POURQUOI IL EST IMPOSSIBLE QUE PIERRE AIT ÉTÉ LE PREMIER ÉVÊQUE À ROME (ET ENCORE MOINS PAPE)

[Traduction des pages 25-30 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.

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DIVERSES RAISONS, TIRÉES DES SAINTES ÉCRITURES, MONTRANT QUE PIERRE N’ÉTAIT PAS À ROME PENDANT LE TEMPS QUE PAUL Y ÉTAIT, SAUF (COMME CELA A ÉTÉ EXPLIQUÉ CI-DESSUS) À LA FIN DE SA VIE

Dans cette démonstration, nous renoncerons à la méthode employée par Sébastien Franck, Jean Gysius et d’autres, qui ont écrit syllogistiquement sur ce sujet, et nous nous en limiterons uniquement au témoignage formel (ou, du moins, à ses simples déductions), de l’Écriture Sainte, sur laquelle nous nous proposons de fonder notre argumentation.

Raison. — Premier argument. — Lorsque Paul approchait de la ville de Rome, où il devait comparaître devant César, les frères1 sortirent de la ville pour le rencontrer, jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois Tavernes, et Paul, en les voyant, prit courage. Ac 28:15 : Mais parmi eux, Pierre n’est pas mentionné une seule fois, ce qui aurait assurément été le cas s’il avait été avec eux et avait occupé le siège épiscopal à cet endroit, comme certains le prétendent.

Deuxième argument. — Quand il arriva que Paul eut à rendre compte pour la première fois devant l’empereur, il fut abandonné de tous, et personne ne l’assista, de sorte qu’il s’en plaignit à Timothée (2 Tm 4:16). Or, si Pierre avait été à Rome, il n’aurait certainement pas abandonné Paul, qu’il avait l’habitude d’appeler son frère bien-aimé (2 P 3:15), mais il l’aurait soutenu avec des conseils et une réelle assistance, selon ses capacités. Cela, cependant, ne s’est pas produit, ce qui montre clairement qu’il n’était pas là à cette époque ; à moins que quelqu’un puisse conclure, que lui, qui avait auparavant abandonné son Seigneur et Sauveur (ce qui était une affaire de grande importance), aurait probablement aussi abandonné Paul, qui était inférieur.

On peut répondre à cela que Pierre, au moment où il abandonna Christ, n’était pas rempli du don du Saint-Esprit, qui ne fut déversé sur les apôtres qu’après l’ascension de Christ (Ac 2:1-3) ; il pouvait donc facilement chuter ; mais maintenant, étant rempli du Saint-Esprit2, il en était tout autrement, à tel point que lui et ses compagnons apôtres ne craignaient aucune souffrance, pas même la mort elle-même. Comparez Ac 4:19-21 avec Ac 5:40-42 et Ac 12 : 3-4. Voir aussi 1 P 3:14 et 1 P 4:16.

De plus, dans la plainte de Paul à Timothée, il ne mentionne aucunement que Pierre l’ait abandonné, ce qui, si cela s’était produit, n’aurait certainement pas été passé sous silence, comme ce serait une affaire notable, d’autant plus qu’il mentionne par leur nom certains de ceux qui l’ont abandonné, comme Démas, Alexandre le forgeron, etc.

Troisième argument. — Lorsque Paul était enfermé en prison à Rome et enchaîné, il rendit hommage à Onésiphore, parce qu’il lui avait rendu visite et qu’il n’avait pas eu honte de sa chaîne, sans rien mentionner des autres, en disant : « Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes » (2 Tm 1:16).

Mais pourquoi ne rend-il pas hommage à Pierre de lui avoir rendu visite dans ses liens ? ou, si Pierre était là et ne l’a pas fait, mais avait honte de sa chaîne, pourquoi ne se plaint-il pas, qu’un si grand homme, qui aurait dû être un chef pour les autres, ait été si négligent à cet égard ?

Si Pierre avait été dans la ville à cette époque, qu’il lui eut rendu visite ou non en prison, Paul n’aurait assurément pas gardé un silence total à son sujet, soit pour l’en louer, soit pour s’en plaindre.

Quatrième argument. — Lorsque plusieurs s’étaient éloignés de Paul, pendant qu’il était en prison, il fit mention d’un homme qui était resté près de lui ou avec lui, à savoir dans la ville de Rome. Il l’appelle Luc et dit : Luc seul est avec (ou près de) moi (2 Tm 4:11). Il s’ensuit qu’au moment où Paul écrivait ceci, Pierre n’était pas à Rome, sinon il n’y aurait pas eu que Luc avec lui.

Cinquième argument. — Juste après les paroles mentionnées ci-dessus, Paul demande à Timothée d’amener Marc avec lui lorsqu’il viendrait vers lui, car il lui serait très utile pour son ministère, en disant : Prends Marc, et amène-le avec toi (quand tu viendras) ; car il m’est utile pour le ministère (2 Tm 4:11).

Or, si Pierre était à Rome à ce moment, pourquoi Paul était-il obligé d’envoyer chercher Marc pour le ministère ? Ou encore, s’il n’était pas loin, pourquoi n’a-t-il pas envoyé chercher Pierre ? Certainement, s’il l’avait envoyé chercher, celui-ci n’aurait pas refusé de venir, à moins qu’il n’en ait été empêché par une cause importante : et on pourrait alors conclure que Pierre était là depuis un temps considérable, puisque, comme nous le constaterons, ils moururent tous deux assez longtemps après.

Mais il n’apparaît pas que Paul l’ait envoyé chercher, d’où on ne peut conclure qu’il soit venu en réponse à sa convocation. Et même s’il était venu à ce moment, son séjour là n’aurait pas pu durer plusieurs années, encore moins vingt-cinq ans, comme le disent les papistes, puisque la mort l’a rattrapé, ainsi que Paul, comme il est indiqué à sa juste place. Cependant, l’ajout de toute cette argumentation est inutile et superflu.

Sixième argument. — Paul a écrit plusieurs épîtres aux croyants depuis sa prison à Rome : aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Timothée, à Philémon, etc. Il y insère diverses salutations de la part des croyants de l’Église à Rome, tout comme il fait parfois mention de ses compagnons d’œuvre au début de celles-ci ; mais il ne mentionne jamais Pierre. En voici des exemples.

Au début de l’épître aux Philippiens, il écrit ces mots : « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ ». Or, pourquoi n’ajoute-t-il pas ici : et Simon Pierre ?

Presque de la même manière, il commence l’épître aux Colossiens, en disant : « Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée. » Pourquoi n’ajoute-t-il pas : et Pierre, l’apôtre en chef ? 

En concluant ces épîtres, il ajoute les salutations des saints qui étaient avec lui. Aux Philippiens, il écrit : « Tous les saints vous saluent, et principalement ceux de la maison de César » (Ph 4:21-22). Aux Colossiens il adresse ces paroles : « Épaphras, qui est des vôtres, vous salue : un serviteur de Christ » (Col 4:12). Aussi : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (v. 14).

Pierre n’est pas du tout mentionné ici, ce qui, s’il avait été là, aurait certainement été tout à fait nécessaire.

Il a suivi cette même pratique dans toutes les autres épîtres qu’il a écrites depuis Rome. Il dit à Timothée : « Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères te saluent » (2 Tm 4:21).

À Philémon : « Épaphras… te salue, ainsi que Marc, Aristarque… » (Phm 1:23-24).

Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, mais tout cela se résume ainsi : que ce serait une chose étrange si Pierre était à Rome lorsque Paul a écrit ses épîtres depuis la prison romaine, que ce dernier n’ait jamais mentionné dans ces épîtres une salutation de Pierre (ce que, comme indiqué, il n’a pas fait) ; voyant qu’il mentionne les salutations de différents chefs et membres de l’Église romaine, qu’il appelle par leur nom ; il est donc tout à fait raisonnable de conclure que Pierre n’était pas là à cette époque.

NOTE : Outre les six arguments mentionnés, prouvant que pendant le temps où Paul était emprisonné sous Néron, Pierre n’était pas à Rome, selon le témoignage des Saintes Écritures, il s’ensuit diverses circonstances montrant (par la même autorité des Saintes Écritures), que même pendant le temps où Paul était sorti de prison, Pierre ne se trouvait pas dans cette ville.

Première circonstance. — Ici nous devons considérer pourquoi Paul a écrit une épître à l’Église de Rome (épître qui existe encore), tant pour confirmer la foi chrétienne que pour stimuler les vertus morales, si Pierre était là à cette époque et avait la charge de ladite Église ? ou, si pour des raisons importantes il était nécessaire qu’il leur écrive, pourquoi n’a-t-il pas envoyé cette épître à Pierre, leur chef, comme il l’a fait à Timothée, le docteur de l’Église d’Éphèse, et à Tite, le docteur de l’Église de l’île de Crète ?

