ÊTES-VOUS PRÊTS POUR LE RETOUR DU SEIGNEUR ?

Article publié dans le Messager de la Vérité, 11 décembre 2024

Au milieu des années 1970, nous rendions visite à un parent et nous l’écoutions exposer l’enseignement prémillénariste. Il a dit, avec une assurance considérable : « Je crois que le Seigneur reviendra d’ici 1990. » J’ai réfléchi un moment, puis je lui ai demandé : « Es-tu prêt ? » « Non », m’a-t-il répondu.

Selon ce que je lis dans la Bible, il est beaucoup plus important d’être prêt à rencontrer le Seigneur à tout moment que de savoir quand ce moment pourrait arriver. Mais j’avoue que j’ai autrefois cru la même chose que mon parent. Un an après notre mariage, le pasteur de l’Église que nous fréquentions a enseigné une série d’études bibliques tout au long de l’hiver sur la doctrine prémillénariste dispensationaliste. Nous étions de nouveaux chrétiens et nous nous en sommes imprégnés. Après tout, il citait des versets de la Bible ; cela semblait avoir une solide base biblique.

Mais il y a un problème : j’aime lire. J’ai donc commencé à acheter des livres d’auteurs prémillénaristes bien connus, comme Hal Lindsey, John Walvoord, Dwight Pentecost et d’autres. Ils citaient les Écritures et expliquaient comment elles s’appliquaient aux événements actuels. Cela semblait tout à fait plausible, même si j’ai remarqué des divergences dans leurs interprétations, car le déroulement des événements actuels ne correspond pas toujours aux prédictions des auteurs et des prédicateurs.

J’ai été vraiment surpris lorsque j’ai lu un livre plus ancien de Lewis Sperry Chafer. Les autres auteurs que j’avais lus étaient diplômés du séminaire théologique de Dallas ; deux d’entre eux y étaient enseignants. Chafer était le fondateur du séminaire théologique de Dallas. Dans ce livre du début des années 1930, il proclamait que Benito Mussolini était l’Antéchrist. Au moment où j’ai lu le livre, Mussolini avait déjà connu une chute et une fin peu glorieuse. Cela souleva un gros point d’interrogation. Une question encore plus grande fut soulevée par sa déclaration selon laquelle l’appel à la repentance ne s’appliquait qu’aux Juifs, car, voyez-vous, les Juifs avaient rejeté Jésus. Les Gentils (païens) ne portent pas cette culpabilité et n’avaient pas besoin de se repentir ; ils devaient simplement croire en Jésus comme leur Sauveur. Je vis cela comme une contradiction totale avec ce que l’apôtre Paul dit aux Athéniens, disant que Dieu appelle maintenant tous les hommes partout dans le monde à se repentir (Actes 17.30).

Avec le temps, toute la structure de la doctrine dispensationaliste prémillénariste commença à ressembler à un fragile château de cartes. En effet, toute la doctrine du Millénium s’appuie sur un seul verset (Apocalypse 20.4), mal interprété. Je l’abandonnai et je revins au vieil enseignement selon lequel un jour viendra où Jésus reviendra une seule fois, un jour appelé « la fin du monde », jour qui pourrait arriver n’importe quand, car même au temps des Apôtres, la plupart des chrétiens pensaient que toutes les prédictions liées à la fin des temps étaient accomplies ou sur le point de l’être et les vaudois croyaient de même vers la 1200 (c.f. La noble leçon). À ce moment-là, il appellera tous les hommes, ceux qui sont vivants et ceux qui sont morts depuis longtemps, au jugement. Certains iront au tourment éternel et d’autres à la béatitude éternelle. Ce que la Bible enseigne en réalité est assez simple. La Bible enseigne qu’il est inutile de spéculer sur le moment et les circonstances de la fin (Actes 1.7 et Matthieu 24.36).

