Au commencement

Tu m’avais demandé de t’écrire une histoire
Inspirée de la Bible, afin de t’éclairer.
Je vais donc essayer et te donner à croire
Les débuts de ce monde et de l’humanité.

Au commencement, Dieu crée, est-il écrit,
Les cieux, la terre et tout ce qu’elle contient.
Des atomes terrestres, il forme l’être humain.
Lui donne son esprit, le souffle de la vie.

Il choisit de faire l’homme à l’image de Dieu.
Il crée l’homme et la femme, puis ainsi les bénit :
« Multipliez-vous, devenez très nombreux,
Que la terre soit remplie ; vous soit assujettie. »

Il était en Éden, un luxuriant verger
Où Dieu avait planté des arbres par milliers.
C’est là, dans ce séjour, qu’Il plaça les humains.
Chaque soir, Dieu venait les voir, dans le jardin.

L’homme se nourrissait de plantes variées
Et des fruits délicieux qu’il pouvait récolter.
Il poussait cependant au centre du jardin,
Deux arbres dont le nom n’était pas anodin.

L’arbre de la vie, se nommait le premier.
Il donne la vigueur et ses feuilles guérissent.
Son fruit est nécessaire afin qu’il nourrisse
Une vie qui s’étend jusqu’à l’éternité.

Une vie abondante dans la contemplation
Des bleutés paysages au rythme des saisons.
Une vie de liberté, une vie d’adoration
Et avec Dieu toujours, une vraie communion.

L’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Tel était le nom du deuxième dont Dieu dit :
« Tu n’en mangeras pas. Si tu goûtes à son fruit,
Tu mourras. » Interdiction claire et loyale !

Dans le jardin, les animaux étaient nombreux
Et le serpent était le plus rusé d’entre eux.
À la femme il susurre : « Dieu a-t-il vraiment dit,
Des arbres du jardin, ne mangez pas les fruits ? »

« Les fruits de tous les arbres chaque jour nous mangeons
Un arbre du jardin seulement fait exception.
Dieu nous l’a interdit, de peur que nous mourions. »
« Vous n’allez pas mourir, mais son fruit est trop bon ! »

« Vous serez comme Dieu, vous deviendrez puissants. »
Séduite, Ève en mangea, en donna à Adam.
L’humanité ainsi, faisait le choix fatal,
De décider, sans Dieu, ce qui est bien ou mal.

Voilà, je t’ai décrit ce qui est arrivé,
Cet instant décisif où tout a basculé.
Un homme, une femme, toute l’humanité,
Deux arbres, deux paroles, deux destinées.

La voix du serpent ou bien la voix de Dieu,
La mort ou bien la vie, l’enfer ou bien les cieux.

Annick Markmann

Pardonner

La maîtresse se lève, il est l’heure de partir.
Vite se dit l’enfant, qui s’apprête à sortir.
Cartable sous le bras, elle court empressée.
Elle a vu au bazar un service à café.

Six tasses, six soucoupes qu’elle veut pour sa Maman,
Un décor japonais dans un coffret charmant.
Elle a compté ses sous. Si ce n’est pas trop cher,
Quel merveilleux cadeau pour la fête des Mères !

Elle pousse la porte, le timbre carillonne.
Oui, elle peut acheter, l’enfant s’en émotionne.
On le met de côté pour elle jusqu’à jeudi.
Maintenant il lui faut rattraper ses amis.

Elle a peur, l’enfant, de rencontrer Germaine,
Sa voisine de classe qui la traite avec haine.
Et qui, sans qu’on la voie, à l’aide d’un crochet
Déchire ses vêtements, l’enferme aux cabinets.

L’enfant court, vole, afin de pouvoir rattraper
Sa chère amie Andrée et ses frères plus âgés.
Elle veut se joindre à eux jusques à sa maison.
Germaine dépitée l’injurie sans raison.

Ses bons amis l’ont protégée, sa joie est vive.
Merci, Andrée, Luc et Vincent, l’enfant arrive.
Voici la porte, laquelle n’est pas fermée à clé,
Il suffit de pousser, la serrure est cassée.

On entre ainsi dans la cuisine, pièce de vie.
La tapisserie aux tons passés reste fleurie.
Rien n’est précieux dans ces lieux désuets,
De vieux meubles cirés en gardent les secrets.

Le trésor de l’endroit, ce sont ses habitants.
Il n’y a rien à prendre lorsqu’ils sont absents.
Un poste de radio sur un buffet sculpté
Y côtoie une boîte faite de bois doré.

Ce coffret, qu’on appelle la boîte à offenses,
Est plus simple d’emploi que ne l’est la vengeance.
À l’intérieur, de quoi écrire rapidement,
Un briquet à molette ; une longueur de ruban.

L’enfant en sort feuille et crayon puis écrit :
« Germaine, en classe, a tout déchiré mes habits.
À la récré, dans les toilettes, elle m’a bloquée »
« Le grand-père de Josette voulait m’humilier. »

Elle signe ce dépôt de son simple prénom,
Le place dans la boîte avec le crayon.
Le dernier jour de la semaine, le samedi,
On se lave le corps et l’on pardonne aussi.