Ou, du moins, si nous regardons le contenu de cette épître, nous pouvons très bien considérer, pourquoi il ne lui a pas adressé une salutation, ou ne l’a pas mentionné une seule fois par son nom ? voyant qu’il a rempli presque un chapitre entier avec les noms de ceux qu’il salue à Rome : comme Aquilas et sa femme Prisca (ou Priscille), Épaïnète et Marie, ainsi qu’Andronic, Junias, Amplias, Urbain, Apellès, Hérodion, ceux de la maison de Narcisse (les femmes), Tryphène et Tryphose, Perside, Rufus, Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Philologue, Nérée, etc., tout au long de Romains 16, sans faire aucune mention de la personne ou du nom de Pierre ; d’où on peut conclure à nouveau pour de bonnes raisons ce qui a été conclu précédemment à partir du récit des salutations que Paul a écrites alors qu’il était en prison à Rome, à savoir que Pierre n’était pas dans cette ville à ce moment-là.

Deuxième circonstance. — Lorsqu’il arriva ensuite que Paul, après avoir parcouru l’Arabie et le pays de Damas, revint au bout de trois ans, avec un désir particulier de voir Pierre ; il ne le chercha pas à Rome, mais à Jérusalem ; où, lorsqu’il l’eut trouvé, il demeura quinze jours chez lui : puis il repartit dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie (Ga 1:17-21).

Troisième circonstance. — Lorsque quatorze années supplémentaires se furent écoulées, à savoir celles passées par Paul dans son voyage en Syrie et en Cilicie, où se trouvait Pierre ? Certainement pas à Rome, mais à Antioche ; car là Paul s’approcha de lui et le réprimanda, parce qu’il avait mangé avec les païens en présence des juifs3. Comparez Ga 2:1 avec les versets 11 et 12.

Quatrième circonstance. — Quand certains vinrent de la Judée, et troublèrent les frères, disant que, s’ils n’étaient pas circoncis selon le rite de Moïse, ils ne pouvaient être sauvés, Paul, Barnabas et d’autres hommes pieux furent envoyés vers les apôtres et les anciens, pour les consulter sur l’affaire, Pierre, ainsi que les autres personnes auxquelles ils avaient été envoyés, se trouvait à Jérusalem (Ac 15:1-7).

Cinquième circonstance. — En Galates 2:7, nous lisons que les incirconcis (c’est-à-dire les païens) furent confiés à Paul et les circoncis (c’est-à-dire les juifs ou la nation juive) à Pierre, et, au verset 9, que Pierre (appelé alors Céphas) avec Jacques et Jean donnèrent la main d’association à Paul et à Barnabas, et convinrent que ces derniers devraient aller vers les païens, et eux vers les circoncis (les juifs) pour leur prêcher l’Évangile.

Il est donc établi que Pierre était à proprement parler un apôtre des juifs (après que cet accord ait été conclu) et non des païens. Mais s’il avait enseigné parmi les Romains, qui étaient païens par nature, il aurait largement outrepassé son engagement et sa promesse, ce qu’on ne doit certainement pas supposer d’un homme aussi grand et éminent que l’était Pierre à ce moment-là.

Sixième circonstance. — Des deux épîtres de Pierre, et en particulier des paroles en 1 P 1:1, il apparaît évident qu’il a prêché aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie (c’est-à-dire à ceux des douze tribus d’Israël qui y étaient dispersés) conformément à l’affirmation de Jacques (chap. 1:1). Comme ces contrées sont parfois éloignées les unes des autres, certaines sont distantes de quelques centaines de lieues4, il aurait fallu plusieurs années pour les parcourir et y prêcher. Il est clair que pendant ce temps-là, Pierre ne pouvait se trouver simultanément là-bas et à Rome ; ce qui est incontestable.

Septième circonstance. —À la fin de la première épître de Pierre, à savoir 1 P 5:13, nous lisons : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue… »

Comment Pierre pouvait-il envoyer une salutation de la part de l’Église de Babylone, s’il n’était pas avec elle à Babylone à ce moment-là ? Mais s’il était à Babylone, il n’était pas à Rome, à moins qu’il n’ait eu deux corps, ce dont nous ne lisons rien, et que nous n’avons aucune raison de croire.

Huitième circonstance. — Ceux qui soutiennent que Pierre était évêque à Rome ne font aucune distinction entre les mots apôtre, ou messager, et évêque, ou surveillant ; pourtant il y a toujours eu une différence marquée entre la charge d’apôtre et celle d’évêque.

La charge d’un apôtre était de voyager d’un pays à l’autre, oui, même à travers le monde entier, et de prêcher l’Évangile à ceux qui ne l’avaient pas encore entendu. Il n’était donc pas lié à un lieu ou à une Église en particulier, comme cela ressort de Mt 28:19 ; Mc 16:15.

D’autre part, la charge d’un évêque ou d’un surveillant était de veiller, de prendre soin, de paître et de gouverner, comme un berger son troupeau, une Église particulière à laquelle l’Évangile avait déjà été prêché et qui avait accepté la foi et le symbole du saint baptême. Comparez Ac 20:28 avec 1 Tm 3:1-5 ; Tt 1:5-7.

Or, c’est un fait que, à proprement parler, ce n’est pas cette dernière charge, mais la première qui a été enjointe à Pierre, car il se donne le premier nom mentionné : apôtre (voir 1 P 1:1 et 2 P 1:1) ; c’est dans ce but que Christ Lui-même l’avait choisi (Lc 6:13-14) et envoyé, comme cela peut se voir clairement dans le dernier chapitre de Matthieu et de Marc.

Comment se fait-il alors que Pierre ait siégé comme évêque de l’Église à Rome ? Qui plus est, pendant un nombre considérable d’années ! À moins qu’il ne soit dit que Pierre ait abandonné sa charge, et ait accepté une autre fonction et un autre ministère que celui auquel il avait été appelé ; ce qu’il serait difficile de prouver, puisque rien n’est mentionné à ce sujet dans les Écritures Saintes.

Remarques complémentaires sur les circonstances précédentes

Si l’on devait se tenir uniquement au témoignage des saintes Écritures, n’acceptant rien d’autre comme digne de foi, il ne pourrait en aucun cas être démontré que Pierre ait été à Rome ; mais, puisque les saintes Écritures ne rapportent pas tout ce qui s’est passé, le témoignage de certains auteurs reconnus de cette époque peut être accepté comme crédible, pourvu que leur témoignage ne contredise pas ce qui est exprimé dans les saintes Écritures.

Nous avons démontré, d’après les écrits apostoliques, que pendant le temps où Paul écrivait ses épîtres dans la prison de Rome, et aussi pendant toute la période où il (Pierre) prêchait dans les pays étrangers, Pierre n’était pas à Rome, mais à Jérusalem, à Antioche, dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, et dans d’autres lieux où les juifs étaient dispersés. C’est ce que nous avons clairement démontré, d’abord par six arguments, puis par huit circonstances tirées des saintes Écritures. Mais quant à l’endroit où se trouvait Pierre, ou comment il est mort, après que Paul eut écrit sa dernière épître depuis Rome, les Écritures n’en disent rien.

C’est pourquoi le témoignage de ces auteurs que nous venons de citer ne peut pas bien être contredit. Ils soutiennent que Pierre est venu à Rome peu avant sa mort et qu’il y a donné sa vie pour la doctrine de la vérité évangélique ; sans rien y mentionner de son épiscopat, et encore moins de sa papauté. 

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DISCORDANCE ENTRE AUTEURS PAPISTES. 1. LA QUESTION DE SAVOIR SI PIERRE ÉTAIT À ROME.

2. COMBIEN DE TEMPS IL Y A ÉTÉ ÉVÊQUE. 3. QUI LUI A SUCCÉDÉ

Le principe commun des papistes est que Pierre siégeait comme évêque principal à Rome. Cependant, les auteurs qu’ils citent à cet effet diffèrent grandement. En effet, en ce qui concerne son arrivée dans cette ville, certains la fixent à l’an 41 ; d’autres au début du règne de l’empereur Claude ; quelques-uns à la deuxième année de ce même Claude ; d’autres à la quatrième année ; d’autres encore au début du règne de Néron ; et enfin, d’autres à la quatorzième année après la conversion de Paul, etc., comme cela est noté dans les écrits d’Irénée, Orose, Damase, Hornantius, Thomas d’Aquin, les Vies des Saints, etc.