Plus tard, j’ai découvert que l’enseignement d’un Antéchrist des temps modernes qui établirait un royaume mondial et serait ensuite détruit par le Seigneur à son retour provenait de l’Église catholique romaine. Les anabaptistes qualifièrent, pendant au moins mille ans, l’Église catholique et le pape d’Antéchrist, ce qui signifiait non seulement qu’ils s’opposaient à Christ, mais qu’ils prétendaient prendre sa place. Un écrit vaudois du sud de la France datant de 1100 apr. J.-C. raconte comment l’Antéchrist avait remplacé le Saint-Esprit par ses cérémonies, faisant dépendre le salut du baptême par un prêtre catholique romain plutôt que du Saint-Esprit. Les cérémonies catholiques romaines promettaient les bienfaits du christianisme sans nécessiter de lien personnel avec Dieu ou le Saint-Esprit.

Le titre du pape, qui le proclame « vicaire » de Jésus-Christ, soit celui qui exerce tout le pouvoir et toute l’autorité de ce dernier sur Terre, équivaut à désigner le pape comme étant l’Antéchrist. Menno Simons qualifie souvent l’Église catholique romaine d’Antéchrist. Les réformateurs adoptèrent le terme d’Antéchrist et l’appliquèrent au pape et à l’ensemble du système catholique. Finalement, l’Église catholique dut faire quelque chose, alors quelques érudits jésuites écrivirent des livres donnant une image différente de ce que la Bible entendait par Antéchrist.

L’un d’entre eux était Manuel Lacunza (1731-1801), un jésuite chilien, qui prétendait dans son livre être un juif érudit nommé rabbi Juan Josaphat ben Ezra. Il décrivait l’Antéchrist comme un chef religieux et politique mondial qui apparaîtrait à la fin des temps et serait détruit par le retour de Christ. Ce livre, écrit en espagnol, fut traduit en anglais vers 1826 et excita l’imagination d’un certain nombre de personnes, le plus célèbre étant John Nelson Darby. Darby avait été avocat, puis ministre de l’Église d’Angleterre (anglicane), et dans sa désillusion envers cette Église, il décida qu’il n’y avait plus d’Église. Il parla de la ruine de l’Église, affirmant qu’elle était en ruines et qu’elle ne pouvait pas être reconstruite, restaurée ou ressuscitée. Il ne reste plus aux chrétiens que de se rassembler et de prier sans la structure et l’ordre d’une Église.

D’après Darby, s’il n’y avait plus d’Église, alors de nombreux passages de la Bible qui s’appliquaient à l’Église devaient s’appliquer à une époque future. À partir de là, il continua à élaborer sa doctrine prémillénariste et dispensationaliste, affirmant que Dieu avait offert le salut à l’humanité de six manières différentes et que chacune d’entre elles avait été un échec. La dernière était l’Église, et elle aussi avait été un échec ; par conséquent, ces versets doivent s’appliquer à une époque future où Jésus régnerait sur le monde pendant mille ans, depuis Jérusalem. Darby élabora tout un plan incluant l’enlèvement, sept années de tribulations, puis le retour de Christ, un règne de mille ans, et, à la fin de ce merveilleux et paisible règne de mille ans, les gens se rebelleraient contre Christ, ce qui conduirait à la bataille d’Armageddon et au jugement final, les gens étant assignés soit à l’enfer, soit au ciel.

Rien de tout cela n’apparaît lorsque vous lisez la Bible. Il faut un guide pour « comprendre » ce système, il ne vient pas à l’esprit spontanément lorsqu’on lit la Bible sans influence extérieure, c’est pourquoi il existe tant de livres pour vous aider à comprendre cette doctrine, tous basés sur l’imagination plutôt que sur les mots simples de l’Écriture. Darby prit le verset de l’apôtre Paul sur la division correcte de la parole de vérité comme une autorisation de découper les versets de la Bible en petits morceaux et de les réorganiser pour arriver à son plan. C’est ainsi que notre pasteur nous avait enseigné de nombreuses années auparavant. Il ne prit jamais un passage biblique entier pour l’expliquer. Il a pris des petits morceaux ici et là et les a rassemblés d’une manière qui était convaincante à ce stade de notre vie chrétienne. Mais nous ne sommes pas restés convaincus ; l’ensemble ne se tient tout simplement pas.

