Poème # 30: Pour toujours

Depuis que je suis jeune, j’ai aimé dans les livres
Découvrir et poursuivre le fil conducteur,
L’intrigue d’un récit palpitant qui enivre,
Vivre avec les héros, ressentir joies et peurs.

Parmi tous les sujets qu’affectionne mon cœur,
Je préfère à coup sûr, ceux d’une délivrance
De la difficulté, de l’angoisse au bonheur,
Et les contes de fées bercèrent mon enfance.

L’évadé d’Alcatraz m’a fort intéressée.
Trois hommes parmi d’autres étaient incarcérés
Dans ce lieu redoutable de hauts murs bordé,
La prison la plus sûre et la mieux surveillée.

Et de plus construite, comme suprême atout,
Baie de San Francisco, à l’écart de tout,
Sur un piton rocheux, dans une mer glacée
Aux courants redoutables, aux requins affamés.

Trois hommes cependant parvinrent à s’enfuir.
S’échapper de l’enfer, nul n’y peut réussir.
Par un étang de feu ce lieu est entouré
Et un gouffre béant le retient isolé.

On y est sans espoir, on ne vit que souffrance.
Pas de mort, pas de fin, pas de deuxième chance
Et pas de purgatoire, c’est un lieu sans issue.
Ceux qui sont en enfer sont à jamais perdus.

Sur leurs chaînes, sur leur tête est écrit « Pour toujours. »
Ce qu’ils voient, leurs pensées disent « Là pour toujours. »
Pour les siècles des siècles, jour et nuit, tourmentés.
L’enfer est éternel, c’est long l’éternité!

Le lieu où va chacun se joue avant la mort,
Rien ne pourra ensuite en modifier le sort.
L’éternité te garde tel que la mort t’appelle,
L’existence de l’enfer trop tard se révèle.

On ne peut en sortir, on peut y échapper,
Jésus est la victoire triomphant du péché.
Sa mort sur la croix scelle une voie nouvelle,
Le salut par la foi, non l’enfer éternel.

-Annick Markmann

Trop tard!

J’ai entendu un jour le récit peu banal
De l’aventure vécue par un chrétien normal.
À ma manière, je vais essayer de transcrire
Ce que l’homme en question était venu nous dire.

J’arrivais, disait-il, ce soir-là chez ma mère.
J’avais les jambes lourdes et le cœur chagrin.
Je revenais près d’elle, lui conter mes misères,
Elle m’avait consolé, soigné comme un gamin.

Puis je m’étais couché pour passer la nuit,
Dans le lit de l’alcôve attenante au salon.
J’étais très fatigué, je me suis endormi,
Plongeant rapidement dans un sommeil profond.

Quelle fût la durée de ce temps d’inconscience?
Je ne saurais le dire quand je me retrouvai
Debout près de mon lit où je prenais conscience
Que mon corps était là, allongé, qu’il dormait.

J’ai entendu et vu ma mère qui pleurait.
Le médecin de famille était auprès d’elle.
Il venait de signer un acte officiel.
De la mort de son fils, il la consolait.

Et puis je suis parti plus vite que l’éclair.
Dans le bleu, tellement bleu du ciel, je montais
Jusqu’à apercevoir une immense lumière
Et une grande porte qui devant moi s’ouvrait.

Alors je suis entré dans un lieu admirable.
J’ai vu de grands jardins où mille fleurs poussaient.
Le sol était d’or pur, les couleurs incroyables,
La paix et la beauté en ce lieu habitaient.

Un homme s’avança vers moi, il rayonnait
De tendresse et d’amour et aussi de lumière.
Il marchait lentement, son vêtement brillait
Comme brille la neige sous un soleil d’hiver.