Concernant la durée de son mandat d’évêque, il n’y a pas moins de désaccords, tout comme sur la durée de son absence de son évêché pour séjourner dans d’autres lieux. Cortésius parle de dix-huit ans, Panvinio de sept ans, Bellarmin de cinq ans ; mais l’opinion générale parmi eux est qu’il a siégé vingt-cinq ans sur la chaire gouvernant leur Église ; même si certains s’y opposent catégoriquement. Voir les trois derniers auteurs mentionnés.

En ce qui concerne celui qui lui succéda dans son évêché, il existe beaucoup de confusion et d’incertitude parmi les auteurs.

Certains écrivent que Clément succéda à Pierre, comme le rapporte Tertullien ; d’autres, que Lin lui succéda, comme le disent Irénée, Eusèbe, Épiphane, etc. Tertullien, De Praescriptione Haereticorum, 32 ; Jérôme de Stridon, Contra Jovinianum.

D’autres encore affirment que Lin reprit la charge de Pierre deux ans avant la mort de ce dernier, comme le mentionne Damase, etc.

D’autres, que Pierre ordonna que Clément lui succède après la mort de Lin. In Pontific. Petr., etc. ; Clem. in Epistolam ad Jacobum, etc.

Certains écrivent aussi que la chaire de Pierre demeura vacante du vivant de Lin et de Clet, car Clément, ordonné par Pierre pour être son successeur, ne voulait pas l’occuper de leur vivant, selon leurs dires, ce dont témoigne Bellarmin.

D’autres disent que Lin occupa la chaire onze ans après la mort de Pierre (voir Eusèbe) ; d’autres encore, que Lin mourut avant Pierre et par conséquent ne fut pas son successeur dans la charge épiscopale (voir Torres, Sophrone, etc.).

Certains ajoutent qu’Anaclet succéda à Pierre et Clément à Anaclet. Jean Chrysostome, Homilia de Agone Petri et Pauli ; In Chronicum ; In Anno Clementis.

Enfin, d’autres affirment que Pierre et Lin furent évêques simultanément à Rome, le premier occupant le siège supérieur et le second le siège inférieur. Rufin d’Aquilée, Sabellicus et Torres, In vita Petri.


  1. Il n’est pas mentionné dans le texte par lequel des autres apôtres ces frères de Rome furent convertis ; mais il se peut qu’ils se soient convertis le jour de la Pentecôte à Jérusalem, car à cette époque des étrangers de Rome s’y trouvaient (Ac 2:10). ↩︎
  2. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité (Jn 16:13). ↩︎
  3. Il semble manquer la fin du raisonnement ici, comme on peut le constater en lisant les versets 11 à 14. Paul a effectivement réprimandé Pierre. Cependant, cela ne semble pas être pour le fait d’avoir mangé avec des païens en soi, mais pour son hypocrisie : il mangeait avec les païens lorsqu’il n’y avait pas de circoncis dans l’assemblée, mais lorsque des judaïsants vinrent à Antioche, il s’esquiva, et chercha même à judaïser les païens lui-même. — NDLT ↩︎
  4. « honderten meer mijlen » dans l’original. Il s’agit probablement de milles d’Allemagne (environ deux lieues de France, ou 7,5 km) — NDLT ↩︎

La fausse succession de l’Église catholique romaine, qui prétend que Pierre fut évêque à Rome. [Miroir des Martyrs de 1660]

DE LA MAUVAISE SUCCESSION DE L’ÉGLISE ROMAINE, CONSISTANT UNIQUEMENT 

DANS LA SUCCESSION DES PERSONNES, ET NON DE LA DOCTRINE

[Traduction des pages 20-25 du Miroir des martyrs de 1660 (en néerlandais) https://play.google.com/books/reader?id=qpyxCLehkwoC&pg=GBS.RA3-PA18&hl=fr]

C’est ici qu’il faut considérer la grande erreur des romanistes, lorsque, sans tenir compte de la véritable continuité de la doctrine, ils s’appuient sur la succession des personnes et exhibent ceux qui, soit depuis le commencement du monde, soit depuis l’époque des apôtres, ont continué à exister, comme ils le prétendent jusqu’à présent ; certainement une affaire très négligeable ![i]

En effet, s’ils comptent depuis le commencement du monde, nous avons montré que Caïn, qui était un meurtrier, a eu ses successeurs aussi bien qu’Abel, qui a été tué à cause de sa foi[ii] et de sa piété.

Et aussi, s’ils comptent depuis le temps des apôtres, nous avons démontré qu’à cette époque déjà il y avait beaucoup d’apostats, oui, des adversaires de la religion chrétienne et du vrai culte de Dieu, et que d’autres suivirent, selon les prophéties et les prédictions que les saints apôtres prononcèrent et laissèrent à la postérité.

Il s’ensuit, que ni l’antiquité, ni la longue ou grande succession de personnes ne peuvent garantir la vérité d’une religion ou d’une Église, puisque le mal est aussi ancien que le bien, et que les esprits égarés et les méchants ont eu (et ont encore) une aussi grande postérité que les vrais croyants et les bons, à moins que l’antiquité et la succession de personnes ne soient accompagnées de la vérité et de la piété divines que possédaient les anciens intègres depuis le commencement.

L’OBJECTION DES PAPISTES, S’APPUYANT SUR TROIS ÉCRITURES

Mais, afin de maintenir cette succession citée plus haut, les papistes ont coutume de dire qu’ils ne la font pas remonter à l’antiquité de quelques esprits égarés qui étaient avant, pendant, ou après le temps des apôtres, mais à l’Église de Christ elle-même et à Pierre, auquel ils ont donné le titre de Prince des Apôtres, sur lequel Christ Lui-même, selon leur affirmation, a voulu bâtir Son Église. R. Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 10 ; selon ses propres dires.

À cela ils ajoutent comme deuxième argument que c’est à lui et à nul autre que Christ a donné les clefs du ciel, pour l’ouvrir ou le fermer selon son bon plaisir.

Et, troisièmement, que le Seigneur lui a commandé à trois reprises — plus qu’aux autres apôtres — de paître Son troupeau, qui est Son Église.

De plus, ils croient qu’il a occupé le trône de Rome et que les papes lui ont succédé dans cette fonction.

Pour prouver cette suprématie de Pierre et, par conséquent, la succession des papes à sa place, ils ont, depuis longtemps déjà, tordu trois passages de l’Écriture sainte, à savoir Mt 16:18, Mt 16:19 et Jn 21:15-17 ; ce à quoi nous répondrons dans ce qui suit.

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RÉPONSE AU PREMIER RAISONNEMENT

En Matthieu 16:18, le Seigneur dit : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

L’erreur des romanistes consiste en ce qu’ils interprètent mal le mot petra, comme s’il s’agissait là de l’apôtre Pierre ; ce qui est une grande et évidente erreur. Car, le Seigneur fait ici clairement la distinction entre le nom Petros (Pierre) et le mot petra (rocher) ; disant immédiatement avant : « Tu es Pierre », mais ensuite « et sur ce rocher ; » sur quoi suit « Je bâtirai Mon Église » ; de sorte que le Seigneur ne promet donc pas ici de bâtir Son Église sur Pierre, mais sur le rocher ; qu’Il mentionne clairement.

Maintenant, cela dépendra de la vraie signification de qui et de qu’est-ce qui doit être compris par ce rocher.

Certains soutiennent le premier sens mentionné, que nous venons de réfuter à l’instant, à savoir que Pierre lui-même est signifié par là. À cette fin, ils appliquent mal le passage Jn 1:42, où cet apôtre est appelé Céphas[iii], ce qui, à leur avis, signifie une pierre angulaire, mais c’est là aussi une erreur.

Il est vrai que, selon l’explication des orientalistes, ceux qui sont versés dans les langues orientales, par ce mot il faut entendre une pierre ; mais quelle sorte de pierre ? Non pas une pierre angulaire, mais un morceau, un coin, un éclat de pierre, sur lequel aucun édifice ne pourrait jamais être fondé. Le mot Céphas, disent-ils, est dérivé du mot hébreu Keph, qui, chez eux, signifie le coin ou le bord d’une pierre ; tandis que, d’autre part, les rochers ou les pierres angulaires sont désignés par le nom de Sela ou Tsur[iv], selon Dt 32:13. Ainsi Pierre est effectivement appelé une pierre dans les saintes Écritures, non pas une pierre de fondation, mais simplement une pierre qui est ordinairement posée sur un fondement. 