L’apôtre Pierre met en garde contre l’utilisation abusive des paroles de Paul, disant qu’il y a des choses difficiles à comprendre dans ses écrits, « que les personnes ignorantes et mal assurées tordent, comme les autres écritures, à leur propre perdition » (2 Pie. 3.16). Le mot « tordre » signifie ici pervertir, déchirer, ce qui est une description appropriée de ce qui se passe lorsque certaines personnes pensent qu’elles divisent correctement l’Écriture. « Diviser » signifie couper droit, enseigner correctement la vérité.

Quant à l’enlèvement secret des saints, cette idée ne vient pas de la Bible et était complètement inconnue avant 1830. C’était l’année où Margaret MacDonald, une jeune Écossaise de quinze ans, rêva que le Seigneur allait enlever son peuple de la terre avant la grande tribulation. Darby était l’un de ceux qui vinrent écouter le rêve de cette jeune femme, et [soit sous l’influence de Lacunza ou celle de Margaret MacDonald, qu’il critiqua pourtant] il l’incorpora dans sa doctrine prémillénariste.

Je suppose que Darby croyait ce qu’il enseignait. Au début du mouvement des Frères de Plymouth, il était décrit comme une personne douce et gentille qui communiait librement avec tous ceux qui professaient la foi en Jésus-Christ. Après avoir présenté sa doctrine prémillénariste dispensationaliste et que certains autres Frères de Plymouth ne voyaient pas les choses de la même manière, il se mit à défendre son enseignement. Il cessa de communier avec quiconque ne voyait pas les choses comme lui. Puis il coupa la communion avec quiconque avait des relations avec ceux qui ne pensaient pas comme lui. Finalement, il est devenu le chef de son petit groupe exclusif de Frères de Plymouth, passant d’un homme humble qui fraternisait avec n’importe qui à un pape virtuel de son petit groupe.

Ce n’est pas seulement Darby qui s’empara de cet enseignement de l’Antéchrist des derniers jours ; il existe d’autres stratagèmes. Mon père avait l’habitude d’écouter l’émission nationale canadienne « Back to the Bible Hour » tous les dimanches matin. Ernest Manning, qui était également le premier ministre de l’Alberta, parlait de Gog et Magog et de la Grande Ourse, de la Russie, et de la façon dont ils allaient attaquer Israël, ce qui conduirait à la bataille d’Armageddon. Plus on étudie le prémillénarisme, plus il devient fragile.

Les préceptes de Jésus-Christ et de nos ancêtres anabaptistes-mennonites nous enseignent que la chose la plus importante est la façon dont nous vivons notre vie au jour le jour. Nous devrions refléter la vie de Jésus-Christ en nous et fonder notre salut sur une véritable repentance, une nouvelle naissance et la communion du Saint-Esprit afin d’être sûrs de marcher avec Dieu, de l’aimer, d’aimer notre prochain comme nous-mêmes et d’être prêts à tout moment pour le retour de notre Sauveur. C’est là le point important : peu importe quand ou comment il viendra. Nous pouvons penser connaître une date, mais que se passera-t-il si nous sommes heurtés par une voiture demain alors que nous traversons la rue ? Sommes-nous prêts ? C’est la question la plus importante.

Bob Goodnough, Delisle, Saskatchewan, Canada

La planète terre et le brouillard du futur

Au sujet des prophéties et des théories

[reblogué du site https://temoinanabaptiste.com/2023/10/17/au-sujet-des-propheties-et-des-theories/. Article numéro 7 d’une série d’articles écrits sur le thème de la prophétie.]

Aujourd’hui, nous lisons beaucoup de choses sur le climat, l’environnement et l’avenir de la planète Terre. Des données sont collectées, des théories sont présentées, des prédictions sont faites. Au rythme actuel, combien de temps la Terre pourra-t-elle supporter la vie humaine ? Combien de temps y aura-t-il de l’eau potable ? Dans combien de temps les mers seront-elles mortes, polluées au point d’être irrécupérables ?

Tandis que les scientifiques s’occupent de ces questions, les chrétiens se livrent également à de nombreuses spéculations sur ce qui se passera dans le domaine politique. En examinant les prophéties de Daniel, le rêve de Nebuchadnetsar, les visions de l’apôtre Jean et en faisant du copier-coller, les évangéliques ont élaboré des théories très intéressantes sur la date et les modalités du retour de Jésus. Personne n’est sûr de rien, mais il est intéressant de spéculer.

