régénérés qui ont eu une expérience parallèle en Christ et se rencontrent alors pour partager leurs expériences. Ils estiment la présence et l’œuvre du Saint-Esprit dans leur vie comme l’autorité ultime, ce qui les amène à négliger l’autorité biblique. Ayant l’Esprit de Dieu dans leur cœur, ils affirment posséder personnellement l’entière vérité au-dedans d’eux-mêmes. Ils ne tiennent donc pas compte de l’autorité de la Parole. Les anabaptistes croyaient à la nouvelle naissance. Ils croyaient aussi à la conscience individuelle, à la vie dans l’Église, et à l’habitation par le Saint-Esprit. Mais ce que nous avons décrit est loin de l’anabaptisme.
  • Finalement, il y a un groupe qui a dévié vers le protestantisme. L’idée première du protestantisme est que l’homme est et sera toujours pécheur et qu’une vie victorieuse n’est pas réaliste. Ils disent, « L’Évangile est une demande impossible, » et ils disent que notre seul espoir de vivre est que le Christ est mort pour nous. Ainsi ils prêchent, « Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé » (Actes 16.31), et ils soulignent que nous sommes « justifiés par la foi » (Romains 3.28 ; 5.1 ; Galates 3.24). D’où l’accent du piétisme sur le travail du Saint-Esprit, et celle du protestantisme sur l’œuvre de Jésus-Christ qui a versé son sang pour notre expiation. Les anabaptistes croyaient à la nature pécheresse de l’humanité, et ils enseignaient la justification par la foi ; mais ils croyaient aussi dans le christianisme pratique où faire la volonté de Dieu était à la fois possible et nécessaire. Alors ce que nous avons décrit du protestantisme est loin de l’anabaptisme.

Maintenant, nous voulons regarder quelques domaines où les anabaptistes sont distincts du traditionalisme, du piétisme et du protestantisme.

1. Les anabaptistes sont distincts dans leur vision des Saintes Écritures. Pour les anabaptistes, les Saintes Écritures étaient la seule autorité. Ils devaient non seulement y croire, mais aussi y obéir. Il est vrai que les réformateurs ont semblé mettre beaucoup d’importance sur les Écritures. Luther a traduit la Bible puisqu’il désirait que chaque personne de langue allemande, même le garçon de ferme, puisse lire les Saintes Écritures. Lorsque Zwingli prêchait dans l’église de Zurich, il est devenu convaincu qu’il devait prêcher à partir de la Bible. Alors, il prêcha directement de la Parole, tout en commençant par Matthieu, et ce, verset par verset. Il parla contre l’hypocrisie, la lâcheté, l’oisiveté et la gloutonnerie. Il insista sur le repentir, l’amour et la fidélité puisqu’il prêchait la Bible. Par contre, lorsqu’il fut confronté à la question, « Quand allez-vous commencer à vivre ce que la Bible enseigne, tant dans l’Église que dans la vie chrétienne ? » Il répondit finalement, « Nous allons attendre que l’État nous en donne le droit. » Alors, pour lui, quelle était l’autorité finale ?

En contraste, les Écritures étaient la seule autorité des anabaptistes. Ils étaient très radicaux dans cette façon de voir les Écritures. Ils donnaient peu d’importance aux crédos classiques. Si quelqu’un demandait aux anabaptistes, « Qu’est-ce qui est saint ? » ils diraient qu’il n’existe rien de tel qu’un objet saint [car Dieu seul est saint]. Ils n’ont jamais accordé de valeur aux reliques. Il n’existe pas non plus d’endroit saint. Ils ne recherchèrent pas la sainteté en faisant des pèlerinages aux lieux sacrés. Leurs habits ne leur conféraient aucune sainteté non plus. Ils croyaient qu’une personne n’est sainte qu’après s’être donnée en obéissance complète au Christ et à sa Parole. Ainsi, afin d’être saints, ils recherchèrent les Écritures pour trouver quelle était la volonté de Dieu dans leur vie et c’est ainsi qu’ils vivaient. Sur cette base, ils pouvaient s’appeler mutuellement saints frères.

Les anabaptistes ne se contentèrent pas de trouver, dans les Écritures, le réconfort pour les hommes déchus. Ils prirent la totalité de la Parole. Ils y trouvèrent le réconfort et l’encouragement pour les pécheurs, mais ils y trouvèrent aussi des commandements à appliquer dans leur vie. Les Écritures leur donnèrent une vie nouvelle. Cette vie, aussi dangereuse soit-elle, était leur seule espérance. Les anabaptistes « mettaient la Parole en pratique et ne l’écoutaient pas seulement » (Jacques 1.22). Les anabaptistes adoptèrent une vision des Écritures centrée sur Christ, ce qui signifie qu’ils ne regardèrent pas la Bible comme étant « plate ». Ils voyaient plutôt l’Ancien Testament comme pointant vers Christ, et ils regardèrent les enseignements de l’Ancien Testament à la lumière de l’Évangile. Ils rejetèrent tout enseignement (même dans la Bible) qui ne concordait pas avec la vie et les enseignements du Nouveau Testament.

En contraste, les réformateurs ont regardé dans l’Ancien Testament et y ont trouvé des raisons pour justifier leur combat contre les catholiques. Les anabaptistes, eux, ont plutôt regardé toutes les Écritures à la lumière de la vie de Jésus et de ses enseignements. Si quelque chose s’appliquait à l’Ancienne Alliance pour laquelle Christ dit, « Mais moi je vous dis…, » ils suivaient Christ. Les anabaptistes étaient distincts dans leur façon d’accepter l’autorité des Saintes Écritures et dans leur obéissance à celles-ci.