Christ est véritablement la pierre de fondation, comme Pierre lui-même le déclare, lorsqu’il appelle Christ la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu (1 P 2:4). À ce sujet, il cite les paroles du prophète Ésaïe, qui dit : « Car il est dit dans l’Écriture : Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse ; Et celui qui croit en elle » (qui est bâti, sur elle par la foi) « ne sera point confus » 1 P 2:6 d’après Es 28:16.

C’est pourquoi il avertit les croyants de s’édifier, comme des pierres vivantes, pour former une maison spirituelle, sur le fondement qui a été posé : Christ (v. 5).

Paul confirme cela lorsqu’il dit : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Co 3:11). Ailleurs, il L’appelle le fondement des apôtres et des prophètes, etc. (c’est-à-dire, sur qui les apôtres et les prophètes eux-mêmes ont été édifiés, et sur lequel ils ont, par leur doctrine, édifié d’autres également). Il ajoute : « En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Eph 2:20-22).

Il n’est pas incompatible avec cela que les douze apôtres, dont l’un était Pierre, soient appelés douze fondements[v], sur lesquelles, comme le dit Jean, la ville de Dieu, descendue du ciel, a été bâtie (Ap 21:14). Car, même si l’on admettait que, par les mots ville de Dieu, à cet endroit, il y a lieu de comprendre l’Église de Dieu sur la terre, cela prouverait seulement que Pierre, ainsi que les autres apôtres, était une des douze pierres angulaires de l’Église de Christ ; ce qui ne confirme en aucun cas l’objection proposée, que Pierre seul est la pierre angulaire, ou le fondement, de l’Église.

Et encore, le mot « pierres angulaires » ici ne signifie pas le fondement lui-même, car, à proprement parler, dans la nature, le fondement, en tant que base ou soubassement d’un bâtiment, est à distinguer des pierres construites par-dessus, qui sont appelées pierres angulaires. Car c’est sur le sol ou la base que sont posées les pierres angulaires, et c’est sur les pierres angulaires qu’est construit le bâtiment. Ainsi, la base du fondement doit soutenir à la fois les pierres angulaires et le bâtiment. Ainsi, Christ est le sol, la base ou le fondement de Son Église. Les apôtres, par leur doctrine, sont les pierres angulaires. Et l’Église est l’édifice érigé sur ces pierres angulaires et sur le fondement. Il est établi, donc, que ceux qui font de Pierre le seul fondement de l’Église de Christ font erreur, et que, par conséquent, l’édifice qu’ils érigent là-dessus est erroné et faux.[vi]

RÉPONSE AU DEUXIÈME RAISONNEMENT

Le deuxième raisonnement est tiré de Matthieu 16:19 : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »

Mais cela ne prouve nullement que la discipline ecclésiastique — c’est-à-dire le pouvoir d’exclure et de réadmettre les membres de l’Église — ait été confiée à Pierre seul parmi les apôtres, à l’exclusion des onze autres. En effet, au verset 13 il est écrit : « Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » Sur quoi il est rapporté que Pierre (au nom de tous) répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Vient ensuite le verset 19 : « Je te donnerai les clefs » etc. Cette promesse, bien qu’adressée spécialement à Pierre, s’étendit à tous les apôtres en général, puisque le Seigneur n’avait pas interrogé Pierre seul, mais tous collectivement. Sur quoi, lorsqu’il (Pierre) eut répondu au nom de tous, cette promesse fut accordée.

Ceci est expliqué encore plus loin par le saint évangéliste Jean, qui dit (Mt 20:19, 22-23) que Christ, après Sa résurrection, se tenant au milieu de Ses disciples, souffla sur eux tous et dit : « Recevez le Saint-Esprit », ajoutant : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Ces paroles sont d’une importance égale à celles citées par Matthieu, concernant la remise des clefs.

De plus, le fait que l’Église a également reçu ce pouvoir est exprimé en termes clairs en Mt 18:17-18 : « S’il (le pécheur) refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous (comprenez, conformément à la sentence prononcée par l’Église, dont il est ici question) lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

Qui doute qu’il s’agisse là des mêmes paroles qui avaient précédemment été adressées à Pierre, mais qui, bien sûr, sont destinées à tous les apôtres, et ici à toute l’Église ?

Nous voyons que l’Église de Corinthe, à l’époque de Paul, possédait le droit d’expulser et de réadmettre, appelé lier et délier. En effet, touchant l’expulsion du pécheur, il leur fut dit : « Faites disparaître le vieux levain » (à savoir le pécheur obstiné), etc. (1 Co 5:7). Et encore : « Ôtez le méchant du milieu de vous » (v. 13).

Concernant la réadmission de celui qui a manifesté la pénitence, il leur est commandé : « Il suffit pour cet homme (qui se repent de ses péchés) du châtiment (l’expulsion de l’Église) qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive » (2 Co 2:6-7).

En outre, comme ce pouvoir de lier et de délier n’a pas été donné à Pierre seul, mais à tous les apôtres ainsi qu’à l’Église, il diffère entièrement par sa nature de celui dont se vante le pape de Rome, en tant que successeur imaginaire de Pierre. Car, le pouvoir dont Christ a parlé doit être limité par la règle de Sa Parole, Mt 7:24, 26 ; Ga 1:6-8 ; tandis qu’au contraire le pouvoir dont se vante le pape est illimité, n’a pas de règle et s’étend aussi loin qu’il le souhaite. B. de Ubaldis, In Decretales subtilissima commentaria, cap. Eccles. ; voir aussi : Corpus Juris Canonici, liv. I, dist. XL, chap. VI : Si Papa etc.

Il s’ensuit donc, que l’on attribue illicitement au pape un pouvoir qui n’a même pas été donné à Pierre ; de plus, que le pouvoir qui lui a été donné était commun à tous les apôtres et à l’Église.

RÉPONSE AU TROISIÈME RAISONNEMENT

Le troisième raisonnement (ou argument) est tiré de Jean 21:15-17, où le Seigneur demanda à trois reprises à Pierre s’il L’aimait, et Pierre répondit à chaque fois : « Oui, Seigneur, je t’aime », ce à quoi le Seigneur répondit à trois reprises : « Pais mes agneaux », « Veille sur mes brebis », etc.

Quelques-uns parmi les papistes, afin de maintenir la suprématie de Pierre et, par conséquent, celle des papes de Rome, ont tellement déformé ces paroles, qu’un certain auteur célèbre parmi eux n’a pas hésité à écrire, que Pierre est ici nommé chef, gardien et pasteur, non seulement de l’Église, mais aussi des apôtres eux-mêmes. R. Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 14–16 ; selon S. Veltius, etc.

Mais en cela ils font violence au texte, puisque divers arguments tirés des saintes Écritures renversent cette opinion. Car, en premier lieu, il est certain qu’à cette époque Pierre s’était grandement et gravement égaré, plus qu’aucun autre apôtre, puisque, malgré l’avertissement et contrairement à sa promesse solennelle, il avait si infidèlement renié et même entièrement abandonné le Seigneur. Par conséquent, il est hautement improbable que le Seigneur l’ait exalté au-dessus de tous les autres et l’ait nommé leur chef, chose qui serait tout à fait contraire à la justice de Christ et la nature de l’affaire.

En deuxième lieu, cela ne s’accorderait pas avec ce que le Seigneur avait enseigné à Ses apôtres en général, en une occasion précédente, alors qu’une contestation s’était élevée parmi eux, pour savoir lequel d’entre eux, après Son départ, devait être le plus grand, Il dit : « Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Lc 22:25-26). Et encore : « Ne vous faites pas appeler Rabbi (Maître) ; car un seul est votre Maître, le Christ » (Mt 23:8, 10).

En troisième lieu, si nous examinons l’argument proposé, nous trouverons que ni la triple question du Seigneur : M’aimes-tu ? ni Sa triple injonction : « Pais mes agneaux et mes brebis, ou veille sur eux », ne s’adressait davantage à Pierre qu’aux autres apôtres.

En effet, quant à la question : « M’aimes-tu ? », qu’est-ce que cela signifie de plus que le fait que Pierre doive s’examiner lui-même pour savoir s’il aimait Christ ? Fort bien. Alors, qu’est-ce que Pierre avait de plus que n’importe quel autre apôtre ? ou encore Paul, par la suite ? qui a dit : « Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8:38-39). Et encore : « L’amour de Christ nous presse », etc. (2 Co 5:14). Oui, tout chrétien en particulier, et tous en général, sont liés à cet amour, lequel est si nécessaire, qu’il est écrit : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha » (1 Co 16:22).

Concernant l’injonction « Veille, ou pais, mes agneaux et mes brebis », ceci est également enjoint à tous les vrais docteurs. « Prenez donc garde », dit Paul aux anciens de l’Église d’Éphèse, « à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20:28).