Il me dit: « Te voilà, mais ce n’est pas ton heure.
Il te faut retourner sur la terre prêcher.
Tu peux sauver des âmes, être prédicateur,
Annoncer le Royaume, l’abandon du péché. »

« Oh, non Seigneur, lui avais-je rétorqué,
Je veux rester ici, près de toi, c’est si beau!
Les hommes ne veulent pas se repentir, changer,
Ils ne veulent pas de toi, ça m’est un lourd fardeau. »

« Alors viens! » m’a-t-il dit, me prenant par la main.
Et il me conduisit sur un étroit chemin.
Ce chemin surplombait une vallée profonde,
Une fumée blanchâtre montait de ce lieu sombre.

On ne pouvait pas voir le fond de cet abîme,
Mais des gémissements, des cris s’en échappaient,
Comme une multitude affaiblie qui hurlait.
Il semble que d’en bas, on nous vit sur la cime,

Car des voix en grand nombre alors s’élevaient,
Dans les pleurs et les cris, on pouvait distinguer
Cette supplication mille fois répétée:
« Pardon, Seigneur ! Seigneur, pardon ! Pardon ! »

Alors la voix puissante du Seigneur plein d’amour,
De celui qui est mort pour payer nos péchés,
Cette voix s’élevait, en écho alentour:
« Trop tard! C’est trop tard! Trop tard! »

Nous sommes revenus ensemble à la porte.
« Retourneras-tu, maintenant, dit le Seigneur? »
Ils résonnaient en moi, les mots et la voix forte.
« Oui, ai-je répondu, maintenant, j’irai ! »

Je me suis retrouvé dans mon corps à l’instant,
Le médecin partait, il parlait à maman.
Et j’ai ouvert les yeux, j’ai souri à ma mère,
Puis je me suis assis, j’ai mis les pieds à terre.

C’est pourquoi, disait-il, me voici parmi vous.
Aujourd’hui, sans attendre, pour Christ, décidez-vous.
Il est mort sur la croix, faites aussi votre part,
Il faut vous repentir avant qu’il soit trop tard.

– Annick Markmann

Hirondelles, frêles hirondelles

Je perçois grandissant à l’intérieur de moi,
une douce émotion et une joie profonde,
à regarder voler au-dessus des vieux toits,
de jeunes hirondelles en boucles vagabondes.

Elles inscrivent, en larges lettres rondes,
mille mots sombres dans le ciel clair,
planent légères, plongent le bec ouvert,
près des surfaces où les insectes abondent.

Qu’écrit donc le vol des vives hirondelles
s’élevant et plongeant en un trait élégant ?
En courbes éphémères, leur valse rituelle,
parle d’éternité et de brièveté du temps.

Il est court en effet, le temps de l’estivage,
de la croissance avant le grand rassemblement,
avant que soit l’automne, le périlleux voyage,
l’Afrique colorée, ses glorieux printemps.

C’est pourquoi, près des toits, volent dix hirondelles,
qui tourbillonnent, plongent, chassent en truissotant,
dans l’air frais du matin, sans relâche s’appellent,
se regroupent un instant, s’égaillent brusquement.

Sur les fils souvent, pourquoi s’assemblent-elles ?
Vingt, trente, cent, leur nombre va croissant.
D’où viennent-elles ? Quel mystérieux appel
dit à chacune « Viens, c’est bientôt le moment. »

Le nombre étant atteint, le jour étant venu,
quand en secret résonne un signal attendu,
des milliers qui pépient sur les fils, serrées,
l’une d’elle s’envole, monte jusqu’aux nuées.

Alors mille hirondelles en vagues se détachent,
bruyant nuage, dans le silence d’un ciel serein.
Une loi éternelle, du cœur de leur instinct,
guide leur vol au lieu où leur survie s’attache.

Un jour viendra aussi où les croyants fidèles,
qui se sont repentis, vivent selon l’Esprit,
entendront à leur tour, venant du ciel un cri,
comme un son de schofar, l’appel de l’éternel.

Alors, les morts en Christ seront ressuscités,
les vivants en Jésus se verront transformés.
Dans les cieux à leur tour ils seront enlevés,
rejoignant le Seigneur venu pour les chercher.