La prophétie est un sujet intense et les érudits, historiques et actuels, ont passé de nombreuses années à essayer de la déchiffrer. Mais lorsque nous pensons à toutes les connaissances scripturaires dont disposaient les scribes et les pharisiens à l’époque de la naissance de Jésus, nous sommes étonnés de constater qu’ils n’ont absolument pas su le reconnaître. Son arrivée n’était pas un grand secret, puisque les anges chantaient dans le ciel de Bethléem et que les bergers allaient parler à tout le monde de l’enfant roi-sauveur.

De plus, une caravane de mages orientaux arrive à Jérusalem et se rend directement au palais pour demander : « Où est le roi des Juifs qui est né? Car nous avons vu son étoile à l’Orient. » Cela a fait grand bruit.

« Le roi Hérode, l’ayant appris, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Et, ayant rassemblé tous les grands prêtres et les scribes… il s’informa auprès d’eux du lieu où le Christ devait naître. Et ils lui dirent : À Bethléem de Judée, car il est écrit : Et toi, Bethléem… tu n’es nullement la moindre parmi les chefs de Juda ; car de toi sortira un conducteur, qui fera paîtra mon peuple d’Israël. » Matthieu 2.1-8

Cette citation de Michée 5.2 est l’un des nombreux versets de l’Ancien Testament qui annonçaient la venue du Messie, du Christ, du gouverneur, de Silo. Mais les détails ne semblaient tous concorder. Ésaïe a écrit :

« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et l’empire est mis sur son épaule : on l’appellera l’Admirable, le Conseiller, le Dieu puissant, le Père d’éternité, le Prince de la paix. Pour accroître l’empire, pour donner une prospérité sans fin au trône de David et à son royaume ; pour l’établir et l’affermir dans l’équité et dans la justice, dès maintenant et à toujours. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela. » Chapitre 9.5-6

Mais Ésaïe a écrit aussi :

« Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Éternel ? Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » Chapitre 53.1-5

Nous pouvons tirer une leçon des érudits de l’époque de Jésus : bien qu’ils aient cru que le Messie viendrait, et bien qu’ils aient mémorisé tous les versets concernant sa venue, les prophéties variaient suffisamment pour qu’ils ne le reconnaissent pas. Même ses propres disciples étaient déconcertés jusqu’à ce que Jésus vienne à eux et leur parle après sa résurrection.

« Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur interprétait dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » Voir Luc 24.13-35

En ce qui concerne la compréhension des prophéties, j’ai vécu assez longtemps pour voir divers changements d’interprétation dans ce que les érudits disaient être « des écritures qui montrent clairement que telle ou telle chose arrivera ». J’ai également lu suffisamment de choses pour savoir que des chrétiens d’autres époques ont été tout aussi convaincus d’une interprétation complètement différente.

Prophéties et interprétations : Un bref rappel

AMILLÉNARISME

L’enseignement amillénariste affirme que Jésus est venu en attendant de souffrir et de mourir. Lorsqu’il est ressuscité, il a vaincu Satan, le maître de ce monde. Il a établi son royaume, mais celui-ci n’est pas, et ne sera jamais, une nation ou un pays visible sur la terre actuelle. L’entrée dans son royaume est la nouvelle naissance. Jésus est venu pour être la Porte, pour ouvrir le chemin du Royaume de Dieu. Depuis sa résurrection, il règne dans le cœur de tous ceux qui l’ont choisi comme roi. Un jour, il reviendra pour rassembler les siens au ciel.

Les citoyens du royaume de Dieu peuvent vivre n’importe où sur terre, mais ne sont pas du monde, c’est pourquoi ils paient des impôts (rendre à César) et obéissent à toutes les lois, mais peuvent refuser de voter ou de porter les armes pour défendre le pays dans lequel ils vivent. (Les paroles de Jésus, telles que « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, etc. » sont prises au pied de la lettre). Au contraire, comme l’explique Paul, les chrétiens agissent en tant qu’ambassadeurs officiels de leur roi, implorant au nom de Christ : « Réconciliez-vous avec Dieu. »

Si j’ai bien compris, c’est la croyance traditionnelle des mennonites, des amish et de certains groupes de frères. Peu d’églises protestantes évangéliques l’enseigne, voire aucune.