Pierre, d’ailleurs, ne s’est pas placé au-dessus, mais au même rang que ses compagnons ministres, lorsqu’il les exhorte en disant : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ… Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde », etc. (1 P 5:1-2).

Ceci est encore confirmé par le fait que le Seigneur n’a pas commandé à Pierre seulement, mais à tous les apôtres en général, d’aller par tout le monde, de prêcher et de baptiser les croyants (Mt 28:18-20 ; Mc 16:15-16).

Il leur dit encore à tous : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1:8).

Il s’ensuit donc, qu’en ce qui concerne veiller et paître les brebis de Christ, en prêchant le saint Évangile et en prenant soin de l’Église de Christ, Pierre ne possédait pas plus d’autorité, de puissance et de distinction que les autres apôtres et docteurs apostoliques.

Il reste maintenant à expliquer pourquoi le Seigneur a demandé à trois reprises à Pierre seul, et à aucun des autres, s’il l’aimait, et lui a commandé à trois reprises de paître Ses brebis.

À cela nous répondons : puisque peu de temps auparavant Pierre avait renié trois fois le Seigneur, il était juste qu’il confesse aussi trois fois qu’il aimait Celui qu’il avait renié, et que, par conséquent, cette question devait lui être posée trois fois.

En outre, comme Pierre avait entièrement abandonné par son reniement, ou, du moins, était devenu totalement indigne de sa charge d’enseigner et de nourrir l’Église de Christ, aucun des autres apôtres ne l’aurait reconnu ou reçu dans cette charge, sous aucune considération que ce soit. Il était donc nécessaire que le Seigneur Lui-même l’en charge ardemment, même à trois reprises, afin que personne ne puisse douter de la dignité de sa personne (puisqu’il était maintenant converti) ou de la validité de sa charge.

D’où encore l’absurdité de ceux qui prétendent que cette affaire signifie plus que ce que le Seigneur Lui-même a dit. Ils disent qu’en cette occasion Pierre n’a pas été réintégré dans la charge qu’il avait abandonnée, mais qu’il a été nommé chef de toute l’Église, oui, même au-dessus de tous les autres apôtres, comme on peut le voir dans Bellarmin, De Romano Pontifice, liv. I, chap. 11.

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DE L’ABSENCE DE FONDEMENT DE CEUX QUI ONT COUTUME DE FAIRE REMONTER LA SUCCESSION ROMAINE À PIERRE LE SAINT APÔTRE, ET EN QUOI CELA CONSISTE

Outre que les trois passages proposés ne sont d’aucune utilité aux papistes pour prouver la suprématie de Pierre sur les autres apôtres et sur l’ensemble de l’Église chrétienne, il s’ensuit diverses raisons et circonstances qui montrent clairement que la succession des papes, qu’ils feraient découler de Pierre, ne tient pas, mais est infondée et fausse.

Car, pour en venir au fait, il ne peut pas être démontré que Pierre ait jamais été à Rome (où se trouve le siège du pape), sauf à la fin de sa vie, et qu’alors il n’a pas été reçu comme pape, mais a été mis à mort comme martyr, avec Paul, son compagnon apôtre, à cause du témoignage de Jésus-Christ, comme nous l’avons démontré de manière circonstanciée dans l’histoire des saints martyrs, concernant l’an 69. Voir aussi Pseudo-Hégésippe, De excidio urbis Hierosolymitanæ, liv. III, chap. 2 ; W. Baudart, Apophthegmata Christiana, liv. I, d’après Jérôme, De viris illustribus ; J. Strack, In festo Johannis Evangelistæ, etc.

Eusèbe cite les paroles de Denys, docteur de l’Église de Corinthe, concernant la venue de Paul et de Pierre à Rome, ainsi que leur prédication, qui fut la cause de leur mort : « Ils, (Paul et Pierre), étaient tous deux ensemble dans notre assemblée de Corinthe, et ont de là enseigné dans toute l’Italie ; ils enseignèrent aussi dans cette ville (Rome, dont il avait parlé précédemment) ; où ils furent tous deux couronnés martyrs en même temps ». Eusèbe de Césarée, Chronicon Ecclesiasticum, éd. 1588, liv. II, chap. 25.

Il parle de la venue et de la prédication de Pierre, à Rome, comme si elle avait eu lieu à la fin de sa vie ; et bien qu’il mette la venue et la prédication de Paul dans le même temps, la venue de Paul dans cette ville s’est néanmoins produite beaucoup plus tôt que la venue de Pierre, qui a eu lieu peu avant leur mort ; à cette époque, tous deux ont prêché ensemble le saint Évangile dans cette ville.

Que Paul y ait été beaucoup plus tôt et plus longtemps, cela ressort de toutes les circonstances des Actes des apôtres. Car tandis que Pierre prêchait à Césarée, Antioche, Jérusalem et en d’autres lieux, Paul fut amené à Rome et, y étant arrivé, « demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, en toute liberté et sans obstacle. » Ainsi se termine le récit des Actes des Apôtres, sans mentionner davantage concernant Pierre. Voir Ac 28:30-31.


[i] « Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, » dit l’Éternel, « en disant : C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » (Jr 7:4)

[ii] « C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes ; et c’est par elle qu’il parle encore, quoique mort » (Hé 11:4).

[iii] Et il (André) le conduisit (Simon Pierre) vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas ce qui signifie Pierre (Jn 1:42).

[iv] Il l’a fait monter sur les hauteurs du pays, Et Israël a mangé les fruits des champs ; Il lui a fait sucer le miel du rocher [Sela], et l’huile du rocher le plus dur [Tsur] (Dt 32:13).

[v] « La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau » (Ap 21:14). En premier lieu il est incertain (même s’il est admis que, par cette description de la ville de Dieu, nous devons comprendre l’Église de Dieu) c’est l’Église de Dieu telle qu’elle est ici sur terre qui est signifiée, ou l’Église de Dieu glorifiée, telle qu’elle sera ensuite dans le ciel : car seule la première, et non la seconde, doit être considérée ici. En second lieu, il est certain que le nom de « pierre de fondement » est attribué ici non pas à Pierre seul, mais à tous les douze apôtres ; c’est pourquoi il n’est pas plus un fondement que l’un des autres.

[vi] « Jacques, Céphas [ou Pierre] et Jean, qui sont regardés comme des colonnes », etc. (Ga 2:9). Ici, Jacques est mentionné avant Céphas (ou Pierre). Et encore, Jean et Jacques sont appelés colonnes tout comme Céphas (ou Pierre), afin de montrer que la dignité ou le ministère de l’un n’était pas supérieur à celui de l’autre, et que sans distinction, ils étaient tous égaux en cela.

Les martyrs de l’an 1022 à Orléans

[Texte tiré des pages 268 à 270 du Miroir des martyrs en néerlandais, ou 265 à 267 du Miroir des martyrs en anglais]

QUATORZE PERSONNES, DONT LE PLUS ÉMINENT S’APPELAIT ÉTIENNE, BRÛLÉES COMME HÉRÉTIQUES À CAUSE DU TÉMOIGNAGE DE LA VÉRITÉ, PAR LES PAPISTES, À ORLÉANS EN FRANCE, VERS LA FIN DE L’AN 1022 apr. J.-C.

En l’an 1022 apr. J.-C., vers la fin de l’année, semble-t-il, ou, au plus tard, en l’an 1023 apr. J.-C., des personnes furent arrêtées et brûlées publiquement en France, en présence du roi Robert II Le Pieux, pour cause d’hérésie (selon les papistes) ; quatorze personnes, dont les unes étaient des gens ordinaires, tandis que les autres étaient d’origine noble[1], et dont le plus éminent s’appelait Étienne. Elles étaient accusées d’avoir parlé en mal de Dieu et des saints sacrements, c’est-à-dire du saint baptême (à savoir du baptême des nourrissons, car c’était ce que pratiquaient généralement les papistes et au sujet duquel les disputes étaient fréquentes), et du corps et du sang du Seigneur (c’est-à-dire le sacrement de l’autel, que les romanistes avaient coutume d’appeler le corps et le sang du Seigneur) ; aussi du mariage, etc.