Annick Markmann

Au sujet des prophéties et des théories

[reblogué du site https://temoinanabaptiste.com/2023/10/17/au-sujet-des-propheties-et-des-theories/. Article numéro 7 d’une série d’articles écrits sur le thème de la prophétie.]

Aujourd’hui, nous lisons beaucoup de choses sur le climat, l’environnement et l’avenir de la planète Terre. Des données sont collectées, des théories sont présentées, des prédictions sont faites. Au rythme actuel, combien de temps la Terre pourra-t-elle supporter la vie humaine ? Combien de temps y aura-t-il de l’eau potable ? Dans combien de temps les mers seront-elles mortes, polluées au point d’être irrécupérables ?

Tandis que les scientifiques s’occupent de ces questions, les chrétiens se livrent également à de nombreuses spéculations sur ce qui se passera dans le domaine politique. En examinant les prophéties de Daniel, le rêve de Nebuchadnetsar, les visions de l’apôtre Jean et en faisant du copier-coller, les évangéliques ont élaboré des théories très intéressantes sur la date et les modalités du retour de Jésus. Personne n’est sûr de rien, mais il est intéressant de spéculer.

La prophétie est un sujet intense et les érudits, historiques et actuels, ont passé de nombreuses années à essayer de la déchiffrer. Mais lorsque nous pensons à toutes les connaissances scripturaires dont disposaient les scribes et les pharisiens à l’époque de la naissance de Jésus, nous sommes étonnés de constater qu’ils n’ont absolument pas su le reconnaître. Son arrivée n’était pas un grand secret, puisque les anges chantaient dans le ciel de Bethléem et que les bergers allaient parler à tout le monde de l’enfant roi-sauveur.

De plus, une caravane de mages orientaux arrive à Jérusalem et se rend directement au palais pour demander : « Où est le roi des Juifs qui est né? Car nous avons vu son étoile à l’Orient. » Cela a fait grand bruit.

« Le roi Hérode, l’ayant appris, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Et, ayant rassemblé tous les grands prêtres et les scribes… il s’informa auprès d’eux du lieu où le Christ devait naître. Et ils lui dirent : À Bethléem de Judée, car il est écrit : Et toi, Bethléem… tu n’es nullement la moindre parmi les chefs de Juda ; car de toi sortira un conducteur, qui fera paîtra mon peuple d’Israël. » Matthieu 2.1-8

Cette citation de Michée 5.2 est l’un des nombreux versets de l’Ancien Testament qui annonçaient la venue du Messie, du Christ, du gouverneur, de Silo. Mais les détails ne semblaient tous concorder. Ésaïe a écrit :

« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et l’empire est mis sur son épaule : on l’appellera l’Admirable, le Conseiller, le Dieu puissant, le Père d’éternité, le Prince de la paix. Pour accroître l’empire, pour donner une prospérité sans fin au trône de David et à son royaume ; pour l’établir et l’affermir dans l’équité et dans la justice, dès maintenant et à toujours. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela. » Chapitre 9.5-6

Mais Ésaïe a écrit aussi :

« Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Éternel ? Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » Chapitre 53.1-5

Nous pouvons tirer une leçon des érudits de l’époque de Jésus : bien qu’ils aient cru que le Messie viendrait, et bien qu’ils aient mémorisé tous les versets concernant sa venue, les prophéties variaient suffisamment pour qu’ils ne le reconnaissent pas. Même ses propres disciples étaient déconcertés jusqu’à ce que Jésus vienne à eux et leur parle après sa résurrection.

« Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur interprétait dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » Voir Luc 24.13-35

En ce qui concerne la compréhension des prophéties, j’ai vécu assez longtemps pour voir divers changements d’interprétation dans ce que les érudits disaient être « des écritures qui montrent clairement que telle ou telle chose arrivera ». J’ai également lu suffisamment de choses pour savoir que des chrétiens d’autres époques ont été tout aussi convaincus d’une interprétation complètement différente.