LE POST-MILLÉNARISME

À l’époque où nous étudiions les prophéties, la théorie prémillénaire était si répandue que j’ai été très choqué en lisant le livre de Douglas Frank, Less Than Conquerors (1986, Wm B Eerdmans), d’apprendre que, jusqu’à la guerre civile américaine, presque tous les chrétiens évangéliques croyaient à la théorie post-millénale. C’est-à-dire :

Le monde ira de mieux en mieux et finalement il sera si bon que Jésus reviendra sur terre et établira son royaume. Les chrétiens américains qui croyaient en cette théorie ont soutenu l’abolition et la guerre civile parce qu’ils pensaient pouvoir faire avancer les choses en se débarrassant de la tache de l’esclavage. Les chrétiens améliorant la société, la rendant plus hospitalière au retour de Christ, le monde (ou du moins les États-Unis) deviendrait si bon que Jésus viendrait établir son royaume sur terre.

Hélas pour leurs rêves ! La guerre de Sécession a apporté tant de morts et de destructions, et a généré tant d’animosité que le monde, ou du moins l’Amérique, était encore plus loin d’être prêts pour le royaume de Jésus-Christ. Au cours des vingt années qui suivirent, les évangéliques abandonnèrent massivement cette théorie. Au cours de ma vie, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui prône, ou même mentionne, le post-millénarisme. Je me demande combien de chrétiens aujourd’hui en ont même entendu parler.

Dans un autre ordre d’idées, l’une des déceptions les plus amères qu’un groupe de personnes ait connues a dû être la découverte par les Noirs du sud des États-Unis, libérés des chaînes de l’esclavage, que la liberté ne signifiait pas l’égalité aux yeux de la plupart des gens blancs. Ni dans le sud, ni même dans le nord du pays.

LE PRÉMILLÉNARISME

Selon le livre de Frank, les évangéliques ont abandonné la théorie post-millénaire et sont passés au prémillénarisme. Comme il s’agit d’une question très complexe et très liée au dispensationalisme, je vais la réserver pour un autre article. Une explication simple serait la suivante : Jésus revient chercher ses enfants :

Jésus revient pour réclamer ses enfants et, à un moment donné, établir son royaume à Jérusalem. De là, lui et ses disciples régneront sur toute la terre pendant mille ans, à la fin desquels les humains qui n’acceptent pas son règne organiseront une grande révolte. Il mettra alors fin au temps et le grand Jugement dernier commencera.

Jésus leur dit : « C’est ainsi qu’il est écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffre, et que le troisième jour il ressuscite d’entre les morts, et qu’on prêche en son nom la repentance et le pardon des péchés pour toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Vous, vous êtes témoins de ces choses. » Luc 24.46-48

Christine Goodnough

La planète terre et le brouillard du futur

Traduction de : Planet Earth: Future Haze
publié le 19 SEPTEMBRE 2020 par CHRISTINE GOODNOUGH sur ce site : https://christinegoodnough.com/2020/09/19/planet-earth-future-haze/

[Voici un article que je publie suite à plusieurs jours de discussions et de prières au sujet des doctrines insidieuses qui gangrènent les cercles chrétiens. Cet article explique les origines de certaines de ces hérésies. Celles-ci s’accompagnent très souvent d’une croyance que l’Église visible de Dieu n’a pas survécu jusqu’à nos jours et que nous sommes prédestinés et ne pouvons pas perdre le salut. Il s’en suivrait que des pans entiers des enseignements du Nouveau-Testament ne s’appliqueraient plus aujourd’hui. Par exemple, pourquoi se soucier des âmes perdues ou de notre témoignage, si de toute manière tous ceux qui doivent être sauvés le seront ?]