« Cela apparaît, dit l’écrivain, avoir été la première exécution (à savoir par le bûcher) de personnes accusées d’hérésie dans l’Église romaine. » En poursuivant, il dit : « Dans un vieux livre, nous trouvons un récit selon lequel cette hérésie fut apportée dans ce pays depuis l’autre côté de la mer, c’est-à-dire depuis la Bulgarie, et que de là elle se répandit dans d’autres provinces, où elle fut par la suite très en vogue, principalement dans le Languedoc, autour de Toulouse et en Gascogne. »

Il y déclare aussi que les gens qui maintenaient cette doctrine étaient appelés albigeois, et aussi bougres, parce qu’ils venaient de Bulgarie. Nicolas Vignier, Recueil de l’Histoire de l’Église, pour l’an 1022 apr. J.-C., ex Glabro et Massonius in Annalibus, et alio Antiquo Authore, comparé à Abr. Mell., fol. 381, col. 2, et fol. 436, col. 1.

Quant aux accusations portées contre les quatorze personnes citées plus haut, elles étaient, tel que rapporté : Qu’ils avaient parlé contre l’article concernant Dieu ; contre les saints sacrements, le baptême et le sacrement de l’autel ; contre le mariage, etc. ; en raison desquelles leur fut infligée une mort par le feu très cruelle, épouvantable et misérable.

Mais ce qu’ils croyaient et maintenaient à propos desdits points, conformément au récit d’écrivains impartiaux, sera amplement expliqué par la suite, dans la Confession des albigeois et des vaudois, qui tenaient la même croyance ; puisque ces personnes sont tenues pour avoir été les premiers-nés de ceux qui maintenaient la doctrine des albigeois (bien avant leur essor général). Voir les auteurs cités ci-dessus, surtout le dernier.

Alors on verra qu’ils ne croyaient et ne parlaient que ce que nous croyons et disons aujourd’hui ; aussi, en ce qui concerne le baptême, qu’ils baptisaient les croyants et s’opposaient au baptême des nourrissons ; et, touchant la Cène, qu’ils l’observaient conformément à l’institution de Christ, mais rejetaient la messe et la transsubstantiation ; encore, qu’ils étaient opposés à la vengeance, au serment, à la confession auriculaire, à l’invocation des saints défunts, au purgatoire, etc.

14 personnes brûlées pour hérésie à Orléans en l’an 1022, Jan Luyken, p. 266 du Miroir anglais.

PLUS D’OBSERVATIONS CONCERNANT LESDITS QUATORZE MARTYRS, SELON LES RÉCITS DE DIVERS ÉCRIVAINS PAPISTES ET AUTRES, NOTÉES DANS LE DEUXIÈME LIVRE D’A. MELLINUS SUR LES PERSÉCUTIONS, FOL. 437, COL. 3, 4

« Robert d’Auxerre déclare desdits martyrs d’Orléans qu’ils étaient parmi les meilleurs ou les plus éminents laïcs d’Orléans, et que pour cette raison, un concile y fut convoqué contre eux, dans lequel ils furent unanimement jugés et condamnés au bûcher comme hérétiques ; et qu’ils furent ainsi brûlés vifs. »

Ce témoignage est confirmé par Jean de Ripoll, moine à Fleury, qui donne un récit un peu plus complet de l’affaire, dans sa lettre à Oliba ou Olivarius, abbé de l’église d’Ausone, en disant : « En attendant, je vais t’informer de cette hérésie (ainsi appelle-t-il la vraie foi de ce peuple), qui se manifesta le jour des Saints Innocents [le 28 décembre] dans la cité d’Orléans ; car, si tu en as entendu parler, c’est la vérité. Le roi Robert fit brûler vifs quatorze des laïcs les plus remarquables ou les plus noblement nés de ladite ville ; qui, (Oh ! quel grand mensonge !) abominables devant Dieu et haïs du ciel et de la terre, ont totalement nié la grâce du saint baptême (il veut dire le baptême des nourrissons, car alors la grâce du salut était promise aux enfants, ce que ces hommes niaient) ainsi que la consécration du corps et du sang du Seigneur, et niaient que quiconque puisse ainsi obtenir la rémission des péchés, après avoir commis un crime. » Masson Annal. Franc., lib. 3, dans Hugo et Robert.

Raoul Glaber (dans Hist. Gall., lib. 3, cap. 8), donne un récit beaucoup plus circonstancié de ces martyrs, rapportant non seulement comment cette (prétendue) hérésie fut découverte, mais aussi comment elle fut amenée à Orléans et propagée ; ce dont nous passons outre, pour être brefs.

Il mentionne nommément, entre autres, deux de ces personnages, à savoir Héribert et Lisoie, qui furent très estimés et aimés du roi et des seigneurs du royaume, tant que leur condition n’était pas connue. Glaber rapporte en outre comment ils ont été découverts. À Rouen, ils cherchèrent à rallier un certain prêtre à leur croyance, par l’intermédiaire de quelques-uns qu’ils avaient probablement envoyés expressément à ce prêtre, pour lui exposer le mystère de leur doctrine, et qui s’efforcèrent de le persuader en disant que très bientôt tout le peuple se rallierait à eux.

Lorsque le prêtre comprit cela, il se rendit immédiatement chez Richard, le comte de cette ville, et lui raconta toute l’affaire. Ce dernier envoya aussitôt des lettres par messagers express au roi, l’informant de cette peste secrète (ainsi appelle-t-il la vraie foi). Le roi Robert, très affligé de cela, convoqua sans tarder un concile de nombreux évêques, abbés et autres religieux (c’est ainsi qu’il appelle ce conseil assoiffé de sang), et, par son intermédiaire, fit faire des enquêtes très strictes, tant sur les auteurs et les adhérents de ladite hérésie. Lorsque l’enquête fut faite parmi les laïcs sur ce qu’étaient les croyances et la foi de chacun, lesdits Héribert et Lisoie se sont immédiatement découverts, qu’ils différaient dans leur croyance de l’Église romaine, et ensuite d’autres déclarèrent également qu’ils adhéraient à Héribert et Lisoie, et qu’ils ne pouvaient en aucun cas être détournés de leur foi. Étant interrogés de plus près pour savoir d’où et par qui cette présomption avait pris naissance, ils donnèrent cette réponse : « C’est ce que vous avez longtemps appelé une secte, que vous reconnaissez maintenant, bien que tardivement. Mais nous avons attendu depuis longtemps que vous, ainsi que tous les autres, quelle que soit la loi ou l’ordre, puissiez venir et vous unir à cette secte ; ce qui, nous le croyons aussi, aura encore lieu ».

Ils présentèrent alors immédiatement leur croyance, sans doute à la manière des albigeois et des vaudois, comme cela sera démontré plus loin.

Lorsque le roi et tous ceux qui étaient présents virent qu’ils ne pouvaient pas être détournés de leur croyance, il commanda qu’un très grand feu de bois soit allumé non loin de la ville, afin que peut-être, terrifiés par cela, ils puissent renoncer à leur croyance. Mais, au moment où ils allaient être conduits au feu, ils crièrent à haute voix, disant qu’ils le désiraient ardemment, et ils se livrèrent entre les mains de ceux qui devaient les attirer au feu. Ils furent livrés aux flammes, au nombre de treize, et tous ceux qui, par la suite, ont été reconnus être leurs adhérents furent mis à mort par le même moyen.

De même, dans les archives de l’église paroissiale d’Orléans, appelée église Saint-Maxime, la date est précisée à laquelle cela a eu lieu. Il y est déclaré que cela se produisit publiquement à Orléans, en l’an 1022 apr. J.-C., dans la vingt-huitième année du roi Robert II, lors de la cinquième intronisation, lorsque l’hérésiarque Étienne et ses compagnons furent condamnés à Orléans et brûlés.

Les citations ci-dessus sont tirées des écrits des papistes ; c’est pourquoi le lecteur est exhorté à juger charitablement à l’égard des accusations que ces adversaires invétérés ont si amèrement portées contre ces pieux témoins de Jésus-Christ.

NOTE. — Nous avons rapporté plus haut que ces quatorze martyrs ont été considérés, par les anciens, comme les premiers-nés des vaudois ; mais les papistes les appelaient hérétiques. Cependant, cela n’a rien d’étonnant ; car, au fil du temps, ils prirent l’habitude d’appeler les hérétiques et les vaudois du même nom. Nous en présenterons quelques exemples. Le prêtre Reinerius a écrit un livre qu’il a intitulé Summa contra Haereticos, c’est-à-dire « Un résumé contre les Hérétiques. » Les jésuites donnèrent ensuite à ce livre le titre Contra Valdenses, ou « Contre les vaudois » ; comme si toutes les erreurs opposées dans ledit livre étaient particulières aux vaudois, ce qui est aussi faux que le mensonge lui-même. Comparez le livre de Reinerius avec Abraham Mellinus, 2e livre, fol. 437, col. 4.