2. Les anabaptistes étaient distincts dans leur vision de Christ. Chacun, religieux ou non doit répondre à la question, « Que pensez-vous de Christ ? » (Matthieu 22.42). Les gens peuvent répondre à cette question de plusieurs façons. Une personne peut dire, « Il est un prophète. Il est un messager de Dieu. Il est un maître moral envoyé de Dieu. » Une autre personne peut dire, « Il est Dieu, et il doit être adoré. » C’est là la réponse des catholiques. La messe, le chant, l’aspersion de l’eau bénite, les vénérations, les cérémonies, et les vitraux font tous partie de leurs efforts pour adorer Christ. Nous pouvons aussi dire : « Il est le Sauveur, celui qui a pris nos péchés, en qui nous trouvons le pardon, et sommes justifiés, » car tout cela est nécessaire pour la purification des péchés passés. Mais c’est aussi la réponse que donnent les protestants à la question, « Que pensez-vous de Christ ? » Ils parlent de la grandeur du salut, de l’accès à Dieu et de la communion avec Christ. Ils chantent des cantiques tels que, « Alléluia, c’est accompli ! Je crois au Fils » ou encore « Je suis sauvé par le sang de celui qui fut crucifié. » Pour eux c’est ici l’essence de toute la vie chrétienne. La justification par la foi devient si grande que la sainteté de vie, l’obéissance à Christ, et la transformation à l’image de Christ sont toutes minimisées.

« Que pensez-vous de Christ ? » Pour les anabaptistes, leur vision du Christ était qu’il est toutes ces choses. Christ est un messager. Hébreux 1.1–2 dit, « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils,… » Ils le voyaient comme étant le Sauveur. Romains 5.1 dit, « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » Ils le voyaient comme étant le Sauveur, mais aussi comme étant leur Roi. Ils croyaient que ses disciples devaient suivre son exemple et devaient faire ce qu’il a dit. Aussi, ils croyaient que la volonté de Dieu nous est révélée dans la vie et les enseignements de Christ. La vie et les enseignements de Christ devinrent la base même avec laquelle ils comparaient toutes leurs activités. Sa vie et ses enseignements étaient considérés comme un tout.

Si l’on regarde seulement son exemple, on en vient à la pensée suivante, « Que ferait Jésus ? » Alors les gens imaginent ce que ferait Jésus s’il faisait face à une vie comme la nôtre. Les anabaptistes ne regardaient pas seulement son exemple. Les anabaptistes considéraient aussi son enseignement. Ils ne faisaient pas face à la vie en se posant la question, « Que ferait Jésus ? », mais plutôt avec la question, « Qu’est-ce que Jésus nous a commandé ? » Il est le Roi. Il est le Seigneur. Sa vie est notre exemple. Par sa vie nous voyons la volonté de Dieu, mais par ses enseignements, nous connaissons la volonté de Dieu. Ainsi nous vivons selon les commandements du Christ.

Nous pouvons résumer la vision de Christ des anabaptistes et dire comme Menno Simons a dit, « Quiconque se glorifie d’être chrétien se doit de marcher comme Christ a marché. » Il est notre Seigneur. Il est notre Sauveur. Il est notre messager. Il est le « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs » (1 Timothée 6.15 ; Apocalypse 19.16). Les anabaptistes ont vu en Christ l’autorité de Dieu et lui ont donné leur vie par obéissance. Comme résultat, leur vie était distincte. Ils étaient des chrétiens suivant l’exemple du Christ. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des chrétiens qui suivent cette même voie dans les autres Églises, mais à ma connaissance aucune autre Église n’a de tels préceptes et les met en pratique.

De l’Église catholique et autres Églises de l’antéchrist

Voici quelques lignes, notez qu’il ne s’agit que d’une seule phrase (c’est lourd hein?), écrites par Menno Simons, pasteur anabaptiste au XVIe siècle. Il était auparavant prêtre dans l’Église catholique, mais voyant l’erreur de celle-ci, et convaincu qu’il ne pourrait pas la réformer, il se joignit aux anabaptistes, qui plus tard furent appelés par son nom : mennonites. Il s’attaque ici aux grands maux de l’Église catholique, qui était souvent décrite comme l’Église de l’Antéchrist par les anabaptistes de cette époque.

« Là où le baptême est pratiqué sans l’ordre et la Parole du Christ, comme il est de coutume chez ceux qui non seulement baptisent sans la foi, mais aussi sans raison et sans conscience; là où le pouvoir et la représentation du baptême, à savoir, la mort au péché, la vie nouvelle, la circoncision du cœur, etc., sont non seulement ignorés, mais aussi méprisés par ceux de l’âge mûr; et où le pain et le vin sont distribués à l’avare, à l’arrogant et à l’impénitent; où le salut est recherché dans de simples principes, des mots et des cérémonies, et où la vie est dirigée contrairement à l’amour parfait, c’est là l’Église de l’antéchrist. »
(Complete works of Menno Simons, cité sur le blog de Bob Goodnough, flatlanderfaith.wordpress.com)

« Petits enfants, c’est ici la dernière heure; et comme vous avez entendu dire que l’antéchrist vient, il y a dès maintenant plusieurs antéchrists; par où nous connaissons que c’est la dernière heure. Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous; mais c’est afin qu’il fût manifesté que tous ne sont pas des nôtres.
Pour vous, vous avez reçu l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses. Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce que nul mensonge ne vient de la vérité. Qui est menteur, si ce n’est celui qui nie que Jésus est le Christ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils. » (1 Jean 2.18-22)