La doctrine prémillénariste dormante commence à se développer

Selon Dave MacPherson dans son livre, The Incredible Cover-Up (© 1975 par Logos International), il y avait déjà une mouvance prémillénariste dans les colonies américaines avant 1830. Elle a quelque peu augmenté au milieu des années 1800, avec des courants issus d’un mini renouveau charismatique en Écosse et en Angleterre, ainsi que les disciples de John Nelson Darby. C’est pendant la guerre civile qu’elle a réellement émergé en force, et dans les années 1870, de nombreuses personnes ont commencé à la considérer comme la seule interprétation biblique valable de la fin des temps.

John Nelson Darby a eu un énorme impact sur la pensée des chrétiens évangéliques. Né en 1800, Darby est devenu prêtre dans l’Église d’Angleterre en 1826, mais après un certain temps, il a été accablé par le mécontentement qu’il ressentait dans sa propre vie chrétienne. Il a vécu une expérience qui lui a fait comprendre que le salut ne peut jamais être gagné ; il ne vient que par la foi en Jésus-Christ. Il se sentait purifié et libéré du péché. Il a ensuite commencé à attaquer l’Église d’Angleterre parce qu’elle ne l’avait pas guidé correctement.

Selon le livre de Douglas Frank, les chrétiens de cette époque, surtout aux États-Unis, étaient optimistes, voyant l’Église chrétienne comme une armée « marchant triomphalement pour répandre l’Évangile et inaugurer le règne de mille ans ». Comme dans le cantique « Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur ». Les évangéliques étaient prêts à fouler aux pieds ces raisins de la colère : l’esclavage, l’alcool et tous les autres péchés qu’ils considéraient comme des entraves pour le royaume à venir.

Jésus a dit : « … sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. » Matthieu 16.18

Darby n’était pas d’accord. « L’Église est en ruines », affirma-t-il. Selon lui, l’Église établie était irrémédiablement brisée et les croyants qui voulaient continuer la vraie foi chrétienne devaient abandonner les Églises et se rassembler en petits groupes de croyants sans organisation ni titre officiel. S’appelant eux-mêmes « Chrétiens rassemblés au nom du Seigneur », le groupe est devenu connu sous le nom de « Plymouth Brethren » (ou frères de Plymouth).

L’Église, successeur spirituel d’Israël

C’était une croyance communément acceptée avant l’époque de Darby. Les pré-, post- et a-millénaristes étaient d’accord : Israël avait cessé d’être le peuple de Dieu en rejetant Christ, et l’Église est devenue le successeur spirituel d’Israël. Les théologiens et les prédicateurs ont enseigné que tous les croyants sont maintenant le peuple de Dieu, qu’ils soient juifs ou païens. Comme l’écrit l’apôtre Paul :

« Ici il n’y a ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni Barbare ni Scythe, ni esclave ni libre ; mais Christ est tout en tous. Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience ; Vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a quelque sujet de plainte contre l’autre. Comme Christ vous a pardonné, vous aussi, faites de même. Mais par-dessus toutes choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. » Colossiens 3.11-14

Darby rejeta également cette croyance. Il affirma plutôt que l’Église chrétienne est le royaume céleste de Dieu et qu’Israël est encore et toujours le peuple terrestre de Dieu. Même si les Juifs ont été infidèles en respectant les lois de Moïse, Darby a dit que Dieu ne peut retirer sa promesse de faire d’Israël (les Juifs) une grande nation. Un jour. Il faut juste comprendre les temps fixés pour tout cela.

« La seule explication crédible de l’Écriture »

En analysant et en « exposant justement » (dispensant avec droiture), il a accouché de la doctrine du dispensationalisme. Cette doctrine divise l’histoire en six époques différentes, ou dispensations. La Bible, pour les érudits qui adoptèrent ses idées, devint comme un casse-tête dont les différents versets ont été soigneusement divisés et reconstruits en époques « faciles à comprendre ». Ma compréhension est floue ; un vrai spécialiste de la Bible qui suivrait la pensée de Darby pourrait certainement mieux vous expliquer ceci.