Évrard de Béthune a donné à son livre le titre, Antihaeresis, ce qui équivaut à dire Antihérésie, etc. ; mais le jésuite Jacob Gretser, lorsqu’il publia ledit livre, l’intitula, Everhardus contra Valdenses ; comme si Évrard avait écrit uniquement contre les vaudois, alors que seule une infime partie milite contre eux. On cherchait néanmoins, par ce titre, à accuser les pauvres vaudois de toutes les hérésies mentionnées dans ce livre.

Par la suite, un certain Ermegard écrivit un livre contre les esprits grossièrement égarés qui soutenaient dans leur confession que le monde et toutes les choses visibles n’avaient pas été créés par Dieu, mais (Oh, quel horrible mensonge !) par Satan ; laquelle croyance est imputée, par la plupart des écrivains anciens, aux manichéens ; cependant, le dernier falsificateur mentionné, à savoir Gretser, n’a pas hésité à intituler une telle page dudit livre, Ermergard contre les vaudois ; alors que l’auteur réfutait spécialement les manichéens, avec lesquels les vaudois n’avaient rien en commun. Voir les auteurs et les livres mentionnés ci-dessus, ainsi que les commentaires de Balthasar Lydius sur les discussions desdites personnes. Il s’ensuit donc de ce qui précède qu’il ne doit pas paraître étrange au lecteur que les papistes appellent les vaudois orthodoxes, ou du moins ceux qui s’opposent à la doctrine romaine, ainsi que les prêtres et les moines, du nom odieux de manichéens ou hérétiques, comme c’était fréquemment le cas, et nous le démontrerons maintenant, en ce qui concerne des bons martyrs qui, par la méchanceté des papistes, furent pendus à Goslar.

Autre image trouvée en ligne concernant cet événement.

[1] Laïcs et nobles, etc. dit l’écrivain papiste.

Le martyre de Pothin

Tiré du Miroir des martyrs

UN VIEILLARD DE QUATRE-VINGT-DIX ANS, APPELÉ POTHIN, MISÉRABLEMENT MALTRAITÉ 

À CAUSE DU TÉMOIGNAGE DE JÉSUS-CHRIST, DEVANT LE TRIBUNAL, À LYON, EN FRANCE ; 

QUI MOURUT ENSUITE EN PRISON, VERS L’AN 179

Dans l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, ainsi que chez plusieurs autres auteurs anciens, il est fait mention d’un certain vieillard de plus de quatre-vingt-dix ans, appelé Pothin, docteur de l’Église de Lyon, en France [appelée Gaule à l’époque, province de l’empire romain]. Il est indiqué qu’en raison de son grand âge, il ne pouvait pas marcher, mais, ayant un désir si ardent de mourir à cause du nom de Christ, il se fit, comme l’a rapporté A. Mellinus, porter devant le tribunal pour être condamné à mort avec les autres martyrs. Lorsqu’il fut amené au tribunal par les soldats, le magistrat de la ville de Lyon se mit à crier qu’il était chrétien, avec beaucoup de calomnies et un langage abusif, et toute la multitude du peuple le suivit. Eusèbe dit que, tandis que ce vieil homme se tenait devant le juge du tribunal, les gens ordinaires se mirent à crier : « Ceci est Christ Lui-même ». Lorsque le juge lui demanda alors, qui était le Dieu des chrétiens, il répondit avec une candeur remarquable : « Si tu en es digne, tu le sauras ». Cela déplut tellement au juge, qu’il commanda que ce pieux témoin de Jésus soit frappé au visage à coups de poing. Sur ce, il fut impitoyablement poussé, frappé, tiré et cogné par les badauds, qui lui jetèrent tout ce qui leur tombait sous la main, sans égard à la faiblesse de son âge ; oui, ils considéraient que ceux qui n’avaient pas fait preuve d’assez de diligence en agressant et en maltraitant de toutes les manières ce vieil homme étaient ses complices. Pothin, ayant été ainsi maltraité, oui, presque battu à mort, au point que la vie semblait presque éteinte, fut ramené du tribunal en prison, où, après deux jours de grande souffrance, ayant remis son âme entre les mains de Dieu, il mourut, et atteignit ainsi une fin bienheureuse. Comparez Eusèbe, 5e livre, 2e chapitre, fol. 83, col. 1, 2 avec Joh. Gys., fol. 17, col. 1, sous le nom de Photinus. Aussi, A. Mell., 1er livre, fol. 46, col. 2, de divers autres auteurs. Aussi, Introduction, fol. 38, col. 1, appelé par erreur Photimus.

Le pharisaïsme

Traduction d’un article en anglais paru sur le site : https://flatlanderfaith.com/2024/10/30/pharisaism/

L’ère de l’Ancien Testament prend fin avec Esdras, Néhémie et Malachie. De nombreux Juifs étaient revenus de captivité, les murs de Jérusalem avaient été reconstruits et le second temple était en cours de construction. Selon une ancienne source juive, cinq éléments manquaient dans le second temple par rapport au premier : l’Arche de l’alliance, qui contenait le propitiatoire ; le feu sacré qui était tombé du ciel lors de la dédicace du premier temple et qui brûlait continuellement ; la chékhina, la nuée le jour et la colonne de feu la nuit, qui se trouvait au-dessus du propitiatoire ; l’ourim et le thoummim par lesquels le souverain sacrificateur recevait les réponses de Dieu ; et le Saint-Esprit. En outre, il n’y a pas eu de prophètes depuis Malachie jusqu’à Jean-Baptiste. Ainsi, pendant 400 ans, Dieu n’a pas eu son mot à dire dans la vie spirituelle du peuple juif.

Au moins trois groupes ont émergé durant cette période : les esséniens, les sadducéens et les pharisiens. Les esséniens vivaient en communauté, développaient des croyances mystiques et ne maintenaient qu’un contact limité avec la vie religieuse du reste du peuple. La plupart des prêtres et des scribes étaient des sadducéens, qui s’accrochaient à leur position de respect, mais qui pensaient de manière largement matérialiste. Ils ne croyaient pas aux anges ni à la résurrection des morts.

Il semble que les pharisiens auraient dû être « les bons » ou « les gentils ». Ils étudiaient les Écritures, s’efforçaient de respecter la loi et d’éviter les corruptions du monde. Ils croyaient aux anges et à la vie après la mort. Mais quelque chose a terriblement mal tourné. Bien qu’ils soient grandement respectés pour leur mode de vie irréprochable, leurs cœurs étaient devenus insensibles, ne laissant transparaître aucune once de compassion. Jean-Baptiste les a qualifiés de « génération de vipères ». Jésus les a qualifiés d’hypocrites, « car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis qu’au-dedans vous êtes pleins de rapines et d’intempérance » (Matthieu 23.25).

Le pharisaïsme, c’est se croire plus juste que les autres en raison d’une pratique religieuse stricte, tout en dissimulant des pensées et des actions impures. C’est cette forme de « conservatisme rigide » qui érige en preuve unique de la foi l’observance formelle des rites, sans tenir compte de l’état interne. Il a toujours été une tentation pour ceux qui voient une dérive vers la mondanité dans leur communauté religieuse, mais qui n’ont aucune vision ou connaissance de la puissance du Saint-Esprit qui conduirait à une piété authentique. Certains groupes mennonites sont tombés dans ce piège, ainsi que la branche Raven-Taylor des Frères de Plymouth (darbystes) et d’autres groupes.

Bob Goodnough

Le piétisme

La piété sans contraintes ?

Traduction d’un article en anglais paru sur le site : https://flatlanderfaith.com/2024/10/26/pietism-2/

Jésus a dit : « La lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3.19). L’apôtre Paul a écrit : « Et ne prenez aucune part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais bien plutôt condamnez-les » (Éphésiens 5.11). Les personnes qui ont été poussées par le Saint-Esprit à vivre leur relation avec Dieu dans une véritable piété sont devenues une lumière qui a révélé le mal dans le monde qui les entourait. Il n’est pas étonnant que cela ait attiré sur eux les feux de l’opposition et de la persécution.

Mais certains désiraient le même type de relation personnelle avec Dieu, sans devoir s’attirer des ennuis. À la fin du XVIIe siècle, un mouvement a vu le jour au sein de l’Église luthérienne d’Allemagne, connu sous le nom de piétisme. Les piétistes mettaient l’accent sur la relation personnelle avec Dieu et la droiture morale, tout en restant membres de l’Église luthérienne, en participant régulièrement à la communion et en amenant leurs enfants au baptême.

L’appellation « les tranquilles du pays » (die Stillen im Lande) était le qualificatif attribué à ce mouvement religieux qui mettait l’accent sur la foi personnelle, la spiritualité intérieure et la vie morale plutôt que sur le formalisme et l’orthodoxie théologique.