Lorsque tous sont propres et avant le dîner
Son père met sur la table la boîte concernée.
Il ajoute une assiette, et le ruban noué.
Chacun prend le papier qu’il a un jour signé.

Et devant la famille qui s’est rassemblée,
Les offenses vécues sont alors exposées.
La mère de l’enfant redoutant la violence
Ira voir la maîtresse pour plus de vigilance.

Le Grand-père de Josette, eh bien, qu’avait-il dit ?
L’enfant porte à Josette ses devoirs par écrit,
Car Josette est malade. Et l’enfant écrit bien.
« Belle écriture, science des ânes », dit le doyen.

C’est un temps solennel, et l’enfant va parler :
« À Germaine qui m’a, à l’école attaquée,
Je choisis librement d’accorder mon pardon.
Un choix irrévocable et signé de mon nom. »

« Et je pardonne aussi au grand-père de Josette. »
Elle fait alors brûler son papier dans l’assiette.
Puis elle défait le nœud dans le ruban formé,
« Je libère maintenant tous ceux qui m’ont blessée. »

Autour de la table, successivement on pardonne.
Offenses effacées, la liberté est bonne.
Il est l’heure de dîner, le repas est si bon
Quand le cœur est léger par l’accord du pardon.

-Annick Markmann

Trois choses dont Dieu avait besoin

Le son de pas

Je ne le savais pas

J’avais pris l’habitude, au temps où j’enseignais,
de m’occuper d’abord, de toute ma maison.
Et le soir venu, lorsque tous dormaient,
je préparais mes cours, faisais les corrections.

Ce soir-là, cette nuit, car très tard il était,
j’avais enfin fini tout ce qui m’incombait,
mon cartable était prêt, ma journée prenait fin,
je pouvais me coucher, dormir jusqu’à demain.

J’étais lasse à l’extrême de cette vie terrible,
sans jamais une pause, sans atteindre une cible.
Les jours se succédaient et j’étais épuisée.
Je me sentais si seule et tellement chargée.

Je n’avais plus la force de lutter pour survivre.
J’aspirais à partir vers un lieu de repos
où je serais comprise, déchargée des fardeaux.
C’était trop lourd pour moi, je ne voulais plus vivre.

Mais j’étais partagée, car j’aimais mes enfants.
Ils étaient fragiles, jeunes encore, ils m’aimaient.
Et que deviendraient-ils si je disparaissais ?
Il y avait mon mari et aussi mes parents.

Vue de l’extérieur, seule je n’étais pas.
Et pourtant je l’étais au plus profond de moi.
Quelqu’un sonde nos cœurs et nos reins, il nous voit.
Quelqu’un me connaissait, je ne le savais pas.

Avant de me coucher, mes enfants j’embrassais.
Dans sa chambre chacun paisiblement dormait.
Un baiser sur le front et puis je ressortais.
Un désespoir sans nom, ce soir-là m’étreignait.

Malgré tous ceux que j’aime, ai-je alors pensé,
je me sens seule au monde, ça ne peut pas durer.
Quittant la chambre de mon fils, je pleurais,
alors sur mon épaule, une main se posait.

Une main irradiant courage, amour réel.
Et une voix très douce à mon cœur parlait :
« Tu n’es pas seule, moi je suis là. », dit-elle.
Peine et pensées de mort, à l’instant, s’enfuyaient.

Une douce présence de paix m’enveloppa.
Qui était près de moi, qui me parlait ainsi ?
Sans hésiter, c’était le Prince de la Vie,
Je n’en ai pas douté, Jésus-Christ était là.

J’ai retrouvé des forces et un sens à ma vie.
Il est intervenu à de nombreux instants.
Je me souvins qu’Il est la Parole et je lis,
la Bible chaque jour, depuis ces doux moments.

Il est comme un ami, Jésus, mon Rédempteur.
Je ne suis jamais seule, son Esprit me conduit.
Dans les jours difficiles, il est mon sûr appui.
Il est fidèle et bon, en Lui est le bonheur.

– Annick Markmann

Paladru

  1. Paladru

L’horizon a lancé sa courbe au bout du monde,
dans la profondeur bleue de l’infini des nues.
Les rayons du soleil qui plonge là, inondent,
de reflets d’or et d’ambre, le lac de Paladru.

Tout près du ciel, au plat sommet de la colline,
dans les mauves bruyères, le safran des genêts,
trois croix sont élevées. Sombres, elles dominent
le creux vallon que déjà, le crépuscule revêt.

Et ces trois croix qui sur les cieux se dessinent,
rappellent à mon cœur les croix de Golgotha.
La lumière s’y attarde bien que le jour décline
sur la campagne qui s’estompe en contre- bas.

Une brune alouette plane, plonge et se pose
au faîte d’un poteau qui borde mon sentier.
Dans le silence du moment, l’oiseau compose,
un hymne qui s’élève en notes nuancées.

C’est un instant privilégié avant nuit noire,
temps de recueillement, temps mystérieux.
Un temps rempli de paix profonde, d’espoir.
Je m’abandonne, confiante, aux plans de Dieu.

Annick Markmann

Méfiez-vous des cadeaux des Grecs

« Timeo Danaos et dona ferentes » Virgile

https://temoinanabaptiste.com/2023/08/25/mefiez-vous-des-cadeaux-des-grecs/