Le temps d’Adam et Ève et de leurs descendants est une dispensation. Le temps de Noé et de son arche en est une autre ; le temps d’Abraham, d’Isaac et de Jacob en est une autre. Le temps où Israël s’est installé en Terre promise et est devenu un pays en est une autre. (Je pense que le temps de Jésus sur terre fait partie de cette ère.) Nous avons ensuite l’ère de l’Évangile, c’est-à-dire le temps depuis Christ, qui, selon ces enseignants, est une interruption du plan de Dieu. Le futur « Règne de mille ans de Christ sur la terre » est considéré comme une autre dispensation. Je ne les ai peut-être pas tous écrits tels qu’ils sont enseignés aujourd’hui, mais cela vous en donne peut-être une idée générale.

Ici, en Amérique du Nord, un théologien, ministre et écrivain du nom de Cyrus Ingerson Scofield a saisi la vision du dispensationalisme. Il a estimé que c’était la seule explication crédible pour de nombreux passages de la Bible et a entrepris de la publier. Sa Bible de référence Scofield annotée, avec ses explications et ses références croisées, est devenue un succès de librairie fulgurant, le dispensationalisme a été largement accepté par les évangéliques en Amérique du Nord.

L’enlèvement : Secret ou ouvert ?

Les voitures s’écrasent, les avions tombent du ciel, les enseignants, les ouvriers, les étudiants disparaissent en un instant : « pouf » ? Selon la pensée « l’enlèvement secret », Oui. Selon d’autres interprétations de la prophétie, Non. Quand Jésus reviendra sur cette terre, tout le monde le saura.

La vision amillénariste est que lorsque Jésus reviendra dans les nuages, l’archange sonnera de la trompette et tous les enfants de Jésus seront rassemblés avec lui pour la gloire. L’enlèvement sera une chose unique, ouverte à tous. À ce moment-là, la terre et la mer rendront leurs morts et les responsables de sa crucifixion « regarderont celui qu’ils ont percé ». Ceux qui l’ont rejeté seront si consternés et effrayés qu’ils « crieront aux rochers et à la colline pour les couvrir » de son visage.

Quant au « temps de la grande tribulation » annoncé par Jésus, il me semble qu’il a eu lieu principalement lors de la destruction de Jérusalem. Les chrétiens de ce jour-là ont effectivement abandonné la ville, comme Jésus les en a avertis, lorsqu’ils ont vu l’armée romaine se rassembler autour d’elle. (Dans une certaine mesure, cette tribulation se poursuit depuis, car les chrétiens ont été persécutés et beaucoup le sont encore).

L’idée postmillénariste est à peu près la même. Quand Jésus reviendra, « tous les yeux le verront ». Ils comprennent, d’après diverses écritures, qu’il reviendra sur terre à la fin d’une période de grande tribulation (qui se déroule actuellement) et établira son royaume, mais ils disent que c’est l’Église elle-même qui inaugurera ce millénaire de paix. Comme je l’ai déjà dit dans un article précédent, cette théorie a pratiquement disparu.

La théorie prémillénariste : Quatre camps différents

Selon Dave MacPherson, il y a quatre positions concernant le millénaire à venir :

  • Ceux qui épousent la théorie du « pré-trib » (prétribulation) disent qu’il y aura un Ravissement secret où tous les chrétiens venus de la terre rencontreront Jésus avant que le temps de la tribulation n’arrive, afin qu’aucun chrétien n’ait à souffrir des catastrophes naturelles et de la guerre qui s’abattront sur cette terre.
  • Ceux qui pensent « mi-trib » voient l’Enlèvement arriver quelque part au milieu de ces sept années de tribulation.
  • Ceux qui épousent la théorie « post-trib » pensent que l’enlèvement va venir à la fin de ces sept années de tribulation.
  • Les rapturistes partiels qui croient qu’il y aura plus d’un enlèvement, qui peut se produire à plusieurs moments avant/pendant/après le moment de la tribulation.

« L’enlèvement pré-tribulation » était inconnu avant que Darby ne rende visite à une jeune fille écossaise de quinze ans qui, en 1830, a eu une vision du retour de Jésus. À partir de sa vision d’un groupe choisi de chrétiens emportés en secret, Darby a construit son enseignement « pré-trib ». Selon Douglas Frank, Darby est venu en Amérique du Nord à sept reprises entre 1862 et 1877 pour partager son système doctrinal avec les évangéliques et ce mouvement a commencé à prendre de l’ampleur. Logique : les chrétiens étaient heureux d’apprendre qu’ils seraient éloignés de la terre avant les malheurs à venir.