Ils avaient choisi de considérer uniquement leur ressenti interne comme indicateur exclusif de leur dévotion, ignorant ainsi toute contrainte doctrinale, œuvre ou preuve scripturaire. Étant donné qu’ils ne comptaient que sur leur sentiment intérieur, ils accordaient une importance disproportionnée aux expériences spectaculaires et émouvantes plutôt qu’à l’obéissance à Dieu, qui devrait découler naturellement d’une véritable soumission à sa volonté.

Lorsque l’impératrice Catherine II de Russie [d’origine allemande elle-même] lança un appel aux colons allemands pour peupler ses territoires nouvellement conquis en Ukraine, un grand nombre de luthériens, de catholiques et de mennonites germanophones répondirent à l’appel. La plupart de ces colons allemands étaient des luthériens piétistes. Environ 20 % d’entre eux étaient des mennonites prussiens. La langue allemande étant leur passeport pour cette nouvelle terre, ils abandonnèrent tout usage persistant de la langue néerlandaise et devinrent exclusivement germanophones. Ils étaient las des restrictions et des difficultés qu’ils avaient rencontrées à cause de leur foi et ils acceptèrent volontiers le concept piétiste d’être « les plus tranquilles du pays ».

En l’an 1835, les 29 dirigeants et ministres de la colonie de Molotchna ont émis une directive interdisant à leurs membres de consulter les écrits de Menno Simons et exigeant la restitution de tous les exemplaires du livre. La raison invoquée était que si l’un de leurs voisins ou des représentants du gouvernement lisaient le livre, ils auraient tous des ennuis. Certains membres soupçonnèrent que les ministres avaient plus peur que leurs fidèles ne lisent le livre et n’apprennent combien leur Église s’était éloignée de la foi et de la vie décrites par Simons.

Il semble donc que, si la peur de l’opposition nous pousse à maintenir la communion avec ceux qui vivent dans les ténèbres, alors nous avons abandonné la foi. Bien que nous puissions partager des histoires émouvantes et des expériences chaleureuses, l’absence de résultats tangibles devrait nous alerter sur la nature véritable de notre relation avec notre Créateur.

Bob Goodnough

Le martyre de Blandine

J’aimerais m’attaquer à un autre sujet : les martyrs pour la foi. Je compte donc partager quelques récits de martyrs, tirés, le plus souvent, du Miroir des martyrs.

Voici le premier: Blandine (connue en France, et particulièrement à Lyon, sous le nom de Sainte-Blandine).

MATUR, SANCTE, BLANDINE ET UN JEUNE DU PONT,
TRÈS MISÉRABLEMENT TOURMENTÉS, DANS LA VALLÉE DU RHÔNE,
VERS L’AN 172

Il est manifeste d’après les auteurs anciens, qu’au temps où Attale fut immolé, divers autres martyrs furent également mis à mort pour l’amour de Jésus-Christ, presque de la même manière, ou du moins avec des tourments tout aussi grands. Certains de ces martyrs ne sont pas mentionnés, tandis que d’autres le sont, en l’occurrence : Matur, Sancte, Blandine et un jeune de quinze ans, originaire du Pont*. Concernant les circonstances de leurs souffrances et de leur mort, nous constatons qu’en substance, cela se produisit comme suit :

Premièrement, trois des personnes mentionnées ci-dessus, c’est-à-dire, Matur, Sancte et Blandine, furent extrêmement et terriblement tourmentées, en particulier Blandine, pour laquelle les autres craignaient beaucoup, que, ne pouvant supporter la douleur, elle puisse être en danger de renier Christ. Mais elle fut si ferme dans toutes ses souffrances que les mains des bourreaux se fatiguèrent avant que son cœur ne défaille. C’est un sujet de grand étonnement, ce que Eusèbe de Césarée a écrit à son sujet, à savoir que les bourreaux commencèrent tôt le matin et continuèrent à la tourmenter toute la journée jusqu’au soir, de sorte qu’ils furent très étonnés : comment était-il possible que la vie ne soit pas encore éteinte en elle ? Cependant, il explique cela en disant que chaque fois qu’elle répétait sa confession en criant « je suis chrétienne », son cœur se fortifiait, de sorte qu’elle était à nouveau capable d’endurer la douleur.

Sancte, qui était diacre, ou l’un de ceux qui servaient les pauvres, fut tourmenté avec des plaques de cuivre chauffées à blanc, qui furent appliquées sur son ventre. Étant interrogé, entre-temps, sur son nom, sa filiation et son pays natal, il ne nomma ni l’un ni l’autre, mais dit simplement : « Je suis chrétien, c’est mon nom, ma filiation et mon pays ; en effet, je ne suis en somme rien d’autre qu’un chrétien. » Cela enflamma les tyrans d’une rage indescriptible contre lui, et ils continuèrent à le tourmenter sur tout son corps, à tel point qu’il n’était qu’une seule blessure. Mais il resta sans peur et imperturbable, car la chaleur du feu était tempérée par les consolations célestes de Jésus-Christ, qu’il éprouvait dans son âme.

Matur fut traité presque de la même manière et resta tout aussi ferme. Après avoir été terriblement tourmentées, les trois personnes citées plus haut furent de nouveau jetées en prison. Puis ils furent de nouveau retirés de la prison et tourmentés une fois de plus ; d’abord Blandine, puis Matur et Sancte. Selon Eusèbe, le mode de torture fut une flagellation intense, mais Abr. Mellinus déclare : « Ils furent flagellés une deuxième ou une troisième fois avec toutes sortes de verges, ainsi que battus avec desbâtons, des gourdins et des piques barbelées à trois pointes, et aussi pincés, coupés, lacérés et déchirés avec toutes sortes de crochets, de couteaux tranchants, de griffes, de pinces et de peignes en fer. » Finalement, lorsque plusieurs milliers de personnes se furent rassemblées au sein de l’amphithéâtre, Matur et Sancte furent placés, de la même manière qu’Attale, sur des chaises de fer, sous lesquelles un grand feu fut allumé, de sorte que leur chair, lacérée par de nombreuses meurtrissures, fut aussitôt consumée par le feu ; cependant, lorsque les ennemis de la vérité virent que leur esprit était inébranlable, ils les décapitèrent tous deux.

De Blandine, il est précisé qu’elle fut étendue en croix et attachée à un pieu, pour être jetée comme nourriture devant les bêtes sauvages ; cependant, elle fut de nouveau emmenée et conduite en prison. Mais ensuite, le dernier jour des jeux, elle fut de nouveau présentée à la foule, avec un jeune du Pont (dont nous avons parlé plus haut), et qui, par commandement du juge, avait été témoin des souffrances et de la mort des précédents martyrs, afin de semer la terreur dans son cœur. Étant placés au milieu du lieu d’exécution, devant le juge, il leur fut commandé de jurer par les dieux, ce qu’ils refusèrent de faire, réprouvant en même temps l’idolâtrie des païens. Les païens en furent très révoltés et les tourmentèrent de nouveau grandement, oui, à tel point que le jeune homme, incapable de le supporter, rendit l’âme. Blandine se réjouit si grandement (de la fermeté du jeune défunt, qu’elle avait adopté comme son fils, ainsi que de la mort de ses fidèles amis qui avaient combattu avant elle) qu’elle bondit de joie lorsqu’elle fut battue par les tyrans. Concernant sa mort, il est raconté qu’elle fut rôtie sur un gril, puis enroulée dans un filet, jetée devant des taureaux, qui la jetèrent souvent très haut avec leurs cornes, puis la laissaient encore retomber. Cependant, comme elle n’était pas encore morte, le juge commanda de l’égorger, ce qui fut fait ; bien que d’autres disent qu’elle fut transpercée par une épée. C’est ainsi que cette pieuse martyre, et les trois autres martyrs de Jésus, finirent leurs vies, et attendent maintenant la récompense bénie que le Seigneur donnera au grand jour de la récompense à tous ceux qui auront souffert et combattu jusqu’à la mort, pour l’amour de Son nom. Comparez avec Euseb., lib. 5, cap. 1-3, edit. Dort, 1588, fol. 81-86 avec Abr. Mell., 1er livre, fol. 43, col. 2-4, à propos de Blandine et Pontique ; aussi, fol. 44, col. 1, 2, sur Sancte et Matur. Aussi, Introduction, etc., fol. 38, col. 1, 2. Aussi, J. Gys, 1657, fol. 17, col. 3, 4.

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* Connu sous le nom de Pontique, ou Ponticus, en français — NDLT