Prophéties et interprétations : Un bref rappel

AMILLÉNARISME

L’enseignement amillénariste affirme que Jésus est venu en attendant de souffrir et de mourir. Lorsqu’il est ressuscité, il a vaincu Satan, le maître de ce monde. Il a établi son royaume, mais celui-ci n’est pas, et ne sera jamais, une nation ou un pays visible sur la terre actuelle. L’entrée dans son royaume est la nouvelle naissance. Jésus est venu pour être la Porte, pour ouvrir le chemin du Royaume de Dieu. Depuis sa résurrection, il règne dans le cœur de tous ceux qui l’ont choisi comme roi. Un jour, il reviendra pour rassembler les siens au ciel.

Les citoyens du royaume de Dieu peuvent vivre n’importe où sur terre, mais ne sont pas du monde, c’est pourquoi ils paient des impôts (rendre à César) et obéissent à toutes les lois, mais peuvent refuser de voter ou de porter les armes pour défendre le pays dans lequel ils vivent. (Les paroles de Jésus, telles que « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, etc. » sont prises au pied de la lettre). Au contraire, comme l’explique Paul, les chrétiens agissent en tant qu’ambassadeurs officiels de leur roi, implorant au nom de Christ : « Réconciliez-vous avec Dieu. »

Si j’ai bien compris, c’est la croyance traditionnelle des mennonites, des amish et de certains groupes de frères. Peu d’églises protestantes évangéliques l’enseigne, voire aucune.

LE POST-MILLÉNARISME

À l’époque où nous étudiions les prophéties, la théorie prémillénaire était si répandue que j’ai été très choqué en lisant le livre de Douglas Frank, Less Than Conquerors (1986, Wm B Eerdmans), d’apprendre que, jusqu’à la guerre civile américaine, presque tous les chrétiens évangéliques croyaient à la théorie post-millénale. C’est-à-dire :

Le monde ira de mieux en mieux et finalement il sera si bon que Jésus reviendra sur terre et établira son royaume. Les chrétiens américains qui croyaient en cette théorie ont soutenu l’abolition et la guerre civile parce qu’ils pensaient pouvoir faire avancer les choses en se débarrassant de la tache de l’esclavage. Les chrétiens améliorant la société, la rendant plus hospitalière au retour de Christ, le monde (ou du moins les États-Unis) deviendrait si bon que Jésus viendrait établir son royaume sur terre.

Hélas pour leurs rêves ! La guerre de Sécession a apporté tant de morts et de destructions, et a généré tant d’animosité que le monde, ou du moins l’Amérique, était encore plus loin d’être prêts pour le royaume de Jésus-Christ. Au cours des vingt années qui suivirent, les évangéliques abandonnèrent massivement cette théorie. Au cours de ma vie, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui prône, ou même mentionne, le post-millénarisme. Je me demande combien de chrétiens aujourd’hui en ont même entendu parler.

Dans un autre ordre d’idées, l’une des déceptions les plus amères qu’un groupe de personnes ait connues a dû être la découverte par les Noirs du sud des États-Unis, libérés des chaînes de l’esclavage, que la liberté ne signifiait pas l’égalité aux yeux de la plupart des gens blancs. Ni dans le sud, ni même dans le nord du pays.

LE PRÉMILLÉNARISME

Selon le livre de Frank, les évangéliques ont abandonné la théorie post-millénaire et sont passés au prémillénarisme. Comme il s’agit d’une question très complexe et très liée au dispensationalisme, je vais la réserver pour un autre article. Une explication simple serait la suivante : Jésus revient chercher ses enfants :

Jésus revient pour réclamer ses enfants et, à un moment donné, établir son royaume à Jérusalem. De là, lui et ses disciples régneront sur toute la terre pendant mille ans, à la fin desquels les humains qui n’acceptent pas son règne organiseront une grande révolte. Il mettra alors fin au temps et le grand Jugement dernier commencera.

Jésus leur dit : « C’est ainsi qu’il est écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffre, et que le troisième jour il ressuscite d’entre les morts, et qu’on prêche en son nom la repentance et le pardon des péchés pour toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Vous, vous êtes témoins de ces choses. » Luc 24.46-48

Christine Goodnough