Cependant, en Angleterre, tous ses confrères de Plymouth qui n’étaient pas d’accord avec lui sur ces doctrines, étaient menacés d’excommunication et de punition éternelle. Pour autant, au fil des ans, les Frères de Plymouth ont connu divers schismes qui ont abouti aux groupes PB 2, PB 3, PB 4, etc. Nous avons rencontré un jour un couple des Frères de Plymouth 4, et c’était un groupe très strict. Entre autres, ils tenaient des réunions chrétiennes tous les soirs, et gare à vous si vous n’y étiez pas !

Dave MacPherson, un enfant de prédicateur et petit-enfant de prédicateur, a grandi en entendant des discussions sur les prophéties. Cependant, il a découvert que les professeurs de la Bible n’étaient pas très ouverts à d’autres points de vue que le leur :
« À l’époque où j’allais à l’institut biblique, j’ai appris à la dure qu’il existe des écoles d’interprétation prophétique très divergentes. Je discutais de la prophétie à différents moments avec d’autres étudiants et j’évoquais des points de vue qui différaient en plusieurs points de la position officielle de l’école. Cela a finalement abouti à mon renvoi ».

Jésus n’a-t-il pas réussi à établir le royaume que Dieu voulait ?

Une partie de cette réflexion prémillénariste repose sur l’idée que Jésus avait prévu d’établir le royaume, mais lorsqu’il a été rejeté, ce plan a été abandonné.

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« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné… » appliqué à la première visite de Jésus sur Terre.
Mais… « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu… »

Ainsi, selon la pensée prémillénariste, lorsque la nation juive a rejeté Jésus et l’a fait disparaître, il est remonté au ciel et le plan B a été mis en œuvre. Ou bien le plan B a-t-il toujours été le vrai plan parce que Dieu savait que Jésus serait rejeté ? Cela dépend de l’érudit de la Bible qui enseigne.

Le plan B, qui varie lui aussi selon la personne qui l’explique, est que Jésus reviendra deux fois (ou peut-être trois fois) avant que son travail sur terre ne soit terminé. Il viendra pour son Église (secrètement ou non, une ou deux fois.) Ensuite, sept années de graves tribulations s’abattront sur la terre. Puis il reviendra ouvertement, amenant tous les saints avec lui, et installera son siège à Jérusalem. Lui et ses saints régneront sur toute la terre. Israël redeviendra une grande nation. Tous les peuples de la terre lui obéiront.

En 1919, J.C. Masee écrivait :
« Je ne cherche pas une résidence immédiate dans le ciel. Je m’attends à n’y être que peu de temps et puis je reviendrai avec lui pour vivre sur une terre rachetée, et régner ici avec lui sur la terre. J’aurais le regret de croire que je devrais passer mes mille ans au ciel. La récompense des saints est d’avoir le privilège de revenir avec Jésus pour régner ici sur les nations avec lui.
(École Biblique de Philadelphie)

Selon eux, à la fin du règne millénaire (le Millénium), une rébellion majeure éclatera, menée par les satanistes. Jésus les écrasera totalement, puis viendra le grand jour du jugement dernier. La terre et le ciel actuels disparaîtront ; dans un nouveau ciel et une nouvelle terre, Jésus prendra son trône légitime et « l’empire est mis sur son épaule et son royaume sera éternel ».

Car voici, le Royaume de Dieu est en vous.

Il est clair que je ne souscris pas à l’idéologie prémillénariste actuelle, ni aux divinations apocalyptiques en général. Mon attention se porte plutôt sur LE PRÉSENT. Ce qui viendra, viendra. Je crois que beaucoup de chrétiens ressentent un peu la même chose : il est intéressant de spéculer, mais tant de versets peuvent être compris de différentes manières, au sens propre ou figuré. La chose la plus importante est : « Que dois-je savoir pour vivre ma vie chrétienne aujourd’hui ?

Je mettrai en vous mon Esprit, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances pour les pratiquer. — Ézéchiel 36.27